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Tu as reconnu son existence, Broud. Elle t'a vaincu. Tu l'as accablée autant que tu le pouvais, tu es allé jusqu'à la maudire. Elle est morte, et c'est pourtant elle qui gagne. C'était une femme, mais elle étais plus courageuse que toi, Broud, plus déterminée, plus maîtresse d'elle-même. Elle méritait d'être un homme plus que toi. C'est elle qui aurait dû être le fils de ma compagne.

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Le Peuple du Clan vivait selon des coutumes inchangées. Chaque facette de la vie, depuis la naissance jusqu’au moment où les esprits vous rappelaient dans le monde invisible, était calquée sur le passé. La survie de la race exigeait cet immobilisme, et cependant ce dernier les condamnait tôt ou tard à disparaître.

Leur adaptation était lente. Les inventions étaient toujours le fruit d’un hasard, et encore n’étaient-elles presque jamais utilisées. Changer leur coûtait trop d’effort, et une race qui n’avait pas de place pour des connaissances nouvelles, pas de place pour évoluer, se retrouvait désarmée face à un environnement en évolution constante. Leur développement était achevé, du moins dans la direction qu’ils avaient prise de corps et d’esprit. Il ne pourrait y avoir de progrès pour l’espèce que sous une forme nouvelle, un nouveau spécimen.

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À l'apparition des premières menstruations, les jeunes filles étaient obligées de s'éloigner du clan pendant toute la durée du cycle. Si elles se produisaient en hiver, la jeune femme demeurait seule au fond de la caverne, mais devait tout de même subir l'épreuve de l'isolement total au printemps suivant, au moment de ses règles. Cette expérience était non seulement terrifiante mais encore dangereuse pour ces jeunes femmes désarmées, accoutumées à la protection et à la compagnie du clan. Cette épreuve était destinée à marquer le passage à la condition de femme, tout comme la première chasse marquait le passage d'un garçon à l'âge d'homme. Mais contrairement à ce dernier, la femme n'avait droit à aucune cérémonie pour fêter l'événement et son retour parmi les siens. Certes, pendant l'épreuve, elle avait la permission de faire du feu pour éloigner les bêtes féroces, mais il n'était pas rare que l'une d'elles disparaisse à tout jamais, et que son cadavre soit découvert plus tard par quelque chasseur. La mère de la jeune fille avait le droit de lui rendre visite une fois par jour, pour lui apporter réconfort et nourriture. Mais si elle venait à disparaître, sa mère n'était autorisée à en faire mention qu'au bout d'un certain temps.

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Avec une petite pierre ronde légèrement aplatie, Droog procéda à de petits enlèvements sur le bord acéré de la première lame pour en affiner la pointe; et il en émoussa le talon afin qu'il ne soit pas coupant. Il regarda le couteau d'un œil critique, fit sauter encore quelques minuscules éclats, puis, satisfait, le posa et passa à l'outil suivant.

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Uba n'avait pas été la seule à s'étonner de la hardiesse d'Ayla. Tout le clan en avait été témoin. La plupart des visiteurs évitaient plutôt les abords de la cage. Les jeunes garçons se lançaient des défis. C'était à qui oserait toucher du bout des doigts la fourrure de l'ours pour s'enfuir aussitôt.

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Les femmes s'en remettaient entièrement aux hommes pour le commandement du clan, les responsabilités à assumer, les décisions à prendre. Le clan, dont la structure avait fort peu évolué en près de cent mille ans, était désormais réfractaire à tout changement, et certaines habitudes, fruits d'adaptations successives au milieu, se trouvaient à présent génétiquement ancrées. Les hommes comme les femmes acceptaient leurs rôles sans opposer la moindre résistance. Ils étaient tout aussi incapables de chercher à modifier la nature de leurs rapports que de transformer la structure de leur cerveau.

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Si l'enfant, bien que vivant, naissait malformé, ou bien si pour une raison quelconque le chef ne le jugeait pas acceptable au sein du clan, le devoir de la mère était considérablement plus éprouvant. Elle devait alors soit emporter son bébé pour l'enterrer, soit le laisser exposé aux éléments et aux bêtes féroces. Il était extrêmement rare qu'un enfant anormal soit autorisé à vivre ; s'il était du sexe féminin, ce n'était en pratique jamais le cas. Si c'était un garçon premier-né et si le père désirait le garder, la décision de le laisser vivre pendant sept jours avec sa mère, pour tester ses forces, appartenait au chef. Tout enfant encore en vie passé ce délai devait, selon une coutume qui avait force de loi, recevoir un nom et être accepté dans le clan.

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Dans le monde matériel, un homme était plus grand, plus fort, bien plus puissant qu'une femme, mais dans le monde terrible des forces invisibles, la femme était l'héritière naturelle d'une force potentiellement plus conséquente. Pour les hommes, la faiblesse physique de la femme était précisément ce qui permettait d'établir l'équilibre entre elles et eux.

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Dans le clan, les chasseurs ne s’agressaient jamais physiquement; ce traitement était réservé aux femmes, incapables de comprendre des remontrances exprimées de manière plus subtile.

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Ces hommes primitifs, dénués ou presque de lobes frontaux, au langage limité par des organes vocaux atrophiés, mais nantis de cerveaux volumineux – plus volumineux que ceux de toutes les espèces humaines anciennes ou à venir – étaient uniques en leur genre. Ils formaient l’aboutissement d’une espèce humaine dont le cerveau était développé à l’arrière du crâne, dans les régions occipitales et pariétales qui contrôlent la vision, les perceptions corporelles, et qui sont le siège de la mémoire.

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