Extraits

Le principal adversaire de Vaiata, et ce, depuis des années, était ce garçon arrogant, âgé de quelques mois de plus qu’elle. Gwen était un excellent plongeur, mais son grand défaut était son manque de scrupules. Il était prêt à tout pour remporter la victoire, même à mettre sa propre vie en danger. Depuis quatre ans qu’elle remportait la Palme, Vaiata savait pertinemment que Gwen la détestait, et que s’il pouvait lui nuire, il profiterait de l’occasion, sans aucun remords.

« Regarde, Abrial, le beau dessin que j’ai trouvé. » Marélie tendait à Abrial venu la chercher après l’école, une feuille très colorée. « Il est spécial, regarde », insista-t-elle sur un ton plus colérique en voyant qu’elle n’avait pas son attention, lorsque, enfin, il posa ses yeux sur le papier.

Abrial s’arrêta aussitôt de marcher, saisissant la feuille que lui tendait la fillette, pour la regarder plus attentivement. Il ne comprenait pas ce qu’il voyait, mais le dessin était très particulier. Il représentait un monde imaginaire, qu’il ne connaissait pas. L’illustration se couvrait de grandes colonnes brunes surmontées de vert, de drôles d’animaux ressemblant à des raies, mais beaucoup plus petits, étaient suspendus au-dessus de fleurs qui, elles, ressemblaient à des anémones, mais tout de même très différentes. Le haut du dessin était bleu, pas aussi profond que celui de la mer, mais d’une autre teinte, plus pâle, plus douce, et le bas était vert, comme un tapis d’algues. Dans le haut du dessin, un drôle de visage sortait d’un gros coussin blanc et dodu, soufflant de ses grosses joues sur les anémones qui semblaient en mouvement.

— Où as-tu trouvé ce dessin, Marélie ?

La fête était prévue en fin d’après-midi et tout était fin prêt, il ne manquait que les invités. Marélie était excitée, car rares étaient les occasions de réunir des amis à la maison. Cette fois-ci, tout serait parfait. Elle et Abrial avaient décoré le salon de coraux, de lys de mer, d’anémones multicolores et de coquillages fabuleux, dont cet énorme bénitier* qui servait à contenir les boissons. Dans un immense aquarium était exposé une fabuleuse variété d’étoiles de mer, certaines colorées, d’autres impressionnantes par leurs multiples branches.

— Abrial, réveille-toi, je veux déjeuner !

La fillette secoua énergiquement le garçon, dont elle n’obtenait que des grognements significatifs. Sans pour autant baisser les bras, la jeune Marélie se déplaça sur le côté, pour tenter de le faire rouler hors de sa couche en le poussant de ses pieds. C’est à ce moment précis que le jeune homme ouvrit les yeux, en poussant un rugissement avant de saisir la fillette par les épaules. Marélie jeta un cri aigu avant de se mettre à rire. Abrial la chatouillait et sa jeune sœur était incapable de se soustraire à cette attaque imprévue.

— Arrête, arrête, je n’en peux plus… Arrête…

— Uniquement si tu me jures de ne plus venir me réveiller si tôt…

— Oui, c’est juré… Arrête…