Extraits

J’ai découvert que, dans la vie, les événements du passé sont un peu comme les endives. C’est souvent amer. Il vaut mieux ne pas mâcher trop longtemps.

La nuit, quand je suis en sécurité dans la chambre près de Fern, je regarde en bas, au-delà des pâturages, et je vois l’eau à travers les arbres. Je guette les lanternes glissant sur le lac, et j’en aperçois quelques-unes. Parfois, je vois des lumières, même au loin sur l’eau, flottant comme des étoiles tombées du ciel.

— À me voir maintenant, on croirait que je n’ai jamais compris le secret… Mais cette musique-ci, la musique de la vieillesse… n’est pas faite pour danser. Elle est si… solitaire. Nous sommes un fardeau pour tout le monde.

Si mon corps est fourbu et las, mon esprit tournicote comme un fou. Il n’arrive pas à penser clairement. Il ne réussit qu’à faire tournoyer des mots qui n’ont pas de sens, comme le Waterwitch brasse les eaux peu profondes en remuant des feuilles, des brindilles, des appâts et de la vase.

Pour Avery,

Parce que tu es celle qui rêve des rêves nouveaux, qui ouvre de nouvelles voies.

Que les libellules t’emmènent dans des lieux qui dépassent ton imagination.

Mamie Judy

Nous avançons dans la cour, moi portant Gabion, mes sœurs blotties les unes contre les autres derrière moi, même Caméllia qui, d’habitude, se retrouve prise dans une bagarre des qu’on arrive dans une nouvelle école. Les autres enfants nous fixent parce que nous sommes nouveaux.

— Mamie ?

Elle est partie à des millions de kilomètres.

Non, pas des millions de kilomètres, des millions d’années.

Elle se souvient de quelque chose. Elle sait qui est sur la photo. Queen. Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Mamie ?

— Queenie, dit-elle en caressant l’écran du bout du doigt.

Puis elle se tourne vers moi avec une intensité qui me cloue sur mon fauteuil.

— Nous ne devons laisser personne le découvrir… dit-elle à voix basse.

Elle jette un coup d’œil vers la porte, se penche vers moi avant d’ajouter en chuchotant :

— Ils ne doivent jamais savoir, pour l’Arcadie.

But the love of sisters needs no words. It does not depend on memories, or mementos, or proof. It runs as deep as a heartbeat. It is as ever present as a pulse.

Well, that’s one of the paradoxes of life. You can’t have it all. You can have some of this and some of that or all of this and none of that. We make the trade-offs we think are best at the time.