Extraits

"Catherine appartient à ma famille. Je n'imagine pas la vie sans elle."

C'est une histoire universelle. Il y a un passé, un destin, des rencontres et un jour, débarque l'autre, à savoir l'amour d'une vie. On ne sait pas trop ce qui vient de nous tomber sur le coin du crâne mais tout devient d'une extrême fluidité. Dès le premier jour, dès la première minute, on dialogue sans avoir besoin de se parler. On la regarde. On se dit : "C'est bien d'avoir tenu le coup jusqu'à cet instant-là."

Elle arrive vers vous avec sa grande écharpe. Elle sourit déjà. Sans le savoir, elle vient, elle aussi, de trouver son point d'équilibre. Celui que vous cherchiez à l'aube des nuits grises et pleines de cendres. Et c'est l'unique raison pour laquelle un homme s'est donné le mal de vivre, chère Catherine.

Je dois vous avouer quelque chose, un secret que je tiens de Gabriel : lorsque Catherine, nue, se mettait au piano, Gabriel avant envie de jouir et de pleurer en même temps. "Je crois qu'il restait même une petite place pour Dieu entre nous, ces soirs-là. Une toute petite place.", m'a-t-il murmuré.

- Tu sais quoi, Augustin ?

- Non.

- Il est vraiment temps que le monde s'arrête.

Elle a commencé à embrasser la bouche de Gabriel. Des petits baisers secs et timides au début. Et puis ce fut la grande roue, les langues qui s'enlacent, la région des lacs sous le soleil, le souvenir d'une première boum et vos plus belles vacances d'été.

- Après la fin du monde, tu fais quoi ?

- Je vais faire comme tout le monde. Respirer un bon bol d'air pur et croiser les doigts plus fort que jamais.

Et ne va pas t'imaginer que c'est simple de quitter quelqu'un. On culpabilise, On a le mauvais rôle. Il n'y a personne pour nous consoler. On oublie les mauvais souvenirs et les meilleurs nous reviennent en marchant dans la rue.

Parce que aucun livre, aucune musique, aucun tableau ne feront jamais revenir celle qu'on aime et qui vous a quitté. A présent, Gabriel est un passeur. Il fait circuler du rêve, de la folie, du désir et de l'inspiration. Il fait un beau métier. Il est 5 heures du matin lorsqu'il retourne chez Catherine. Elle est en nuisette, assise dans le salon. Gabriel pose l'argent sur la table basse.

Il se demande comment les gens font pour continuer à vivre alors que cette fille ne l'aime plus.

Gabriel ne sait pas trop pourquoi mais, dans le regard des autres, la condescendance s'est évanouie. Comme si tout le monde avait la même boule dans la gorge. Le même doute sur la continuité des choses. Voilà ce qui rapproche les clients du Fumoir. Ce doute. Ils vont tenir le coup. Ils vont continuer. Une semaine de plus. Sans grande conviction. Demain, l'horreur va recommencer. Il va falloir bien du courage pour venir à bout des jours suivants.

On va essayer.

On verra bien.

Ce n'est pas grave. Chacun fait ce qu'il peut. On n'est pas pressé. On est cotonneux.