Extraits

Le grenier était sombre, uniquement éclairé par un faible rayon de lune qui entrait par la lucarne. La chaleur de la journée restait prisonnière des chevrons,une humidité tiède emplissait la petite pièce.

Un oiseau de nuit cria, et sa plainte dérangea un bref instant la quiétude de la ville endormie. Edwina laissa tomber sa chemise de nuit à ses pieds, comme une flaque autour d'elle, et ôta ses sous-vêtements.

Puis elle se tourna et contempla son reflet dans le vieux miroir fêlé. Nue, sa peau était d'une blancheur saisissante, du moins pour la moitié de son corps qui recevait le rayon de lune , l'autre moitié étant dans l'ombre. La fêlure du miroir divisait son corps en deux parties et produisait une distorsion, comme pour lui rappeler qu'elle était à la fois une servante du Seigneur et une pécheresse.

Sa pâle tresse retombait sur l'une de ses épaules et l'extrémité caressait ses petits seins. Son corps était musculeux et athlétique, elle avait la taille fine, de larges épaules, des hanches étroites, de minuscules tétons sombres, l'un visible et l'autre se confondant avec la pénombre. La touffe blonde entre ses cuisses était elle aussi traversée par la ligne déformante qui fendait le miroir.

Elle tendit le bras et ses doigts explorèrent le dos du miroir. Elle sentit le clou qui dépassait du cadre et le fouet en cuir qui y était pendu.

Elle saisit la poignée et prit le fouet. Un fouet à neuf lanières de cuir.

Elle se laissa tomber à genoux devant le miroir, murmura tout bas une prière, puis éleva la main qui tenait le fouet, bien haut. Les neuf lanières à nœuds se balançaient maintenant au-dessus d'elle.

- Pardonnez-moi, dit-elle dans un souffle.

Montaya s'accroupit près de la victime.

- Pourquoi porte-t-elle une robe de mariée, d'après toi ?

- J'en sais rien.

Il désigna du menton les gouttelettes de sang qui tachaient la dentelle du décolleté.

- Tu crois que c'est son sang à elle ? L'assassin aurait pis le temps de déposer les gouttes une à une ?

- J'en ai comme l'impression, marmonna Bentz.

- A quel genre de dingue avons-nous affaire ?

- A un tordu complet.