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Higgins, dernier du nom d'une illustre lignée trop mal connue dont le Royaume-Uni et le reste du monde pouvaient être fiers, regagna son domaine au terme de sa promenade matinale. La demeure ancestrale des Higgins était sise dans un petit village du Gloucestershire, au nord de Londres. Il portait le nom délicat de the Slaughterers, les Assassins, ce qui aurait pu paraître à la limite des convenances pour un ancien inspecteur-chef de Scotland Yard. Mais il n'y avait plus de tueurs depuis longtemps dans ce charmant endroit.
Higgins avait pris une retraite anticipée pour d'impératives raisons ; les week-ends ne lui suffisaient plus pour tailler ses rosiers, couper son bois à la scie, entretenir sa pelouse et lire les bons auteurs. La vie moderne, avec son excitation grandissante, ne lui convenait pas. N'étant pas un croyant fervent en la réincarnation, Higgins craignait que sa propre vie ne marquât les limites de son existence. Aussi avait-il décidé de savourer le temps qu'il lui restait à passer sur la terre de ses ancêtres.
Il franchit un minuscule pont de bois enjambant la petite rivière Eye qui coulait devant sa demeure, sans nul doute le plus beau fleuron architectural de Slaughter-le-bas. Comment ne pas être épris du mur de pierre blanches encadrant un porche soutenu par deux colonnes, des fenêtres XVIIIe à petits carreaux rythmant deux étages disposés selon le Nombre d'Or, du toit d'ardoises aux reflets grisés, des hautes cheminées de pierre ? Comment ne pas savourer la présence rassurante des chènes centenaires, le murmure du discret cours d'eau, les conversations des pies et des rouges-gorges, le crissement des feuilles mortes dansant au vent ? The Slaughterers, c'était le paradis pour Higgins.
Il entra chez lui sans faire de bruit, pour ne pas être surpris par Mary, sa gouvernante, une robuste personne de soixante-dix ans.
De taille moyenne, plutôt trapu, les cheveux noirs, la lèvre supérieure ornée d'une moustache poivre et sel, les tempes grisonnantes, l'air débonnaire, l'oeil malicieux et inquisiteur, Higgins paraissait lent. Mais il avait le don de se déplacer sans qu'on l'entende. Né sous le signe du chat selon l'astrologie orientale, il possédait les qualités du félin.
Afficher en entierHiggins se sentait un peu mieux. Tout compte fait, ce n'était pas si désagréable d'être un peu grippé quand on pouvait se caler dans un fauteuil profond, devant un feu de bois, un verre de Royal Salute en main. Bien emmitouflé dans sa veste d'intérieur, Higgins digérait un pot-au-feu, les yeux mi-clos, observant Trafalgar le siamois. Roulé en boule, le félin, menton appuyé sur les pattes avant, avait élu domicile sur un coussin jaune or rempli de duvet. Ce n'était pas un temps à mettre un chat dehors. Un brouillard givrant s'abattait sur the Slaughterers. Ce serait bientôt la fin du jour.
Afficher en entierUn quart d’heure plus tard, le superintendant Scott Marlow arriva sur les lieux du crime, accompagné de deux inspecteurs et de plusieurs bobbies. Le médecin légiste et une équipe de spécialistes ne tarderaient plus
Afficher en entierDe l’autre côté de la porte régnait un silence angoissant. Les femmes de ménage babillaient en hindi.J. J. Battiscombe tourna aisément la clé dans la serrure. La porte s’ouvrit. Il n’y avait pas de lumière. Une odeur de poudre flottait dans l’air. Peut-être à cause de la présence des deux sarcophages, dressés près de l’entrée, l’endroit évoquait un sépulcre peuplé de forces maléfiques
Afficher en entierCette dernière pénétra dans le second renfoncement où étaient entassées des caisses, utilisa sa clé et ouvrit la porte du bureau. Philipp demeura dans le couloir, regardant d’un oeil distrait l’Indienne qui continuait son travail de nettoyage devant le bureau des numismates. Elle portait des chaussons qui rendaient sa démarche silencieuse
Afficher en entierLe bureau du professeur Mortimer était le second sur la droite, précédé d’un renfoncement. Le premier, lui aussi précédé d’un semblable renfoncement, était celui des spécialistes en numismatique ancienne. Il abritait un lot de pièces hellénistiques d’une grande valeur qui venaient d’être découvertes en Égypte. En face, le bureau d’Eliot Tumberfast, l’assistant du professeur Mortimer. Le long du mur, des armoires grillagées contenaient de lourds volumes reliés, dictionnaires, recueils de revues spécialisées, archives
Afficher en entierLe professeur se moucha et claqua la porte. Agatha resta immobile un long moment, reprenant sa respiration. Elle avait eu une peur bleue et monta à sa chambre où elle était censée dormir depuis plus de deux heures
Afficher en entierUne clé s’introduisit dans la serrure de la petite porte donnant sur la ruelle que dominait de toute sa masse l’hôtel particulier des Mortimer. L’ombre, après avoir vérifié que personne ne l’observait, pénétra dans la propriété, évita l’allée de graviers et longea la façade arrière. Agatha Lillby atteignit l’office sans avoir fait le moindre bruit. Elle ôta son imperméable et ses chaussures trempées. Ainsi, elle gravirait silencieusement l’escalier de marbre et regagnerait sa chambre
Afficher en entierFrances perçut les échos d’une violente discussion entre son mari et Eliot Tumberfast. Il n’était question que de points techniques d’égyptologie. Tumberfast ne voulait céder sur aucun point. Le professeur Mortimer lui ordonna de se taire.– Frances
Afficher en entierAgatha, au lieu de grimper jusqu’au troisième étage où se trouvait sa chambre, descendit l’escalier de marbre. Elle traversa l’office où elle revêtit un imperméable vert prune. Ce soir, elle devait sortir. C’était une question d’honneur. Elle passerait par la petite porte donnant sur une ruelle, derrière l’hôtel particulier, réglerait son problème aussi vite que possible et rentrerait avec précautions. Grâce à la pluie, elle se faufilerait comme une ombre
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