Extraits

Jessie – en admettant que ce soit son vrai nom – prétendait avoir seize ans, mais Kera la soupçonnait d’être plus jeune et lui donnait treize ou quatorze ans. Elle était mince, avec les petits seins et la peau parfaite de quelqu’un qui n’a pas achevé sa croissance.

Parfois, entre respect de la vie privée des patientes et méconnaissance d’une situation de maltraitance potentielle, la limite était étroite. Elle décida de poser à Jessie quelques questions ciblées pour s’assurer qu’elle vivait une relation librement consentie.

Il n’y avait pas d’autre façon de se faire comprendre de ces gens. La voie politique était beaucoup trop lente, et la vie de centaines de bébés était en jeu tous les jours.

Parvenir au dispensaire avait été un problème. Il était tout neuf et construit avec un grand souci de sécurité. Une caméra était installée de chaque côté du bâtiment, et il n’y avait guère de végétation où se cacher. Elle s’était mêlée à un groupe de manifestants réguliers pour étudier en toute sécurité le dispensaire pendant ses premiers mois d’existence.

Policier le plus expérimenté d’un groupe de seize, Jackson enquêtait habituellement sur des homicides plutôt que sur des dommages aux biens ou des délits sexuels. Mais il n’avait pas d’enquête en cours en ce moment, et son supérieur lui avait demandé de prendre la direction des opérations. Un sentiment de culpabilité le frappa. Maintenant qu’il était père célibataire, chaque fois qu’il s’occupait d’une nouvelle affaire, il abandonnait sa fille durant les premiers jours. Katie n’était pas encore résignée à la séparation de ses parents et au fait que sa mère préférait continuer à boire au lieu de s’occuper de sa famille. Si cette affaire d’attentat à la bombe s’avérait longue et complexe, il lui faudrait passer la main à un autre détective.

La police de Portland n’avait pas réussi à identifier leur terroriste, même avec l’aide du FBI. Ils avaient renforcé la sécurité autour de tous les dispensaires, mais l’un d’eux avait fini par fermer. Jackson se promit de suggérer à Sheila d’engager un vigile à temps plein. Si cet attentat était dû à la même personne ou au même groupe, ce n’était pas fini.

Internet était son refuge. Il la connectait à des gens dans le monde entier. Certains étaient idiots ou égoïstes, mais la plupart cherchaient, avec passion et générosité, à communiquer avec le monde qui les entourait.

Kera se connecta sur un site d’actualités. Elle éprouvait le besoin de savoir ce qui avait changé dans le monde pendant qu’elle était au dispensaire. Son addiction aux informations avait commencé à l’université. Ces trois dernières années, c’était devenu une véritable obsession. Les guerres, les terroristes, les fanatiques d’extrême droite : il était essentiel de rester au courant de tout ce qui la menaçait.