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Je crois bien que je vais mourir enfermé dans ce satané casier...
Afficher en entierTu vois, le monde n'est pas aussi compartimenté que tu l'imagines. Même si les nations aiment marquer leurs frontières, l'Hôtel existe au-delà de ces limites. Ce ne sont pas elles qui nous définissent. J'ai rencontré des familles asiatiques qui vivaient en France, des gens du Moyen-Orient qui habitaient au Canada et des Africains à la peau blanche. A la fin, peu importe d'où ils viennent ou la tête qu'ils ont, ce sont tous des êtres humains ! Ce qui compte, c'est la façon dont ils se traitent les uns les autres."
Afficher en entierJe crois bien que je vais mourir enfermé dans ce satané casier…
Je contemple les rais de lumière qui filtrent par les découpes aménagées dans la porte en marmonnant à mi-voix, furieux contre moi-même. Je mérite vraiment des claques ! C’est tout moi, ça, d’aller me mettre dans un tel pétrin… Il n’y a pas à dire, je suis vraiment doué pour ça… Résultat des courses : me voilà coincé comme un idiot, tout seul dans mon casier tandis que, là-dehors, la nuit tombe sur l’école… Et tout ça, à la veille des vacances de Noël, évidemment, sinon ce ne serait pas drôle ! À la rentrée, les profs auront la surprise de leur vie en découvrant dans son sarcophage ma momie toute racornie, un sachet de Skittles vide dans la poche !
Pourtant, quand on s’est lancés dans cette partie de cache-cache, avec les autres enfants de profs du collège, il me semblait parfait, ce casier. Mais à présent, ça fait plus d’une heure que j’attends que les autres me trouvent… On parie combien qu’ils sont tous rentrés chez eux ? Il n’y a vraiment qu’à moi que ça arrive, des trucs pareils !
Je décolle le front de la porte et, malgré l’espace exigu, je parcours tant bien que mal, du bout de mon index replié, les lignes du dessin que j’ai affiché à l’intérieur de mon casier. Un arbre majestueux… Du fond de ma prison, j’entendrais presque ses feuilles bruisser comme elles murmurent toutes les nuits dans mes rêves. Cet arbre, c’est le même que celui qui se trouve gravé sur le petit disque de bois pendu à mon cou – la pièce qui appartenait à mon père. Pas très utile pour me tirer des griffes maléfiques d’un cadenas à combinaison, mais ça me rassure quand même de porter le seul objet qu’il m’a laissé avant de disparaître. Tant qu’il est avec moi, j’ai la sensation que je ne vais pas me volatiliser à mon tour du jour au lendemain.
Soudain, des bruits de pas. Mon sauveur… Une bonne âme s’est enfin aventurée dans ce corridor désert et va pouvoir me libérer du piège mortel dans lequel je me suis fourré tout seul !
— Il y a quelqu’un ?
Ma voix crisse dans ma gorge sèche, presque inaudible. Heureusement, les pas s’interrompent tout de même, puis reprennent, plus circonspects. Je ne distingue pas grand-chose par les fentes d’aération, mais j’imagine un héros en armure scintillante s’avancer dans le couloir, monté sur son fier destrier.
— Cammy ?
Beurk, j’ai horreur de ce surnom. Moi, c’est Cameron ! Je pousse malgré tout un soupir de soulagement : cette voix, c’est celle d’Oma, ma grand-mère. À croire qu’elle a retrouvé ma trace grâce à un de ces drôles d’attrape-rêves qu’elle suspend un peu partout dans notre maison.
Mais mieux vaut ça, tout de même, que me retrouver délivré par un parfait inconnu. La honte…
— Je suis coincé dans mon casier, aide-moi à sortir de là, s’il te plaît !
Guidée par ma supplique, Oma s’accroupit devant la porte métallique et je peux enfin l’apercevoir à travers les fentes, vêtue de sa tenue habituelle : chemisier à fleurs et pantalon beige. Ni armure, ni destrier… rien que ma grand-mère, qui nous a servi à la fois de père et de mère, à ma sœur jumelle Cassia et à moi, depuis notre naissance.
— Tu es enfermé là-dedans depuis combien de temps ? demande-t-elle avec l’accent traînant typique des habitants du Texas.
Une éternité… Mais je ne suis pas près de l’avouer, j’ai trop honte. Et puis je ne voudrais pas l’inquiéter.
— Pas longtemps. Tu peux m’aider ?
— Euh, Cammy… (Je grimace. C’est vraiment le pire surnom de l’univers – mignon à vomir !) Je crois bien que la porte peut s’ouvrir de l’intérieur.
Elle a raison, bien sûr !
Afficher en entierLa magie existe dans ce monde, pour peu qu'on sache où la chercher.
Afficher en entier“beautiful things are always beautiful. It's how we perceive them that makes us think they're not.”
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