Les Épouses tributs des soldats drexiens, Tome 5 : Interdite

— Non, mais il se prend pour qui ?, grogna Ella en accélérant, le pas furieux.

True s’efforça de suivre son amie comme elle le put, mais elle fut incapable de la rattraper.

— Ralentis, Ella.

Les deux femmes étaient en train de prendre le petit-déjeuner au café de leurs quartiers lorsqu’Ella avait reçu un message de Preston qui lui avait fait l’effet d’une gifle. Elle avait aussitôt abandonné son pain plat drexien à moitié terminé et une reproduction passable de thé Earl Gray.

True avala une bouchée de bagel en s’efforçant de ne pas s’étouffer tandis qu’elle lui courait après.

Ella ne s’arrêta qu’après avoir atteint la porte donnant sur le reste de la station.

— Je pensais qu’il se payait ma tête quand il m’a dit qu’il avait une proposition à me faire. Pas toi ? Non, mais, franchement, il faut quand même être un sacré connard pour demander à mon patron de me confier un tout nouveau projet sans me demander mon avis d’abord !

— C’est au sujet de ce type qui est venu à notre table hier ?, demanda True.

Ella croisa les bras sur sa poitrine.

— Bien sûr que c’est au sujet de ce type. Tu as déjà vu quelqu’un d’autre s’intéresser à ce que je fais sur la station, hormis Preston ?

— Et moi, intervint True.

— Pardon, dit Ella en perdant un peu de sa verve. Et toi, bien sûr. Tu as toujours été super patiente et compréhensive. En plus, tu ne fais jamais la tronche quand je te montre mes dessins.

— Ce n’est pas ennuyeux, ce que tu fais. Je n’y comprends rien, mais ça m’intéresse.

Ella rit malgré elle.

— Merci, True. Désolée d’avoir passé mes nerfs sur toi.

Son amie posa la main sur son bras.

— Tu peux me dire ce qui se passe ? Lentement et avec des phrases complètes au lieu de ces cris suraigus que même un dauphin aurait du mal à comprendre ?

Elle ramena Ella au café où plusieurs « indépendantes » leur jetèrent un regard surpris.

— Et tu peux m’en parler pendant que je termine mon petit-déjeuner ?

— Bien sûr, même si je n’arrive toujours pas à comprendre comment tu peux manger ces pauvres reproductions de bagels, dit Ella en retournant à leur table.

True haussa les épaules.

— J’adore le sucre et les glutens. Même les glutens extra-terrestres.

Ella inspira profondément en se rasseyant et elle prit son appareil de communication. Peu d’indépendantes en possédaient sur la station, mais Ella avait insisté pour qu’on lui en trouve un lorsqu’elle avait commencé à travailler pour Preston, d’autant plus qu’ils devaient pouvoir se contacter n’importe quand les jours de mariage.

— Preston m’a envoyé un message pour me dire que je venais d’être transférée à la division militaire.

True éloigna les longues mèches de cheveux qui lui tombaient devant les yeux.

— L’armée Drexienne a besoin de papillons holographiques ?

— Tu sais que je ne fais pas uniquement des papillons.

— Pardon, dit True. C’est vrai que tu fais aussi des couchers de soleil et des cascades.