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Elle s’aperçut en se relevant que les baleines de son ombrelle s’étaient coincées dans les cordages. Elle mit un quart d’heure à défaire les noeuds pour tenter de la dégager. Le vent, qui s’était levé, compliquait encore l’opération et le claquement des voiles au-dessus de sa tête couvrait ses petits cris de mécontentement.

Quand le tissu se déchira, elle abandonna son ombrelle au milieu des cordages et partit demander du secours à Matthew ou à Jimbo.

Elle descendait les escaliers quand elle sursauta en entendant un terrible craquement. Elle faillit basculer par-dessus bord et Chester la rattrapa juste à temps. Ils se retournèrent et virent au même instant le mât de hune heurter violemment le grand-mât.

Chester se précipita sur le gaillard d’arrière et appela à l’aide.

Sara jugea plus sage de s’éclipser. La panique régnait à bord et plusieurs matelots la dépassèrent en courant. En bas, elle croisa Matthew qui sortait de la cabine de Nora.

- Bonjour, Matthew, dit-elle gentiment. (Elle lui fît une petite révérence.) Je n’en ai pas pour longtemps. Je viens juste prendre des nouvelles de ma tante. Je ne la fatiguerai pas, c’est promis.

- Je vous fais confiance, sourit Matthew. Mais je repasserai tout de même dans une demi-heure.

Il achevait ces paroles quand un choc assourdissant secoua le navire. Nora se rattrapa au chambranle de la porte.

- Mon Dieu, Matthew, quel vent !

Le matelot grimpait déjà l’escalier quatre à quatre.

- Ce n’est pas le vent, lui cria-t-il par-dessus son épaule.

La porte se referma derrière Sara au moment où Nathan jaillissait de sa cabine.

Sa tante était toujours alitée mais elle paraissait reposée.

- Nora, tu reprends des couleurs, se réjouit Sara. Tes bleus commencent à disparaître. Bientôt tu pourras te promener avec moi sur le pont.

- Je me sens beaucoup mieux, approuva Nora. Comment vas tu, ma chérie ?

- Ça peut aller.

Nora fronça les sourcils.

- On m’a raconté l’incident de la soupe, mon enfant. Je sais que ça ne va pas.

- Je n’en ai pas mangé, répliqua Sara. Mais cette histoire m’a rendue malade. Je n’avais aucune intention de les empoisonner.

- C’est ce que j’ai dit à Matthew. J’ai pris ta défense, Sara, et je lui ai affirmé qu’il n’y avait aucune mauvaise intention de ta part. Ce serait absurde !

Les deux femmes semblaient aussi soucieuses l’une que l’autre.

- Comment peuvent-ils me prêter des sentiments aussi vils ? A moi qui suis leur maîtresse ! Ils sont presque aussi désagréables que leur capitaine.

- Nathan ? Il t’en veut lui aussi ?

Sara haussa les épaules.

- L’histoire de la soupe l’a un peu contrarié, mais il m’a crue lorsque je lui ai expliqué qu’il s’agissait d’un accident. Il est sans doute plus compréhensif du fait qu’il n’y a pas goûté. Mais je me moque de ce qu’il pense de moi. Par contre je suis très mécontente de lui.

Nora esquissa un sourire et Sara ajouta sur un ton dramatique :

- Il ne me traite pas bien du tout. Je te l’assure... Oh ! Je ne devrais pas. Je suis sa femme et je ne devrais pas faire de cachotteries. J’ai honte de moi...

- Il t’a fait du mal ? l’interrompit Nora.

- Oh non, mais...

Une longue minute s’écoula. Sara rougit et Nora devina où le bât blessait.

- Il n’a pas été gentil avec toi la nuit dernière ?

Sara fixa ses pieds.

- Oh si.

- Mais alors ?

- Eh bien, ensuite il n’a pas... Enfin, la deuxième fois... hem... il est parti brusquement, sans un mot tendre à mon égard. Il n’a même pas ouvert la bouche. Je suis sûre que l’on prend plus de gants avec les prostituées.

Nora essaya de minimiser l’incident.

- Et toi, lui as-tu dit des mots tendres ?

- Non.

- Il s’agit certainement d’un malentendu. Nathan ignore peut-être que tu as besoin d’éloges.

- Je veux un minimum de considération, pas des compliments ! riposta Sara mécontente. Mon Dieu ! c’est faux, je recherche en effet ses louanges. J’ignore pour quelle raison, mais c’est ainsi.

Elle sauta brusquement du coq à l’âne.

- Nora, le bateau penche d’un côté ! Je me demande pourquoi Nathan ne le redresse pas.

- Tu as raison, remarqua Nora. Mais tu m’as bien dit que le vent soufflait aujourd’hui ?

- Oui, mais il me semble que le bateau n’avance plus. Pourvu qu’il ne se retourne pas !

Elle soupira et ajouta :

- Je ne sais pas nager, mais Nathan ne me laissera pas me noyer.

- Ah ! Et pourquoi ? sourit Nora.

- Mais parce que je suis sa femme, répliqua Sara visiblement surprise. Il a juré de me protéger.

Tout à coup le navire se coucha sur le flanc. Nora, terrifiée, s’agrippa à Sara qui s’efforça de la rassurer.

- Nora, c’est Nathan qui dirige ce navire et jamais il ne nous laisserait tomber à l’eau. Ne t’inquiète pas, il connaît son métier.

Au même instant elles entendirent un rugissement. Quelqu’un vociférait son nom. Sara fit une grimace et se tourna vers Nora.

- Tu vois, Nora. Nathan ne sait pas prononcer mon nom sans hurler. Je me demande quelle mouche le pique encore. Cet homme a décidément un caractère détestable et je m’admire de pouvoir le supporter.

- Va donc voir ce qu’il veut, suggéra Nora. Et ne te laisse pas intimider par ses hurlements. N’oublie pas ce que je t’ai dit : essaie de percer sa carapace.

- Oui, je sais, soupira Sara en se levant et en défroissant sa jupe. Sous la carapace, je découvrirai un homme de coeur. Eh bien, c’est le moment ou jamais.

Elle embrassa Nora et se précipita dehors. Dans la coursive, elle faillit heurter Jimbo qui la rattrapa au vol.

- Venez avec moi, ordonna-t-il en la poussant vers la cale.

Elle se dégagea.

- Nathan m’appelle, Jimbo. Je crois qu’il est sur le pont.

- Je sais parfaitement où il se trouve, grommela le colosse. Mais il vaut mieux attendre qu’il se soit calmé, Sara. Vous allez vous cacher en bas jusqu’à...

- Mais je n’ai pas l’intention de me cacher !

- Parbleu ! Ce serait le comble !

Sara sursauta en entendant la voix de Nathan résonner dans son dos. Elle fit volte-face et essaya vaillamment de sourire, soucieuse de ne pas étaler ses problèmes personnels en présence d’un domestique. Mais la mine furibonde de son mari la fit changer d’avis.

- Pour l’amour du ciel, Nathan ? s’emporta-t-elle. Pourquoi faut-il que vous soyez toujours dans mon dos ? Vous m’avez fait une peur !

- Sara, s’aventura Jimbo à voix basse. A votre place, je...

Mais elle continua sur sa lancée :

- Et puisque nous parlons de vos mauvaises manières, je vous ferai également remarquer que j’en ai par-dessus la tête de vous entendre hurler à longueur de journée. Si vous avez quelque chose à me dire, monsieur, ayez l’obligeance de prendre un ton plus aimable.

Jimbo se rapprocha d’elle et Matthew surgit comme par enchantement de l’autre côté. Sara, stupéfaite, se rendit brusquement compte que les deux hommes essayaient de la protéger.

- Nathan ne me fera jamais de mal, leur dit-elle. Il ne toucherait pas à un cheveu de ma tête.

- Et moi je vous affirme qu’il meurt d’envie de vous étriper ! riposta Jimbo entre ses dents.

Il ne pouvait néanmoins s’empêcher de sourire devant le cran de la jeune femme. C’est une tête de mule, songea-t-il, mais elle a du culot.

Nathan essayait de reprendre son sang-froid. Les yeux fixés sur Sara, il inspira profondément à deux ou trois reprises.

- Il a toujours un regard meurtrier, souffla Sara.

Elle croisa les bras et tâcha de prendre un air fâché pour cacher son anxiété.

Nathan n’avait toujours pas ouvert la bouche et elle se sentit pâlir. Il écumait de rage.

« Essaie de percer sa carapace », lui avait conseillé Nora. Sara en était loin, elle ne parvenait même pas à soutenir le regard de son mari.

Elle céda la première.

- C’est bon, maugréa-t-elle. Qui a encore goûté ma soupe ? Est-ce cela, mon mari, qui vous met dans un état pareil ?

Elle se mordit les lèvres en voyant les veines de son cou se gonfler. Il aurait mieux valu ne pas lui rappeler cet incident. C’est alors qu’elle aperçut son ombrelle entre les mains de son mari.

Sans dire un mot, Nathan la poussa dans la cabine. Puis il claqua la porte et s’adossa contre le battant.

Sara alla s’appuyer contre le bureau en s’efforçant d’adopter un air nonchalant.

- Nathan, j’ai apparemment fait une nouvelle bêtise. Dites-moi ce dont il s’agit et cessons de nous regarder en chiens de faïence. Je vous assure, mon ami, que ma patience est mise à rude épreuve !

- Votre patience ?

Saisie par le rugissement que lui avaient arraché ses propos, elle jugea plus sage de se taire.

- Cet objet vous dit quelque chose ? aboya-t-il en brandissant l’ombrelle brisée.

- Oh ! Vous avez cassé ma jolie ombrelle ? s’indigna la jeune femme.

- Non. Le mât de hune est tombé sur votre maudite ombrelle. Est-ce vous qui avez défait les écoutes ?

- Cessez de crier ainsi, protesta-t-elle. Vous me donnez mal à la tête !

- Répondez-moi !

- J’ai en effet dénoué quelques grosses ficelles, Nathan. Mais je ne pouvais pas faire autrement ! Je tiens énormément à cette ombrelle et elle s’était coincée, alors j’ai essayé de... Nathan, que se passe-t-il si l’on défait ces cordes ?

- Nous avons perdu deux voiles.

- Nous avons... quoi ? répéta Sara qui n’avait pas saisi le sens de ses paroles.

- Deux voiles se sont déchirées.

- Et c’est ce qui vous met dans cet état ? Il en reste au moins six ! Vous n’allez pas me dire que ce bateau...

- Navire ! écuma-t-il. C’est un navire, pas un bateau !

- C’est ce que je voulais dire, fit-elle conciliante.

- Combien avez-vous de ces maudits engins ?

- Cet engin s’appelle une ombrelle, répondit-elle sur un ton pincé. Il m’en reste trois.

- Donnez-les-moi tout de suite !

- Que voulez-vous en faire ? s’écria-t-elle en se précipitant vers sa malle.

- Je vais les jeter à la mer ! Avec un peu de chance, nous éborgnerons peut-être un ou deux requins.

- Mais vous êtes fou ! Ces ombrelles ont été faites sur mesure ! Quel gaspillage éhonté... Vous ne pouvez pas faire ça, gémit-elle à bout d’arguments.

- Je vais me gêner !

Il ne vociférait plus, mais elle était trop révoltée par sa dureté pour se réjouir de cette accalmie.

- Expliquez-moi pourquoi vous voulez vous débarrasser de mes ombrelles, insista Sara. Si ces raisons sont valables, je vous les donnerai volontiers.

Elle le défiait en serrant ses trois ombrelles contre son coeur.

- -Elles représentent une menace pour le bord !

Elle le dévisagea d’un air incrédule. Il avait perdu la tête !

- Le premier de ces engins a démoli mes hommes, commença-t-il.

- Ivan seulement, rectifia Sara.

- Soit ! Mais Ivan estropié, vous avez préparé cette maudite soupe qui a mis sur le flanc le reste de mon équipage, poursuivit Nathan implacable.

Il avait marqué un point.

- Le second a démoli mon navire, continua-t-il. Avez-vous remarqué que le Seahawk ne fendait plus les flots ? Il a fallu mouiller l’ancre pour effectuer les réparations, je vous laisse imaginer la proie que nous représentons ! Voilà pourquoi je vais flanquer vos fichus parapluies par-dessus bord !

- Nathan, c’est un concours de malchance.

- En êtes-vous bien sûre ?

Elle bondit sous l’insulte.

- Mon Dieu, comment pouvez-vous imaginer...

Elle éclata en sanglots.

- Arrêtez de pleurnicher ! ordonna-t-il.

Ses sanglots redoublèrent et elle se jeta dans ses bras. Nathan, embarrassé par ce fardeau, entendit le cliquetis des ombrelles qui tombaient à ses pieds. Sara inondait sa chemise de ses larmes. Malgré lui, il passa un bras autour de ses épaules et la serra contre lui. Que diable lui arrivait-il ? Il mourait d’envie de la consoler ! Bigre, cette femme avait bien failli perdre son navire ! Il posa ses lèvres sur les siennes. Elle blottit son visage dans son cou et cessa de pleurer.

- L’équipage sait-il que j’ai cassé le navire ?

- Vous ne l’avez pas cassé, murmura-t-il ému par sa petite voix misérable.

- Mais est-ce que les hommes pensent...

- Sara, les dégâts seront réparés en quelques jours.

En réalité cela prendrait une bonne semaine, mais elle était suffisamment retournée. Nathan n’en revenait pas. Les catastrophes se succédaient depuis que sa femme était à bord et il était en train de l’embrasser et de la caresser.

Elle s’appuya contre lui.

- Nathan ?

- Oui ?

- Mon personnel sait-il que je suis à l’origine de cet accident ?

Son personnel ! Il leva les yeux au ciel.

- Oui.

- C’est vous qui le leur avez dit ? demanda-t-elle avec amertume.

- Non, Sara. Ils ont compris en voyant votre ombrelle.

- J’aurais tant souhaité qu’ils me respectent.

- Oh, mais ils ont du respect pour vous, l’assura-t-il gentiment.

Une bouffée d’espoir la souleva, mais il ajouta :

- Ils attendent de pied ferme la prochaine catastrophe.

Elle haussa les épaules.

- Je ne plaisante pas, Sara. Ils font des paris. Pour les uns ce sera la peste, pour les autres la fièvre jaune. D’autres encore...

Elle le repoussa et s’exclama :

- Vous parlez sérieusement !

- Ils sont persuadés que vous leur portez la poisse ! avoua-t-il.

- Et vous me racontez ces horreurs avec le sourire ?

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Satisfait, il se sentit l’âme plus tranquille et quitta la cabine, convaincu d’avoir mis un terme aux bêtises de sa femme. D’ailleurs qu’aurait-elle pu faire de pire ?

Elle mit le feu au navire.

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Nathan fonça chez Nora et entra sans frapper.

Une voix d’homme retentit :

- Qui est là ?

Nathan retint un sourire. Il avait reconnu la voix de Matthew.

- Je veux dire un mot à Nora, annonça-t-il.

La tante de Sara se réveilla en sursaut et remonta les couvertures jusqu’à son menton. Elle était rouge comme une cerise.

Nathan s’approcha du lit, les mains dans le dos, et fixa le plancher.

- Sara est malade.

La gêne de Nora disparut comme par enchantement.

- Il faut que j’aille la voir, chuchota-t-elle en essayant de s’asseoir. Savez-vous ce dont elle souffre ?

- Voulez-vous que j’aille jeter un coup d’oeil sur elle ? demanda Matthew en rabattant les couvertures.

Nathan secoua la tête et toussota.

- Elle souffre de... Ce sont des histoires de femmes.

- Quelles histoires ? demanda Matthew, sincèrement perplexe.

Nora avait tout de suite compris.

- Souffre-t-elle beaucoup ?

- Terriblement ! Dites-moi ce que je peux faire pour la soulager.

Il lui parlait d’une voix coupante comme s’il s’adressait à son équipage.

- Une gorgée de cognac la soulagerait peut-être, suggéra-t-elle. Mais je crois que des paroles de réconfort ne lui feraient pas de mal non plus. Je me souviens qu’en ces moments-là, j’y étais très sensible.

- C’est tout ? grommela Nathan. Par le Christ ! Nora, elle souffre ! Je ne le tolérerai pas.

Nora réprima à grand-peine un sourire. Le regard meurtrier de Nathan l’y aida.

- Vous lui avez demandé ce qu’elle voulait ?

- Elle veut sa mère !

- Qu’est-ce que sa mère vient faire là-dedans ? demanda Matthew.

- Elle a besoin de vous, mon cher. Nathan, réconfortez-la. Essayez de lui frotter le dos.

Nathan se dirigeait déjà à grandes enjambées vers la porte. Dès que celle-ci fut refermée, Nora se tourna vers Matthew.

- Crois-tu qu’il va dire à Sara que nous...

- Mais non, mon amour.

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- Colin, je la verrai ce soir.

- Nom d’une pipe ! Je te dis qu’il faut que tu la voies d’abord.

- Mais pourquoi? s’enquit Nathan sincèrement perplexe.

- Pour te préparer.

- Tout est fin prêt, fit Nathan en se retournant. Je sais où est sa chambre et que l’accès est libre. J’ai même vérifié si l’arbre sous sa fenêtre supportait mon poids. Le bateau n’attend que nous pour appareiller.

- Alors, tu as songé à tout ?

- Bien sûr, acquiesça Nathan.

- Et que feras-tu si elle ne passe pas par la fenêtre ? demanda Colin en souriant.

Colin avait tapé dans le mille. Nathan, embarrassé, mit quelques secondes avant de répondre :

- La fenêtre est large.

- Ta femme est peut-être plus large encore.

Nathan ne laissa rien paraître de sa terreur et répliqua d’un air détaché :

- Je la ferai rouler en bas de l’escalier.

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Le voyage se déroula sans heurts. Ivan prit Sara sous son aile et essaya de lui apprendre à faire la cuisine. En vain ! Personne ne pouvait se résoudre à lui avouer la vérité et, dès qu’elle avait le dos tourné, les hommes d’équipage jetaient leur soupe pardessus bord. Leurs estomacs criaient famine, mais ils ne voulaient pas faire de peine à la jeune femme.

Sara s’attela ensuite à la confection de biscuits. Ceux qui avaient été embarqués étaient infestés de charançons.

L’équipage ne s’en souciait guère, toutefois Ivan laissa Sara préparer une fournée de gâteaux secs. Elle y passa toute la matinée. Les hommes faillirent se casser les dents sur les biscuits qui se révélèrent durs comme des cailloux. Mais ils ne tarirent pas d’éloges à l’égard de la cuisinière.

Chester se moqua de ses compagnons : il fît tremper son biscuit toute la nuit dans du rhum mais dut avouer sa défaite le lendemain matin. Le biscuit n’avait même pas ramolli et demeurait immangeable.

Matthew les proposa en guise de munitions aux canonnière.

Nathan éclata de rire mais Sara, qui entendit la plaisanterie, se vengea en leur préparant un repas infâme. Nathan eut à peine le temps de monter sur le pont et restitua son dîner aux poissons.

Sara, elle, avait un estomac en acier. Nathan, qui ne la perdait pas des yeux, s’aperçut rapidement qu’il aimait l’avoir à ses côtés. Il adorait l’entendre rire.

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Nora occupa les pensées de Sara jusqu’à la porte de sa cabine. Dès qu’elle aperçut le grand lit, le problème de Nathan resurgit.

Il n’y avait pas une minute à perdre. Elle poussa le verrou et traîna sa lourde malle contre la porte, le dos courbé sous l’effort. Elle se précipita vers la table pour consolider sa barricade. Malgré ses efforts titanesques, le meuble ne bougea pas d’un pouce et elle découvrit que les pieds avaient été cloués au plancher.

Quelle drôle d’idée ! songea-t-elle.

Elle constata que le bureau avait subi le même traitement. Dieu merci, les chaises avaient été épargnées et, malgré leur poids, Sara les déplaça l’une après l’autre pour venir les empiler sur sa malle.

Elle recula pour juger de l’effet en frottant son dos douloureux. Ce rempart improvisé n’était qu’une mesure dilatoire mais elle était satisfaite d’elle-même. Sa réaction était puérile certes, mais était satisfaite d’elle-même. Sa réaction était puérile certes, mais que dire de celle de Nathan ! Peut-être son Viking reviendrait-il à la raison à la tombée de la nuit. Mais elle ne sortirait pas de cette cabine tant que cette tête de mule n’accéderait pas à sa requête. Quitte à mourir de faim.

- Je préférais l’ancienne disposition.

Sara sursauta et fit volte-face. Négligemment adossé au bureau, Nathan lui souriait.

Il pointa le doigt vers la trappe dans le plafond et lui expliqua d’une voix douce :

- Je passe toujours par là, c’est plus rapide.

Elle recula, abasourdie, ne sachant plus à quel saint se vouer.

Nathan voulut lui laisser le temps de reprendre ses esprits.

- L’arrangement de cette pièce ne vous convenait pas ? s’enquit-il avec sollicitude.

Dominant sa panique, elle finit par répondre du bout des lèvres :

- Non, elle est beaucoup mieux ainsi.

- Je crois malheureusement que votre malle et ces chaises bloquent la porte. Nous aurons du mal à nous asseoir... là-haut.

Piquée, Sara feignit de le prendre au sérieux.

- Je crois que vous avez raison, annonça-t-elle. Merci de me l’avoir signalé. A propos, pourquoi la table est-elle clouée au plancher ?

- Vous avez aussi essayé de la déplacer ?

Elle ignora la raillerie sous-jacente.

- Elle aurait fait mieux devant la malle. Le bureau aussi, ajouta-t-elle. Mais je n’ai pas réussi à les bouger.

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Nathan gagnait déjà la sortie, quand le bandit leva son arme et siffla d’une voix venimeuse :

- Ton agonie sera lente et terrible !

Offusquée, Sara souleva ses jupons et vint silencieusement se placer derrière le scélérat. Elle appuya l’extrémité de son mousquet sur la nuque du forban et chuchota entre ses dents :

- Ton agonie sera courte et aisée.

Au contact du métal froid, le bandit se pétrifia. Sara était enchantée du bon tour qu’elle lui jouait là. Nathan sourit. Elle se demanda si elle serait capable de le tuer : la vie de son mari dépendait d’elle.

- Nathan ? Je tire dans la tête ou dans la nuque cette fois-ci ?

- Cette fois-ci ?... interrogea sa future victime d’une voix étranglée.

Mais son arme était toujours braquée sur Nathan.

- Parfaitement, espèce d’idiot ! grinça Sara en s’efforçant de paraître cruelle.

- Que préférez-vous ? s’enquit nonchalamment Nathan en s’adossant à la paroi.

- La nuque, répondit Sara sans hésiter. Vous vous souvenez du gâchis la dernière fois ? Nous avons mis une semaine à effacer les taches de sang. Quoique... Ce maraud a une cervelle d’oiseau. Oh, et puis décidez ! Je vous obéirai.

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- Dunford a l'air d'un barbare, reconnut-il en l'attirant doucement contre lui. Mon oncle est fort comme un taureau et je dois reconnaître qu'il est impressionnant.

- Sa femme aussi, intervint Sara en souriant. J'ai failli les confondre.

(...)

- Dunford porte une moustache, la gronda-t-il.

- Elle aussi.

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- Daignerez-vous m'expliquez ce que vous avez de si exceptionnel ?

- Volontiers, répliqua-t-elle. D'abord je suis plutôt jolie. Enfin ... pas trop laide.

Elle se hâta de préciser en voyant ses yeux s'arrondir :

- Je ne suis pas d'une beauté à couper le souffle, Nathan, mais ce n'est pas cela qui compte.

- Vous n'êtes pas ... d'une beauté à couper le souffle ? demanda-t-il stupéfait.

- Bien sur que non, s'énerva Sara. Comme vous êtes cruel de me taquiner ainsi ! Je ne suis pas trop vilain, Nathan. Les cheveux châtains et les yeux bruns ne signifient pas nécessairement un ... manque d'attraits.

Il lui sourit avec tendresse.

- Sara, avez-vous remarqué que les hommes s'arrêtaient sur votre passage ?

- Me trouvez-vous donc laide à ce point ? murmura-t-elle atterrée. Très bien, monsieur.

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- Votre oncle Dunford est si direct qu'il a tué son propre frère !

- Vous êtes au courant ? fit-il en réprimant un sourire devant l'air réprobateur de Sara.

- Tout le monde le sait. Cela s'est passé en plein jour, sur les marches de l'hôtel de ville et devant une foule de témoins.

- Dunford avait d'excellentes raisons pour agir ainsi.

- Alors dites-moi ce qui peut justifier un fratricide ? s'enquit-elle avec incrédulité.

Il hocha la tête.

- Son frère l'avait réveillé...

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