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Un vaisseau humain. Un vaisseau humain impérial. Chose froide dont toute chaleur vitale s’était échappée. Un objet réduit à néant. Une ruine-cadavre, brisée, inerte, désemparée…
Depuis combien de temps était-il mort ? Combien de temps avait-il vécu ? Combien de temps avait-il fait montre de bravoure ? Quand et comment cette bravoure s’était-elle terminée ? Les âmes à son bord avaient-elles servi consciencieusement leur stupide dieu-idole ? Avaient-elles fait couler le sang avant que le vide ne s’empare d’eux ?
S’ils s’étaient montrés d’incurables imbéciles, alors cette zone de l’espace était leur ossuaire. S’ils s’étaient comportés en héros, les ténèbres étaient leur sépulcre.
Ce n’est plus qu’une épave désormais, un amas de métal creux brûlé par le soleil qui tourne lentement dans l’obscurité. À cette distance, il n’est visible que pour les auspex et la sensoréflexion. Ses réacteurs sont aussi froids qu’une étoile éteinte. Plus rien d’organique, hormis les traces résiduelles de décomposition. Mais il y a des choses à piller dans cette tombe. Le potentiel de récupération a été déterminé à partir des métadonnées accumulées. De bonnes plaques de blindage, des panneaux de coque, des céramiques composites, des cellules énergétiques à troquer, du câblage, des systèmes d’armes – peut-être même des consommables : prométhium, armes légères, explosifs… des rations, qui sait ?
Soixante mille kilomètres. La portée est correcte, le vecteur d’interception verrouillé. Le signal est donné. Ambrés, les écrans de contact s’illuminent comme s’ouvrent les yeux des reptiles et baignent la passerelle d’une lueur dorée. Les batteries d’artillerie sortent automatiquement de leur léthargie, les autochargeurs cliquettent, les cellules se chargent. Les appareillages d’abordage se mettent en branle et se déploient : griffes extensibles, ancres d’amarrage et passerelles d’assaut sortent des silos aux sabords jusque-là fermés. Les moteurs accélèrent ; une vibration, un bourdonnement, et ils sont partis.
Quarante mille kilomètres. L’essaim se rassemble, outils et armes en main, grouillant sur les stations d’alerte et les coursives conduisant aux écoutilles d’assaut.
Vingt mille kilomètres. Le vaisseau-cadavre est enfin visible, masse tourbillonnante de métal laissant derrière elle un sillage de débris. Un halo d’énergies immatérielles miroite autour de l’épave, le sang de la blessure qui l’a recraché hors de l’empyrée dans l’espace réel. Des bénédictions sont murmurées pour se protéger de toute diablerie et autres créatures du warp qui auraient pu rester accrochées à la carlingue de la chose morte.
Dix mille kilomètres. Le nom du vaisseau-cadavre devient lisible, gravé sur la surface enfoncée de sa proue.
Highness Ser Armaduke.
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