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A l'intérieur, rien ne semblait avoir changé depuis qu'elle avait souhaité bonne nuit à son frère, la veille au soir. Le brasero brûlait toujours et Apollon était toujours assis sur son lit de fortune. Mais en s'approchant, elle découvrit qu'il y avait une différence de taille : Son frère avait un boulet attaché à la cheville par une chaîne. Elle s'immobilisa.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

Il avait beau avoir été battu à mort et ne plus être en état de parler, Apollon n'avait aucun mal à exprimer sa pensée.

Il leva les yeux au ciel. Puis contempla le boulet et la chaîne, et feignit de tressaillir comme s'il les voyait pour la première fois.

Artemis réprima un sourire. L'affaire était grave.

Elle posa le plateau à côté de son frère. La chaîne était assez longue pour lui permettre quelques déplacements.

— Apollon, qui a fait cela ? Maxime ?

Il ne daigna pas répondre, s'empara du morceau de pain qu'il rompit. Il fit une pause, puis se mit à manger presque délicatement.

Artemis se rembrunit, étonnée par ce comportement étrange.

— Apollon, réponds-moi s'il te plaît ! Pourquoi t'a-t'on enchaîné ?

Il prit sa tasse, regarda sa soeur par-dessus le rebord et but une gorgée de thé avant de la reposer sur le plateau. Il ramassa ensuite le petit carnet qui gisait à côté de son lit, griffonna quelques mots et le tendit à Artemis.

Je suis fou, avait-il écrit.

— Tu sais bien que c'est faux, répliqua-t-elle en lui rendant son carnet.

Il la dévisagea un instant, son regard s'adoucit, puis il écrivit de nouveau. Artemis s'assit près de lui.

Tu es bien la seule, ma soeur chérie, à me croire sain d'esprit. Je t'aime pour cela.

Artemis déglutit péniblement.

— Je t'aime, moi aussi, souffla-t-elle en lui caressant la joue. Même si parfois, tu me fais enrager.

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Dés qu'il vit Mlle Greaves qui se tenait à la limite des arbres, telle une dryade soupçonneuse, Maxime pense " Naturellement "Quelle autres lady serait debout à pareille heure? Et quelle autre lady aurait suffisamment intéressé ses chiens pour les inciter à lui fausser compagnie ?

Les trois déserteurs couraient justement vers lui comme s'ils voulaient lui présenter leur nouvelle amie. Belle et Starling lui tournèrent autour, tandis que Percy posait ses pattes boueuses sur ses cuisses.

-Traites, murmura Maxime

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— Quand je l'aurai récupérée, je ferai rattacher toutes les pierres.

— Et tu offriras le collier à Pénélope, dit-elle tranquillement.

Maxime tressaillit. Il ne s'était certes jamais projeté aussi loin dans le futur. Durant toutes ces années, récupérer les émeraudes et traîner l'assassin de ses parents en justice avait occupé toutes ses pensées. Il ne s'était pas demandé ce qui se passerait ensuite.

Mais Artemis avait raison. Ce collier appartenait de droit à la duchesse de Wakefield.

Il se tourna vers cette femme qui lui avait donné son corps, et peut-être son cœur. Cette femme qui le connaissait mieux que quiconque. Cette femme qu'il ne pourrait jamais honorer comme elle le méritait. Et comme il le souhaitait.

— Oui, répondit-il.

— Pénélope l'adorera, assura-t-elle sans ciller - sa déesse si courageuse. Elle a un faible pour les bijoux et ces émeraudes sont magnifiques. Elle sera superbe avec ce collier.

Sa bravoure irrita Maxime. Elle ne manifestait aucune jalousie, aucune colère à la pensée qu'il coucherait avec une autre femme, et sa réaction, bizarrement, lui donnait envie d'enfoncer le clou. Pour l'obliger à reconnaître ce que cette situation avait d'obscène. A dire à voix haute qu'il lui appartenait.

— Resplendissante même, renchérit-il avec cruauté. Je lui achèterai peut-être des boucles d'oreilles pour aller avec.

Artemis accrocha son regard.

— Crois-tu ?

Et il eut, à cet instant précis, l'absolue certitude qu'il n'achèterait jamais de boucles d'oreilles à Pénélope.

— Non, lâcha-t-il.

Il ferma les yeux. Si Artemis pouvait supporter cette épreuve, il n'y avait pas de raison qu'il n'en soit pas capable. Au moins, il était sûr d'avoir Artemis pour lui - même si ce n'était que partiellement.

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— S'il te plaît.

Il l'implorait. Lui qui ne s'était jamais incliné devant personne.

Artemis secoua la tête, mais elle lui prit la main pour l'attirer contre lui.

— S'il te plaît, ma déesse. Ne me quitte pas.

Elle ne répondit pas. Mais elle leva le visage vers lui, et entrouvrit doucement les lèvres lorsqu'il écrasa sa bouche sur la sienne. Il prit délicatement son visage entre ses mains comme s'il ne possédait rien de plus précieux au monde.

Si seulement il pouvait la convaincre qu'elle était à lui, dans ce monde et dans l'autre !

Il enfouit les doigts dans ses cheveux, explora sa bouche avec passion, usant de toutes les ruses qu'il connaissait pour la séduire. Elle laissa échapper un gémissement et lâcha sa chemise de nuit. Mais quand Maxime voulut lui embrasser le cou, elle tourna la tête.

— Maxime, je ne peux pas...

— Chut, souffla-t-il, et ses mains tremblaient tandis qu'il l'enlaçait. Je t'en prie, laisse-moi faire.

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La porte de la chambre s'ouvrit.

— Dehors ! cria Maxime au domestique, quel qu'il soit, qui avait osé le déranger.

Ils entendirent un petit cri étranglé et la porte se referma vivement.

— Tu t'es montré un peu rude, fit Artemis.

Il se renfrogna.

— Tu aurais préféré qu'elle nous regarde baiser ?

— Ne sois pas grossier, répliqua-t-elle.

Elle le repoussa, et il céda à contrecœur, conscient de s'être mal conduit. Elle se leva, offrant le spectacle de sa glorieuse nudité.

— De toute façon, ajouta-t-elle, ils ne tarderont pas à savoir que je suis ta maîtresse.

Il grimaça.

Artemis haussa un sourcil.

— C'est ce que tu veux, n'est-ce pas ? Que je sois ta maîtresse ?

— Je ne peux pas avoir ce que je veux réellement.

— Vraiment ? répliqua-t-elle, désinvolte. Tu es pourtant le duc de Wakefield, l'un des hommes les plus puissants d'Angleterre. Tu sièges au Parlement, tu possèdes des domaines à ne plus savoir qu'en faire et tellement d'argent que tu pourrais prendre des bains de pièces d'or. Je me trompe ? conclut-elle en se penchant pour ramasser sa chemise de nuit.

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Il trouva ce dernier couché, mais n'aurait su dire s'il dormait ou pas. En s'approchant, il constata qu'il avait les yeux ouverts.

— Milord, le salua-t-il, veillant à s'arrêter à bonne distance. Où avez-vous obtenu l'émeraude que vous avez offerte à votre soeur pour ses quinze ans ?

Kilbourne se contenta de le fixer. Maxime soupira.

L'homme était peut-être fou, mais il n'était pas dépourvu d'intelligence.

— Écoutez, reprit-il, Artemis m'a dit...

Cette fois, ses paroles provoquèrent une réaction : le vicomte gronda et se redressa brutalement. Il s'empara du carnet sur le sol et griffonna rapidement. Puis il le lui tendit. Maxime hésita.

Kilbourne eut un sourire sardonique, comme s'il le mettait au défi de s'approcher.

Finalement, Maxime lui prit le carnet des mains et recula pour lire.

Vous n'avez pas le droit d'appeler ma soeur par son prénom.

Maxime le regarda dans les yeux.

— C'est elle qui m'y a autorisé.

Kilbourne grimaça et se rallongea sans le quitter des yeux. Maxime s'impatienta.

— Je n'ai pas de temps à perdre avec vos bouderies. J'ai besoin de savoir auprès de qui vous avez obtenu cette émeraude. Je vous ai sorti de Bedlam. Ce n'est pas cher payé pour avoir retrouvé la liberté, non ?

Kilbourne arqua un sourcil moqueur, avant de baisser ostensiblement les yeux sur la chaîne attachée à sa cheville.

Maxime ne se laissa pas émouvoir.

— Vous avez tué trois hommes. Ne comptez pas sur moi pour vous laisser circuler à votre guise dans une maison où vit ma soeur - et la vôtre, du reste.

Le vicomte lui jeta un regard noir, mais il récupéra le carnet. Il écrivit à toute allure, puis le tendit à Maxime. Celui-ci hésita de nouveau. Kilbourne était accusé d'un crime atroce, il avait passé quatre ans à Bedlam et ne se montrait pas vraiment amical. Cela dit, il n'était pas non plus violent. Et il était le frère d'Artemis. Maxime reprit le carnet mais, cette fois, ne recula pas pour lire ce qui y était écrit.

Je serais incapable de faire le moindre mal à ma soeur. Vous m'insultez en insinuant le contraire. J'ai eu l'émeraude quand j'étais en pension. Je l'ai gagnée aux dés contre un camarade - John Alderney. J'ignore comment il se l'était procurée. J'ignorais également qu'elle était vraie, mais comme je l'ai trouvée jolie, je l'ai offerte à Artemis. Avez-vous séduit ma soeur ?

Maxime leva les yeux et s'aperçut que Kilbourne s'était rapproché. Son regard n'augurait rien de bon. Il recula prudemment.

Pas assez vite, toutefois. Kilbourne se jeta sur lui avec une rapidité étonnante pour un homme de sa corpulence. Maxime tomba à la renverse et le vicomte se retrouva sur lui. Il leva le poing, le visage rouge de fureur. Maxime para le coup, et lui décocha un coup de genou ; il rata son entrejambe mais l'atteignit au ventre. Kilbourne grogna de douleur, le souffle coupé, et Maxime en profita pour le repousser de toutes ses forces. Il roula sur le dallage, hors de portée de la chaîne.

Pendant une minute, le silence de la cave ne fut troublé que par les respirations haletantes des deux hommes. Puis Maxime croisa le regard de Kilbourne. Un regard féroce, plus éloquent que des mots. Il se releva.

— Quoi qu'il arrive, dit-il, soyez assuré que je prendrai soin de votre soeur.

Kilbourne bondit. La chaîne était courte, et il se retrouva à genoux. Il continua de fixer sur Maxime un regard empreint de fureur. A l'évidence, s'il avait été libre de ses mouvements, il se serait battu à mort. Maxime tourna les talons. Il ne pouvait pas vraiment en vouloir au vicomte. S'il s'était agi de Phoebe et que quelqu'un l'avait séduite... Il serra les poings.

Probablement aurait-il dû se sentir coupable, mais il n'éprouvait qu'une infinie tristesse. Si seulement les choses étaient différentes. Si seulement il n'était pas le duc de Wakefield.

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— Qu'est-ce qui vous prend ? gronda-t-il en lui saisissant l'autre bras.

— Il est mourant, articula-t-elle à voix basse, tremblant de tous ses membres. La lettre est arrivée à l'aube, mais je ne l'ai eue qu'en fin de matinée, Pénélope ne l'ayant pas jugée assez importante pour me la remettre plus tôt. Apollon se meurt dans cet enfer qu'est Bedlam.

— Je peux vous faire atteler une voiture qui partira dans moins d'une heure. Si les routes...

Artemis le gifla violemment.

Sa tête tourna légèrement sous l'impact, mais il se contenta de la fixer, les yeux étrécis. Artemis haletait comme si elle avait couru.

— Non ! Vous allez venir à Londres avec moi. Et vous allez le sortir de là. Sinon, je vous jure, sur tout ce que j'ai de plus précieux, de détruire votre réputation. Je...

— Petite garce ! s'emporta Maxime, rouge de colère.

Et il écrasa ses lèvres sur les siennes.

Son baiser n'avait rien de tendre. Le duc se comportait en prédateur affamé. Si Artemis l'avait cru aussi froid que la glace, cette glace fondait à présent sous le feu de sa colère. Sa langue la fouaillait, son souffle était brûlant contre sa joue, et chaque fois qu'elle respirait, ses seins se pressaient contre son torse dur. Il n'était ni tendre ni romantique, et pourtant, elle se laissa emporter par la fougue dévastatrice de son baiser. Au point de tout oublier.

Elle se rappela à temps que son frère avait besoin d'elle.

Et s'arracha aux lèvres du duc, le souffle court, cherchant quoi dire tandis qu'il resserrait son emprise sur ses bras pour l'empêcher de s'échapper.

— Je n'ai pas à obéir à vos ordres, mademoiselle Greaves. Je suis un duc, pas votre petit chien.

— Et moi, je suis Artemis, pas Mlle Greaves, répliqua-t-elle sans se démonter. Vous allez faire ce que je vous demande, ou je ferai en sorte que vous soyez la risée de tout Londres. Et vous serez obligé de vous exiler d'Angleterre pour toujours.

Les prunelles du duc lançaient des éclairs et elle se demanda s'il n'allait pas la frapper. Finalement, il se contenta de la secouer avec une telle force que le fichu qui couvrait son décolleté tomba dans l'herbe.

— Cessez d'exiger, dit-il, la relâchant. Cessez de vous comporter comme celle que vous n'êtes pas.

La douleur explosa dans la poitrine d'Artemis, si aiguë qu'elle eut l'impression de recevoir un coup de poignard en plein coeur.

Elle ferma les yeux. Ses lèvres tremblaient. Apollon se mourait.

— S'il vous plaît, Maxime. S'il vous plaît ! Je vous jure de ne plus vous provoquer. Je resterai dans l'ombre, je ne marcherai plus pieds nus, je ne nagerai pas dans votre étang, je ne vous dérangerai plus. Mais je vous en supplie, sauvez mon frère.

Elle entendait la voix de Scarborough, qui poursuivait son histoire. Elle entendait un oiseau lancer ses trilles au-dessus de leurs têtes. Elle entendait même le bruissement des feuilles que la brise agitait.

Mais elle n'entendait pas Wakefield.

Peut-être était-il parti.

Elle rouvrit les yeux, affolée.

Il était là et la regardait, le visage indéchiffrable, comme sculpté dans la pierre. Retenant son souffle, Artemis attendit le verdict qui scellerait son destin et celui de son frère.

Une déesse ne devrait jamais avoir à implorer.

C'était la seule pensée claire qui, à cet instant, traversait l'esprit de Maxime. Tout le reste - son rang, ses invités, leur conflit - passait à l'arrière-plan. Elle ne devrait pas avoir à l'implorer.

Il sentait encore le goût de ses lèvres sur sa langue, avait envie de l'écraser contre lui et l'embrasser de nouveau, mais il se força à la lâcher.

— Très bien, dit-il.

Artemis cligna des yeux, bouche bée, comme si elle n'en croyait pas ses oreilles.

— Quoi ?

Maxime tournait déjà les talons, réfléchissant à une stratégie, lorsqu'elle lui agrippa la manche.

— Vous allez le sortir de Bedlam ?

— Oui.

Sa décision avait sans doute été prise à l'instant où il avait vu des larmes dans ses yeux. Apparemment, il avait un point faible, au moins aussi redoutable que le talon d'Achille : il ne supportait pas de la voir pleurer.

Mais à présent ses yeux brillaient d'un éclat différent - comme s'il venait de décrocher la lune pour la déposer dans ses mains.

— Merci.

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— Apollon est innocent, articula-t-elle, mais il ne sortira jamais de cet horrible asile. Vous devez l'aider. Vous devez...

— Non, la coupa .Maxime, aussi doucement que possible Je n'ai aucun devoir dans cette affaire.

Un instant, le masque glissa, révélant les émotions qui agitaient la jeune femme : un mélange de rage et de chagrin profonds qui ne pouvaient que trouver un écho en Maxime.

Bouleversé, il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais elle le prit de vitesse. Et frappa avec la précision de la déesse dont elle portait le nom.

— Si vous devez sauver mon frère. Parce que si vous ne le faites pas, je révélerai à toute l'Angleterre -je vous êtes le Fantôme de Saint-Giles.

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Une ombre bougea à gauche de la cheminée, se transforma en une haute silhouette dont la tête était déformée par un chapeau mou et un nez protubérant.

Le Fantôme de Saint-Giles.

La rumeur prétendait qu'il violait et pillait mais, bizarrement, Artemis n'avait pas peur. Elle ressentait même une certaine exaltation. Peut-être était-elle encore en train de rêver. Mieux valait toutefois s'en assurer.

— Êtes-vous venu m’enlever ? s'enquit-elle dans un murmure, sans avoir pourtant consciemment pensé à baisser la voix. Si c'est le cas, ajouta-t-elle, j'espère que vous me laisserez au moins prendre un châle.

L'homme ricana et s'approcha de la commode.

— Pourquoi vos appartements se trouvent-ils à l'écart de ceux réservés à la famille ? demanda-t-il à voix tout aussi basse.

Il n'avait pas dit un mot, l'autre fois, dans Saint-Giles. Et Artemis ne s'attendait vraiment pas qu'il engage la conversation ce soir. Curieuse, elle se redressa en position assise.

Le feu était éteint et il faisait froid. Elle referma les bras autour de ses jambes repliées.

— Ma chambre.

Quoi qu'il fît devant sa commode, il s'immobilisa et tourna la tête, lui offrant son profil menaçant.

— Pardon ?

Artemis haussa les épaules.

— Mes « appartements » se limitent à cette chambre.

Il reporta son attention sur l'armoire.

— Alors, c'est que vous êtes une domestique.

II parlait toujours très bas, ce qui rendait ses intonations plus difficiles à interpréter, pourtant, Artemis aurait juré qu'il cherchait à la provoquer.

— Je suis la cousine de lady Pénélope, répondit-elle.

Enfin, au deuxième degré.

— Dans ce cas, pourquoi vous ont-ils installée à l’écart ?

Il s'accroupit et ouvrit le tiroir du bas.

— Vous n'avez jamais entendu parler des parentes pauvres ? répliqua Artemis, qui tordait le cou pour tenter de voir ce qu'il faisait.

Apparemment, il farfouillait dans ses bas.

— Vous êtes bien loin de Saint-Giles ce soir.

Il grommela et ouvrit un autre tiroir. Artemis s’éclaircit la voix.

— Merci, dit-elle.

Il se figea, mais demeura penché sur le tiroir.

— Merci de quoi ?

— Vous m'avez sauvé la vie, l'autre nuit. Ou au moins, ma vertu. Et celle de ma cousine. J'ignore pourquoi vous êtes venu à notre secours, mais merci.

Il se tourna vers elle.

— Pourquoi je suis venu à votre secours ? Mais parce que vous étiez en danger ! N'importe quel homme aurait réagi ainsi, non ?

Elle eut un sourire triste.

— Pas que je sache, non.

Il y eut un silence, puis :

— Dans ce cas, je suis désolé pour vous.

Le plus étrange, c'était qu'il semblait sincère.

— Pourquoi faites-vous cela ? insista-t-elle.

— Faire quoi ? répliqua-t-il avant de s'attaquer au dernier tiroir.

C'était celui renfermant ses quelques affaires personnelles : des lettres d'Apollon qui dataient du temps où il était en pension, une miniature représentant leur père, des boucles d'oreilles à moitié cassées ayant appartenu à sa mère. Rien d'intéressant sinon pour elle-même. Sans doute aurait-elle dû être outrée qu'un inconnu y touche, mais comparé aux autres outrages subis au cours de sa vie, celui-ci lui apparaissait sans importance. Le Fantôme sursauta.

— Il y a là deux pommes et un morceau de pain. Ne vous nourrissent-ils donc pas à votre faim, que vous deviez voler de la nourriture ?

Artemis se raidit.

— Ce n'est pas pour moi. Et je ne l'ai pas volé - enfin, pas vraiment. La cuisinière est au courant.

Il marmonna de nouveau, puis poursuivit sa fouille. Ses mouvements étaient à la fois précis et étrangement gracieux.

— Pourquoi vous déguisez-vous en Arlequin et pourquoi hantez-vous les rues de Saint-Giles ? reprit Artemis. Vous devez savoir que beaucoup de gens vous prennent pour un violeur et...

— Je ne le suis pas, coupa-t-il en refermant le tiroir.

Il inspecta ensuite la chambre du regard. Ses années de traque dans Saint-Giles avaient-elles développé sa vision nocturne ? Artemis avait du mal à distinguer les objets qui l'entouraient et pourtant c'était sa chambre. Le Fantôme se dirigea vers une armoire.

— Je ne me suis jamais attaqué à une femme, ajoutat- il en ouvrant la porte.

— Avez-vous tué ?

Il s'immobilisa, puis :

— Une ou deux fois. Mais c'était mérité, croyez-moi.

Artemis le croyait volontiers. Saint-Giles n'était pas un repère de bonnes âmes. La misère, l'alcool et le désespoir poussaient ses habitants aux pires extrémités. Elle avait lu dans le journal que les vols et les crimes y étaient monnaie courante. Et que des familles mouraient de faim. Le Fantôme devait avoir d'excellentes raisons pour s'aventurer nuit après nuit dans un tel endroit, car Artemis doutait fort qu'il le fît uniquement pour le plaisir ou par audace.

Mais après tout, que savait-elle de cet homme ?

— Vous devez beaucoup aimer Saint-Giles, risqua-telle.

Il éclata de rire et pivota pour lui faire face.

— Vous vous méprenez. Je ne le fais certainement pas par amour.

— Pourtant, les habitants de Saint-Giles sont les seuls à bénéficier de vos...

Elle s'interrompit, cherchant un mot pour qualifier l'activité du Fantôme. Hobby, Devoir ? Obsession ?

— De votre travail, lâcha-t-elle finalement. Si, comme vous le prétendez, vous ne vous en prenez qu'à ceux qui le méritent, alors les habitants de Saint-Giles qui n'ont rien à se reprocher doivent vous en savoir gré.

— Savoir quelles conséquences mes actes ont sur eux m'indiffère, répliqua-t-il en refermant l'armoire.

— Personnellement, il ne m'est pas indifférent de savoir que vous m'avez sauvé la vie.

Il scrutait de nouveau la chambre du regard. Mais il ne restait plus grand-chose à inventorier : le manteau de la cheminée et la table de chevet. Ni l'un ni l'autre ne cachaient quoi que ce soit.

— Pourquoi vous intéressez-vous autant à mon « travail », comme vous dites ?

Il semblait irrité.

— Je ne sais pas, avoua Artemis. La nouveauté, peut-être... Je n'ai pas souvent l'occasion de parler avec un gentleman.

— Vous êtes la cousine de lady Pénélope et sa dame de compagnie. Avec toutes les réceptions auxquelles vous assistez, vous avez pourtant l'occasion de rencontrer des gentlemen plus souvent qu'à votre tour.

— Les rencontrer, oui. Mais avoir une vraie conversation ?

Elle secoua la tête.

— Les gentlemen n'ont aucune raison de discuter avec une femme comme moi. Sauf si, bien sûr, leurs intentions n'ont rien d'honorable.

Il sursauta de nouveau.

— Vous avez déjà été accostée par des hommes ?

— Quoi d'étonnant à cela ? Ma position me rend vulnérable. Les plus forts cherchent toujours à s'en prendre aux plus faibles. Mais je vous rassure : cela ne m'est pas arrivé souvent. Et j'ai toujours réussi à me défendre.

— Vous n'êtes pas faible, déclara-t-il d'un ton définitif.

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Certaines femmes sont prêtes à vendre leur bébé pour une gorgée de gin. Et des hommes volent et tuent pour une bouteille. Le gin est une lèpre qui finira par réduire la ville à néant si sa progression n'est pas enrayée. Cette maudite boisson doit être combattue avec la même vigueur qu'une maladie contagieuse.

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