Les Femmes du fleuve
Auteur
- Aimée Laberge (Écrivain)
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extrait
« Minuit a sonné depuis un moment quand Léandre Beauregard cherche le pied de Marie-Reine Tremblay sous la table à cartes. Jeudi d’il y a trois semaines, elle portait des chaussures gorge-de-pigeon ; aujourd’hui, elles sont vertes comme la peau d’une grenouille. Elle ne rougit même pas. Elle sourit et étale sa quinte sur la table, comme si de rien n’était, mais il sent le bout de la chaussure de la jeune fille tapoter contre la sienne. Comme si on frappait à la porte. Ce soir, elle porte une robe de soie bourgogne, pas exactement ce que Léandre recommanderait à une rouquine. Tandis qu’il suit de nouveau des yeux la courbe prononcée du passepoil noir sur le devant de la robe sans col, son esprit vagabonde au-delà de la couleur et du tissu du vêtement. Le grand front, les joues rondes, le cou solide, les poignets fins sous les manches trois-quarts : voilà tout ce qui est offert, nu et doré dans la lueur de la lampe à huile, de la peau de Marie-Reine.
Marie-Joseph observe aussi sa soeur, déconcertée. Où Marie-Reine a-t-elle appris à bluffer ? Au couvent, avec les religieuses ? Ou, plus vraisemblablement, avec les garçons du Séminaire ? Doux Jésus ! À cette pensée, le sang de Marie-Joseph se glace. Qu’a donc fabriqué sa petite soeur, à Québec, entre sa quatorzième année et sa vingt et unième année ? »
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Résumé
Amenée à faire des recherches sur les débuts de la colonisation en Nouvelle-France, Lucie Des Ruisseaux, Québécoise exilée à Londres, en vient à s’intéresser à l’histoire de sa propre famille. Elle remonte ainsi jusqu’à l’énigmatique figure de l’arrière-grand-père Antonio Tremblay, coureur des bois de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En marge de l’histoire officielle écrite par des hommes et à propos des hommes, elle apprendra ainsi à découvrir la vie de plusieurs générations de femmes, de celles qui ont échappé aux livres d’histoire mais qui ont façonné le paysage québécois à leur façon, et ce, des origines épiques jusqu’à son éclatante modernité. Chassé-croisé entre le passé et le présent, ce roman historique et familial aurait très bien pu s’appeler, à l’instar de notre devise, Je me souviens.
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