Ajouter un extrait
Liste des extraits
Avec une bonde, on retient, et quand on l'enlève, on libère, on laisse partir. Une bonde dans un bateau peut empêcher un homme de se noyer.
[...] En enlevant une bonde, toutes les choses mauvaises ou toxiques peuvent disparaître. Quand on enlève une bonde, qui sait ce qui va se passer, ce qui va s'échapper ? Une bonde peut retenir des choses bonnes, des choses substantielles. Une bonde est une mini-porte circulaire qui s'ouvre et se ferme. Un passage entre les mondes.
Afficher en entierÀ chaque naissance d’un nouveau Ferrayor, la coutume familiale voulait qu’on lui offrît quelque chose, un objet spécial choisi par Grand-Mère. Les Ferrayor jugeaient toujours un Ferrayor à la façon dont il prenait soin de l’objet de ses jours, comme ils l’appelaient. Nous devions tout le temps le garder sur nous.
Afficher en entierAvec les malades il était tendre, aimant et patient, avec les bien-portants il était grossier, aveugle, déconcertant, horrible. Quand ses patients guérissaient il leur tournait le dos, blessé et malheureux, regrettant déjà la maladie que lui, dans sa tristesse, avait travaillé à éradiquer. Il avait été marié à Tante Jocklun (couteau à gâteau), et le mariage ne fut pas un mariage heureux. Jusqu'au jour où la pauvre Tante Jocklun attrapa une pneumoconiose. Alors il ne la quitta plus, jusqu'au jour où elle le quitta pour toujours.
Afficher en entier« As-tu jamais attendu des heures et des heures à te grattouiller patiemment là où ça te démengeait, à essuyer ton nez, à fixer la porte en attendant qu’elle s’ouvre, à attendre qu’en face de toi apparaisse une belle histoire ? Ton histoire à toi, non mais ! Pas celle de quelqu’un d’autre, pas un rôle mineur dans la pièce de quelqu’un d’autre, mais la tienne. Ta propre histoire ! As-tu jamais désiré jouer le rôle principal dans ta propre histoire ?
Ta propre histoire, penses-y, ton histoire à toi. Que pourrait-elle être ? »
Afficher en entierLa maison parlait : elle chuchotait, jacassait, gazouillait, criait, chantait, jurait, craquait, crachait, gloussait, haletait, avertissait et grognait. Des voix jeunes, hautes et gaies, de vieilles voix, brisées et tremblantes, des voix d'hommes, de femmes, tant et tant de voix, et pas une seule qui vînt d'un être humain, mais des objets de la maison qui s'exprimaient, une tringle à rideaux par-ci, une cage à oiseaux par-là, un presse-papiers, une bouteille d'encre, une latte de plancher, une rampe, un abat-jour, une poignée de sonnette, un plateau à thé, une brosse à cheveux, une porte, une table de nuit, une cuvette, un blaireau, un coupe-cigares, un oeuf à repriser, des tapis petits et grands.
Afficher en entierQuelle forêt, quel déluge, quelle abondance de cimes et de dépressions, de montagnes, de vallées et d'obscures profondeurs. Les regarder se mouvoir, se déplacer, entendre leurs craquements, respirer leur puanteur. Tous ces mouvements, ces relents et ces craquements, c'était quelque chose ! Cette houle, cette pestilence ! Il n'est pas possible pour un Ferrayor de ne pas être fier de cette mer d'immondices, fier, et bien sûr horrifié. J'aurais pu demeurer là, à l'observer dans toute sa splendeur, j'aurais pu peut-être attraper la Cécité du Dépotoir à laquelle tant de Ferrayor avaient succombé avant moi.
Afficher en entierTout commença, toute cette terrible histoire qui s'ensuivit, le jour où la poignée de porte de Tante Rosamund disparut.
Afficher en entierLa demeure des Ferrayor, notre château, notre palais, était construit, je le voyais maintenant, non pas avec des briques et du mortier, mais avec du froid et de la douleur, ce palais était un édifice de méchanceté, de noires pensées, de souffrances, de cris, de sueur et de crachats. Ce qui collait le papier peint sur nos murs, c'étaient des larmes. Quand notre demeure pleurait, elle pleurait parce que quelqu'un d'autre dans le monde se souvenait de ce que nous lui avions fait.
Afficher en entierNous étions comme des puces, des abeilles, des moucherons ou des scarabées bourdonnant, des cancrelats, des fourmis-scarabées, des phalènes cornues, qui tous vivent peu de temps, battent des ailes, s'affolent, rampent, mangent, vivent, aiment puis meurent, un petit tour et puis s'en vont, tout ce petit monde périt, et il n'en reste qu'une salissure. Toute une vie reléguée en si peu de temps. Mais elle, c'est une pensée, la plus belle des pensées. Les meilleures pensées que j'aie jamais eues sont mes pensées pour Lucy Pennant.
Afficher en entierTous ces bruits dans sa tête le dévoraient.
Afficher en entier