Extraits

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Tel un reptile, une file de chars de guerre serpentait dans le fond de la vallée. Le regard de l’adolescent, cramponné au pare-boue du char de tête, se portait vers les falaises, dont les flancs abrupts, percés par les entrées des tombes des anciens, évoquaient des nids d’abeilles. Les ouvertures sombres lui rendaient son regard comme les yeux implacables d’une légion de djinns. Prince Nefer Memnon frissonna et, se détournant, fit furtivement de la main gauche le signe pour conjurer le mal.

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule : dans le char suivant, Taita le regardait à travers la poussière. Le vieillard et son véhicule en étaient recouverts d’une couche fine et claire, les particules de mica scintillaient sous l’unique rayon de soleil qui pénétrait dans les profondeurs de la gorge et le vieux mage rayonnait comme l’incarnation d’un dieu. Nefer baissa la tête, honteux d’avoir été surpris dans son accès de terreur superstitieuse. Aucun prince royal de la maison de Tamose ne montrait jamais une telle faiblesse, surtout parvenu comme lui au seuil de l’âge d’homme. Mais Taita, son précepteur depuis sa prime enfance, plus proche de lui que ses parents ou ses sœurs, le connaissait comme nul autre. Le mage resta impassible, mais, malgré la distance, le regard vénérable semblait le transpercer. Il voyait tout, comprenait tout.