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Les Frères Calder, Tome 2 : Mariée... pour de vrai



Description ajoutée par StevieMH 2013-06-11T16:33:57+02:00

Résumé

Tout sauf épouser Lucas Calder ! Certes, il leur est déjà arrivé de se faire passer pour un couple, Lucas et elle, quand ça les arrangeait, seulement, jamais elle n’a envisagé un vrai mariage !…. Incapable de décevoir son père, Merry décide alors de jouer, une fois de plus, la comédie avec Lucas. Ce qu’elle est loin d’imaginer alors, c’est qu’elle va bientôt se retrouver captive de son plan génial. Et que, prise à son propre jeu, elle ne va plus rêver que d’une chose : voir son faux mariage avec Lucas devenir réalité…

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Classement en biblio - 91 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Abby Gaines **

1

Au cours des huit dernières années, Lucas Calder avait beaucoup bourlingué à bord de son hélicoptère, traversant des dizaines de pays dont il ne connaissait ni la culture ni la langue. Mais les signaux et les mimiques des gamins afghans avaient été plus faciles à comprendre que la scène dont il était témoin en cet instant.

Son père, l’amiral Dwight Calder, babillait en chatouillant le petit ventre de sa fille de seize mois, Mia, étendue sur la table à langer.

L’amiral Calder était un homme au regard perçant, réputé pour sa rigueur et son inflexibilité. En temps normal, il était aussi glacial que pouvait l’être un quart de minuit à bord d’un porte-avions croisant en Arctique.

Son comportement était incompréhensible. Et, en cet instant même, diablement gênant.

Lucas jeta un coup d’œil à sa montre. 15 heures, 22 heures dans le Golfe. A cette heure-ci, il aurait dû être installé à son microscopique bureau, dans sa cabine, occupé à étudier le plan de vol du dragage de mines du lendemain afin de le graver dans sa mémoire.

— Qui est la petite chipie à son papa qui sent très mauvais ? chantonna Dwight d’une voix tout à fait ridicule pour un amiral de la Navy.

Mia poussa un petit cri aigu de ravissement, nullement gênée, visiblement, par l’odeur fétide que dégageait sa couche sale.

— Papa, on peut parler ? demanda Lucas avec insistance, espérant encore ramener l’attention de son père à des sujets plus graves.

Comme, par exemple, sa carrière militaire qui descendait en piqué vers des lendemains sombres.

— Bien sûr.

Dwight défit la couche de sa fille.

Lucas fit un bond en arrière.

— Bon sang, ce qu’elle schlingue !

— Ne parle pas de ta sœur comme ça.

Lucas ne fit aucun commentaire et regarda son père qui maniait la serviette rafraîchissante avec une surprenante efficacité. Pourtant, du temps où Lucas et son frère aîné, Garrett, étaient bébés, il n’avait jamais changé leurs couches. Cette métamorphose de l’amiral Calder en un père gaga devant un nourrisson était quelque chose de tout à fait nouveau.

Bien sûr, Lucas s’en réjouissait pour Mia, mais il aurait tout de même aimé avoir une conversation sérieuse avec son père, une seule, qui ne tourne pas autour des biberons et du pot.

Dwight se retourna pour jeter la couche sale à la poubelle, et au même instant Mia se mit à agiter ses petites jambes et ses petits bras potelés. D’instinct, Lucas s’élança pour empêcher sa sœur de basculer de la table à langer. Mais, dans le même mouvement, Dwight plaqua une main sur le corps de sa fille pour l’immobiliser.

— Je ne l’aurais pas laissée tomber ! grogna-t-il, irrité.

Lucas n’en était pas si certain. Cependant, comme il n’avait pas fait tout ce chemin pour se disputer avec son père, il décida de se montrer conciliant.

— Passe-moi une couche propre, lui ordonna Dwight.

Ah ! Voilà un style militaire qui convenait mieux à son père ! Lucas en fut tellement soulagé qu’il obtempéra avec plaisir.

Une fois Mia changée et rhabillée, son père la prit dans ses bras.

— Tu aimerais la prendre un peu, Lucas ?

— Euh, non, ça ira. Merci.

Paupières mi-closes, Mia se blottit contre l’épaule de son père.

— Elle va s’endormir, murmura ce dernier. Descendons dans mon bureau, on y sera mieux pour parler.

A l’instant où ils arrivaient au pied de l’escalier, la porte d’entrée s’ouvrit sur Stephanie, la belle-mère de Lucas, qui sourit en le voyant.

— Lucas ! Quand es-tu arrivé ? Viens m’embrasser, mon chéri !

— Inutile de te demander comment tu vas, tu es rayonnante ! s’exclama Lucas en la serrant dans ses bras.

Elle rougit sous le compliment et lui donna une bourrade affectueuse.

— Menteur ! Sais-tu à quel point c’est dur de perdre ses kilos de grossesse pour une femme de quarante-cinq ans ? Mais c’est gentil quand même, tu es adorable.

Elle s’écarta de lui pour ajouter :

— Dwight, mon chéri, tu sais très bien qu’à cette heure Mia devrait être couchée.

— Elle n’arrêtait pas de m’appeler par la Babyphone vidéo !

Non sans une certaine gêne, Lucas constata que son père avait l’air… penaud. Super ! Des décennies durant, la patrie n’avait eu qu’à se féliciter de l’amiral Calder et de son sens implacable du devoir, et soudain, pour une fois que Lucas avait besoin de toute l’agressivité combative de son père, il se retrouvait devant un vieux gâteux… Qu’était donc devenu l’amiral Cul de Glace, comme son équipage l’avait surnommé en toute irrévérence ?

Stephanie prit sa fille des bras de son mari.

— Je vais coucher Mia. Désolée, mon trésor, roucoula-t-elle, mais Vilaine Maman est de retour.

Mia babilla. Une tentative de former des mots ? Peut-être. Ou peut-être pas. En tout cas, ses parents s’extasièrent comme si elle venait de déclamer du Shakespeare.

Quand Stephanie passa devant Dwight, Lucas réprima une exclamation lorsque son père plaqua une main sur les fesses de sa femme sans aucune pudeur. Décidément, rien n’était plus comme avant dans la famille…

Dwight Calder serait-il seulement capable de se concentrer sur les problèmes de son fils ?

Pour se rassurer, Lucas se remémora qu’avant de devenir ce père de famille modèle l’amiral Calder avait appartenu à la Navy. S’il parvenait à rappeler à son père cette période de sa vie, peut-être que ce dernier lui prêterait enfin une oreille attentive — et apporterait la solution à son problème !

— C’est bon de t’avoir à la maison, reprit son père en s’installant dans son fauteuil en cuir bordeaux. Comment va ta main ?

— Ça va. Très bien, même. Elle est complètement guérie.

Enfin, presque… Seize mois plus tôt, l’hélicoptère qu’il pilotait pour le dragage de mines avait été abattu dans le golfe Persique. Il avait été rapatrié pour être soigné aux Etats-Unis, le jour où Mia était née. Il s’était bien remis de sa commotion cérébrale, de ses fractures aux côtes et à la cheville, et de sa perforation au poumon. Ou du moins il l’avait cru. Mais les opérations de neurochirurgie pratiquées sur sa main brisée avaient été plus complexes, et la rééducation, interminable. En partie parce qu’il avait insisté pour tout faire en même temps, se faisant délocaliser à Baltimore afin de se rapprocher du centre de rééducation.

— Dommage pour tes yeux, ajouta Dwight.

Là, on touchait le problème. Son père avait dû être informé des résultats de l’examen médical qu’il venait de passer. Officiellement, cela n’aurait pas dû se produire, mais l’amiral Calder avait tant d’amis haut placés qu’il se trouvait toujours quelqu’un pour lui donner des nouvelles de son fils.

— Le seul problème, c’est ma perception de la profondeur, répondit Lucas. Tout le reste, ça allait.

En voyant son père pincer les lèvres avec une moue sceptique, il comprit que ce dernier n’était pas dupe. Non, sa perception de la profondeur n’était pas « le seul problème » : en fait, c’était un problème proprement insurmontable.

Même s’il avait appris, au cours des années, qu’aucun problème n’était insurmontable. Mais, franchement, après avoir travaillé si dur à récupérer toute sa mobilité et sa souplesse dans les doigts, il n’aurait jamais pensé échouer à l’examen médical de reprise du service à cause de sa vue. Le médecin militaire avait attribué cette altération visuelle à la commotion cérébrale, consécutive au crash de son hélicoptère.

— Tu sais donc que je suis libéré de mes devoirs en date du 31 décembre, reprit-il. Et que dans l’intervalle je suis libéré de mes obligations pour raisons médicales.

— Oui. Et j’ai cru comprendre que tu avais décliné un poste administratif.

— Je veux voler ! s’exclama Lucas.

Voler était toute sa vie, et on lui avait signifié que ce ne serait plus possible. Il aurait pourtant dû savoir qu’on ne posait pas d’ultimatum à la Navy. Mais il refusait de rester assis derrière un bureau pendant que ses compagnons iraient risquer leur vie tous les jours pour défendre et protéger la patrie.

Il avait donc exprimé clairement son sentiment : s’il n’était pas renvoyé au front, il préférait quitter l’armée. Si seulement il avait su… On l’avait pris au mot : d’ici à la fin de l’année, il redeviendrait un civil, un homme sans mission à accomplir… Il n’arrivait pas à se faire à l’idée.

Mais, avec un peu de chance, il n’aurait pas à s’y faire. Car, si en temps normal il considérait qu’avoir un père si haut placé dans la marine jouait en sa défaveur, aujourd’hui, pour la première fois de sa vie, il espérait au contraire que ça l’aiderait.

— Tu as échoué à l’examen médical, tu ne peux plus voler, lui rappela fermement Dwight.

— C’est de cela dont je voudrais te parler. J’ai besoin d’un autre avis médical, et de repasser le test. Je me disais que… tu connaîtrais peut-être quelqu’un.

Quelqu’un qui comprendrait qu’il avait besoin de retourner là-bas.

— Il n’y a pas de réévaluation possible, répondit Dwight. En plus, si tu as échoué une fois, tu échoueras encore.

— Je peux faire des exercices pour améliorer ma perception des profondeurs.

Restait à espérer que ce qu’il avait lu sur internet était vrai.

— Si j’avais su que j’avais un problème de ce côté-là, je n’aurais pas attendu pour y remédier, poursuivit-il. Je vais consacrer ces trente prochains jours à améliorer ma vision, puis je repasserai le test.

A titre temporaire, et en attendant le résultat des examens, son hélicoptère avait été assigné à un autre pilote. Depuis, la décision officielle était tombée : il était renvoyé de la Navy pour raisons médicales, et son officier commandant voulait titulariser l’autre pilote. Apparemment, lui non plus ne croyait pas en son aptitude à repasser le test médical avec succès. Néanmoins, il avait accepté de surseoir à sa décision quelques semaines encore.

— Après les épreuves que tu as traversées, je n’ai pas envie que tu retournes là-bas, reprit Dwight. Tu as de la chance d’être en vie. Tu as largement rempli ton devoir envers ta patrie.

— Il ne s’agit pas de mon devoir, mais de… C’est ce que je suis, papa !

Dans son unité, personne n’était meilleur que lui pour détecter et détruire les mines sous-marines. Personne n’était plus doué que lui pour protéger les vaisseaux américains et leur équipage. La Navy avait besoin de lui. Et il n’allait tout de même pas discuter avec son père du nombre de vies qui, chaque jour, étaient en jeu là-bas !

— Dans ce cas, il serait peut-être temps de réévaluer l’homme que tu es, laissa tomber Dwight. La Navy n’est pas tout. Il aura fallu que je sois à deux doigts de tout perdre pour le comprendre. J’ai mis beaucoup trop de temps à m’en rendre compte.

Une allusion transparente…

Son père et Stephanie s’étaient brièvement séparés avant la naissance de Mia. Lucas ne connaissait pas exactement les causes de cette rupture, mais, selon Stephanie, Dwight en était ressorti changé. Il n’était plus le même homme. Lucas ne s’en était pas vraiment aperçu quand son père lui avait rendu visite à Baltimore. Mais maintenant qu’il le voyait chez lui…

Toutefois, le changement n’était pas toujours une bonne chose.

— Je suis un peu jeune pour faire une crise de la quarantaine, papa. Je sais qui je suis, et je sais ce qui compte. Vas-tu m’aider ou pas ?

Dwight prit un imposant stylo en or en forme de cigare, qu’il retourna entre ses doigts.

— Que devrais-tu faire, d’après Merry ? demanda-t-il.

— Nous n’en avons pas parlé récemment, et je ne l’ai pas encore vue depuis mon arrivée en ville. Je suis d’abord venu ici.

Merry Wyatt était la fille de John Wyatt, lieutenant de la Navy retiré du service, qui était le meilleur ami de Dwight. John et Dwight avaient servi ensemble au Viêt-nam, comme sous-mariniers, alors qu’ils n’étaient encore que des gamins. Et John avait sauvé la vie de Dwight. Voilà sans doute pourquoi, se disait Lucas, son père — cet homme strict et rigide qui ne faisait décidément pas dans les sentiments — avait toujours partagé le désir de John de voir l’amitié d’enfance de Lucas et Merry devenir une belle idylle.

Se prêtant au jeu, Merry et lui avaient fait plaisir à leurs pères respectifs en sortant une fois par an en amoureux depuis… quoi ? Neuf ans ? Oui, neuf ans, sitôt que Merry avait eu terminé ses études au lycée. Leur toute première sortie avait été un désastre. Certaines des suivantes s’étaient révélées… intéressantes. Au fil des ans, ils avaient su tourner à leur avantage cette pseudo-idylle décousue. Comme, par exemple, l’année où Lucas avait réussi à éconduire la fille de son capitaine sans offenser ce dernier grâce à sa petite amie restée au pays. Une bonne excuse.

Leur dernier rendez-vous, six mois plus tôt à Baltimore, véritable fiasco, expliquait le silence radio que Merry et lui observaient depuis.

— Tu devrais lui demander ce qu’elle en pense, l’encouragea Dwight. Merry est une fille raisonnable.

« Raisonnable » n’était pas le terme que Lucas aurait employé. Mais, s’il pouvait s’attirer les faveurs de son père en parlant à Merry, il était prêt à le faire…

— Bien sûr, pourquoi pas. Je passerai la voir tout à l’heure.

Tôt ou tard, il faudrait bien qu’ils se revoient, de toute façon. Autant que ce soit maintenant.

Après tout, Merry était… une sentimentale. Une idéaliste. Et les idéalistes étaient prompts à pardonner.

Dwight lui adressa un sourire réjoui, et Lucas réprima une grimace. Il trouvait tout à fait déprimant que son père adopte ce genre de mimiques bonhommes. Il profita toutefois de l’approbation paternelle pour forcer sa chance.

— Papa, tu ne m’as toujours pas dit si tu m’aideras à repasser une évaluation.

Pour faire appel du renvoi de son fils, Dwight devrait faire jouer le piston. Chose qu’il avait en horreur.

Il se leva en s’appuyant sur son bureau.

— J’y réfléchirai. Combien de temps comptes-tu rester ?

— Le temps que tu y réfléchisses, conclut Lucas.

* * *

Lucas fit coulisser avec peine les battants en fer peints en jaune de l’atelier de front de mer les Wyatt Yachts. Le rail de glissière avait besoin d’être huilé, nota-t-il, irrité.

Une année entière de rééducation de la main droite, et il avait toujours l’impression qu’à tout instant ses muscles et ses tendons risquaient de se déchiqueter. Sa rééducation avait en partie consisté à éviter de trahir ses souffrances par des grimaces de douleur.

Il pénétra dans l’atelier. Des senteurs familières de bois, d’huile minérale et de polyuréthane gorgées d’iode l’assaillirent. Très au-dessus de sa tête, la lumière du jour filtrait à travers des lucarnes incrustées de sel marin. Au milieu du bâtiment gigantesque, la coque de bois retournée semblait minuscule, tout comme l’homme occupé à poncer le bois au papier de verre. La ponceuse électrique ? Très peu pour John Wyatt ! Dès qu’il passait les premières étapes d’une nouvelle commande, il n’en était plus question pour lui. Wyatt Yachts fabriquait des yachts de bois artisanaux, et la liste d’attente était interminable. Merry s’occupait de la gestion administrative de l’entreprise familiale, afin que son père puisse se consacrer à sa passion.

John dut entendre les bruits secs et métalliques de la porte qui coulissait, mais il ne releva pas la tête. Il ne quitterait pas des yeux la ligne qu’il ponçait tant qu’il n’en aurait pas fini. A l’époque du lycée, Lucas venait travailler là l’été, et il connaissait bien les méthodes de John.

Il se dirigea vers le fond de l’atelier, où l’on avait aménagé un bureau et une cuisine d’appoint. Une grande fenêtre dans la cloison de séparation permettait d’avoir une vision globale de l’atelier.

Aucune trace de Merry, constata-t-il.

Le soulagement se mêla à l’irritation. Maintenant qu’il avait décidé de crever l’abcès et d’apaiser les tensions qui existaient entre Merry et lui, en sollicitant le soutien de son amie d’enfance, il ne tolérerait plus de contretemps. Naturellement, tout aurait été plus facile s’il avait appelé Merry au cours des six derniers mois. Ou s’il lui avait envoyé un mail. Ou bien des SMS. Il aurait probablement aussi dû la prévenir qu’il était de retour. C’était la moindre des choses, après tout.

Seulement voilà, il avait espéré que les choses se tasseraient d’elles-mêmes, pour peu qu’ils s’évitent quelque temps.

John se redressa enfin, une main pressée au creux de ses reins.

— Lucas, quand es-tu arrivé ?

Il le rejoignit et le serra brièvement dans ses bras.

— Comment ça va, mon grand ? Ton père m’a dit pour ton examen… Tu dois être déçu.

Heureusement, contrairement à son père, John comprenait ce qu’il ressentait, et il n’eut pas besoin d’en rajouter.

— En effet. Comment ça va, toi ?

John avait toujours été sec et élancé, mais là il paraissait presque maigre, et son étreinte n’était pas aussi vigoureuse que par le passé.

— Mes reins me causent bien du souci, répondit John en se massant le bas du dos. Bon sang, je suis dialysé deux fois par jour maintenant. Au moins, l’hôpital m’a appareillé à domicile et j’ai la possibilité de me soigner ici ou à la maison. Le grand luxe !

Il plaisantait, un peu comme quand un pilote fait semblant de s’amuser d’être pris en chasse par un avion ennemi, plus rapide et mieux équipé que le sien, pour ne pas montrer sa terreur à ses compagnons…

Or Lucas connaissait cette lueur terrifiée qu’il avait vue dans les yeux de John.

— Ta tension artérielle est toujours mauvaise ? s’enquit-il.

Au départ, c’était l’hypertension de John qui avait endommagé ses reins.

— Tu as vu le médecin récemment ? insista-t-il.

John s’esclaffa comme si tout cela n’était qu’une vaste blague.

— Je ne vois que lui ! Mais il ne peut rien faire pour baisser ma tension. Même si Merry me cuisine des omelettes de blanc d’œuf.

A l’entendre ainsi soupirer, on aurait pu croire que sa fille unique avait mis au point une forme de torture particulièrement cruelle avec ses omelettes.

— Dis ça à Amnesty International ! lança Merry, en entrant dans l’atelier.

Lucas se retourna tandis qu’elle traversait l’atelier pour venir les rejoindre. Elle portait un jean moulant et un T-shirt vert pâle croisé sur la poitrine, le V formant un décolleté plongeant. Avec sa chevelure brune mi-longue coiffée en une queue-de-cheval relâchée, elle lui rappelait vaguement la fillette de douze ans qu’elle avait été.

Elle considéra son père avec un air affectueux et exaspéré, mais, quand elle se tourna vers lui, toute trace d’affection avait disparu de son expression…

Brusquement, son regard n’avait plus rien d’enfantin ; c’était plutôt le regard d’une femme humiliée… et furieuse.

Il aurait dû l’appeler, songea-t-il, embarrassé.

— Lucas, je ne savais pas que tu allais venir, laissa-t-elle tomber sur un ton froid et distant qui ne lui ressemblait pas.

Traduction : « Tu aurais dû m’appeler. »

— Surprise ! lança-t-il en se forçant à sourire.

Il se rapprocha pour l’embrasser, ne tenant pas à éveiller les soupçons de John. Car, sitôt que ce dernier comprendrait que Merry et lui étaient en froid, Dwight le saurait à son tour.

Il déposa donc un baiser chaleureux sur la joue de Merry.

Le parfum de la jeune femme l’enveloppa aussitôt, et il fut pris de court par les sensations qui affluaient en lui, liées à des souvenirs qu’il croyait appartenir au passé. C’était doux, comme les fraises sauvages qu’ils cueillaient aux premiers jours de l’été. S’il faisait légèrement glisser sa bouche jusqu’à ses lèvres entrouvertes, elles auraient le goût des fraises, il en était sûr…

Aussitôt, il chassa ces pensées de son esprit. Pas question de se laisser entraîner sur ce terrain-là !

Le visage fermé, l’air glacial, Merry fit un pas en arrière, lui rappelant ainsi qu’il n’était plus question de baisers entre eux.

Avec une lenteur déconcertante, Lucas retrouva le contrôle de son esprit. Sa commotion cérébrale devait avoir causé plus de lésions que les médecins ne le supposaient.

John gloussa, son regard volant de sa fille à lui.

— Vous avez encore eu une querelle d’amoureux, tous les deux ? lança-t-il avec indulgence. Pourquoi ne dîneriez-vous pas en tête à tête ce soir, histoire de calmer le jeu ?

Merry reporta toute son attention sur son père, et se radoucit aussitôt.

— Navrée de te décevoir, papa, mais Lucas n’est pas revenu en ville pour me voir.

Lucas sourcilla. Elle en paraissait fermement convaincue.

— En fait, Merry, c’est bien toi que je suis venu voir, assura-t-il.

— Tu vois, Merry ! s’exclama John, avec un grand sourire. Vous avez des hauts et des bas, mais vous finissez toujours par revenir l’un vers l’autre. Un jour, les choses finiront vraiment par s’arranger d’elles-mêmes, vous verrez.

Ce n’était pas la remarque la plus perspicace et la plus utile qui soit, surtout après le fiasco de Baltimore, songea Lucas, qui se garda de tout commentaire.

— Je suis occupée, éluda Merry. Rien que cet après-midi, j’ai un tas de factures de fournisseurs à régler.

— Et si je revenais plus tard, quand tu auras fini, et que nous allions boire un verre ensemble ? proposa Lucas.

Cela engageait moins qu’un dîner, et ce serait toujours un tête-à-tête dans un lieu public. Pas de place pour les malentendus.

Rebelle, Merry leva le menton.

— Je suis prise ce soir.

Lucas sentit l’irritation poindre en lui. Il voulait s’excuser, bon sang ! Elle n’avait pas le droit de l’en empêcher !

— Pas avec ce Patrick encore, j’espère, marmonna John. Je croyais que vous aviez rompu.

— Non. Il s’est juste absenté quelques jours, répondit-elle. Voilà tout.

Qui était Patrick ? se demanda Lucas.

Un chien entra dans l’atelier et s’approcha d’eux à pas lents.

— Ah ! De la visite, annonça Lucas.

— C’est Boo, mon chien, répondit Merry. Viens ici, mon beau ! Viens. Tu es un bon chien !

Sa voix s’était faite douce, exactement comme celle de Dwight lorsqu’il s’adressait à Mia. Lucas décida d’interpréter ce changement de ton de façon positive. Chien ou pas, Merry semblait s’être radoucie, et c’était le principal.

— Voilà que tu as kidnappé Lassie ! s’exclama-t-il avec un peu trop d’enthousiasme. Bien joué, Merry !

En faisant référence au film préféré de son amie, il espérait lui prouver qu’il la connaissait bien. Mais ce n’était pas sans risque… Lors de leur première sortie, Merry avait insisté pour qu’il regarde Lassie avec elle, et il ne s’était pas privé de lui dire combien il s’était ennuyé. Merry avait alors dénoncé son manque criant d’empathie, de profondeur affective tandis qu’il l’accusait de vivre dans une bulle déconnectée de la réalité.

Ces mots avaient marqué la fin de leur premier rendez-vous.

Le chien remua faiblement la queue puis s’écroula sur le sol, comme s’il était épuisé.

— Qu’est-ce qui lui prend ? demanda Lucas.

— Boo a quelques problèmes de santé en ce moment, répondit Merry en le regardant avec un petit air triste.

Elle avait des iris pailletés d’or… Il ne l’avait encore jamais remarqué.

— Patrick pense que c’est psychologique, expliqua-t-elle. L’an dernier, Ruby, la maîtresse de Boo, a succombé à une crise cardiaque.

En entendant ce nom, Boo dressa l’oreille, tournant la tête tour à tour vers Merry et vers Lucas.

Lucas serra les poings à l’évocation du petit ami de Merry. Il se moquait éperdument de ce que pensait ce Patrick !

— Patrick est le vétérinaire de Boo, précisa-t-elle. Quand Ruby partait en croisière, Patrick prenait Boo en pension. A la mort de Ruby, sa famille n’a pas voulu recueillir Boo, alors Patrick me l’a offert. Il est vraiment adorable.

— Boo ou Patrick ? lança Lucas, ironique.

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Commentaires récents

Bronze

une lecture simple une romance sympa mais pour moi trop prévisible !

j'ai aimé un fond le côté militaire!

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Argent

Lecture sympa au bord de la piscine. Histoire à rebondissements et fluide. Je l'ai plus apprécié que le tome 1.

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Bronze

j'ai trouvé ce tomme plus abouti que le tome 1 les personnages sont plus dans la réalité c'est bien écrit sympa à lire le livre parfait pour emmener en vacances et en plus les personnages féminin ont toutes du caractère et en s'en laissent pas compter

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Or

Livre agréable à lire mais moins bien que le 1er tome.

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je n'ai pas encore vu le 1 mais tout de suite ce tome. j'ai aimé l'histoire, si tendre et si simple, un vrai plaisir à lire

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Argent

J'ai largement préféré ce tome 2 au tome 1.

On rentre directement dans l'histoire et, pour ma part, j'ai eu beaucoup plus de facilités à m'identifier et m'attacher aux personnages que dans le premier tome. Mais j'ai adoré qu'on revoit Garrett et Rachel.

J'ai adoré toute la trame autour des personnages, ce qu'ils ont dû faire pour faire plaisir au père de Merry...

La seule chose que je n'ai pas aimé dans le livre c'est Cathy et toute la relation avec John (suivre leur histoire du point de vue de John), je m'en fichais royalement (même si j'aimais bien John, avec Cathy ça passait vraiment pas) !

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Lu aussi

Se laisse lire. On sent que les sentiments sont bien là, bien fort mais ça tourne beaucoup autour du pot. Les deux personnages restent longtemps à camper sur leur position. La chute est bonne.

Le livre se lit très vite.

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Diamant

Je n'ai lu que le tome 2 mais j'ai beaucoup apprécié ce livre. Un moment sympa en compagnie de ces deux personnages dont la vision d'une relation de couple oppose

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Argent

Un tome deux meilleur que le premier car plus romantique à mon avis.Les personnages se connaissent depuis l'enfance mais découvrent le véritable amour grâce aux coups du sort que la vie leur envoie.C'est toujours bien écrit et on se laisse prendre au jeu même si la fin dans ce genre de livre est prévisible.Une belle romance donc , à découvrir après Passion inattendue à Manhattan.

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Lu aussi

Un agréable moment de lecture avec une romance fort sympathique. J'ai bien aimé.

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Dates de sortie

Les Frères Calder, Tome 2 : Mariée... pour de vrai

  • France : 2013-08-01 - Poche (Français)
  • France : 2019-02-01 (Français)
  • USA : 2012-06-06 - Poche (English)
  • USA : 2014-01-27 (English)

Activité récente

Titres alternatifs

  • The Wedding Plan - Anglais

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Les chiffres

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Commentaires 14
extraits 2
Evaluations 22
Note globale 7.19 / 10

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