Extraits

Il allait lui dire sa façon de penser quand il l’aurait au téléphone. Comme s’il devait être disponible pour lui dès qu’il le désirait.

— Oui, répondit-il plutôt froidement quand Diego l’appela enfin.

— C’est moi. J’ai essayé de te joindre tout à l’heure. Tu me manquais vraiment trop. Tu vas bien ? Je me suis inquiété ! Tu as pu faire tout ce que tu voulais ? Ce soir, je dors chez toi.

Sebastian eut un grand sourire et oublia aussitôt qu’il devait lui passer un savon.

— Mon ange, tu me manques aussi…

À l’autre bout du téléphone, Diego tirait la langue à Driss et à Constance en faisant le “V” de la victoire. Et voilà comment mettre son homme dans sa poche.

Comme le lui avait conseillé Joris, il s’était arrêté à un drugstore et avait, sous le regard moqueur de la vendeuse, prit plusieurs boîtes de préservatifs de taille différentes et du lubrifiant.

— C’est pour offrir, avait-il dit.

— Bien sûr, avait ironisé la vendeuse. Vous voulez un paquet-cadeau ?

Il n’avait pas osé refuser et, en sortant du magasin, il avait ses achats bien dissimulés par le papier de toutes les couleurs.

Ils arrivèrent sur le parking du commissariat et Sebastian aida Diego à descendre. Avant d’entrer, il lui enleva rapidement les menottes, mais lui saisit le bras afin qu’il ne s’échappe pas. À l’intérieur, Sebastian héla un de ses collègues.

— Brad, y a-t-il une salle de libre ?

— Oui, la trois. Tu as quelque chose ? demanda-t-il en dévisageant Diego. Un mexicain ! Il fait partie d’un gang ?

— Non, répondit Sebastian. C’est mon petit ami qui me doit une explication.

Joris fit face à la femme et mit lui aussi quelques instants avant de reconnaître son frère.

— Oh, mon Dieu ! s’écria-t-il. Mon Diego… je ne savais pas que tu… Mince, tu aurais dû m’en parler avant, mais je te le promets : je serai toujours présent pour toi, finit-il en le prenant dans ses bras, son visage enfoui dans le creux de son épaule, tapotant gentiment son dos. Je suis là, mon Diego… ou, quel que soit le prénom que tu choisiras.

Diego, les bras ballants, se laissa enlacer.

— Qu’est-ce que tu t’imagines, Joris ? demanda finalement Victor.

Joris relâcha son frère.

— C’est pour ça que tu étais si mal parfois… Je te jure que nous serons avec toi, à chaque étape de ton changement. Tu as vu un psychiatre, des chirurgiens… Souhaites-tu que je t’accompagne ? Je me libérerai, pas de problème, je prendrais même des vacances… je ne peux pas te laisser seul dans cette épreuve. Mais es-tu certain de vouloir vraiment changer de sexe ?

Diego prit alors un air triste. Il réussit même à avoir les larmes aux yeux. Victor le regarda faire, un sourire aux lèvres.

— J’en suis sûr maintenant… c’est trop dur, tu sais. J’ai ces pulsions depuis mon adolescence et je n’ai jamais voulu t’en parler avant, pour ne pas te faire de peine.

— Mais, cela n’aurait pas été le cas, Diego, voyons, je…

— Laisse-moi finir, Joris. C’est ta faute si ce que je retenais depuis toujours refait surface tout à coup.

— De ma faute, mais…

— De la tienne et de celle du Grand. Je suis amoureux de Victor et je sais que rien ne pourra jamais se passer entre nous tant qu’il ne verra en moi que ton petit frère.

Le visage de Joris se décomposa. Diego n’eut pas la moindre compassion en voyant son air égaré, et il poursuivit, impitoyablement.

— Mon désir de devenir une femme est alors revenu en force. Je me suis dit que comme le Grand avait déjà été marié, peut-être qu’il me trouverait plus d’attrait en tant que femme.

— Mais… il est gay, Diego ! Et il m’aime… il ne verra jamais en toi autre chose que Diego… parle-lui, Victor ! le supplia Joris en se tournant vers lui.

Victor affichait un regard très sérieux.

— En fait, tu sais… En femme, ton frère est très attirant et je me rends compte que mes sentiments pour lui ne sont pas que fraternels et…

— Oh, mon Dieu ! s’écria le pauvre Joris, le teint décomposé.

Il allait se tourner à nouveau vers Diego quand il aperçut une lueur amusée dans les yeux de son amant.

— Vous êtes vraiment très drôles, grogna-t-il en s’éloignant des deux fourbes. Je vous déteste !

Il s’approcha de la porte, mais fut retenu par Diego et Victor, qui l’enlacèrent.

— Ne fais pas ton idiot, bébé ! demanda Victor, d’une voix désolée. Mais, tu aurais dû voir ta tête, continua-t-il en éclatant de rire.

- Je peux te le confirmer : du désir je n'en manque pas. Mais il n'y a pas que cela. Quand je le vois... c'est comme si je savais enfin pourquoi j'étais venu au monde. Il est à la fois, mon tout et mon unique. Il est mon horizon et la fin de mon voyage, mon soleil et je suis son satellite. Il est celui pour qui je donnerai mon rein, mon cœur, mon poumon, ma vie.

- Va moins vite, que j'ai le temps de tout noter, demanda Sacha, tout à fait sérieux. Il avait sortit un calepin et inscrivait scrupuleusement tout ce que disait Sebastian.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? S'énerva Driss.

- J'écris tout pour pouvoir le ressortir à Lana. Tu imagines quand je lui annoncerai qu'elle est celle pour laquelle je suis venu au monde... Elle va me tomber dans les bras.

- Tu es déjà fiancé avec elle ! s'exaspéra Driss.

- Oui, mais c'est bon de dire ce genre de conneries parfois, et moi, je ne suis pas un romantique. Alors quand j'entends de telles paroles, je prends des notes.

Sebastian ne lui laissa pas le temps de rejoindre son ami. Il le saisit par les bras, le colla à lui, et lui donna un baiser si brûlant que Diego eut les jambes tremblantes lorsqu’il recula de quelques centimètres. Heureusement, son amant le tenait toujours, un sourire aux lèvres, sachant très bien dans quel état il l’avait mis.

— Ainsi, tu penseras à moi, murmura-t-il à son oreille.

— Non, je vais venir avec toi, ça sera plus facile. Bon, nous dînons, et nous retournons au lit.

— D’accord, approuva Diego, hochant la tête avec vigueur.

— Pour dormir, mon ange, demain je me lève tôt.

— Évidemment, s’indigna Diego, je ne pensais pas à autre chose.

— Hum, hum…

Oui... mais, heu... on n'a rien pour... Je n'ai même pas de banane.

- Pourquoi voulait-elle te piéger ? Tes parents sont riches ? Demanda Driss.

- Même pas. Mais je suis une bête de sexe, et elle me voulait pour elle seule.