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Spoiler(cliquez pour révéler)— Je crois que je vous ai aimée dès le moment où vous m’avez ouvert la porte, le jour où je suis venu vous voir à Westlea House. Vous aviez l’air si pâle et si vulnérable, comme une gamine des rues…Il caressa les cheveux soyeux épars sur l’oreiller.

— Vous étiez mal habillée et vos cheveux n’étaient pas coiffés… Mais cela m’importait peu. Je ne voyais que votre beauté. Je me suis dit que je n’avais jamais rencontré de femme aussi belle, aussi émouvante. Et si j’ai tardé à faire de vous ma maîtresse, c’est parce que je voulais dès le départ que vous soyez ma femme, Helen.Il l’embrassa longuement, tendrement, puis ajouta :— Mais pourquoi s’inquiéter de ce que les gens disent ? Vous avez toujours été et serez toujours la lady de Jason Hunter…

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— D’après ce que tu me dis, Charlotte, c’est George qui s’est couvert de ridicule, et non pas Philip. C’est lui qui mérite notre pitié. S’il était plus heureux en ménage, peut-être ne serait-il pas ainsi rongé par l’amertume et le ressentiment.

Elle enlaça sa sœur et embrassa l’abondante chevelure auburn qui encadrait son joli visage.

— C’est nous qui avons beaucoup de chance, Charlotte… Car nous savons l’une et l’autre ce que c’est que d’être aimée d’un grand amour par quelqu’un que l’on chérit également. Pauvre George ! J’imagine qu’il lui arrive d’avoir conscience de ce qui lui échappe et que c’est pour cela qu’il en devient si détestable. Il est jaloux et malheureux…

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Chapitre 1

— Comment oses-tu nous traiter de façon aussi odieuse ! Tu oublies que nous sommes tes sœurs !

— Calme-toi, Helen… Je n’aime pas du tout le ton sur lequel tu me parles ! Légalement, rien ne m’oblige à vous loger, Charlotte et toi, ni à vous verser le moindre sou. Et tu le sais parfaitement…

— Légalement, tu n’y es peut-être pas obligé, en effet, mais moralement si, et sans aucun doute ! Inutile de faire comme si tu ne le savais pas. Non seulement tu es tenu de nous donner un toit, mais aussi d’assurer notre confort. D’autant qu’il ne s’agit pas là de donner, mais de nous laisser le toit qui nous appartient !

En dépit de sa volonté de se montrer forte, Helen sentait sa voix trembler légèrement dans un mélange d’écœurement et de supplication. Mais George Kingston n’en parut pas pour autant affecté. Calé dans son fauteuil, il continuait à se nettoyer les dents nonchalamment à l’aide d’un petit cure-dents en argent.

Helen Marlowe, née Kingston, sentit son cœur se serrer et son teint, habituellement pâle, s’empourpra d’indignation. La mauvaise volonté de son frère la remplissait d’une rage impuissante.

— Je suis sûre que tu ne cherches pas à nous nuire et que tu n’as pas oublié la promesse que tu as faite à notre père, reprit-elle, prenant sur elle pour afficher une apparence de conciliation. Et puis ce n’est pas comme si nous te demandions une part de ton argent ; tout ce que nous voulons, c’est obtenir la rente qui nous revient. Dois-je te rappeler que papa a stipulé que Charlotte et moi-même pouvions demeurer à Westlea House aussi longtemps que nous aurions besoin d’un toit ?

Elle s’interrompit un instant et prit une profonde inspiration avant de lâcher son dernier argument, qu’elle pensait de nature à troubler — enfin — la conscience de son frère.

— Pense à la douleur et à la déception de nos parents s’ils avaient su que tu projetais de vendre la maison qui abrite tes sœurs !

Mais George parut plus irrité que touché par ces dernières paroles censées faire appel à sa conscience.

Dans un bruissement d’étoffe, elle se tourna brusquement vers sa belle-sœur.

— Et toi, Iris ? Tu n’as rien à dire à ce sujet ? Cela ne te fait donc rien de savoir que ton mari cherche à nous expulser de chez nous ?

L’interpellée fit un pas vers un miroir aux lourdes dorures pour examiner sa tenue. Après quelques secondes, elle inclina légèrement son chapeau d’un côté puis de l’autre, et déclara d’un ton brusque :

— La belle affaire ! On vous trouvera une autre maison ! D’ailleurs, George en a déjà visité une. Franchement, Helen… Je ne comprends vraiment pas pourquoi Charlotte et toi, vous vous obstinez à vouloir vivre comme vous le faites. Tu as suffisamment de charme pour retrouver un mari qui pourrait t’entretenir.

Elle fronçait légèrement les sourcils, comme si elle-même doutait de la valeur de ce compliment, puis, après quelques autres secondes d’une minutieuse observation de sa personne, entreprit d’arranger la décoration florale de son nouveau chapeau.

— Et Charlotte est ravissante, poursuivit-elle. Je suis prête à parier qu’elle séduira sans aucun problème un homme promis à un bel avenir… Un banquier peut-être, ou quelqu’un de cette importance.

— Charlotte a déjà un prétendant. Philip et elle sont très épris l’un de l’autre et souhaiteraient annoncer dès qu’il leur sera possible leurs fiançailles. Comme tu le sais fort bien, ajouta-t-elle non sans agacement, en appuyant sur sa dernière remarque.

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