Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
713 944
Membres
1 009 071

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Commentaire ajouté par Pompon 2020-06-26T18:24:19+02:00

Derrière cet imposant pavé se cache une incroyable lecture. Mais alors, quelle lecture ! Cela faisait longtemps qu'un si long roman ne m'avait pas tenue en haleine, passionnée et fait autant réfléchir. Même si je dois reconnaître quelques longueurs, notamment au début du deuxième tome, lorsque le narrateur se focalise sur le personnage de Mitia, l'ensemble est véritablement transcendant, sans mauvais jeu de mot.

"Les Frères Karamazov", on le sait, présente d'abord l'histoire d'un parricide: Fiodor Pavlovitch, pour une histoire de dettes, de jalousie ou un peu des deux, est retrouvé mort chez lui, assommé par un pilon. En fait, le meurtre a beau constituer le nœud du roman, il n'arrive qu'aux alentours de la page 600: le propos de Dostoïevski s'appuie sur l'événement mais le dépasse, le sublime et le mystifie. Je comprends désormais pourquoi ma première tentative de lecture, parce qu'il y en a eu une, s'était avérée infructueuse. Le roman fourmille de débats métaphysiques et religieux, tout à fait passionnants mais aussi exigeants, du moins c'en fut mon ressenti. L'orthodoxie prend une place prépondérante: que ce soit au travers les personnages, le starets Zosime ou Aliocha, des débats sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ou même dans le propos de l'auteur, Dostoïevski qui, à la fin de sa vie, en retourne au conservatisme et au mysticisme. Il faut aimer. Personnellement, j'ai trouvé incroyable d'être plongée dans ce clair-obscur mi-religieux, mi-politique et d'être initiée, indirectement, aux pratiques d'une religion étonnante et méconnue, pour ma part.

Le discours du roman s'affranchit certes à de nombreuses reprises de l'intrigue principale, mais cette dernière est également mise au service du propos philosophique de Dostoïevski. Le parricide donne lieu à une fantastique enquête et à un procès dantesque; les plaidoiries et réquisitoires des avocats et des jurés sont magnifiquement écrits (même traduits) et donnent à réfléchir sur la place de l'homme en société. C'est une véritable réflexion sur la morale et la justice qui se développe lors de l'inculpation de Dmitri Karamazov, qui se proclame innocent, mais que toutes les preuves accablent. De façon plus générale, le roman traite de la distinction entre la morale divine, dictée par Dieu, et la morale individualiste, qui s'en affranchit. "Si Dieu n'existe pas, tout est permis", défend Ivan Karamazov, le cadet rationaliste, et un peu trop pris au pied de la lettre par le valet Smerdiakov. A l'apogée de la science et de l'industrie, le nihilisme est de mises et dispense l'influence de Dieu de la conduite des hommes. Aussi, les contrastes habilement dressés par l'auteur entre Dmitri, le libertin, Ivan, le sceptique, et Aliocha, le mystique, donnent à voir un portrait de la Russie de la fin du XIXe siècle, en proie aux tentations anarchistes et pourtant, encore largement dominée par une Eglise toute-puissante.

Je reste également ébahie devant la structure rigoureuse de l'ouvrage. Le narrateur "omniscient" alterne les points de vue de façon déroutante et se permet même de participer au cours de l'histoire. Cependant, ce n'est pas seulement ce point de vue presque "divin" qui participe de la polyphonie du roman. "Les Frères Karamazov" comprend aussi bien des lettres enchevêtrées que des registres écrits, dit-il, de la main des personnages. Certains détours biographiques peuvent être perçus comme des digressions, mais ils mettent surtout en avant une pluralité de "voix". Ici, le dialogisme est poussé à son paroxysme: le roman ne recueille plus seulement des "voix" qui donnent un point de vue différent sur le réel; il rassemble des "voix" qui le découpent et le recomposent de façon quasi-cosmogonique.

Car Dostoïevski ne se contente pas de décrire le monde: il le recrée, par la littérature, au moyen de la "voix" mais aussi de la conscience de ses personnages. Dans mon édition, Sigmund Freud avait pris en charge la rédaction de la préface des "Frères Karamazov" et on comprend pourquoi: parricide + jalousie amoureuse + hallucinations névrotiques = le bonheur du psychanalyste. Le travail qu'effectue Dostoïevski sur le remords et la contrariété de la conscience est confondant et annonce, bien avant l'heure, ce que j'ai perçu être un dédoublement de la personnalité voire la schizophrénie. L'avant-garde stylistique se conjugue à l'avant-garde psychanalytique, et ce fut à mon plus grand bonheur.

"Les Frères Karamazov" aurait dû comprendre une suite, laquelle se serait concentrée sur le personnage d'Aliocha (le personnage principal, comme le souligne Dostoïevski dans la préface de l'oeuvre). Le second opus aurait souligné la conversion du jeune mystique au nihilisme et à l'anarchisme et, ainsi, mis en évidence une sombre part de l'histoire politique russe. Quel dommage de demeurer sans cet ultime développement ! Toujours est-il que je quitte ce pan du romancier russe la tête et pleine, satisfaite et le ventre plein. Un met à goûter sans modération, pour peu qu'on ait le courage de l'affronter et la motivation de l'achever !

Afficher en entier

Répondre à ce commentaire

Réponses au commentaire de Pompon

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode