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** Extrait offert par Linda Warren **

Chapitre 1

Un énorme soleil orange descendait lentement vers la masse sombre d’un massif boisé, comme un gros ballon de basket-ball sur le point d’entrer dans le panier.

« Et trois points de plus », pensa Warren Mc Cain.

Le soleil disparut et l’obscurité s’étendit sur la plaine entière.

Warren plissa les yeux, le visage éclairé d’un léger sourire. Décidément, il avait trop joué au basket-ball avec ses frères, ces derniers temps.

Il changea de file de circulation et son sourire s’effaça.

Il revenait de Dallas, où il avait rencontré les membres d’un des cabinets d’avocats les plus réputés du Texas, dans lequel on lui offrait un poste d’associé gérant.

Une proposition très intéressante et qu’il comptait bien accepter, mais qui allait — il en était pleinement conscient — entraîner un changement radical dans son existence.

Il avait toujours vécu à Waco, une ville qu’il n’avait quittée qu’une seule fois en quarante-deux ans, pour effectuer un stage dans un cabinet d’avocats de Dallas, justement, à la fin de ses études universitaires. Depuis, il avait travaillé dans le cabinet familial dont il avait repris la direction, et dont les affaires étaient florissantes. D’ailleurs, sa vie professionnelle ne lui avait apporté que des satisfactions.

Ce qui, en revanche, était loin d’être le cas de sa vie personnelle.

Pour une raison unique, qui avait pour nom Macy Randall.

Il avait fini par se lasser d’attendre qu’elle veuille bien se décider, un jour, à voir en lui autre chose que son « meilleur ami ».

A son âge, il avait envie de fonder un foyer. Mais puisque, de toute évidence, ce projet ne se ferait pas avec Macy, il allait falloir qu’il passe à autre chose. Qu’il commence une nouvelle vie.

Et qu’il oublie Macy.

Accepter l’offre du cabinet de Dallas représentait la première étape dans cette direction.

Il prit la bretelle de sortie I-35 et tourna à l’angle du McDo, pour suivre la rue qui conduisait chez lui.

Macy et lui logeaient l’un à côté de l’autre et Warren la connaissait depuis toujours. Leurs familles habitaient déjà la même rue — dans une autre partie de la ville — lorsqu’ils étaient enfants. Il était son aîné de huit ans, mais il avait toujours été séduit par cette petite fille aux grands yeux bleus, perpétuellement embarquée dans des histoires insensées d’animaux en détresse, qu’elle recueillait chez elle pour les soigner et leur redonner goût à la vie.

Comme Macy travaillait maintenant comme infirmière dans le service de néonatalité d’un hôpital pédiatrique, Warren avait été, plus d’une fois, sollicité pour faire office de baby-sitter auprès de sa nombreuse ménagerie.

Il s’était d’ailleurs parfois demandé si elle pourrait jamais aimer un homme autant qu’elle aimait ses animaux…

En tout cas, pour ce qui le concernait, il avait abandonné tout espoir : si Macy avait plusieurs fois pleuré sur son épaule, si elle lui avait souvent exposé ses problèmes, en revanche, ils n’avaient à aucun moment franchi les limites de l’amitié.

Pas une seule fois, depuis toutes ces années qu’ils se connaissaient.

Pourtant, il avait continué à espérer, comme un pauvre fou amoureux. Il avait continué à attendre, jusqu’à ce qu’il décide enfin que cette période était bel et bien révolue.

Cette fois-ci, c’était décidé : il allait changer de vie.

Il s’engagea dans l’allée en impasse où étaient situées plusieurs petites maisons mitoyennes, dont la sienne et celle de la jeune femme.

Lorsqu’il l’avait achetée, il ignorait totalement que Macy habitait la maison voisine.

Elle avait quitté Waco pour vivre à Dallas, tout de suite après son mariage. Puis elle était revenue, environ deux ans plus tard, sans mari.

Warren lui avait demandé ce qui s’était passé, mais elle s’était toujours bornée à lui répondre la même chose, à savoir que le mariage n’avait pas marché.

Ils discutaient souvent ensemble de sujets variés mais, de toute évidence, son mariage restait pour elle un sujet tabou.

Warren se rappelait fort bien la cérémonie…

Son jeune frère Caleb et lui y avaient assisté. Il avait réussi à se comporter comme n’importe lequel des autres amis de Macy, mais avait vécu cette journée comme un calvaire interminable.

Lorsqu’il était parti faire son stage de formation, il avait laissé une Macy adolescente et maigrichonne, aux cheveux blonds bouclés, qui passait son temps à chercher des familles d’accueil pour la succession ininterrompue d’animaux en détresse qu’elle recueillait. Ou qu’on lui apportait, d’ailleurs, parce que sa réputation avait dépassé les limites du quartier.

Quand il était revenu, il avait découvert, stupéfait, que la petite maigrichonne s’était transformée en une superbe jeune fille aux jambes interminables. Avec un teint d’albâtre qu’il ne lui connaissait pas. Ce qui ne l’empêchait pas de savoir très précisément où se trouvaient les taches de rousseur, sur son joli petit nez, bien qu’elles fussent à présent dissimulées sous un maquillage impeccable.

Hélas pour lui, avant même qu’il ne s’en rende compte, Macy s’était fiancée à un garçon qu’elle avait connu au collège, des années auparavant, et retrouvé par hasard lors d’un dîner chez une de ses collègues infirmières.

Warren n’avait jamais parlé à la jeune femme des sentiments qu’il éprouvait pour elle et il ne put que constater, navré, qu’il avait laissé passer sa chance et que désormais, il était trop tard.

Par la suite, leurs chemins s’étaient séparés, pour de simples considérations géographiques, puisque Macy avait suivi son mari à Dallas.

Et puis, tout à coup, deux ans à peine après son mariage, ils s’étaient retrouvés voisins, dans la même petite impasse.

Et le cycle infernal avait recommencé.

Ses frères se moquaient souvent de lui et de sa relation avec Macy. Ils considéraient qu’il s’était toujours montré beaucoup trop « doux » et aurait sans doute mieux fait de se conduire de façon un peu plus brutale, pour forcer la main au destin et obliger Macy à s’apercevoir de son existence en tant qu’homme. Et non pas simplement en tant que confident asexué.

Mais Warren n’avait jamais pu s’y résoudre.

Lorsque ses parents avaient divorcé, son père — Joe Mc Cain — lui avait reproché d’être un mauvais fils, parce qu’il avait pris le parti de sa mère et qu’il avait choisi de la suivre lorsqu’elle s’était enfuie du domicile conjugal.

Son frère Jake, lui, était resté avec leur père et avait, par conséquent, passé des années entières loin de sa mère et de ses deux plus jeunes frères.

Joe Mc Cain était un homme rustre, brutal et d’une jalousie maladive. Il buvait beaucoup et l’alcool le rendait violent, au point qu’il s’était laissé aller plus d’une fois à battre sa femme.

Le jour où Althéa s’était aperçue qu’elle était enceinte de leur troisième enfant, Joe était entré dans une rage folle. Il l’avait accusée de l’avoir conçu avec un membre de leur paroisse et l’avait rouée de coups. Alors la malheureuse avait compris qu’elle n’avait pas d’autre solution que de s’enfuir, si elle ne voulait pas mettre en péril la vie du futur bébé.

Ce qu’elle n’avait pas prévu, en revanche, c’était que son mari réussirait à convaincre leur fils aîné, Jake, de la véracité de ses accusations.

Lorsque le shérif était venu chercher les enfants, pour les soustraire officiellement à l’autorité de leur père et les emmener vivre avec leur mère, Jake avait refusé de partir.

Althéa en avait eu le cœur brisé, mais elle avait dû se résoudre à abandonner un de ses fils.

Au cours des années qui avaient suivi, elle avait continué sans relâche à essayer de lui faire comprendre pourquoi elle avait quitté le foyer, mais elle n’y était jamais parvenue. Jake était demeuré intraitable.

Warren avait continué à apercevoir son père de temps en temps, la plupart du temps par hasard. Et chaque fois que la chose s’était produite, Joe n’avait jamais perdu l’occasion de lui rappeler combien il s’était montré un mauvais fils.

Warren en avait été profondément traumatisé, mais il n’avait modifié en rien sa prise de position dans le conflit qui opposait ses parents : il était resté fidèle à sa mère.

En revanche, la situation avait développé en lui un besoin presque pathologique de prouver au monde entier qu’il n’était pas ce « mauvais fils ».

C’est-à-dire de prouver à son père qu’il s’était trompé sur son compte.

Depuis la séparation de ses parents, il avait toujours gardé espoir de faire revenir Jake avec eux.

Lorsque Joe était mort, Warren était allé à l’enterrement, déterminé à reprendre contact avec son frère aîné. Jake lui avait opposé une fin de non-recevoir, mais Warren ne s’était pas laissé décourager. Il avait persisté dans ses tentatives, continuant à rendre à Jake des visites régulières et à lui parler, encore et encore, pour essayer de le convaincre.

Il avait fini par épuiser les résistances de son frère et avait réussi, après des mois de persévérance opiniâtre, à organiser des retrouvailles entre Jake, sa mère et leur plus jeune frère Caleb.

Maintenant, enfin, ils étaient redevenus une vraie famille.

Même Eli, un fils que Joe avait eu ensuite d’une autre femme, faisait partie de leur clan.

Eli et Caleb avaient tous les deux intégré le corps prestigieux des Texas rangers et Jake gérait l’exploitation agricole de la ferme Mc Cain. Warren, lui, avait toujours su qu’il serait avocat.

Le divorce de ses parents avait créé en lui un besoin quasi obsessionnel de maintenir l’unité dans n’importe quelle famille. Il avait développé un don exceptionnel pour mener à bien les conciliations et résoudre les problèmes.

Il vivait pratiquement son métier comme un sacerdoce. C’était l’œuvre de sa vie.

Caleb venait de se marier et vivait dans l’euphorie la plus totale. Jake était marié, lui aussi, et avait déjà des enfants. Eli et sa femme Caroline, quant à eux, attendaient leur premier enfant.

Warren aurait aimé connaître, à son tour, ce bonheur. Avoir une famille bien à lui.

Son ami Jeremiah Tucker, connu sous le diminutif de Tuck, était également célibataire et du même âge que lui. Cousin orphelin d’Eli du côté maternel, Tuck avait été élevé avec lui. Tout naturellement, les Mc Cain l’avaient, lui aussi, intégré au clan familial.

Le fait que Tuck et Warren se trouvaient être les deux seuls célibataires du groupe avait encore renforcé leurs liens d’amitié.

Warren s’apprêtait à lui téléphoner, pour voir s’il avait envie de refaire le monde avec lui autour d’un verre de bière. Mais il se ravisa.

Mieux valait rentrer directement chez lui.

Il venait de vivre trois jours stressants et éprouvait le besoin de se poser un peu au calme. Par ailleurs, il fallait qu’il annonce à ses proches la nouvelle de son départ et il avait besoin d’y réfléchir.

Et puis, bien sûr, il allait aussi falloir parler à Macy…

Au moment où il entrait dans son garage, il aperçut la jeune femme, assise sur les marches devant la porte d’entrée de sa maison, entourée de sa ménagerie habituelle : Lucky et Lefty, deux chiens de race incertaine, vaguement apparentés au fox-terrier, et Freckles, un chat tigré roux et blanc.

Il entra chez lui, pensant qu’il parlerait à Macy plus tard. Il avait avant tout besoin de prendre le temps de faire le point sur la situation. Et puis, autant le reconnaître, il se sentait vraiment très fatigué.

Il abandonna sa cravate et sa veste sur le dossier d’un fauteuil, avant de se laisser tomber dans son canapé. Il se passa une main sur le visage, étonné d’éprouver une telle fatigue. Que lui arrivait-il ? Etait-ce l’âge qui se faisait sentir ? Ne pouvait-il déjà plus supporter trois jours de discussions professionnelles intenses, entrecoupées de repas d’affaires trop copieux et trop arrosés ?

Allons, se reprit-il, inutile de s’alarmer : il manquait tout simplement d’exercice physique.

Ou d’autre chose…

En général, il faisait un jogging chaque matin. Mais bien sûr, à Dallas, il n’avait pas pu respecter cette habitude. Oui, c’était sans doute de ça dont il avait besoin : de faire du sport.

Il se dirigeait vers sa chambre pour enfiler un short et des baskets, lorsqu’on sonna à la porte d’entrée.

Il eut une grimace de contrariété. Ce devait être Macy. Il n’allait pas pouvoir éviter de discuter avec elle ce soir.

Après tout, c’était sans doute mieux comme ça. Il fallait de toute façon qu’il se débarrasse de cette corvée. Qu’il se libère enfin de ces liens qui l’avaient maintenu pieds et poings liés pendant si longtemps.

Il prit une profonde inspiration pour se donner du courage et ouvrit la porte d’un geste décidé. Ses belles résolutions s’envolèrent en fumée à l’instant même où il vit Macy. De grosses larmes coulaient sur ses joues.

Elle les essuya d’un revers de main, tandis que les doigts de Warren se crispaient sur la poignée de la porte, comme il luttait pour ne pas se laisser attendrir, une fois encore.

Elle pleurait sans doute à cause d’un nouvel animal qu’elle venait de recueillir. La détresse des bêtes avait toujours eu le don de lui briser le cœur.

— Salut, Warren, lui dit-elle, souriant à travers ses larmes. J’ai vu ta voiture arriver, alors…

Il s’effaça pour la laisser passer. Lucky et Lefty en profitèrent pour entrer avec elle et Freckles leur emboîta le pas.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Warren, endossant, comme à son habitude, son costume de preux chevalier.

— Tu ne vas jamais me croire…

Macy suivit ses chiens dans le salon et se laissa tomber dans le canapé.

Petite et énergique, elle avait des cheveux d’un joli blond vénitien, naturellement bouclés et très indisciplinés. Ce jour-là, par exemple, ils partaient dans toutes les directions et Warren savait très bien pourquoi : lorsqu’elle était préoccupée ou contrariée, elle avait une sorte de tic nerveux et se passait frénétiquement la main dans les cheveux. Ce qui la faisait très rapidement ressembler à un épouvantail. Un ravissant épouvantail, certes, mais un épouvantail tout de même.

La jeune femme ne correspondait pas vraiment aux canons de la beauté classique. Pourtant Warren, lui, la trouvait très belle. Elle avait un côté naturel et sain qui lui plaisait infiniment. En fait, elle incarnait tout ce qu’il avait toujours voulu trouver chez une femme : la douceur, l’affection, le sens de l’humour, et elle n’hésitait jamais à reconnaître ses torts. Bref, il la trouvait parfaite en tout point.

Seule ombre au tableau : elle ne se décidait pas à voir en lui autre chose que son meilleur ami.

— Délia est revenue, l’entendit-il murmurer.

— Quoi ?

— Délia. Elle est revenue. Elle a débarqué à la maison tout à l’heure, comme ça, sans crier gare.

Délia était la sœur de Macy. Sa cadette de dix ans. Enfant, on avait diagnostiqué chez elle un syndrome d’hyperactivité avec troubles de la concentration (ce que les médecins désignent sous le sigle TADA : troubles de l’activité avec déficience de l’attention) et on avait dû la mettre sous médicaments. Son traitement l’avait calmée, sans toutefois réussir à dompter totalement sa nature rebelle.

Après le divorce des parents Randall, dix ans auparavant, la situation avait encore empiré. En classe, ses professeurs lui reprochaient son insolence et son comportement frondeur. Elle avait commencé à manquer les cours. A quatorze ans, elle avait même fait une fugue. Sa pauvre mère ne savait plus où donner de la tête. A seize ans, la jeune fille était partie pour de bon, sans que personne n’eût la moindre idée de l’endroit où elle avait disparu.

Elle réapparaissait cependant de temps en temps, sans avoir donné de nouvelles pendant des mois, puis repartait, aussi soudainement qu’elle était venue.

Malgré tout, Macy avait toujours eu un gros faible pour sa petite sœur.

— Elle est enceinte de huit mois, reprit-elle en reniflant, et je ne sais pas quoi faire. Quand j’ai essayé de parler avec elle, elle s’est mise en colère et est montée s’enfermer dans la chambre d’amis.

— Délia est enceinte ? répéta Warren, interloqué.

Il s’assit en face d’elle, dans l’un des deux grands fauteuils en cuir, et Freckles lui sauta sur les genoux.

La chatte n’avait qu’une moitié de queue et il lui manquait une oreille. Des chiens errants l’avaient attaquée et Macy l’avait sauvée, elle aussi.

Warren se mit à caresser l’animal qui ronronna de bien-être. Au moins, se dit-il, il allait manquer à quelqu’un.

— Est-ce que tu en as parlé à tes parents ? lui demanda-t-il, conscient d’aborder un sujet épineux.

Ted Randall avait un jour brusquement quitté le foyer familial, déménagé à Houston puis s’était remarié. Après que Délia s’était enfuie, Irène Randall avait vendu leur maison, pour partir vivre à Denver. Et elle aussi s’était bientôt remariée.

Les relations de Macy avec ses deux parents étaient depuis très tendues. Elle ne comprenait pas comment son père avait pu les quitter, ni comment sa mère avait pu se désintéresser d’abord de son mariage puis de Délia.

— Pas encore, non, mais je ne suis pas certaine que ça changerait grand-chose. Ils sont bien trop occupés avec leurs propres vies pour trouver le temps de s’inquiéter de leur fille. Mais tu as raison, il vaudrait tout de même mieux que je les appelle. J’ai beau ne pas comprendre…

Elle laissa sa phrase en suspens, se mordant la lèvre inférieure pour tenter de contrôler ses émotions.

Sentant la détresse de sa maîtresse, Lucky grimpa sur ses genoux. Le chien avait gardé une vilaine marque rouge autour du cou, sur laquelle les poils n’avaient jamais repoussé. Des enfants avaient essayé de le pendre. Un passant l’avait sauvé de justesse et conduit au refuge de la SPA, la corde encore incrustée dans la chair. Le responsable du refuge avait aussitôt contacté Macy, dont il connaissait les coordonnées et à qui il faisait souvent appel. Il savait qu’elle ferait tout son possible pour le remettre sur pied et lui trouver une famille d’accueil. C’était elle, finalement, qui l’avait gardé.

Lefty, pour sa part, avait été ramassé sur le bord de la route, après avoir été heurté par une voiture. Sa patte droite était tellement endommagée qu’elle avait dû être amputée. Il trottinait donc sur trois pattes et vivait avec la jeune femme depuis des années.

Les deux chiens se mirent à gémir doucement sur les genoux de Macy et le visage de celle-ci changea complètement. Son air d’angoisse disparut pour faire place à un sourire plein de tendresse.

— Dans le cas présent, tes parents ont peut-être raison, remarqua Warren. Ça fait déjà longtemps que Délia vit seule, et elle n’a jamais beaucoup apprécié les ingérences dans sa vie personnelle. Que ce soit de leur part ou de la tienne.

— Je sais, oui. Mais il y a un bébé, maintenant. Et elle ne veut même pas me dire qui est le père. Elle refuse d’ailleurs de me dire quoi que ce soit.

— Je ne pense pas qu’elle te dira jamais la vérité. Et si tu veux mon avis, je la crois tout à fait capable de disparaître de nouveau, du jour au lendemain.

— Probable, oui, convint Macy tout en caressant les deux chiens.

— Essaie de ne pas te disputer avec elle. De toute façon, ça ne changerait rien. Ça n’a jamais rien changé.

— Tu as raison.

Elle essaya de sourire mais n’y parvint pas tout à fait.

— Je me sens toujours tellement mieux, quand je parle avec toi.

Elle se passa encore une fois la main dans les cheveux.

— Oh, zut, j’aurais dû me donner un coup de peigne, avant de venir. Je dois avoir l’air de n’importe quoi.

« Tu es superbe », pensa Warren.

— Ça part un peu dans tous les sens, en effet, dit-il à voix haute, avec un sourire amusé.

— Franchement, tu pourrais au moins me dire quelque chose de flatteur, protesta-t-elle, tout en se passant, une nouvelle fois, la main dans les cheveux dans l’espoir illusoire d’y remettre un peu d’ordre.

« Je le fais tout le temps, mais tu ne m’entends jamais. »

— Je te trouve tout à fait séduisante, comme ça.

Macy suspendit son geste.

— Toujours diplomate, hein ? le railla-t-elle avec un sourire. Et encore meilleur menteur. Oh, je t’en prie, ajouta-t-elle devant son air vexé, n’essaie pas de me faire croire que j’ai heurté ta susceptibilité…

Elle se leva, ses deux chiens ramassés autour de ses jambes.

— Je crois que je ferais mieux de retourner voir ce qui se passe à la maison. J’aimerais bien comprendre ce qu’il y a derrière cette histoire.

Warren la raccompagna jusqu’à la porte.

— Laisse-la parler et, surtout, garde ton calme, quoi qu’elle puisse dire.

— Je vais essayer. Mais… je m’inquiète tellement pour elle.

Arrivée à la porte, elle s’arrêta.

— Au fait, je ne t’ai même pas demandé comment s’était passé ton voyage.

— Très bien, merci, répondit-il simplement.

— Tu me manques, tu sais, quand tu n’es pas là.

L’espace d’une brève seconde, le cœur de Warren cogna terriblement dans sa poitrine. Puis il se reprit et se rappela qu’il ne s’agissait que de mots. Des mots, et rien d’autre.

C’était maintenant qu’il aurait dû lui dire qu’il allait partir s’installer à Dallas. Mais l’arrivée de sa sœur l’avait trop bouleversée. Il lui parlerait plus tard.

* * *

Macy retourna chez elle, s’arrêtant un instant pour respirer l’air encore frais de février. Bientôt, le printemps serait là et la nature entière allait renaître à la vie. Peut-être serait-ce l’occasion, pour Délia et elle, de prendre un nouveau départ ?

Lorsqu’elle ouvrit la porte, sa sœur était en train de descendre l’escalier. Macy lui sourit, un peu triste de lui voir les cheveux jaunes plutôt que blonds, tachés d’orangé par endroits à cause des décolorations excessives. Elle n’avait jamais compris qu’elle puisse s’abîmer les cheveux à ce point.

Il y avait tellement d’autres choses qu’elle n’avait jamais comprises, à propos de sa sœur… Pourtant elle l’aimait. Et elle allait l’écouter et se montrer patiente avec elle. Comme Warren le lui avait conseillé.

Elle était si contente qu’il soit revenu de son déplacement. En fait, elle avait l’impression que rien n’allait vraiment bien quand il n’était pas là. Il y avait si peu de gens, dans sa vie, à qui elle puisse faire confiance. Tandis que Warren…

Délia interrompit ses pensées, sortant du réfrigérateur un Coca, puis des chips et un paquet de cookies d’un placard.

— Je meurs de faim, déclara-t-elle en s’affalant sur une chaise.

— Je peux te préparer un vrai repas, si tu veux, proposa Macy.

— Merci, non. De toute façon, je n’aime que ce genre de cochonneries.

« Mais c’est si mauvais pour le bébé… »

La jeune femme inspira à fond pour s’exhorter au calme.

— Alors, comment te sens-tu ?

— Grosse comme une vache. Le dos en compote et je ne ferme plus l’œil. Je déteste être enceinte.

Macy s’assit en face de sa sœur, luttant pour réprimer son envie de se passer la main dans ses cheveux.

— Ça va bientôt être terminé.

— Ouais et tant mieux. C’est l’enfer, ce truc…

Macy compta jusqu’à trois.

— Tu as eu papa ou maman au téléphone, ces temps-ci ?

Délia arrêta un instant d’enfourner les cookies dans sa bouche.

— En quel honneur, tu peux me le dire ?

— Tu sais bien qu’on s’inquiète, quand on n’a pas de nouvelles de toi.

— Ben voyons ! Vous êtes ravis, ouais ! Ça veut au moins dire que je ne vais pas vous réclamer d’argent.

— Ce n’est pas vrai, Délia, et tu le sais.

— Tu parles ! La dernière fois que je suis passée voir maman, j’ai rencontré son nouveau mari. Il doit bien avoir dix ans de moins qu’elle. Elle n’avait qu’une hâte, c’était de me voir partir. Elle devait avoir peur que je vampe son Jules. Même chose, quand je suis passée chez papa et sa nouvelle femme. Ils n’attendaient qu’une seule chose : que je déguerpisse. Alors, je t’en prie, n’essaie pas de me faire croire que ma pseudo-famille s’inquiète à mon sujet.

— Eh bien moi, si, objecta Macy d’une voix calme. Je m’inquiète tout le temps.

— Oui mais ça, c’est ton problème : tu t’inquiètes toujours à propos de tout et de tout le monde, à commencer par la faune entière de la planète. D’ailleurs, ça m’épate, ajouta-t-elle après avoir avalé une grande gorgée de Coca. Je m’attendais à me retrouver dans un zoo et tu n’as plus que trois éclopés. Incroyable !

Macy préféra ne pas relever.

— Tu es ma sœur et je t’aime. A propos… Tu prends toujours tes médicaments ?

— Non. J’en ai plus besoin.

Macy se mordit la lèvre.

— Ta grossesse se passe bien ?

— Tu parles ! Je me sens tellement énervée que je n’arrive plus à tenir en place. J’ai l’impression de devenir folle.

— Mais non, fit Macy d’un ton conciliant. J’aimerais bien que tu profites de ta visite ici pour voir un médecin.

Délia rejeta la tête en arrière et s’étira, projetant son énorme ventre en avant.

— Me bassine pas, tu veux ? J’ai juste besoin d’un coin où passer deux ou trois jours. J’attends des nouvelles d’une affaire. Dès que ce sera réglé, je me barre d’ici.

— Une affaire ? répéta Macy, fronçant les sourcils.

— Un conseil, ma grande : évite de me poser des questions. Tu n’aimerais pas les réponses.

Une fois de plus, Macy s’efforça de conserver son calme.

— Tu connais le sexe du bébé ?

— Ouais, c’est une fille.

— Une petite fille, génial !

— Ça m’étonne pas que tu dises ça.

Délia se leva, se frottant le dos à deux mains.

— Bon sang, mon dos me fait un mal de chien. T’aurais pas quelque chose contre la douleur ? Quelque chose de fort.

Macy commençait à perdre patience.

— Tu ne devrais pas prendre quoi que ce soit sans avis médical. Ce pourrait être dangereux pour le bébé.

— Oh, ça va ! Arrête de toujours vouloir me dicter ma conduite. C’est ça que je déteste, chez toi : tu essaies toujours de diriger ma vie.

— Voyons, c’est pour ton bien. Il faut que tu penses au bébé. Je vais te masser, si tu veux, ça va te soulager.

— Va au diable ! grommela Délia en repartant vers l’escalier.

Peu après, Macy entendit claquer la porte de la chambre d’amis. Elle resta assise un moment, plongée dans ses réflexions.

Ce qui l’inquiétait le plus, dans l’histoire, c’était le sort du bébé. Elle ne croyait pas Délia capable de s’occuper d’un enfant ni de lui offrir un environnement stable.

Avant de se laisser le temps de changer d’avis, elle décrocha son téléphone pour appeler sa mère. Celle-ci ne parut pas affectée outre mesure par la nouvelle. De toute évidence, elle ne se sentait pas concernée.

— Je ne vois pas vraiment ce que tu attends de moi, Macy. Il y a beau temps que ta sœur m’a fait comprendre qu’elle ne voulait pas que j’interfère dans son existence.

— Et le bébé ?

Il y eut une longue pause, avant que sa mère ne reprenne :

— Cet enfant est de la responsabilité de ta sœur.

— Je vois.

— Voyons, Macy, tu connais Délia. Elle a toujours refusé de m’écouter et de prendre régulièrement ses médicaments. J’ai vécu l’enfer avec elle et je refuse que ça recommence.

— D’accord. Je voulais juste t’avertir que tu allais bientôt devenir grand-mère.

Sur ces mots, Macy raccrocha, furieuse contre elle-même de constater qu’elle tremblait.

Elle décrocha son téléphone de nouveau, pour appeler son père. Une chose qu’elle n’aurait jamais faite en temps normal parce que, depuis qu’il avait abandonné leur mère, elle avait toujours limité au maximum les contacts avec lui. Mais là, c’était important.

Ce fut la nouvelle femme de son père qui décrocha et la tension de Macy monta d’un cran, à la pensée de la nouvelle vie son père, dans laquelle ni elle ni Délia n’avaient la moindre part.

Lorsque Ted Randall prit l’appareil, sa réaction fut à peu près la même que celle de son ex-femme.

— Je ne peux rien faire. De toute façon, Délia ne m’écoute jamais.

Macy serra les dents.

— J’ai juste pensé que tu aimerais savoir. Voilà tout.

— Macy…

Elle raccrocha, refusant d’entendre un mot de plus. Elle s’obligea à inspirer plusieurs fois lentement pour retrouver son calme. Puis elle prit Freckles dans ses bras et marcha jusqu’à la fenêtre.

Il faisait sombre, mais elle vit, à la lumière du réverbère, Warren partir pour son jogging.

En général, il lui demandait toujours de venir courir avec lui. Pourquoi ne l’avait-il pas fait, ce soir ? Peut-être à cause de Délia. Par ailleurs, tout à l’heure, elle avait trouvé son attitude un peu étrange. Il s’était montré curieusement muet à propos de son voyage d’affaires à Dallas. D’habitude, il lui racontait toujours tout. Peut-être qu’il était juste fatigué.

Ce cher, ce merveilleux Warren. Son preux chevalier, depuis toujours…

Oui, Warren avait toujours été là pour elle, même lorsque tout le monde l’avait laissée tomber. Il avait toujours été son meilleur ami.

Elle se demanda, pour la énième fois, comment il réagirait si elle lui avouait qu’elle avait été raide dingue de lui quand elle était adolescente. Qu’elle avait passé des années à utiliser son jeune frère Caleb — qui avait le même âge qu’elle — comme prétexte pour trouver des occasions de le voir. Qu’elle avait guetté sa voiture chaque week-end, lorsqu’il rentrait du campus universitaire, pour se précipiter chez lui, toujours sous le prétexte de venir voir Caleb.

Et puis elle-même avait commencé ses études d’infirmière et elle avait rencontré Alan. Ils étaient sortis ensemble, puis ils avaient commencé à parler d’avenir et Macy avait oublié son béguin d’adolescente pour son ami de toujours.

Mais le jour de son mariage, lorsque Warren leur avait présenté ses vœux de bonheur, elle se rappelait parfaitement avoir pensé, l’espace un bref instant : « Ça aurait pu être toi. »

En fait, parce qu’il était plus âgé qu’elle de huit ans, elle avait toujours été persuadée qu’il ne voyait en elle qu’une petite voisine amusante.

Elle avait cru qu’Alan était la réponse à tous ses rêves. Il ne l’était pas, hélas. Loin de là.

Elle frissonna et s’obligea à penser à autre chose.

Le destin avait fait que Warren et elle s’étaient retrouvés voisins, une fois de plus. Ils en avaient été aussi surpris l’un que l’autre.

Cela remontait à sept ans, maintenant. Et pas une seule fois, durant toutes ces années, l’un d’eux n’avait franchi les limites de l’amitié.

Elle l’avait envisagé, parfois, et aurait été incapable de dire pourquoi elle ne l’avait pas fait. Bien sûr, elle n’était plus une enfant, mais elle se demandait si Warren ne continuait pas à la considérer comme telle. Lui, en tout cas, n’avait jamais paru vouloir changer quoi que ce soit à leur relation.

Elle avait appris à s’en contenter : à ses yeux, leur amitié était plus importante que tout. Et puis, autant l’avouer, une partie d’elle-même ne pouvait s’empêcher de penser que ça valait mieux parce que, ainsi, elle ne risquerait pas de souffrir de nouveau.

Elle serra Freckles contre son cou. Avec les animaux, tout était si simple. Quand on leur donnait de l’amour, ils vous le rendaient au centuple. On ne risquait jamais de se sentir rejeté, alors que ça se produisait si souvent, hélas, avec les êtres humains.

Elle avait aimé son père et il les avait abandonnées, Délia, sa mère et elle, sans un mot d’explication. Il n’était pas heureux, disait-il. La belle affaire. Comment un homme pouvait-il abandonner sa femme et ses enfants ?

Alan avait fait la même chose. Il était parti. Mais, au moins, elle avait su pourquoi. Elle cligna des paupières à plusieurs reprises, pour refouler les larmes qui venaient. Elle refusait de pleurer.

Freckles ronronnait et elle se mit à le bercer doucement. Pourrait-elle jamais faire de nouveau confiance à un homme ? Probablement pas.

Pourtant, elle avait confiance en Warren. Il était différent. Elle le connaissait parfaitement. C’était un garçon merveilleux — fort séduisant, au demeurant — qui la faisait rire et lui renvoyait une image gratifiante d’elle-même.

Alors, pourquoi ne lui avait-elle jamais dit tout cela ?

Par peur. Cette peur à laquelle les psychiatres donnent un nom : « syndrome de l’abandon ». Elle avait été abandonnée par son père puis par son mari. Elle savait qu’elle ne pourrait pas supporter un nouvel abandon. Surtout pas de la part de Warren. Et pour se protéger, elle avait choisi pour le moment de s’en tenir à l’amitié.

Tandis que cette pensée lui réchauffait le cœur, elle vit Warren réapparaître au bout de la rue. Elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il eût refermé sa porte.

Trouverait-elle un jour le courage de lui parler ? Trouverait-elle la force d’affronter sa peur ?

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** Extrait offert par Linda Warren **

IN THE WESTERN SKY, an orange sun sank slowly toward the hazy net of trees low on the distant horizon. It reminded Beau McCain of a large basketball sailing toward a basket. Bam. Three points. The light was gone and a shadowy dimness crept over central Texas.

He gazed through the beam of his headlights, a slight grin on his face. He'd been playing too much basketball with his brothers. He changed lanes and shifted uncomfortably in his seat. The grin faded. He was returning to Waco after visiting a law firm in Dallas where he'd been offered a senior partnership, an offer he had no intention of refusing.

It was a drastic move. Living all of his forty-two years in Waco, except for a law internship in Dallas, he had his own firm practicing family law and was doing quite well. His personal life was the problem. All because of Macy Randall. He was tired of waiting for her to see him as more than a friend.

At his age, he wanted a home and a family and he had to finally acknowledge that wasn't going to happen with Macy. He had to move on, start a new life and forget her. Moving to Dallas was a big step in that direction.

Taking an exit off I-35, he turned by a McDonald's then onto the street leading to his subdivision. He and Macy lived next door to each other and Beau had known her all her life. She'd lived down the street when they were kids. He was eight years older, but he was a sucker for those big blue eyes and her sad little stories. Single-handedly, she was trying to save every animal on the planet.

Macy was a neonatal nurse who worked nights and Beau had babysat her strays more than once. She was never going to love a man as much as her animals. Beau wasn't sure she saw him as anything more than a very good friend. She cried on his shoulder, told him her problems, but not once in all the years he'd known her had they progressed beyond friendship. He kept waiting, though. Like a lovesick fool, he kept waiting.

Not anymore.

Beau McCain was moving on. He turned onto a cul-de-sac that housed several condos. When he'd bought the place, he'd no idea Macy lived next door. She'd married and moved away to Dallas, but now she was back—without a husband. He'd asked her about it, but in the last seven years she'd only said the marriage hadn't worked out. They talked about everything else, but her marriage was a subject she avoided.

He remembered her wedding vividly. He, his younger brother, Caleb, and their parents had attended. Though he'd acted like a normal friend, all the while his heart had been breaking.

Everyone in the neighborhood knew the scrawny, curly-haired girl who was always searching for a home for the endless array of animals she rescued. When Beau returned after his internship, the scrawny girl had turned into a leggy beauty with alabaster skin he'd never noticed before. But he knew where the freckles were on her nose, even though makeup hid them flawlessly.

Following the divorce of her parents, he'd become her confidant, her friend. That was his first big mistake. The next thing he knew she was engaged—someone she'd known in college and had met again. Beau had never told Macy about his real feelings and he never planned to. Their lives went in different directions, then a short two years later they were living next door to each other and the cycle started again.

His brothers teased him all the time about Macy and her ability to wrap him around her finger. He was too good for his own well-being—that's what his brothers said. But that's not how he felt. His father, Joe McCain, had called him "the bad son" because when Beau's parents had divorced, he chose to go with his mother. His brother, Jake, stayed with their father and spent years estranged from the family.

Joe McCain was a jealous, abusive man who drank heavily. When he did, he became angry and mean, and hit Althea, their mother. When Althea became pregnant with their third son, Caleb, Joe accused her of sleeping with Andrew Wellman, a man from their church. He said the baby wasn't his and beat Althea until she was black and blue. His mother knew she had to get out or risk losing her unborn child.

But Althea hadn't counted on Joe spreading his lies to their oldest son, Jake. When the sheriff came to take them away, Jake refused to go. It broke Althea's heart, but she left one of her sons behind. She tried and tried, but Jake remained steadfast in his loyalty to his father.

Beau saw his father from time to time as a kid, mainly running into him by accident. Joe had refused any contact with his younger son. On those rare occasions, Joe never missed a chance to tell Beau what a bad son he was and how disloyal he was to his own father. Those words stayed with him all his life, but he never changed his decision. It only instilled in him a need to prove his father wrong—to prove he was a good son.

As a kid, he grew up wanting Jake back in his life— and Althea's. When Joe passed away, Beau went to the funeral, determined to make contact with his older brother. Jake resisted at first, but Beau never let up. He kept talking and visiting, wearing Jake down, and he didn't stop until he brought Jake and their mother back together. They were a real family now. Even Elijah Coltrane, a son Joe had with another woman, was a part of their big family.

Eli and Caleb were Texas Rangers and Jake ran the McCain farm. Beau knew from an early age that he was going to be a lawyer. Since his parents' divorce, he'd become passionate about keeping families together. He was good at negotiating and working out problems. This was his life's work.

Caleb had just married and was ecstatic. Jake had a wife and a family, and Eli was also married. He and his wife Caroline were expecting their first child. Beau wanted a bit of that happiness—with his own family.

His friend, Jeremiah Tucker, known as "Tuck" to the family, was also still single and the same age as Beau. Tuck was Eli's foster brother and the McCain brothers had accepted him as one of their own. Since Tuck and Beau were the two single sons in the group, they'd become good friends.

Beau started to call Tuck to see if he wanted to commiserate over a beer, but he decided it would be best to go straight home. It had been a long three days and he had to tell his family about the job offer.

And he had to tell Macy.

AS HE DROVE INTO HIS GARAGE, he saw Macy sitting on her front step with her animals around her—Lucky and Lefty, two mixed-breed terriers, and Freckles, a spotted orange tabby.

He unlocked his door and went inside, thinking he'd talk to Macy later. After three days and nights of being wined and dined, he wanted time alone to rest and to regroup. And he was tired. He yanked off his tie and threw his suit jacket onto the sofa. He ran his hands over his face, feeling drained. Was he getting old, or what? He couldn't take three days of partying? What was wrong with him? He had to exercise more—or something.

He usually ran every morning, but had missed his routine in Dallas. That's what he needed, to work up a little sweat. As he headed for the bedroom to change into shorts and sneakers, the doorbell rang.

He grimaced. It had to be Macy. No way around it— he had to see her tonight. Just as well. He needed to get this over with, to start severing the ties that had kept him bound for so long. He took a deep breath.

Swinging the door open, that breath of fortitude dissipated like smoke into thin air. Tears trailed down her cheeks and she quickly wiped them away with the back of her hand. His fingers tightened on the doorknob and he willed himself not to react, not to let his emotions take control. The tears were probably for another pet she'd rescued. The abuse of animals always broke her heart.

"Hi." She smiled through her tears, making her blue eyes appear that much brighter. "I saw you drive in." Lucky and Lefty trotted inside and Freckles trailed behind them.

"What's wrong?" he asked, doing what he always did—supporting her no matter what. His brothers were right. He was putty, soft and malleable, in Macy's hands. Any reservation he'd had about moving just vanished. He had to salvage what was left of his self-respect, his pride. And he couldn't do that when he was around her.

"You're not going to believe this." Macy followed her animals into the living room and curled up on the sofa, her bare feet beneath her. Petite and energetic, she had shoulder-length strawberry-blond hair that had a natural curl and a life of its own. Today it seemed to be everywhere and he knew the cause. When she was upset, she was prone to running her hands through it repeatedly.

Macy wasn't beautiful by anyone's standard, but to him she was. She had a natural, honest appeal that was hard to resist. She was everything he'd ever wanted in a woman—kind and caring, with a great sense of humor, and never afraid to admit when she was wrong. She was perfect in every way, except she thought of him as her best friend. And nothing more.

"Delia's back." Through a stab of pain, he heard her soft voice.

"What?"

"Delia, she's back. She showed up this afternoon out of the blue."

Delia was Macy's sister, ten years her junior. As a child, Delia had been diagnosed with attention-deficit hyperactive disorder. She'd been uncontrollable until they'd put her on medication. Even though the medicine calmed her, her rebellious, bossy nature still shone through.

After the Randalls' divorce ten years ago, Delia became more of a problem. She couldn't stay focused in school and started skipping classes. At fourteen, she ran away and their mother, Irene, had a hard time disciplining her, especially without the influence of their father, Ted. At sixteen, Delia moved out for good and they'd had no idea where she was. Months later she'd resurface only to leave again. But Delia had always been at the center of Macy's soft heart.

"She's eight months pregnant and I don't know what to do. When I tried to talk to her, she became angry and stormed upstairs to the bedroom." Her fingers slid through her hair in a nervous gesture.

"Delia's pregnant?"

Beau sat in an oversized leather chair and Freckles hopped onto his lap. Freckles had half a tail and one ear missing. Stray dogs tried to make a meal of her and Macy had rescued her from the animal shelter. He stroked the cat and she purred at his touch. At least someone missed him.

"Yes."

"Have you contacted your parents?"

That was a sore subject with Macy. After twenty-five years of marriage, Ted had walked out, moved to Houston, and later remarried. After Delia ran away, Irene sold the house and moved to Denver. She soon remarried, too. Macy's relationship with both her parents was strained. She didn't understand how her father could do what he'd done or how her mother could give up on their marriage and Delia.

"Not yet. Not too sure it will do any good. They're too busy with their new lives to be bothered with her, but I'll call anyway. They need to know. I don't understand either one of them and how they can just turn their backs on..." Her words trailed away as she fought to control her emotions. Beau resisted the urge to go to her.

Lucky, hearing the distress in Macy's voice, crawled into her lap. Lucky had a ring around his neck where his hair wouldn't grow anymore. Some kids tried to hang him. Once rescued, he was taken to the animal shelter, the rope still around his neck. Macy's number was on file and whenever they received an abused animal they called her, knowing she would nurture it back to health and find a home for it. The vet had said he was lucky to be alive, so that's what Macy named him.

She'd found Lefty on the side of the road after a car had hit him. His right paw was so mangled that it had to be amputated. He hobbled on three legs and Macy had had him for years. Both dogs whimpered in her lap and Macy's face changed completely. The stress disappeared and her face softened. Her animals brought her a peace that no one else could.

"In a way, your parents are right," he told her.

"Delia's been on her own for a long time and she's never taken kindly to interference in her life, from them or you."

"I know, but there's a baby involved now and she won't even tell me who the father is. She won't tell me anything."

"She probably never will, and come a new day Delia could just as easily be gone again."

"Yeah." Macy stroked the dogs.

"Try not to argue with her because it's not going to make a bit of difference. It never has."

"You're right." She tried to smile and failed. "I always feel better when I talk to you." She ran her hands through her hair again. "Oh, crap, I should have combed my hair before coming over here. I must look a mess. Or like a Brillo pad."

You look beautiful.

He grinned. "It is sticking out in different directions."

"Beau McCain." She lifted an eyebrow. "You could at least say something flattering."

I do, but you never hear me. "I think it's rather fetching like that."

Her hand stilled. "You do?" For a moment she paused and he wondered if his opinion of her looks meant something to her, then she came back with one of her usual remarks. "You're such a diplomatic lawyer and an even better liar."

He winced. "Ouch."

"Don't pretend your feelings are hurt." She stood with both dogs in her arms. "I better go back to the war zone and see what Delia's visit is all about."

Beau walked her to the door. "Let her talk and try not to pressure her. Just be patient."

"I'll try. I just worry about her." At the door, she stopped. "How was your trip?"

"Fine." He refrained from saying anything else.

"I miss you when you're not here."

For a brief second, his heart knocked against his ribs in excitement, then he had to remind himself that they were just words. Nothing else. Now was the time to tell her he was planning on moving, but she was too upset about her sister. He'd do it later.

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