Ajouter un extrait
Liste des extraits
(Point de vue de Bruno)
Oh, Seigneur ! Un contact visuel. C’était trop intense. Son regard pénétra son esprit, comme un couteau aiguisé dans du beurre. Il faillit pousser un cri.
Ses yeux lui révélaient de nouveaux et fabuleux détails. Ils étaient vert noisette, parsemés d’éclats dorés, bruns et verts. Elle lui sourit, un sourire glacial et distant. Ce n’était pas un appel à la conversation, mais plutôt un avertissement pour qu’il garde ses distances.
Elle retira ses lunettes et les posa sur la table.
— Oui ?
Il se sentit pris au piège.
— Euh… Qu’est-ce que je peux vous servir ?
Venait-il vraiment de bégayer comme un jeune débutant ?
Elle leva le menton.
— Qu’est-ce que vous me proposez ?
Une multitude de réponses inappropriées tourbillonnèrent dans son esprit comme un essaim d’abeilles affolées. Il déglutit péniblement en s’enjoignant de se comporter en professionnel.
— La carte est limitée en ce moment, car ma tante Rosa est absente. Je ne peux donc vous proposer que le riz au lait, la tarte à la banane, la tarte à la noix de coco, le cheese-cake ou le brownie glacé. Mais croyez-moi, quel que soit votre choix, vous ne serez pas déçue.
Elle le dévisageait sans ciller. Un véritable duel.
— Et depuis combien de temps votre tante Rosa est-elle absente ?
Cette question mit son cerveau à rude épreuve, son sang s’étant concentré en d’autres endroits de son corps.
— Euh… Je ne sais pas, peut-être un mois ?
— Vos desserts ont donc un mois ? Ou bien a-t-elle rempli le congélateur avant son départ ?
Il eut un mouvement de recul, offensé.
— Sûrement pas ! Les desserts sont frais, comme toujours !
Ses yeux semblèrent s’agrandir un peu plus.
— Oh, on dirait que j’ai touché votre corde sensible, murmura-t-elle. Et qui les a préparés ?
Il bomba le torse.
— Moi-même.
Elle plissa les yeux jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que deux fentes brillantes.
— Impossible.
— Si je vous le dis, s’irrita-t-il. Pourquoi mentirais-je ?
Elle posa son menton dans sa main et leva les yeux sur lui.
— Pour m’impressionner ? suggéra-t-elle. Pour vous distinguer de la masse grouillante et méprisable.
Bruno considéra ses propos.
— J’ignorais que j’étais en compétition avec la masse grouillante et méprisable, dit-il. Et je n’ai jamais eu à déployer tant d’efforts pour impressionner une femme.
— Hum…
Elle battit des cils tandis qu’elle préparait son prochain coup.
— Alors, vous préférez fréquenter les femmes faciles à satisfaire?
Son comportement commençait à agacer Bruno.
— Et pourquoi serait-ce un défaut d’être facile à satisfaire ?
Elle écarquilla ses grands yeux innocents.
— Ai-je dit qu’il s’agissait d’un défaut ?
Il ferma la bouche.
Afficher en entier