Extraits

« ainsi.

— Ce n’est pas ce que font les amis ? Apporter leur aide quand c’est nécessaire ? répondit-elle.

Spencer avait l’air préoccupé.

— Je ne devrais pas te laisser faire ça pour moi. Brett est vraiment un enfoiré. C’est la copie conforme de mon père. En plus, si tu survis aujourd’hui, nous devrons te présenter à ma grand-mère. Ai-je mentionné qu’elle nous a demandé de venir déjeuner chez elle dimanche ? Ma mère aussi est invitée. Si ce n’est pas la recette du désastre, je ne sais pas ce que c’est. »

Pour des raisons qu’Alisha n’avait jamais comprises, sa mère s’était remise avec son père maintes et maintes fois. Elle semblait facilement oublier qu’il avait mauvais caractère quand il buvait, et qu’il s’était déchaîné plus d’une fois sur elle et Alisha. Elle le laissait toujours revenir dans leurs vies assez longtemps pour qu’il dépense sans compter tout l’argent qu’elles avaient pu économiser. Et même alors, il fallait une escalade de la violence qui nécessitait l’intervention de la police pour que sa mère le jette à nouveau dehors. Alisha avait appris tôt à cacher ses bleus et à mentir aux assistantes sociales. Elle comprenait ce que cela signifiait de se sentir impuissante, de croire qu’elle ne méritait pas mieux.

C’est pourquoi Alisha avait accepté de l’épouser. Elle avait appris combien il était important pour la fierté de Spencer qu’il réussisse en affaires ; si elle pouvait y contribuer en assurant l’injection d’argent dans son entreprise, c’était tant mieux. Elle tendit sa main vers la sienne et la serra pour lui donner du courage.

— Peu importe ce qu’il dit, rappelle-toi qu’il ne vaut pas mieux que nous.

De l’autre bout de la limousine, Alisha Coventry regarda Spencer Westerly, le frère cadet de sa meilleure amie, et son cœur se brisa pour lui. Il avait l’air nerveux, et elle savait qu’il détesterait que ça se voie. Le Spencer avec qui elle avait grandi avait régné sur leur lycée. Capitaine de l’équipe de football. Premier de la classe. La confiance incarnée… jusqu’à la semaine précédente.

— Une seule d’entre elles est cassée, et je crois que ça date du jour où toi et tes frères les aviez utilisés comme des fléchettes de pelouse.

Alessandro rit.

— Je peux avouer ma culpabilité aujourd’hui, puisque je suis relativement certain que le délai de prescription pour ce délit est de moins de cinquante ans.

— Cinquante ans, il me paraît impossible que le temps ait passé aussi vite. Cela fait plus de trente que j’ai perdu Oliver, mais d’une certaine façon, c’est comme si c’était hier.

Delinda Westerly se stabilisa en saisissant le dossier d’une chaise Chippendale du XVIIIe siècle dans sa véranda. Ses impeccables jardins en terrasses s’étaient transformés en une aire de jeux pour une horde d’enfants qui faisaient la course avec les pièces d’échecs en pierre antique que son mari avait ajoutés à la surface gazonnée au-dessus du jardin.