Extraits

— Roke…

— Non, l’interrompit-il, refusant d’entendre raison.

Typique.

Elle poussa un soupir lourd de frustration.

— Tu es sans le moindre doute la créature la plus têtue que j’aie jamais rencontrée.

Il plissa ses yeux argentés.

— Tu t’es regardée dans une glace, dernièrement ?

L'envie de taquiner ce vampire irrité était simplement iressistible.

- J'ignore pourquoi tu es si contrarié, dit-elle. C'était juste une moto.

Il s'arrêta brusquement, le visage horrifié.

- Juste une moto ? Gronda-t-il d'un ton incrédule. C'était une moto à turbomoteur que j'ai fait faire sur commande et qui m'a coûté un demi-million de dollars.

- Un demi-million ?

Elle s'étrangla. Purée. De toute évidence, être un vampire payait mieux qu'être une sorcière. Elle avait moins de vingt dollars à son nom.

- Tu te fou de moi.

- Pourquoi ? (il haussa les épaules.) J'aime la vitesse.

- Ouais, eh bien, j'aime les diamants, mais je ne dépenserais pas un demi-million dedans.

Soudain, elle vit les yeux argentés de Roke s'assombrit.

- Moi si.

- Quoi ?

- Je dépenserais un demi-million pour des diamants si ça pouvait te faire plaisir, murmura-t-il, la voix rauque.

Enquiquineur d'un metre de haut aux delicates ailes de fée dans des ton bleu, de cramoisi et d'or, Levet pouvait pousser un homme saint d'esprit à commettre un gargouillicide en trois seconde chrono.

— Tu es bien silencieuse, murmura Roke, lui embrassant le côté du cou.

Elle frissonna, stupéfaite par les pointes de chaleur qui la traversèrent.

Cela semblait incroyable qu’un baiser aussi léger puisse la faire fondre de désir.

Au prix d’un effort, elle réprima l’envie de frotter ses fesses contre son membre, qui durcissait déjà de plaisir anticipé. Elle venait juste de se persuader que partager une telle intimité avec Roke était bien trop dangereux pour son cœur fragile. Est-ce qu’elle voulait empirer les choses ?

Oui, oui, et encore oui, chuchota une voix malicieuse dans son esprit.

— Je réfléchissais, s’obligea-t-elle à marmonner.

Il se tendit.

— Oh, par l’enfer, ça ne présage rien de bon.

- Tu es sans le moindre doute la créature la plus têtue que j’aie jamais rencontrée.

Il plissa ses yeux argentés.

- Tu t’es regardée dans une glace, dernièrement ?

Elle releva le menton. Elle n’était pas têtue. Mais… déterminée.

Complètement différent.

Il baissa la tête et créa un chemin de destruction sur la courbe de son cou. Sally trembla, une chaleur à l'état brut explosant en elle à la sensation érotique de ses canines qui frottaient sur sa peau tendre.

- Je...

- Oui, mon amour ?

- Je ne couche pas avezc les hommes qui me détestent.

Comme sincèrement étonné, il rejeta brusquement la tête en arrière.

- Tu crois que je te déteste ?

- Ce n'est pas le cas ? l'accusa-t-elle.

- Non.

-Tu m'en veux pour le sort qui t'a obligé à devenir mon compagnon.

Les lèvres pincées, il balaya son corps tendu d'un regard songeur.

- Je ressens beaucoup d'émotions, mais la haine n'en fait pas partie.

- Si le sort était brisé...

Elle vit le désir à l'état pur flamboyer dans ses yeux.

- Je te désirerais quand même, gronda-t-il, baissant la tête pour laisser ses canines glisser sur la courbe de son cou. Comme ça.

- Roke, souffla-t-elle.

- Tu as toujours été aussi têtue ?

- Tu as toujours été aussi arrogant ?

- Tu es libre. Va-t’en, maintenant.

Elle avait à peine prononcé ces mots que Roke s’élançait à une vitesse aveuglante.

- Je te tiens.

- Roke.

Son nom sortit en une protestation étouffée contre son torse alors qu’il refermait les bras autour d’elle pour la plaquer contre son corps.

- Ne bouge pas, gronda-t-il, enfouissant le visage dans la courbe de sa gorge, lui effleurant la peau des canines.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Il frissonna, descendant compulsivement les mains le long de son dos pour leur faire épouser ses hanches.

- Tu le sens, chuchota-t-il contre son cou.

Et c’était vrai.

Pas juste l’immense vague de plaisir sensuel que lui procurait le fait d’être dans ses bras, mais une étrange sensation d’apaisement tout au fond d’elle.

L’impression persistante que « quelque chose n’allait pas » qui l’avait accablée depuis qu’elle avait quitté Chicago s’atténua.

Il déplaça le visage pour coller les lèvres à l’endroit où son pouls battait la chamade, à la base de la gorge.

- As-tu la moindre idée de ce que tu m’as fait en disparaissant?

Elle baissa les paupières, savourant l’incroyable plaisir de ce contact.

- Je pensais que tu serais heureux d’être débarrassé de moi, chuchota-t-elle, humant son odeur de cuir, d’homme et de pouvoir à l’état brut.

Il referma les doigts sur ses hanches.

- Tu n’aurais pas filé en douce si tu pensais ça.

Leurs regards s’entrechoquèrent. Ce désir toujours présent crépita dans l’air.

Il glissa le pouce entre ses lèvres… et tout aussi vite, elle souhaita désespérément qu’il l’embrasse.

Elle avait besoin de sentir la pression avide de sa bouche, le frottement dangereux de ses canines, la chaleur enivrante qui brûlait en elle. Stupéfaite par cette soif puissante, à l’état brut, Sally se détourna.

— Je n’ai pas de temps pour ça, cracha-t-elle, s’efforçant farouchement de se concentrer sur la boîte à musique.

— Nier la vérité ne la changera pas. Crois-moi, j’ai essayé, marmonna-t-il, lui saisissant le bras alors qu’elle agitait la main au-dessus de l’objet en chuchotant rapidement un sort. Qu’est-ce que tu fais ?

— Pas la peine de t’exciter.

Elle lui décocha un regard impatient.

— M’exciter ? (Il arqua un sourcil.) Tu penses que j’ai besoin d’être excité ?

Elle eut le souffle coupé quand l’image de Roke nu sous son jean noir lui traversa l’esprit. Non, non, non. Elle n’irait pas de ce côté.

— Je… (elle humecta ses lèvres sèches) j’ai enveloppé la boîte à musique d’une protection.

Durant une seconde tendue, Sally fut certaine que Roke allait la jeter sur le lit et mettre un terme à leur calvaire à tous les deux. Puis, au prix d’un effort visible, il brida ses appétits et se tourna vers la table de nuit.

- Tu emmènes Troy avec vous ?

À cette seule pensée, un frisson d’horreur le traversa.

- Bon Dieu, non.

Ils entendirent la porte s’ouvrir avant que l’air soit saturé par la puanteur du granit.

- Pourquoi aurait-il besoin d’un sidhe quand il a déjà un alcoolique ? demanda une voix au fort accent français alors que Levet entrait dans le bureau avec Sally.

- Un acolyte, le corrigea Sally, surveillant d’un oeil méfiant Roke qui réagit immédiatement à l’insinuation de la gargouille qu’elle serait de la partie.

- Non, gronda-t-il.

Elle pinça les lèvres à son refus catégorique de ne serait-ce qu’envisager être coincé avec le casse-pieds.

- Nous avons besoin de lui.

- Pourquoi pourrions-nous bien avoir besoin de ce… (il pointa un doigt sur Levet qui souriait d’un air suffisant) morceau de granit ?