Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
710 598
Membres
993 221

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

Ils gagnèrent le buffet et Gabriel prit deux assiettes des mains du valet qui se tenait à côté.

— C’est moi qui porterai les assiettes si vous devez choisir.

— Vous me faites confiance pour choisir à votre place ? s’étonna-t-elle.

— C’est une lourde tâche, certes. Mais je vous sais à même de relever ce défi, ajouta-t-il en lui coulant un regard faussement grave.

— Faites attention, monsieur Marlington, je pourrais bien remplir votre assiette de pilchards.

— Mon Dieu, non ! s’exclama-t-il, horrifié. Nos hôtes ne peuvent pas servir quelque chose d’aussi infect, n’est-ce pas ?

Elle rit, comme il l’avait espéré.

— Qui diable vous a dit que je détestais les pilchards ? s’enquit-il en indiquant les pâtés de homard.

— Eva adore vous effrayer avec, répondit-elle en déposant deux petits pâtés sur chaque assiette.

— Je m’insurge contre l’emploi du verbe « effrayer », madame.

— Oh ? répondit-elle en désignant un plat de fines tranches de jambon qu’il approuva d’un hochement de tête. Et quel mot emploieriez-vous, monsieur ?

— Menacer, peut-être. Ou brandir. Oui, brandir, définitivement.

— Est-il possible de « brandir » des pilchards ? répondit-elle avec un grand sourire tout en déposant une grappe de raisin noir sur chaque assiette.

Gabriel acquiesça, médusé. Seigneur, quel charme elle avait quand elle souriait ! Il réalisa qu’elle attendait une réponse et il la gratifia d’un regard hautain.

— Absolument. Peu de gens le savent, mais les pilchards se présentaient autrefois à la pointe de l’épée. Une pratique barbare, heureusement tombée en désuétude.

Les pinces qu’elle tenait à la main cliquetèrent tandis qu’elle se retenait de rire.

Gabriel se sentit follement heureux d’avoir réussi à faire rire une femme aussi sérieuse.

— Oh, je vous en prie, quelques-unes de ces fraises, madame Marlington ! Oui, la grosse trouvera parfaitement sa place sur mon assiette. Non, non, n’essayez pas de me la voler !

Elle éclata ouvertement de rire.

— Je sais que vous en aviez l’intention, reprit-il. Et je dois avouer que je suis déçu de constater que vous cherchez à priver votre seigneur et maître des meilleurs morceaux…

Elle répondit en empilant une demi-douzaine de fraises sur l’assiette de Gabriel, qui s’esclaffa à son tour. Quand ils eurent atteint l’extrémité du buffet, elle reposa la fourchette de service et leva vers lui des yeux brillants.

— Comment ? fit-elle en haussant un sourcil. Vous n’êtes pas à genoux, implorant mon pardon ?

Il se rapprocha d’elle pour lui murmurer à l’oreille.

— Aimeriez-vous que je vous implore à genoux, Drusilla ?

Elle eut beau rougir, elle lui répliqua d’un ton glacial :

— Je sais que Mlle Kittridge adorerait cela, elle. Vous faire ramper sur des charbons ardents…

Il renversa la tête en arrière et éclata de rire.

Afficher en entier

Chapitre 1

Londres, 1817

Drusilla Clare agita son éventail pour se rafraîchir – usage pour lequel il avait été conçu – et non pour flirter – usage auquel il était destiné dans une salle de bal. Avec qui aurait-elle bien pu flirter, de toute façon ?

— Attention, Drusilla, tu recommences…

Elle se tourna vers sa compagne. Lady Eva de Courtney n’aurait jamais dû être assise avec elle, à faire tapisserie dans la salle de bal de la duchesse de Montfort. Eva était non seulement la plus jolie débutante de la Saison, mais elle était aussi richement dotée.

Elle était également la preuve que l’argent et la beauté ne suffisent pas à compenser un caractère difficile ou les désordres mentaux d’un ancêtre – ceux de sa mère, en l’occurrence. Tout le monde savait que la première épouse du marquis d’Exley, lady Veronica, était exceptionnellement belle, au point de faire perdre la tête à tous les hommes, et également folle à lier.

Eva, qui avait hérité de la beauté de sa défunte mère, n’avait cependant ni le désir ni la possibilité de faire perdre la tête à qui que ce soit. Excepté, peut-être, à son père – un homme d’allure sévère, et redoutablement perfectionniste.

— Qu’est-ce que je fais que je ne devrais pas faire ? demanda Drusilla.

Eva entortillait nerveusement une mèche brune autour de son doigt, mettant ainsi en péril tout l’équilibre de sa coiffure.

— Tu fronces les sourcils et tu prends cet air…

Elle fit saillir sa lèvre inférieure, étira les coins de sa bouche et, les yeux mi-clos, darda un regard noir sur Drusilla. Celle-ci ne put s’empêcher de rire.

— Voilà, c’est beaucoup mieux ! s’exclama Eva. Tu es très jolie quand tu ris ou que tu souris.

Drusilla leva les yeux au ciel.

— Et même quand tu lèves les yeux au ciel. Allez, ajouta-t-elle, dis-moi à quoi tu pensais pour afficher une expression aussi furieuse.

Impossible de le lui avouer. En fait, Drusilla se demandait quand Gabriel Marlington allait enfin se décider à faire son apparition – Gabriel étant le très beau, et très horripilant, demi-frère d’Eva.

— Je me disais que la poitrine de lady Sissingdon va bientôt déborder de son corsage, mentit-elle.

Toutes deux coulèrent un regard à la poitrine opulente de la lady en question.

Eva plaça la main devant sa bouche pour dissimuler son rire. Drusilla remarqua que le gant de chevreau, autrefois blanc, de son amie s’ornait à présent d’une coulée de ce qui ressemblait fort à la soupe de concombre servie au dîner et d’une tache de vin rouge au niveau de l’index. Elle se demanda comment son amie avait réussi à accomplir cet exploit alors qu’elle ne portait pas ses gants pour manger.

Les yeux violets d’Eva se détachèrent du décolleté scandaleux de lady Sissingdon pour revenir sur Drusilla. Elle ouvrait la bouche pour faire un commentaire lorsque quelque chose attira soudain son attention, derrière l’épaule de son amie.

— Gabriel ! s’écria-t-elle.

Elle se leva d’un bond et agita vigoureusement la main d’une manière parfaitement inconvenante.

Drusilla pivota lentement sur sa chaise tandis qu’Eva attirait l’attention de la moitié de la salle. Elle aurait dû lui rappeler les convenances – voler au secours d’Eva semblait être sa mission sur terre –, mais son cœur s’était mis à battre follement, ses paumes étaient devenues moites et son ventre se contractait étrangement, comme chaque fois que Gabriel Marlington entrait dans son champ de vision. Un événement qui se répétait presque chaque jour depuis qu’il escortait sa sœur à toutes les réceptions auxquelles elle assistait.

Il attendit sur le seuil de la salle de bal que le majordome l’annonce. Comme d’habitude, son nom fit courir un frisson parmi l’assemblée. Les femmes présentes – jeunes, moins jeunes, mariées, veuves ou célibataires – baissèrent leur éventail ou levèrent leur face-à-main pour l’examiner.

Les hommes aussi remarquèrent son arrivée. En particulier un petit groupe de jeunes gens rassemblés près de la porte qui semblaient hésiter entre rester pour le bal ou aller s’adonner à d’infamantes distractions viriles. Ils serrèrent les rangs au passage de Gabriel, telle une horde de chiens confrontée à un prédateur plus dangereux qu’eux.

L’un d’eux, le comte Visel, qui jouissait à Londres de la plus épouvantable réputation – voire dans toute l’Angleterre –, dit quelque chose qui incita Gabriel à s’arrêter.

Les amis de Visel demeurèrent en retrait quand leur meneur s’avança vers Gabriel. Si les deux hommes étaient grands et larges d’épaules, là où Visel était pâle et blond à l’œil bleu, Gabriel avait le teint cuivré, la paupière bombée et le cheveu sombre.

Les mots que Gabriel adressa au comte déclenchèrent une vive agitation parmi les partisans de ce dernier et leurs exclamations s’élevèrent au-dessus du brouhaha de la salle. Visel fut le seul à ne pas paraître offensé. De fait, il renversa la tête en arrière et éclata de rire.

Gabriel ne sembla pas remarquer la réaction que sa réponse provoquait dans l’assistance. Il promena tranquillement le regard sur la foule, tel le faucon d’Orient auquel il ressemblait, et ses lèvres s’incurvèrent sur un sourire quand il repéra sa sœur. Il avisa ensuite Drusilla et une lueur amusée s’alluma dans ses yeux. Elle n’en fut pas autrement étonnée, car depuis cinq ans elle faisait son possible pour le provoquer et l’irriter.

Elle se conduisait ainsi parce qu’elle le détestait. Et elle le détestait parce qu’il incarnait tout ce qu’elle méprisait chez un homme : arrogance, séduction excessive et certitude de sa supériorité. Il était tellement habitué à être adulé par les femmes qu’il ne se serait même pas aperçu de l’existence de Drusilla si elle ne l’avait pas obligé à lui prêter attention.

Elle savait cependant qu’elle se mentait à elle-même.

Si elle le détestait autant – en admettant que ce soit le cas –, c’était parce que Gabriel Marlington l’incitait à se détester elle-même. Chaque fois qu’il l’approchait, elle se rappelait immanquablement son propre physique. Sans être laide, Drusilla savait qu’on ne dirait jamais d’elle qu’elle était jolie. Non qu’elle se souciât de sujets aussi vains et superficiels.

Ce qui était encore un autre mensonge.

— Gabriel !

Eva, qui bondissait sur place, se prit le pied dans l’ourlet de sa robe. L’étoffe se déchira, si bruyamment que cela lui valut des regards de tous les invités alentour. Son visage, si rayonnant un instant plus tôt, se plissa de contrariété.

— Oh, non ! gémit-elle.

— Ne t’en fais pas, la rassura Drusilla en se levant. J’ai des épingles dans mon sac, j’arrangerai cela en un rien de temps.

— Bonsoir, mesdemoiselles, les salua Gabriel en s’arrêtant devant elles.

Il embrassa sa demi-sœur sur les joues – une coutume étrangère que Drusilla trouvait secrètement charmante. Il ne la saluait jamais ainsi, mais au moins lui sourit-il cette fois.

— Tu as de la chance d’avoir une amie aussi précieuse que Mlle Clare, Eva. Prévoyante, de surcroît.

Drusilla s’efforça de ne pas trop savourer le regard reconnaissant, et presque chaleureux même, dont il la gratifia. Elle étrécit les yeux et ébaucha une discrète révérence.

— Monsieur Marlington, dit-elle d’un ton pincé.

Il ne parut pas remarquer la fraîcheur de son salut.

Source : kobo.com

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode