Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
713 688
Membres
1 007 747

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Les gentlemen rebelles, tome 4 : Leçons pour un séducteur



Description ajoutée par DarkAthena59 2018-01-11T18:34:46+01:00

Résumé

Londres, XIXe siècle

Christopher doit se marier. Pour assurer sa carrière parlementaire et faire oublier ses frasques de don Juan, il aura besoin à ses côtés d’une épouse bien née et respectable. Mais comment un séducteur comme lui, habitué aux aventures sulfureuses, doit-il s’y prendre pour faire la cour à une oie blanche ? Heureusement, la belle Ellie, une courtisane décidée à changer de vie, lui offre des leçons, et grâce à ses conseils précieux il trouvera rapidement une débutante avec titre et fortune. À condition de refréner l’attirance qu’il ressent pour son charmant professeur…

Afficher en entier

Classement en biblio - 8 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Julia Justiss **

Chapitre 1

Deux semaines plus tard

L’après-midi ensoleillé diffusait à travers les rideaux de la fenêtre une lumière douce et pure qui parait d’un éclairage flatteur le visage et la silhouette de la femme voluptueuse qui lui faisait face, enveloppée dans son peignoir diaphane. Comme Christopher traversait le salon pour rejoindre la créature blonde sur son canapé, celle-ci tendit vers lui un bras où scintillait un bracelet de diamants.

— Christopher chéri, quelle agréable surprise ! Attache-moi ce bijou, veux-tu ? Le fermoir est un peu têtu.

Avec un sourire indulgent, Christopher se pencha pour faire ce qu’on lui demandait. Puis il se releva en demandant sur un ton taquin :

— Aussi têtu que sa propriétaire ?

Les grands yeux verts se teintèrent de reproche tandis que les lèvres pleines et roses s’arrondissaient en une jolie petite moue.

— Ce n’est pas une manière de s’adresser à sa maman.

— Peut-être pas, en effet. Mais les règles qui régissent les rapports familiaux ne s’appliquent plus dès l’instant où votre mère est une vraie beauté qui mène les hommes au doigt et à l’œil et qu’elle ressemble plus à une sœur qu’à une mère.

Une réalité qui, selon les jours, pouvait lui inspirer de la fierté, de l’amusement ou du regret.

— De qui vous vient cette babiole ? demanda-t-il dans la foulée. De Henderson ?

En l’entendant citer le plus assidu de ses admirateurs, sa mère eut un geste vague de la main.

— Oui. Henderson m’a tant implorée pour que je l’autorise à me remettre cette petite manifestation de son estime que j’ai fini par accéder à sa supplique. Son bracelet est du reste très joli, remarqua-t-elle en levant le bras pour faire briller le bijou dans la lumière. Toutefois, je pense que je vais le lui rendre. Il devient en effet d’une possessivité épuisante. Or, comme tu le sais, je ne supporte pas que l’on se montre possessif à mon égard.

Si elle rendait vraiment le joyau à Henderson, pensa Christopher, ce ne serait pas parce que son père — ou plutôt l’homme qui remplissait officiellement ce rôle — l’avait exigé. Entre Lord Vraux et sa lady, la séparation était en effet consommée depuis plusieurs années, et tout le monde le savait. De la même façon, tout le monde tentait de deviner le nom du père biologique de Christopher ainsi que de celui de ses sœurs dans la mesure où Gregory, le frère aîné, était le seul Vraux Miscellany reconnu en tant que rejeton officiel de Lord Vraux.

— Avez-vous déjà quelqu’un en tête pour le remplacer ? s’enquit Christopher en s’asseyant sur une chaise à côté de sa mère. Selon moi, Chernworth serait heureux de prendre sa place. Et puis il y a… Comment s’appelle déjà le petit chiot de la dernière couvée ? Lord Rogers, c’est cela ? Cet admirateur qui vous suit partout et écrit des vers exécrables pour vous rendre hommage ?

Lady Vraux secoua la tête avec dédain.

— Rogers n’est qu’un gamin. Quant à Chernworth, il est assez distrayant mais je penserais plutôt à Kennington dont les sens se sont particulièrement aiguisés ces derniers temps.

Elle soupira.

— En fait, je pense surtout à les laisser tous tomber. Et puis, pourquoi pas, à me retirer à la campagne.

— À la campagne ! s’écria Christopher, stupéfait. Vous n’êtes pas sérieuse ! Sans les boutiques, les salles de théâtre et les distractions londoniennes, vous péririez d’ennui en moins d’une semaine. De son côté, la haute société se languirait sans vous pour briller à son firmament.

— Sans moi pour la scandaliser et alimenter ses cancans, tu veux dire, rétorqua la lady avec bonhomie. Cependant, il vaudrait peut-être mieux pour moi que je quitte la scène pendant que l’on me réclame toujours, avant que ma beauté ne se fane et que mes admirateurs ne disparaissent.

Christopher resta surpris. Sa mère, toujours pleine d’entrain, semblait tout à coup presque triste.

— Qu’est-ce qui a fait naître en vous cette soudaine mélancolie ?

Lady Vraux attrapa un miroir posé sur la table à côté d’elle, examina son visage et posa l’index à un endroit précis.

— Tu vois cette ride, là ? Eh bien, hier soir, Kennington m’a taquinée à son propos.

Christopher se pencha plus près.

— Là ? demanda-t-il en repérant le léger sillon. C’est à peine visible ! Kennington est un abruti. Vous avez encore de longues années devant vous avant d’atteindre la vieillesse. De plus, mes sœurs ne sont pas encore installées et vous allez donc devoir vous occuper de…

Sa mère ne le laissa même pas finir.

— Tu ne m’imagines tout de même pas en train d’assister à ces réceptions ridicules peuplées de vierges insipides et de mères marieuses ! De toute façon, je ne serais pas d’un grand intérêt pour aider tes sœurs à effectuer une union respectable. On sait bien que toutes les vieilles dames de la haute société me détestent.

Christopher resta muet. Comment nier ? L’admiration que portait la gent masculine à Lady Vraux était sans conteste immense. Jalouses, en revanche, de sa beauté, de son charme et de l’effet hypnotique qu’elle exerçait sur les hommes, les femmes l’appréciaient beaucoup moins. Même si sa naissance et sa position lui garantissaient d’être conviée aux distractions organisées par la haute société — ainsi qu’à d’autres beaucoup moins respectables —, sa trop évidente séduction lui avait gagné peu d’amitiés féminines.

Lady Vraux haussa une épaule avec élégance.

— Que les femmes consacrent, pour essayer de séduire leurs hommes, une simple fraction du temps qu’elles emploient à me dénigrer, et elles n’auront plus besoin de se soucier de l’effet que mon charme produit sur eux ! En tout état de cause, j’irai sans doute rendre une petite visite à ta tante Augusta pour lui parler de tout cela quand le temps sera venu.

— Je suis sûr que Gussie saura très bien s’y prendre, renchérit Christopher. Elle excelle à découvrir qui, dans ce grand marché, poursuit qui, et quelles personnes se trouvent aux premières places.

Il s’interrompit un instant avant de reprendre :

— Peut-être devrais-je d’ailleurs avoir recours à elle ? Car je me demande si…

Devinant la probable réaction de sa mère vis-à-vis de ce qu’il allait lui annoncer, il hésitait, incertain sur la façon de s’y prendre.

— … si le temps n’est pas venu pour moi de trouver une épouse, lui confia-t-il enfin.

Un silence de plomb répondit d’abord à son annonce… avant que sa mère n’éclate de rire.

— Te marier, toi ? s’écria-t-elle lorsqu’elle eut recouvré son sérieux. Quel non-sens !

— Je suis sérieux, maman.

Le regard qu’elle posa alors sur lui fut pénétrant.

— Tu te sens juste un peu seul parce que tes meilleurs amis se sont récemment mariés. Mais ce n’est pas une raison pour te passer à ton tour la corde au cou. Du reste, tu connais mon opinion sur ce sujet…

— Mes amis me manquent, c’est vrai, reconnut Christopher.

Surtout Ben Tawny qui, avant de rencontrer sa lady et de l’épouser, avait si souvent été son compagnon de débauche.

— En dépit de ce que vous pensez du mariage, à part moi, tous les Contestataires ont trouvé des femmes qui donnent envie de se marier.

Sa mère agita une main dédaigneuse.

— Parce qu’ils vivent en couple depuis peu ! Non, la seule chose qui compte est de savoir s’ils demeureront aussi heureux qu’ils le paraissent aujourd’hui. Si oui, c’est qu’ils auront eu bien plus de chance que la moyenne.

Et plus de chance qu’elle, Christopher ne l’ignorait pas. Toute jeune, sa si belle maman avait été mariée d’office au plus offrant — Lord Vraux — par son père, un financier englué dans ses problèmes d’argent. Amateur de belles personnes et de belles choses, le baron, déjà âgé, était devenu fou de concupiscence à la pensée d’ajouter à sa collection la fille la plus stupéfiante de toutes celles qui participaient alors à leur première saison sociale. Froid et demeurant éloigné de tous, il avait, après son mariage, été bien incapable d’offrir à sa jeune épouse, si passionnée et démonstrative, l’affection qu’elle mourait d’envie de connaître et dont elle avait tant besoin.

Mais, quoi que ces dames pussent penser de la morale de Lady Vraux, personne ne niait qu’elle était une mère très dévouée. Spécialement envers lui, Christopher, le fils de l’homme qui, selon la rumeur, avait été l’amour de sa vie.

— Tu es donc sérieux ? demanda-t-elle après un long moment tandis que, perdu dans ses pensées, Christopher demeurait assis en silence. As-tu une candidate en tête ?

— Non, et c’est la raison pour laquelle j’ai besoin de tante Augusta. Je suis loin d’être un romantique, maman. Mon but n’est donc pas de trouver la femme qui m’inspirera d’aussi mauvais vers que ceux que Lord Rogers te réserve ! Tout ce que je demande est de trouver une jeune lady respectable et de bonne naissance capable de tenir mon foyer et de me donner des héritiers. Même une jeune veuve me conviendrait. En outre, mais cela n’est pas obligatoire, j’aimerais que cette femme manifeste quelque intérêt pour la politique. De toute façon, comme je n’ai jamais fréquenté les réceptions où se rassemblent les jeunes filles, je n’en connais aucune. D’où, une fois encore, mon besoin de tante Augusta.

Sa mère arqua les sourcils.

— Une jeune lady respectable et de bonne naissance capable de tenir ton foyer et de te donner des héritiers ? Voilà un vœu diablement glacial…

— Voyons, maman, vous n’allez pas prétendre être, pour votre part, toujours éprise de vos admirateurs !

— Je le suis en tout cas au début de chacune de mes liaisons, rétorqua immédiatement Lady Vraux.

— Ce n’est pas parce que je veux faire un mariage prudent qu’il sera nécessairement froid, repartit Christopher, peu surpris que sa mère résiste à l’idée qu’il veuille prendre femme alors qu’elle-même disposait de sa personne de la manière la plus dépassionnée qui fût. J’ai mieux à faire que d’épouser quelqu’un qui ne m’inspirerait que de l’indifférence ou qui, de son côté, ne ressentirait rien pour moi. De plus, je ne vois aucune raison pour laquelle je ne pourrais pas partager respect et affection avec une femme plus… traditionnelle que celles que j’ai fréquentées jusqu’alors.

— Respect mutuel ? Femme traditionnelle ?

Sa mère secoua longuement la tête.

— Christopher, mon chéri, tu me ressembles beaucoup trop pour qu’une telle union ait la moindre chance de te convenir et de réussir ! Après dix ans de liaisons avec les femmes les plus belles, les plus spirituelles et les plus séduisantes de Londres, une vierge respectable et dévouée t’ennuierait à mourir. Que fais-tu de la passion ?

Il esquiva.

— Les femmes respectables ne sont pas toutes incapables d’en éprouver.

— Elles ne doivent tout de même pas être si nombreuses. Sinon, j’aurais beaucoup moins d’admirateurs mariés…

La remarque était pertinente. Christopher l’ignora.

— J’ai atteint l’âge où la perspective de rentrer chez moi pour trouver la paix et la tranquillité dans les bras d’une amie m’attire beaucoup plus que de passer une nuit de beuverie et de débauche dans le lit d’une courtisane.

Pour rien au monde Christopher n’aurait reconnu — pas plus devant les autres que devant lui-même — que l’idée de s’unir à une femme éminemment respectable lui semblait malgré tout légèrement ennuyeuse. Ni à quel point l’éloignement survenu entre les quatre Contestataires qui avaient pourtant été, pendant dix ans, aussi proches que des frères, contribuait à sa résolution toute récente de prendre femme. Lorsque lui aussi serait marié, se disait-il, leur cercle intime pourrait plus facilement se reconstituer.

Et, surtout, il ne pouvait pas reconnaître que l’idée d’un mariage avec une respectable lady le séduisait principalement parce qu’il permettrait à ses enfants de ne jamais s’interroger sur l’identité réelle de leur père, de ne pas souffrir du froid désintérêt de l’homme qui tiendrait légalement ce rôle et de ne jamais entendre de railleries ou d’allusions visant leur mère. Mais faire une telle confession à Lady Vraux était impossible car elle aurait trop ressemblé à une accusation. Or, en dépit de tous les tourments et des affronts endurés au cours de son jeune âge, Christopher aimait profondément sa mère, cette femme qui, avec ses forces et ses faiblesses, l’avait élevé et soutenu.

Pour le moment, en tout cas, son beau visage désapprobateur exprimait clairement qu’elle n’était pas d’accord.

Avant qu’il n’ait eu le temps de trouver un nouvel argument susceptible de la convaincre, on frappa à la porte. Presque en même temps, une grande femme brune fit son entrée.

En l’apercevant au côté de sa mère, la visiteuse s’arrêta net tandis que son sourire disparaissait.

— Excusez-moi, Félicia, dit-elle. Je suis désolée… Loin de moi l’idée de faire irruption chez vous, mais Billings m’avait dit que vous étiez disponible.

— Ellie ! s’écria Lady Vraux en jaillissant de son sofa pour accueillir la nouvelle venue dans un élan qui libéra autour d’elle un tourbillon de soie. Vous ne faites nullement irruption, voyons ! J’ai bien reçu votre billet et je vous attendais ! Comment allez-vous, ma chère ? Cela fait des siècles que je ne vous ai vue !

Christopher sentit aussitôt son cœur se réchauffer. Il se leva, se servit un verre de vin et but, tout au plaisir de contempler Ellie Parmenter et son élégance discrète lorsqu’elle traversa la grande pièce.

Bien que cela fît environ dix ans qu’ils se connaissaient, c’était toujours la même admiration — et la même attirance aiguë — qui le saisissait quand il la voyait. Exactement comme lors de leur première rencontre dans le salon de sa mère. Alors jeune étudiant, il rentrait d’Oxford pour quelques vacances au cours de l’année scolaire et était resté en arrêt devant Ellie. Dotée d’une silhouette généreuse aux courbes sensuelles, d’une gestuelle d’une grâce parfaite, d’une carnation blanche contrastant de la manière la plus troublante avec sa soyeuse chevelure de jais, elle possédait aussi d’immenses yeux violets qui recelaient, lui avait-il semblé, un mystère dans lequel il s’était empressé de se perdre. Oui, le jeune homme qu’il était alors s’était d’abord laissé fasciner. Avant que ne vienne le temps de la consternation et de la déception en découvrant que cette beauté de quelques années de moins que lui se trouvait sous la coupe d’un pair aux mœurs dissolues et beaucoup plus âgé qu’elle.

Bien que ni sa propre mère ni elle ne lui aient jamais fourni de plus amples détails, Christopher savait qu’il y avait quelque chose de bizarre dans la façon dont Ellie Parmenter était devenue la maîtresse de Summerville. Et il avait été heureux pour elle quand, à l’automne dernier, l’homme était mort, la libérant de son joug.

N’aurait-il pas été lié, à l’époque, à la divine Clarissa, qu’il aurait peut-être essayé de se rapprocher d’Ellie Parmenter.

— Je vais très bien, répondit Ellie en embrassant son amie Félicia en retour. Mais je peux aller attendre dans le salon pendant que vous terminez de parler avec Christopher.

— Sûrement pas ! Je suis sûre qu’il sera ravi de vous entendre donner de vos nouvelles ! Est-ce que je me trompe, mon chéri ?

— Pas du tout, répondit Christopher. Cela dit, comme c’est moi qui me suis présenté à l’improviste, si vous, ladies, préférez rester seules pour discuter plus librement, je peux très bien vous laisser vous retrouver en toute tranquillité.

— Non, Christopher, restez, s’il vous plaît, insista Ellie en faisant écho à Félicia.

Lorsque la situation fut claire entre eux, Lady Vraux sonna pour que l’on apporte le thé.

Bras dessus bras dessous, les deux amies traversèrent la pièce tandis que Christopher désignait d’un geste le siège qu’il venait de quitter. Ellie s’y installa avec naturel, sa beauté brune formant un contraste parfait avec la beauté blonde de Félicia.

— Racontez-nous ce que vous avez fait depuis que Summerville a disparu et que vous avez vous-même quitté la scène londonienne, lui demanda Félicia. J’imagine aisément que vous n’avez pas pris le deuil… À mon avis, vous auriez même plutôt célébré l’événement.

— J’avais prévu de… déménager, répondit Ellie, une expression indéchiffrable sur le visage.

— Summerville vous a bien légué cette charmante petite maison, doublée d’une annuité, n’est-ce pas ? s’enquit Félicia. Pourquoi ne vous y installeriez-vous pas tranquillement tout en y créant un établissement de jeux à l’instar de Madame Aurélie ? Je sais que vous avez, dans le demi-monde, des amis qui seraient heureux de travailler pour vous. Quant aux gentlemen, ils débarqueraient en troupeaux. Qu’en penses-tu, Christopher ?

Un établissement de jeux avec Ellie comme maîtresse ? Le doute n’était pas permis.

— Absolument, Ellie, vous remporteriez un succès fou !

— Vous voyez, conclut Félicia, il ne faut donc pas hésiter. Grâce à cette activité, vous n’auriez plus jamais le moindre souci d’argent. De plus, tout en étant indépendante et en gardant le contrôle absolu de vos fonds, posséder un tel établissement vous apporterait plus de liberté et de sécurité qu’aucune femme mariée ne pourrait rêver de connaître.

— Mais pas le respect de la haute société, rétorqua Ellie dans un murmure.

Lady Vraux haussa les épaules.

— Ce ne serait pas une grande perte… Cela dit, puisque, à l’évidence, cette proposition ne vous tente pas, dites-nous plutôt quelles sont vos intentions. Pas de monter cette école pour brebis égarées comme vous m’en avez parlé lors de notre dernière rencontre, j’espère !

— En fait, j’ai déjà commencé à m’y atteler, répondit Ellie en adressant à son amie un sourire d’excuse. Cela faisait des années que je rêvais d’accomplir quelque chose de tel. Particulièrement pour les jeunes filles nées dans les maisons de plaisir et qui ne veulent pas connaître la même existence que leur mère. Même s’il est vrai qu’au plus haut niveau certaines courtisanes peuvent accéder à cette indépendance qui vous est si chère, nous devons toutes deux convenir qu’elles sont bien peu nombreuses à y parvenir et que la plupart d’entre elles ne parviennent jamais à s’en sortir. Soit parce qu’elles ne disposent d’aucun autre moyen de subsistance, soit parce que la ou le proxénète qui les contrôle ne les autorise jamais à quitter définitivement l’établissement où elles exercent. Ce qui explique pourquoi, ajouta-t-elle en se tournant vers Christopher, je me suis sentie aussi redevable envers Lord Witlow quand il a apporté son assistance à la fille qui avait piégé Ben Tawny chez Quill and Gavel.

Christopher secoua la tête.

— Ce sont plutôt Ben et les trois autres Contestataires qui doivent vous remercier, repartit-il. En effet, sans vos efforts pour mener l’enquête et votre connaissance du demi-monde, jamais nous n’aurions retrouvé la fille en question et, aujourd’hui, Ben assisterait peut-être à l’anéantissement de sa carrière, encore en devenir, de parlementaire. Or, nous sommes nombreux à travailler trop dur et depuis trop longtemps pour nous permettre de perdre l’un des membres les plus actifs de notre parti, surtout quand les réformes pour lesquelles nous nous battons sont si près de voir enfin le jour !

— J’ai lu, en effet, que votre troisième projet de loi sur le vote élargi avait été adopté par la Chambre des communes. Félicitations !

Christopher la considéra gravement.

— Il nous reste maintenant à le faire approuver par la Chambre des lords. Or, s’il existe là-bas quelques membres raisonnables comme le père de Lady Maggie, un grand nombre de récalcitrants va, en revanche, essayer de faire traîner. Heureusement que, grâce à votre implication, nous avons toujours Ben à nos côtés dans la bataille. Voilà une raison supplémentaire pour nous de vous manifester notre entière et très sincère gratitude.

— C’est moi qui me sens merveilleusement reconnaissante à l’égard de votre maman pour toute la gentillesse dont elle m’honore depuis des années ! Au point d’avoir été très heureuse de faire pour elle tout ce que je pouvais !

Sur ces mots, Ellie lui adressa l’un de ses sourires si doux qu’il lui fit, comme avant, battre le cœur plus vite.

Afficher en entier

Ajoutez votre commentaire

Ajoutez votre commentaire

Commentaires récents

Bronze

Une histoire plutôt sympathique avec une héroïne loin des clichés. La romance prend le temps de s'installer, bien que les héros se connaissent depuis des années. Mais les conventions les séparent. C'est l'histoire d'une seconde chance.

Belle lecture.

Afficher en entier

Date de sortie

Les gentlemen rebelles, tome 4 : Leçons pour un séducteur

  • France : 2018-02-01 - Poche (Français)

Activité récente

Les chiffres

lecteurs 8
Commentaires 1
extraits 2
Evaluations 2
Note globale 8.5 / 10

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode