Extraits

— Je vais bien…

Elle allait lui dire de monter afin qu’elle aille le reconduire à la station d’essence la plus proche, mais lorsqu’elle se redressa pour le regarder, elle sentit comme un flou noir l’envahir.

Oh, c’est tout à fait ironique, lui souffla son cerveau.

Elle se sentit encore faiblir.

Et puis…

— Écartez-vous, lui dit Lucas d’une voix autoritaire.

Le cœur de Dannai fit un bruit sourd, comme s’il avait fait un bond dans sa poitrine. Elle sentit tout aussitôt une douleur. Elle gémit lorsqu’il passa ses bras autour d’elle pour la soulever. Mais elle garda ses écrans en place — les deux. Elle était têtue comme pas une. Il ne saurait pas qui elle était, même si elle devait en mourir. Elle ressentit un autre coup au cœur, douloureux, se disant que tel risquait d’être finalement son sort.

— Je vous emmène à l’hôpital, lui dit-il.

Elle l’entendit passer en première et sentit le moteur rugir lorsque Lucas s’engagea sur l’autoroute inter-États. Elle ouvrit les yeux et le regarda du siège du passager, où elle se trouvait maintenant.

Il est tellement beau… songea-t-elle stupidement. Même s’il venait de subir un affreux accident, il avait l’air d’un véritable dieu, grand, fort, sombre. Un dieu dangereux. Semblable à Arès. Oh oui, songea-t-elle. Il ressemble à Arès.

Puis elle se rendit compte de ce qu’il venait de lui dire.

Il ne pouvait s’empêcher de la dévisager. Il était redevenu ce garçon qui apercevait pour la première fois un numéro du magazine Playboy sous le lavabo de la salle de bain de son père. Ce qu’il avait vu l’avait renversé totalement ; c’était si beau qu’il était resté assis sur le tapis de la salle de bain, tournant lentement les pages, les yeux rivés sur des courbes parfaites si retouchées qu’elles en étaient irréelles.

Il se souvenait avoir voulu leur toucher. Bordel, quel homme — quel garçon — ne l’aurait pas voulu ? Ses doigts s’étaient crispés de désir. Et c’était encore pire en ce moment même. Lucas ressentit un spasme musculaire à la mâchoire. Il se passa violemment une main dans les cheveux. Bon Dieu ! C’était vraiment pire.

Elle était si belle. Elle était déjà magnifique auparavant. Mais maintenant ? Elle était maintenant une louve accomplie, et la transformation avait intensifié ses attributs déjà si magiques. Ses longs cheveux noirs étaient surnaturellement soyeux. Sa peau brillait comme si elle était recouverte d’une mince couche d’or. Ses lèvres charnues étaient d’un rouge légèrement plus accentué, ne demandant qu’à être embrassées. Et ses yeux… On aurait dit que quelqu’un avait allumé une lumière derrière ses yeux aux couleurs de l’arc-en-ciel, une lumière qui les faisait briller de mille feux. Chaque fois qu’elle le regardait, il arrêtait de respirer.

— Que ne peut-on pas aimer en toi, Danny ? Tu es la magie incarnée, ma chère. Tu peux faire n’importe quoi, nom d’une déesse !

— Les loups-garous n’aiment pas tous la magie, Imani. Et pourquoi essaies-tu tant de me les vanter, de toute façon ? Laisse-moi respirer, ma belle. Je ne sais plus où donner de la tête.

Dannai prit une grande gorgée de sa bière en regardant son amie du coin de l’œil. Inconsciemment, elle porta doucement les doigts au marteau de Thor qui pendait à son ollier, puis elle se concentra de nouveau sur sa bière. Les sorcières étaient difficiles à suivre sur les plans de la culture et de la religion. Une seule et même sorcière pouvait facilement croire en tous les dieux grecs, respecter la déesse Gaia et prier Thor.

Imani Zareb se mit à rire en cascade, d’un rire bas qui ne manquait jamais de ramollir Dannai. Danny avait toujours adoré la voix roucoulante d’Ima, qui avait un timbre sexy comme tout. N’eût été cette voix, Danny serait demeurée tout à fait indifférente à ses propos — sans plus. Mais Imani était une superbe femme d’origines brésilienne et afro-américaine, grande et forte comme son père, belle comme sa mère.