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― Cet enfant sera appelé Selig, le Béni.

― Un nom approprié, car il est sûrement béni,

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Je suppose que je le serai toujours. Mais tu m’aimes quand même.

― Ah oui ?

― Garrick !

Il éclata de rire et roula sur elle.

― N’en doute jamais, Brenna. Jamais. Tu es mienne, désormais, que tu l’admettes ou pas.

― Oh, je l’admets… avec plaisir.

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— Très bien, milady. Mais je continuerai mes paiements pour cette maison. Je refuse de vivre ici par charité.

— Tu es la fille la plus obstinée que j’ai jamais connue, Brenna. Je te vois très bien, proche du terme, chassant le lapin dans les bois ! Tu seras le scandale de cette contrée.

Brenna éclata d’un grand rire, le premier depuis longtemps.

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Doux Jésus, s’échapper de la marmite pour mieux tomber dans le feu !

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Brenna ne lui faisait pas face, mais Heloise ne renonçait pas.

— Si tu as des craintes, parles-en. Peut-être que je peux les soulager. Brenna ? Elle hésita, puis ajouta : Mon fils ne sera pas difficile à servir. Il n’est pas exigeant ou cruel. Peut-être même l’aimeras-tu et trouveras-tu le bonheur ici ?Brenna tourna la tête brutalement, ses yeux flamboyant comme de l’argent poli.

— Jamais ! siffla-t-elle, surprenant les deux femmes tant par la force de son ton, que par le fait qu’elle avait effectivement une langue. Je n’ai pas peur, maîtresse. C’est vous qui avez une raison de craindre, car vous regretterez amèrement le jour où vous avez essayé de faire de moi une esclave ! Du sang en découlera, sans doute celui de votre précieux Garrick !

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— Toutes les femmes ne se ressemblent pas, Garrick. Ta mère est différente. Je ne connais pas de femme plus gentille ou de plus généreuse.Les traits de Garrick s’adoucirent.

— Ma mère est la seule exception. Mais viens, cela suffit. Aujourd’hui, pour notre dernière nuit, j’ai l’intention de boire un baril de bière – et toi, mon ami, tu devras me ramener au bateau quand je serai fin soûl.

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41 La portée des paroles d’Héloïse n’atteignit Brenna que lorsqu’elle fut complètement rétablie : elle était libre. Néanmoins, elle était toujours à la charge d’Anselm. Elle mangeait sa nourriture, dormait sous son toit. Cette dépendance la rongeait. Elle ne voulait pas lui être redevable plus qu’elle ne l’était déjà. Deux mois s’étaient écoulés depuis le début de l’année et le printemps approchait lorsqu’elle se décida à parler à Héloïse. Elle la trouva dans la grande salle, donnant des ordres à ses serviteurs tout en travaillant sur un métier à tisser lesté par une stéatite. Le beau couvre-lit qu’elle confectionnait était presque achevé. — Milady, commença Brenna, je ne peux plus accepter votre hospitalité sans vous payer. — Ce n’est pas nécessaire, Brenna, assura Héloïse. — Au contraire, c’est indispensable. Je suis un fardeau pour vous. — Vous êtes une femme libre et une invitée. Accepter un quelconque paiement d’une invitée est inconcevable. — Dans ce cas je dois partir. Héloïse secoua la tête. — Mon mari m’avait prévenue que cela arriverait. — Comment le savait-il ? demanda Brenna, stupéfaite. — Il se targue de pouvoir prédire vos actions. Il vous voit comme une Viking fière et courageuse. Brenna fut vexée d’être aussi prévisible, et encore plus qu’Anselm l’assimile à son propre peuple. — Ainsi donc, il savait que je ne resterais pas ici indéfiniment ? — C’est ce qu’il m’a dit. Pour ma part, je ne vous croyais pas imprudente au point de partir sans avoir nulle part où aller. — Je suis ainsi faite, se défendit Brenna. Ma vie sera toujours régie par l’orgueil. — Je sais, Brenna. Pardonnez-moi de vous avoir critiquée. Moi aussi, j’étais fière quand je suis arrivée. J’ai appris à l’être moins comme, je l’espère, tu y parviendras un jour. — Je vous remercie pour votre accueil. Je partirai demain. Héloïse esquissa un sourire triste. — Si vous y tenez vraiment, il y a une petite maison sur nos terres où vous pourriez vous installer jusqu’au printemps. Brenna fut à la fois soulagée et déçue. — Uniquement jusqu’au printemps ? — Non, aussi longtemps que vous le souhaiterez. Cependant, si vous le désirez, mon mari propose de vous ramener chez vous ce printemps. Brenna ne savait plus quoi penser. Elle avait tant rêvé de quitter cette terre étrangère si froide ! Puis Garrick lui avait brisé le cœur. Mettre de la distance entre eux changerait-il quoi que ce soit ? Ils étaient déjà séparés par un océan de haine et de méfiance. — Brenna, le désirez-vous ? — Oui, souffla-t-elle. — Pourtant, plus personne ne vous attend là-bas, n’est-ce pas ? — Personne ne m’attend ici non plus. — Vous avez votre tante et votre sœur. Moi-même, je vous aime beaucoup et je m’inquiète pour vous depuis que mon fils… — Ne me parlez pas de lui ! la coupa Brenna. C’est l’être le plus haineux, le plus soupçonneux, le plus méchant que je connaisse ! Elle se mordit la lèvre et reprit : — Pardonnez-moi. C’est votre fils. Il est sûrement irréprochable à vos yeux. — Détrompez-vous. Mon fils a fait beaucoup de choses dont je ne suis pas fière, avoua Héloïse. Brenna s’efforça de chasser Garrick de ses pensées. — Et ma tante ? demanda-t-elle. Vous la libérerez pour qu’elle rentre avec moi ? Héloïse se rembrunit. — Je ne sais pas, mon enfant. Nous sommes devenues si bonnes amies. D’un autre côté, vous aurez davantage besoin d’elle que moi. J’y réfléchirai et je déciderai avant votre départ. — Qu’en sera-t-il de ma sœur et des femmes de mon village ? — Elles se sont adaptées à leur nouvelle vie. Pour autant que je sache, elles sont heureuses ici. — Comme esclaves ? Héloïse sourit. — Nous pourrions en débattre indéfiniment, Brenna. Je sais ce que vous pensez et vous connaissez mon opinion. Leur vie ici n’est pas pire que celle qui était la leur dans leur pays. Brenna allait protester, mais Héloïse l’arrêta d’un geste. — Quant à votre sœur, elle ne peut plus partir car elle porte l’enfant de mon fils aîné. En outre, je doute qu’elle ait envie de retourner vivre sur un domaine dévasté. Brenna tiqua. Elle n’y avait pas pensé. Elle devrait se construire une nouvelle demeure. Même si le manoir tenait encore debout, elle ne supporterait pas d’y vivre seule. — Vous avez parlé d’une petite maison où je pourrais vivre jusqu’au printemps ? lui rappela-t-elle. — Oui, elle n’est pas loin d’ici, près d’un petit lac. Il y a un puits à proximité. — Naturellement, je vous paierai un loyer. Héloïse savait qu’il était inutile de discuter avec une femme aussi têtue. — Naturellement, confirma-t-elle, diplomate. La dernière famille qui y a habité nous donnait une partie de ses récoltes. Comme ce ne peut être votre cas, que diriez-vous de deux fourrures par semaine ? J’ai cru comprendre que vous chassiez depuis l’enfance. Ce ne devrait pas être trop difficile pour vous. — Ce n’est pas assez, décréta Brenna. Disons plutôt trois fourrures par semaine. — Brenna ! la gronda Héloïse. — J’y tiens ! — Dans ce cas, je vous fournirai en sel, car vous aurez plus de viande que vous ne pourrez en manger, et il vous faudra donc la conserver. Je vous donnerai aussi de l’avoine, du seigle et des légumes secs. Vous ne pouvez pas vous nourrir uniquement de viande. Satisfaite, Brenna acquiesça. — J’aurai assez de fourrures au printemps pour payer mon voyage de retour. — Ce ne sera pas nécessaire. Anselm ne voudra pas en entendre parler. — Il n’aura pas le choix, répliqua Brenna. Là-dessus, elle tourna les talons. Héloïse leva les yeux au ciel. — Fichu orgueil ! marmonna-t-elle

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40 Erin n’osa pas désobéir à Garrick. Bien qu’il fût convaincu que ce dernier se trompait, il savait également qu’il ne reviendrait pas sur sa décision. Brenna ne méritait pas un tel traitement et le vieil homme avait mal pour elle. Si Garrick n’avait pas été détruit par Morna, il aurait pu apprendre à faire confiance à Brenna. La malheureuse payait le prix de la trahison d’une autre. Elle ne dit pas un mot tandis qu’il la conduisait chez Anselm en carriole. Il lui avait promis de lui amener Willow dès que celle-ci aurait repris des forces. Brenna n’avait même pas réagi. Ce fut le cœur lourd qu’il la laissa chez son ancien maître.     Dès son arrivée, Brenna fut prise en charge par Linnet qui, affolée par son état, la traita comme une invalide. Elle ne fut pas autorisée à sortir de son lit et n’essaya pas. Alors que ses moindres caprices auraient été exaucés, elle ne demanda rien. Elle touchait à peine aux plats déposés devant elle malgré les injonctions de sa tante. Loin de reprendre des forces, elle s’affaiblit. Elle ne donna aucune explication, ne répondit à aucune question… Et puis Cordella lui rendit visite. — Linnet me dit que tu dépéris, déclara-t-elle joyeusement en s’asseyant sur le bord de son lit. J’en suis ravie. Brenna ne parut pas l’avoir entendue. Elle se contenta de lui adresser un regard neutre. Cela agaça Cordella plus qu’une réplique acerbe. — Tu m’écoutes, Brenna ? Je suis contente que tu meurs, comme cela, tu ne seras pas dans les parages pour me voler Hugh. D’autant qu’avec mon gros ventre, il a tendance à aller voir ailleurs. Constatant que Brenna ne cillait pas, elle se leva et se mit à arpenter la pièce. — Hugh est fou de moi, comme son père. Cela dit, je n’ai pas reçu d’aussi beaux cadeaux que ceux de ton Viking. Tu as toujours été trop gâtée, Brenna ! Jamais satisfaite. Pourquoi l’as-tu fui ? Maintenant te voilà ici où personne ne veut de toi. Chaque fois que tu rôdes autour de moi, je perds quelque chose. Pas cette fois ! Tu ne me prendras pas Hugh, je te tuerai avant ! Brenna la suivait du regard. — Tu es folle, dit-elle d’une voix faible. Pour rien au monde je ne voudrais de Hugh. Il me dégoûte. — Menteuse ! Tu veux tout ce qui m’appartient. — Tes inquiétudes sont absurdes. Tu m’écœures avec ta jalousie. Je ne veux rien de ce qui est à toi. Je ne veux plus d’homme dans ma vie. Plus jamais ! — Pas même ton cher Viking, celui qui t’a rejetée pour une autre ? riposta Cordella en riant un peu trop fort. Oui, je suis au courant pour Morna, son seul amour. Pour la première fois depuis des jours, Brenna se redressa dans son lit. — Sors d’ici ! Cordella se dirigea vers la porte, puis, adressant à Brenna un sourire chaleureux totalement inattendu, elle lâcha : — Je te retrouve enfin. Tu serais bien capable de vivre rien que pour me contrarier ! Brenna demeura perplexe. Était-elle venue en ayant le projet de la faire sortir de ses gonds ? Voulait-elle vraiment qu’elle vive ? Linnet apparut. — Tu as l’air d’aller mieux ! s’exclama-t-elle, l’air soulagé. — Quelle mouche a piqué Della ? demanda Brenna. — Elle a beaucoup changé depuis qu’elle est enceinte. Elle était très inquiète pour toi. Elle m’a dit en pleurant qu’elle t’avait fait beaucoup de tort et craignait de ne jamais pouvoir se racheter. — J’ai du mal à le croire. — Nous t’avons tous crue morte, Brenna. Comment as-tu pu faire une telle bêtise ? — Ma seule bêtise a été de retourner auprès de Garrick. — Tu es en vie, c’est tout ce qui importe. Tu dois à présent faire le nécessaire pour retrouver des forces. — J’ai tellement de choses à vous raconter, ma tante. — D’abord, tu dois parler à Héloïse. Cela fait des jours qu’elle attend. Je vais la chercher. Je te rapporterai aussi de la nourriture, et cette fois, tu avaleras tout ! Brenna patienta. Elle se remettrait. Elle ne faisait du mal qu’à elle-même en s’apitoyant sur son sort et en s’abandonnant au chagrin. Les paroles d’Anselm lui revinrent soudain à l’esprit : « Je la libérerai plutôt que de la donner à un autre. » Elle lui appartenait, désormais. Il était temps de lui rappeler sa promesse. Héloïse entra dans la chambre. Linnet la suivait, un plateau chargé de nourriture entre les mains. L’estomac de Brenna gronda, mais elle décida de remettre son repas à plus tard. — J’ai tué un ennemi des Haardrad et, conformément à la loi viking, j’exige d’être libérée, déclara-t-elle sans préambule. Les deux femmes restèrent sans voix. Brenna raconta alors ce qui lui était réellement arrivé. — Comme Garrick, vous pouvez choisir de ne pas me croire, conclut-elle. Mais je vous jure que tout est vrai. — C’est une histoire incroyable, Brenna, avoua Héloïse. Que vous ayez survécu à un tel périple en cette saison est difficile à imaginer, reconnaissez-le. — Je le reconnais. Sans mon amour pour Garrick, je ne serais plus là. — L’amour nous donne de la force et nous permet d’accomplir des prouesses, admit Héloïse. Je vous crois, Brenna ; je crains toutefois d’être la seule. — Peu m’importe ce que les autres pensent. Tout ce qui compte, c’est que votre mari soit convaincu. Je ne supporterai pas d’avoir enduré autant d’épreuves pour rien. Je veux ma liberté. — Je lui raconterai votre histoire, promit Héloïse. Cela dit, qu’il vous croie ou pas ne changera rien. Vous êtes déjà une femme libre, Brenna. Vous l’êtes depuis que Garrick a renoncé à vous

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39 Il lui fallut une journée entière pour faire le tour du lac. Ce fut la partie la plus difficile de son périple. À de nombreuses reprises, elle dut entrer dans l’eau, des rochers lui bloquant la route. Elle devait ensuite attendre que ses vêtements sèchent en se protégeant de son mieux contre les engelures. Elle traversa des zones désertiques sans l’ombre d’une proie. Le pire était la neige qui recouvrait encore le sol après la dernière tempête. Elle devait la déblayer pour que Willow puisse brouter. Puis elle dut quitter la rive du lac et s’aventurer plus au nord afin de trouver de la nourriture pour elle-même. Elle traversa des ruisseaux gelés, longea des étangs couverts de glace. Le terrain escarpé ralentissait sa progression. Elle se confectionna un arc en démêlant des fils de sa corde et tailla des flèches avec la hache. Trouver du gibier était le plus épuisant. Elle se demandait comment Garrick réussissait à rapporter autant de peaux lors de ses expéditions hivernales. Chaque pas qui la rapprochait de la maison améliorait son moral. Elle ne se sentait plus impuissante et ne doutait plus de parvenir à bon port. Ses entailles et ses ampoules, ses courbatures et ses articulations douloureuses lui étaient désormais si familières qu’elle ne les remarquait plus. Elle aurait tout le temps de se remettre. Garrick la soignerait et son amour lui rendrait ses forces. Car il l’aimait, même s’il ne l’admettait pas encore. Ces pensées la poussaient en avant chaque fois qu’elle sentait le découragement la gagner. De savoir qu’il serait là pour elle à la fin de son périple rendait toutes ses épreuves supportables. Comme il avait dû s’inquiéter et la chercher ! Il avait sans doute perdu tout espoir de la revoir. Cela ne rendrait leurs retrouvailles que plus douces. Le soulagement et la joie la submergèrent lorsqu’elle parvint enfin dans un paysage qu’elle reconnut. Si Willow n’avait pas été en aussi piteux état qu’elle, elle aurait parcouru le reste du chemin au galop. En fait, il lui fallut encore deux heures pour atteindre le sommet de la dernière colline et découvrir enfin la maison de Garrick. Elle avait cru ne jamais la revoir. Erin était dans l’écurie lorsqu’elle ouvrit la porte en tirant Willow derrière elle. Il la fixa, éberlué. — Tu… tu es revenue d’entre les morts, balbutia-t-il en pâlissant. Brenna trouva la force de rire. — Non, je ne suis pas morte, même si j’ai bien souvent souhaité l’être. Il secoua la tête. Il affichait une expression étrange, à mi-chemin entre l’effroi et la compassion. — Tu n’aurais pas dû t’enfuir, ma fille. — Pardon ? — Surtout, après t’être enfuie, tu n’aurais pas dû revenir. Sa méprise la fit sourire. — Je ne me suis pas enfuie, Erin. J’ai été enlevée par deux Vikings qui vivent de l’autre côté du fjord. Partagé entre l’envie de la croire et la conviction qu’elle mentait, il préféra ne pas insister. — Tu fais peur à voir, ma pauvre enfant. Je vais te préparer à manger. — Non, je mangerai dans la maison. Garrick est là ? Comme il acquiesçait d’un air hésitant, elle poursuivit : — Tu sais, j’ai essayé d’appeler depuis l’autre rive. Personne ne m’a entendue. Je ne pouvais pas m’attarder car j’ai tué l’un des hommes qui m’avaient enlevée, un fils de chef, je crois. Elle semblait hagarde. — Brenna, sais-tu seulement ce que tu dis ? Elle ne parut pas l’entendre et reprit : — J’ai perdu le compte des jours. J’ai fait tout le tour du fjord. Depuis combien de temps suis-je partie, Erin ? — Près de six semaines. — Si longtemps ? — Brenna… — Occupe-toi de Willow. Elle a autant souffert que moi et a besoin de soins. Je vais voir Garrick. — Brenna, n’entre pas dans la maison, l’arrêta-t-il comme elle pivotait. Elle se figea. — Pourquoi ? — Tu n’y seras pas la bienvenue. — Ne sois pas ridicule, Erin. Lui aussi croit que je me suis enfuie ? — Oui. — Raison de plus pour que je lui parle sans attendre. Il doit savoir la vérité. — Brenna, je t’en prie… — Tout se passera bien, l’interrompit-elle en se dirigeant vers la porte. — Je t’accompagne, décida-t-il. Il faisait chaud dans la cuisine. Les femmes étaient aux fourneaux et les bonnes odeurs qui flottaient dans l’air firent mollir les genoux de Brenna. Janie fut la première à la voir. Elle se pétrifia, et son regard s’emplit de terreur jusqu’à ce que Brenna lui sourie et la serre dans ses bras. Elles n’échangèrent pas un mot. Brenna voulait conserver ses forces et Janie était trop émue pour parler. Brenna poursuivit son chemin vers la grande salle, laissant Erin leur expliquer ce qui lui était arrivé. Garrick était penché devant la cheminée, tisonnant les braises comme s’il pourfendait un ennemi. Brenna prit le temps de le contempler, puis s’approcha derrière lui. Il sentit sa présence et se retourna. Ils se dévisagèrent un long moment. La stupeur dans son regard céda la place à la colère. Alors elle se jeta dans ses bras et l’étreignit avec le peu de force qui lui restait. Elle le sentit se raidir. Il ne referma pas les bras autour d’elle et, au bout de quelques secondes, la repoussa. — Tu es revenue, dit-il simplement. Son regard et son ton la transpercèrent. Ils n’exprimaient pas seulement de la colère, mais aussi de la haine. — Tu t’es perdue en chemin ? Ou tu t’es rendu compte que tu ne pouvais pas survivre seule dans la nature ? — Elle ne s’est pas enfuie, Garrick, intervint Erin derrière elle. Deux hommes l’ont emmenée de force de l’autre côté du fjord. — C’est ce qu’elle t’a raconté ? — Je la crois, déclara Erin d’un ton ferme. Cela explique que le chien soit rentré trempé et blessé. Il a sans doute essayé de traverser le fjord lui aussi. — Ou il est tombé dedans en tentant de la suivre, ce qui lui a coûté la vie. — Le chien est mort ? s’écria Brenna. Garrick ne lui répondit pas. Elle se tourna vers Erin qui hocha tristement la tête. Juste ciel ! Ses propres souffrances n’avaient-elles pas suffi ? Les larmes lui montèrent aux yeux. En gagnant l’affection de ce chien, elle l’avait conduit à la mort. Garrick semblait être du même avis. — C’est Arno qui a blessé le chien, murmura-t-elle. Il lui a donné un coup de pied quand Cedric a voulu le tuer. — Cedric ? — Ce sont eux qui m’ont enlevée, Garrick ! Il paraissait dubitatif. — Tu dois me croire ! Ils sont venus sur un navire pour pouvoir emmener mon cheval avec moi. Ils voulaient te faire croire que je m’étais enfuie afin que personne ne les soupçonne. — Pourquoi ? — Je l’ignore. Je sais juste qu’ils ont agi à la demande d’une femme. Ils m’ont gardée dans la ferme d’Arno même si je devais appartenir à Cedric. Quand ce dernier a voulu me violer, je l’ai tué et je me suis enfuie. J’ai d’abord essayé d’attirer ton attention depuis l’autre rive, sans succès. Je ne sais pas nager et n’ai pas trouvé de barque, si bien que j’ai dû faire tout le tour du fjord. — Erin, emmène-la loin d’ici avant que je m’énerve et lui fasse du mal. Erin posa la main sur les épaules de Brenna. Elle se dégagea. — C’est la vérité, Garrick ! Par tous les saints, pourquoi mentirais-je ? — Dans l’espoir que je te pardonne et te reprenne chez moi, suggéra-t-il sèchement. Il est trop tard. Les larmes roulèrent sur les joues de Brenna. — Il te suffit de le vérifier ! s’écria-t-elle. Traverse le fjord. Tu constateras par toi-même que Cedric est mort, tué par ma dague. — Si on me trouve sur les terres Borgsen, on me tuera. Mais tu le sais sans doute, tout comme tu as glané les prénoms des Borgsen en écoutant les autres femmes. Elles connaissent l’histoire et ne sont jamais à court de ragots. — Ce n’est pas vrai ! sanglota-t-elle. Demande-le-leur ! — Ton histoire ne tient pas debout, rétorqua-t-il en lui tournant le dos. Personne ne survivrait si longtemps en plein hiver. Erin, emmène-la chez mon père. — Chez ton père ? Pourquoi ? Il fit volte-face. Le regard qu’il fixa sur elle était si venimeux qu’elle recula. — Mon intention, si je te retrouvais, était de te vendre quelque part à l’est, là où les esclaves sont traités comme des esclaves et non avec les privilèges que j’ai été assez sot pour t’accorder. Toutefois, tu m’as été offerte par mon père, et puisque je ne veux plus de toi, il a le droit de te récupérer. — Viens, Brenna, dit doucement Erin. Elle était anéantie. Un flot de bile remonta dans sa gorge, menaçant de l’étouffer. Elle se serait effondrée sur le sol si Erin ne l’avait pas soutenue. Elle se laissa entraîner vers la cuisine. Sur le seuil, elle s’arrêta et se tourna vers Garrick une dernière fois. — Tout ce que j’ai dit est vrai, articula-t-elle d’une voix sans timbre. C’est mon amour pour toi et le désir de te retrouver qui m’a permis de survivre. J’ai frôlé la mort à de multiples reprises, mais j’ai tenu bon parce que je pensais que tu serais là pour moi, au bout du chemin. J’aurais mieux fait de mourir. Au moins, cela t’aurait rendu heureux. Il ne daigna même pas la regarder. Elle eut l’impression qu’on lui enfonçait un poignard dans la poitrine. Elle l’avait perdu. Plus rien n’avait d’importance

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38 Un jet d’eau glacée en pleine figure ramena Brenna à elle. Elle s’étrangla et toussa – elle croyait être en train de se noyer. Elle rouvrit les yeux. Elle était consciente d’un danger sans se souvenir de ce qui la menaçait. Puis elle vit la haute silhouette se dressant au-dessus d’elle. Cedric était entièrement nu. Il la contemplait avec un sourire lubrique qui la révulsa. Affolée, elle s’aperçut alors qu’il avait déchiré sa robe, exposant sa nudité. Était-ce fait ? L’avait-il violée ? Non, non, non ! Elle ne pouvait croire que son esprit l’avait à ce point désertée, la laissant impuissante face à cette ignoble brute. — Tiens, te revoilà ! dit-il avec mépris. Tu es comme toutes mes femmes qui tournent de l’œil à la moindre petite douleur. Je t’aurais crue plus résistante. L’atroce souvenir de son supplice lui revint en mémoire. Baissant les yeux, elle vit les marques violacées sur ses seins. Elle tenta de rabattre les pans de sa robe, mais ils ne restaient pas en place. — Tu n’es qu’un porc ! hurla-t-elle. Cedric se mit à rire. — Quoi, tu n’apprécies pas mes méthodes pour procurer du plaisir ? Tu y viendras, Brenna. Tu finiras par adorer ce que je te fais et les différentes manières que j’aurai de te prendre. Tu découvriras le plaisir exquis de la douleur et tu me supplieras de t’en donner plus. L’estomac de Brenna se souleva. Cet homme était un monstre. Elle le dévisagea, écœurée et néanmoins incapable de détourner les yeux. Les cicatrices qui lui couvraient les bras et le torse n’étaient rien comparées à la hideuse entaille boursouflée qui courait le long de son aine. Son sexe en érection pointait droit devant lui. Il était si énorme qu’il ne pouvait que la déchirer. Elle se mordit la lèvre. — M’as-tu… balbutia-t-elle, m’as-tu déjà prise ? Sa question le fit rire. — Tu en doutes ? Quand elle gémit d’angoisse, il rit de plus belle. — Mais non, répliqua-t-il. Quand je monte une femme, je la veux consciente pour qu’elle sente chaque centimètre de mon beau gourdin. Elle doit savoir qui la domine. Le soulagement de Brenna fut de courte durée. Lorsqu’il se pencha sur elle, elle recula précipitamment en s’aidant de ses coudes et de ses talons. Elle espérait se rapprocher de sa dague. Il ne lui en laissa pas le temps et, avec un cri victorieux, il se jeta sur elle. Il était si lourd que cela lui coupa le souffle. Elle tendit frénétiquement la main derrière elle, et paniqua en ne sentant que la terre battue. Cedric lui écarta les cuisses du genou. Elle n’allait pas pouvoir le retenir bien longtemps. Ce fut à cet instant que ses doigts rencontrèrent le métal froid de la lame. Elle l’attira à elle jusqu’à saisir le manche. Elle aurait pu lui trancher la gorge s’il ne s’était pas rendu compte qu’elle ne se débattait plus. Puis il vit son bras sous le tapis, et l’arme qu’elle en extirpa. Il lui agrippa le poignet, le plaqua sur le sol près de sa tête, exerçant une telle pression que sa prise se desserra. Elle résista de toutes ses forces. Elle ne pouvait lâcher la dague, sa vie en dépendait. Il se redressa soudain à genoux, la chevauchant, et brandit sa main libre haut derrière lui pour la frapper. Avant que son poing s’abatte sur elle et l’assomme de nouveau, elle leva brusquement les jambes et, d’un violent coup de reins, le fit basculer en avant. Il tomba la tête la première en hurlant de douleur. Et ne bougea plus. Elle attendit quelques secondes. Elle ne pouvait croire que ce simple mouvement avait eu raison de ce mastodonte. Puis elle comprit : il était tombé sur la dague dressée. Son soulagement fut tel que le souffle lui manqua. À force de contorsions, elle parvint à s’extirper de sous lui et à se relever. Il ne bougeait toujours pas. S’il n’était pas encore mort, cela ne tarderait pas. Une flaque de sang se répandait lentement sous lui. Soudain prise de nausée, elle se retourna et vomit. Elle devait agir vite. Le temps était son nouvel ennemi. Arno pouvait revenir d’un instant à l’autre et donner l’alerte. Elle avait tué un Viking, un homme libre, pire, le fils d’un chef de clan. Elle serait traquée sans merci et tuée. Son seul espoir était de rejoindre Garrick avant d’être capturée. Il la protégerait. Elle rassembla rapidement de la nourriture, des couvertures, les armes de Cedric, la corde avec laquelle Arno l’avait attachée, quelques silex. Elle plaça le tout dans un tapis dont elle fit un ballot, attrapa sa cape et se rua dehors. Elle trouva rapidement l’abri rudimentaire où était attachée Willow. Elle ne prit pas la peine de la seller. Elle jeta une couverture sur son dos, puis saisit un sac d’avoine qu’elle ajouta à son fardeau. Dehors, le ciel était bleu marine, sans une étoile. Elle fila droit devant en priant pour que la maison d’Arno soit face au fjord. Au loin sur sa gauche, elle aperçut soudain Arno qui rentrait chez lui à cheval. Lui aussi la vit et elle se crut perdue. Toutefois, il ne vint pas vers elle. Il s’arrêta et la regarda s’éloigner. Elle ne perdit pas de temps à s’interroger et éperonna sa monture. Avant de disparaître derrière un écran d’arbres, elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Arno se précipitait vers sa maison. Il avait dû enfin comprendre ce qu’il s’était passé. Quelle avance avait-elle ? Arno irait probablement chercher des renforts pour la capturer. Cela lui laissait un peu de temps car il devrait d’abord les convaincre que Cedric avait été tué par une femme. Elle continua à galoper droit devant pendant ce qui lui parut une éternité jusqu’à ce que, enfin, elle entende le clapotis de l’eau. Elle ralentit l’allure et approcha lentement du fjord. Elle s’avança sur la berge plate, scruta l’autre rive. Il n’y avait qu’une épaisse forêt, aucun signe de la falaise qui constituait son point repère. Elle ignorait jusqu’où ses ravisseurs avaient remonté le fjord. Elle ne savait même pas si elle était plus au nord ou plus au sud de la maison de Garrick. — Seigneur, indiquez-moi la direction à prendre ! cria-t-elle vers le ciel. Comme en réponse, Willow tourna à gauche et commença à longer le bord de l’eau. Se cramponnant à la crinière de sa jument, son ballot serré contre elle, elle avança le long de la berge jusqu’à ce que les étoiles apparaissent. Depuis combien de temps chevauchait-elle. Une heure ? Deux ? Enfin, elle reconnut le paysage de l’autre côté du fjord : la falaise et, un peu plus loin, la grande demeure en pierre. Elle eut du mal à contenir sa joie. Des eaux profondes la séparaient de son amour, mais celui-ci était assez fort pour surmonter cet obstacle. Elle serait bientôt de nouveau en sécurité. Une fois parvenue en face de la grande bâtisse, elle mit pied à terre et appela Garrick en hurlant. Encore et encore. N’obtenant pas de réponse, elle se demanda s’il était chez lui. Sans doute était-il parti à sa recherche. Il y avait pourtant quelqu’un car un panache de fumée sortait d’une des cheminées. Toutes les portes étant fermées, pouvait-on entendre ses cris ? Sa joie initiale commença à refluer. À force de crier, sa voix était rauque et sa gorge la brûlait. Être arrivée si près du but et n’être ni vue ni entendue ! À présent, même si quelqu’un sortait de la maison, elle ne parviendrait pas à attirer son attention car elle n’était plus capable d’émettre un son. En proie au désespoir, elle se laissa tomber sur le sol et éclata en sanglots. Que faire ? Elle ne pouvait rester là à attendre jusqu’au matin que quelqu’un apparaisse ! Arno la trouverait avant. Comment rentrer à la maison sans aide ? Elle ne savait ni nager ni manœuvrer un drakkar. Traverser le fjord en barque signifierait laisser Willow derrière elle. Cette pensée lui fendait le cœur, même si cela semblait être la seule solution. Encore fallait-il trouver une embarcation. Elle remonta sur sa jument et rebroussa chemin.     La première nuit, elle ne dormit pas. Elle passa devant le débarcadère où le drakkar des Borgsen était amarré. Il n’y avait aucune autre embarcation dans la petite baie, elle continua donc de longer le fjord, chevauchant jusqu’à avoir des douleurs dans le dos et ne plus sentir ses jambes. Son estomac avait cessé depuis longtemps de réclamer de la nourriture. Le lendemain matin, elle fit enfin halte afin de laisser sa jument se reposer. Elle la nourrit, la bouchonna, puis découpa des morceaux du tapis de fourrure pour la couvrir. Avec la pointe de l’épée de Cedric, elle perça des trous dans sa robe déchirée et, à l’aide de fines lamelles de cuir, la raccommoda de son mieux. Puis elle se roula en boule près de Willow et dormit quelques heures. Elle continua ainsi durant des jours, ne s’arrêtant que pour prendre quelques heures de sommeil et des repas hâtifs. Elle était tenaillée par la peur d’être capturée. Elle fut bientôt à cours de nourriture et dut se résoudre à chasser. Elle se félicita d’avoir pensé à prendre des silex pour faire du feu. Jusqu’à présent, elle s’était retenue d’en allumer, craignant que la fumée n’alerte ses poursuivants, mais si elle ne voulait pas manger sa viande crue, elle n’avait plus le choix. Le sixième jour, elle abandonna tout espoir de trouver une barque. La seule solution désormais, c’était d’atteindre l’extrémité du fjord pour le contourner. Elle en ignorait la longueur. À mesure que le temps passait, il semblait s’étirer à l’infini. Elle ne continuait d’avancer que faute d’une alternative. Parfois, elle marchait à côté de Willow, usant les bandes de laine dont elle s’était enveloppé les pieds. Elle ne chassait que lorsque la faim la rendait si faible qu’elle n’arrivait plus à avancer. À deux reprises, elle s’effondra de fatigue. Elle ne reprit connaissance que lorsque Willow la poussa du museau. Sa fidèle jument ne voulait pas la laisser mourir. Lorsque son corps rompu et transi n’en put plus, elle sombra dans un sommeil qui dura une journée et une nuit. Même Willow ne parvint pas à la réveiller. Lorsqu’elle en émergea enfin, elle était toujours aussi épuisée. Découragée, elle décida d’attendre la mort. Ses membres étaient si engourdis qu’elle ne sentait plus la douleur. Willow tenta d’attirer son attention. Elle ferma les yeux, implorant en silence sa chère jument de la laisser mourir en paix. Quand elle l’entendit s’éloigner, elle rouvrit les paupières et redressa la tête. Ce fut alors qu’elle vit le lac immense niché au pied de la montagne. Elle était arrivée au bout du fjord

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