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Extrait

Extrait ajouté par magyari 2015-09-15T19:19:04+02:00

Se tournant à droite, Cam croisa le regard bleu d'Amelia Hathaway. Ils avaient été placés l'un à côté de l'autre. Une vague de plaisir le parcourut. Elle avait les yeux brillants, les cheveux lustrés, et une peau divine qui devait avoir le goût d'un dessert au lait sucré. Alors qu'il l'étudiait, l'expression gadjo « à croquer», qui l'avait amusé la première fois qu'il l'avait entendue, lui vint à l'esprit. Il trouvait le naturel d'Amelia mille fois plus séduisant que la sophistication des autres femmes présentes, poudrées et harnachées de bijoux.

— Si vous essayez de paraître doux et civilisé, sachez que c'est raté, le prévint Amelia.

— Je vous assure que je suis inoffensif.

— Cela vous arrangerait que tout le monde le croie, répliqua-t-elle avec un sourire.

Cam savourait son parfum léger et frais, jouissait des intonations charmantes de sa voix. Il avait envie de lui caresser les joues et la gorge, mais se contenta de la regarder tandis qu'elle disposait sa serviette de table sur ses genoux.

Un valet de pied s'approcha pour remplir leur verre à vin. Cam remarqua qu'Amelia ne cessait de jeter des coups d'oeil en direction de ses frère et soeurs. Elle se raidit quand son regard accrocha celui de Christopher Frost, assis presque à l'autre extrémité de la table. Elle semblait fascinée par ce gadjo. De toute évidence, il existait encore quelque chose entre eux. Et à en juger par son expression, Frost était plus que désireux de renouer avec elle.

Cam dut faire appel à toute sa volonté - et Dieu sait qu'il en avait - pour ne pas embrocher Christopher Frost avec l'un de ses couverts. Il voulait l'attention d'Amelia. Son attention exclusive.

— Lors du premier grand dîner auquel j'ai assisté à Londres, commença-t-il, je m'attendais à ressortir affamé. À sa grande satisfaction, Amelia se tourna aussitôt vers lui.

— Pourquoi ?

— Parce que je croyais que les petites assiettes sur le côté étaient celles que les gadjé utilisaient pour le plat principal. Ce qui signifiait qu'on n'allait pas avoir grand-chose à manger.

Amelia se mit à rire.

— Vous avez dû être soulagé quand on a apporté les grandes assiettes.

— Même pas. J'étais bien trop occupé à me remémorer les règles de conduite à table.

- Par exemple ?

— Qu'il faut s'asseoir là où on vous l'indique, ne pas parler politique ou fonctions corporelles, manger la soupe sur le côté de la cuillère, ne pas utiliser la pique à crustacés comme fourchette, et ne jamais offrir à quelqu'un un morceau pris dans votre assiette.

— Les Roms échangent la nourriture de leurs assiettes ?

Il la regarda sans ciller.

— Si nous mangions à la manière bohémienne, assis autour d'un feu, je vous offrirais les bouchées de viande les plus goûteuses, la tranche de pain la plus tendre, les morceaux de fruits les plus sucrés.

Les joues soudain colorées, Amelia s'empara de son verre de vin. Après en avoir bu une gorgée, elle déclara sans le regarder:

- Il est rare que Merripen parle de ces choses. Je crois que j'en ai plus appris de vous que de lui, que je connais pourtant depuis douze ans.

Merripen. Le chal taciturne qui l'accompagnait à Londres. À la familiarité de leurs échanges, on devinait sans peine qu'il était plus qu'un simple domestique à ses yeux. Avant que Cam puisse poursuivre sur le sujet, on servit le potage. Des maîtres d'hôtel aidés des valets de pied présentèrent à chaque convive de grandes soupières fumantes, offrant le choix entre le consommé de saumon au citron vert et à l'aneth, la soupe d'orties au fromage parfumée au carvi, le potage au cresson garni de fines tranches de faisan ou le velouté aux champignons, enrichi de crème et de cognac. Après avoir choisi la soupe d'orties et attendu qu'on dépose le petit bol en porcelaine devant lui, Cam se tourna de nouveau vers Amelia. À son grand dépit, son autre voisin avait monopolisé son attention, lui décrivant avec enthousiasme sa collection de porcelaines d'Extrême-Orient. Il résolut donc de s'intéresser à la femme du vicaire. Celle-ci portait sa cuillère à ses lèvres lorsqu'elle sentit son regard sur elle. Elle se remit à toussoter, sa cuillère tremblant dans sa main. Cam chercha un sujet susceptible de l'intéresser.

— Du marrube, déclara-t-il sur le ton de la conversation.

Affolée, elle écarquilla les yeux tandis qu'une veine se mettait à palpiter sur son cou.

— Ma... ma... ma... balbutia-t-elle.

— Marrube, racine de réglisse et miel. C'est excellent pour se débarrasser des glaires qui encombrent la gorge. Ma grand-mère était guérisseuse, elle m'a fait connaître de nombreux remèdes.

Au mot « glaires », c'est tout juste si les yeux de sa voisine ne lui sortirent pas de la tête.

— Le marrube est aussi préconisé pour la toux et les morsures de serpents, précisa Cam sans se laisser décourager.

Blême, la femme du vicaire reposa sa cuillère dans son bol et, pivotant vers les dîneurs assis à sa gauche, leur accorda une attention désespérée. Son effort d'amabilité ayant échoué, Cam en fut réduit à observer le ballet des domestiques qui apportaient les plats suivants : ris de veau à la sauce béchamel, terrine de perdrix aux herbes, tourte au pigeon, bécasse en salmis et gratins de légumes. Mais contrairement aux autres invités, Amelia Hathaway ne prêtait guère attention à ces plats somptueux. Elle semblait concentrée sur la conversation qui se déroulait à l'extrémité de la table, entre son frère Léo et lord Westcliff. Et si elle affichait un visage impassible, ses doigts se crispaient sur sa fourchette.

—... évident que vous possédez une grande surface de bonne terre retombée en jachère, disait Westcliff, que Léo écoutait sans intérêt apparent. Je mettrai mon propre régisseur à votre disposition afin qu'il vous informe des conditions de métayage dans le Hampshire. En général, il n'y a pas de documents écrits, ce qui signifie que le respect des conditions repose sur l'honneur des deux partis en...

— Je vous remercie, l'interrompit Léo après avoir avalé la moitié de son verre de vin d'une traite, mais je m'occuperai de mes métayers quand je jugerai le moment venu, milord.

— J'ai bien peur qu'il ne soit trop tard pour certains d'entre eux, répliqua Westcliff. La plupart des fermes sur vos terres menacent ruine. Les gens qui dépendent à présent de vous ont été négligés pendant bien trop longtemps.

— Alors, il est grand temps qu'ils apprennent que j'ai pour habitude de négliger les gens qui dépendent de moi. N'est-ce pas, petite sœur? lança-t-il à Amelia, le regard dur.

Au prix d'un effort manifeste, Amelia s'obligea à desserrer les doigts sur sa fourchette.

— Je suis certaine que lord Ramsay prêtera beaucoup d'attention aux besoins de ses métayers, dit-elle prudemment. Je vous en prie, ne vous fiez pas à son apparente légèreté. Il essaye d'être amusant. En vérité, il a parlé de son intention d'améliorer les baux et d'étudier les méthodes modernes d'agriculture...

— Si j'étudiais quelque chose, coupa Léo d'une voix traînante, ce serait le fond d'une bonne bouteille de porto. Les métayers de Ramsay House ont prouvé leur capacité à s'accommoder d'une aimable négligence... Ils n'ont de toute évidence pas besoin que je me mêle de leurs affaires.

Quelques invités accueillirent ces paroles désinvoltes avec un rire forcé, mais la tension était palpable. Si Léo avait délibérément voulu se faire un ennemi de Westcliff, il n'aurait pu s'y prendre mieux. Le comte portait un intérêt sincère aux personnes moins bien nanties que lui, et il détestait les aristocrates imbus d'eux-mêmes qui fuyaient leurs responsabilités. Comme il fronçait les sourcils, le regard froid, Cam entendit Lillian murmurer :

— Flûte!

Mais à l'instant où son mari ouvrait la bouche pour dire son fait à l'insolent, l'une des invitées poussa un hurlement. Deux autres dames bondirent de leur chaise, imitées par quelques messieurs. Tous fixaient le centre de la table d'un air effaré. Suivant leur regard, Cam aperçut quelque chose - un lézard ? - qui se faufilait entre les saucières et les carafes. Sans hésiter, il captura la petite créature qu'il garda ensuite entre ses mains refermées en conque.

— Je l'ai, annonça-t-il tranquillement.

La femme du vicaire s'affaissa sur sa chaise en gémissant, au bord de l'évanouissement.

— Ne lui faites pas de mal! s'écria Beatrix Hathaway. C'est la mascotte de la famille !

— Quel soulagement! déclara lady Westcliff avec calme, les yeux rivés sur son mari qui, à l'autre bout de la table, arborait une expression impassible. J'ai cru qu'il s'agissait d'un de ces mets raffinés dont les Anglais ont le secret.

Le visage de Westcliff se colora brièvement, et il détourna le regard avec une détermination farouche. Pour qui le connaissait bien, il était évident qu'il luttait pour ne pas rire.

— Tu as apporté Spot ici ? demanda Amelia, incrédule, à sa jeune sœur. Je t'avais pourtant ordonné de t'en débarrasser !

— J'ai essayé, répondit Beatrix d'un air contrit. Mais quand je l'ai laissé dans le bois, il m'a suivie jusqu'à la maison.

— Beatrix, répliqua Amelia avec sévérité, les reptiles ne suivent pas les gens chez eux.

— Spot n'est pas un lézard ordinaire. II...

— Nous en discuterons dehors.

Amelia se leva, ce qui obligea les messieurs présents à limiter. Elle adressa un regard gêné à Westcliff.

— Je vous demande pardon, milord. Si vous voulez bien nous excuser...

Le comte hocha la tête. Christopher Frost fixait Amelia avec une intensité qui hérissa Cam.

— Puis-je vous aider? demanda-t-il.

Il s'exprimait d'un ton soigneusement détaché, mais Cam était persuadé qu'il était pressé de se retrouver dehors avec elle.

— Inutile, intervint Cam, suave. Comme vous le voyez, j'ai la situation en main. Je suis à votre service, mademoiselle Hathaway...

Sur ce, le reptile se tortillant entre ses paumes, il quitta la pièce en compagnie des deux sœurs.

Cam leur fit franchir une porte-fenêtre donnant dans un jardin d'hiver éclairé par des torches. Entre les colonnes blanches qui supportaient de luxuriantes plantes exotiques, on apercevait les nuages qui couraient dans le ciel sombre. Dès que la porte fut refermée, Amelia se précipita vers sa sœur, les bras levés. Dans l'intention de la secouer, crut tout d'abord Cam. Mais Amelia attira Beatrix contre elle en pouffant de rire.

— Tu l'as fait exprès, n'est-ce pas ? hoqueta-t-elle. Je n'arrivais pas à en croire mes yeux. Ce maudit lézard courant sur la table...

— Il fallait que je fasse quelque chose, répondit Beatrix d'une voix étouffée. Léo se conduisait si mal... Je ne comprenais pas ce qu'il disait, mais je voyais le visage de lord Westcliff...

— Le pauvre Westcliff ! Alors qu'il déf... fendait la population locale contre la tyrannie de Léo, balbutia Amelia en s'étranglant de rire, voilà que Spot se faufile entre les assiettes...

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