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Extrait

Extrait ajouté par magyari 2015-09-16T16:38:47+02:00

Quand Christopher arriva en vue du manoir, auquel le mélange des styles architecturaux conférait un charme particulier, il mit Albert en laisse. Après l'avoir attaché à une colonne du porche, il frappa à la porte, non sans une pointe d'appréhension. Il fit un pas en arrière quand la porte fut violemment ouverte par une gouvernante à l'expression affolée.

— Je vous demande pardon, monsieur, nous sommes en plein...

Elle s'interrompit comme un fracas de porcelaine brisée retentissait quelque part dans la maison.

— Oh, Seigneur tout-puissant ! gémit-elle, avant de s'effacer et d'indiquer le salon. Si vous voulez bien attendre là et...

— Je la tiens ! s'exclama une voix masculine. Bon sang, non ! Elle fonce vers l'escalier.

— Ne la laissez pas monter à l'étage ! cria une femme qui ajouta, quand on entendit les pleurs d'un bébé : Oh, cette maudite créature l'a réveillé! Où sont les servantes ?

— Cachées, j'imagine.

Debout dans le vestibule, Christopher hésitait sur la conduite à tenir. Il tressaillit en percevant un chevrotement.

— Ils élèvent des animaux de ferme dans la maison ? demanda-t-il, ébahi, à la gouvernante.

— Non, bien sûr que non, répondit-elle hâtivement en essayant de le pousser vers le salon. C'est... c'est un bébé qui pleure. Oui. Un bébé !

— Ça n'y ressemble pas.

Christopher entendit Albert aboyer sur le perron. Un chat à trois pattes traversa le vestibule comme une flèche, suivi par un hérisson qui trottinait bien plus vite qu'on aurait pu l'imaginer. La gouvernante s'élança derrière eux.

— Pandora, viens ici ! fit une autre voix.

Quand il reconnut celle de Beatrix Hathaway, tous les sens de Christopher se mirent en alerte. Si seulement il comprenait de quoi il retournait ! C'est alors qu'une grosse chèvre blanche passa devant lui avec force cabrioles, et disparut au moment où Beatrix Hathaway surgissait en courant. Elle s'arrêta net.

— Vous auriez peut-être pu essayer de l'arrêter ! s'écria-t-elle, avant d'esquisser une vague grimace quand elle reconnut Christopher. Oh, c'est vous !

— Mademoiselle Hathaway...

— Tenez-moi ça.

Elle lui fourra dans les bras un petit corps chaud et gigotant avant de s'élancer de nouveau aux trousses de la chèvre.

Abasourdi, Christopher découvrit un chevreau au poil crème et à la tête brune, qu'il faillit laisser choir quand, ayant relevé la tête pour suivre Beatrix des yeux, il s'aperçut qu'elle portait un pantalon et des bottes.

Christopher avait vu des femmes à toutes les étapes de l'habillage ou du déshabillage, mais il n'en avait jamais vu une seule habillée en garçon d'écurie.

— Je dois être en train de rêver, confia-t-il au chevreau qui se tortillait.

— Je l'ai ! annonça la voix masculine. Beatrix, je t'avais bien dit qu'il fallait rehausser la barrière de l'enclos.

— Elle n'a pas sauté par-dessus, protesta Beatrix. Elle l'a mangée !

— Qui l'a laissée entrer dans la maison ?

— Personne. Elle a réussi à ouvrir la porte de service à coups de tête.

Une conversation inaudible s'ensuivit. Tandis que Christopher patientait dans le hall, un petit garçon brun, âgé de quatre ou cinq ans, franchit tout essoufflé la porte d'entrée. Il était armé d'une épée de bois et avait noué un mouchoir autour de sa tête.

— Ils ont attrapé la chèvre ? demanda-t-il à Christopher sans préambule.

— Je crois, oui.

— Oh, corne de bouc ! s'exclama l'enfant avec un à-propos involontaire. J'arrive trop tard.

Il soupira, puis examina Christopher.

— T'es qui ?

— Le capitaine Phelan.

Une lueur d'intérêt s'alluma dans le regard du garçon.

— Il est où, ton uniforme ?

— Je ne le porte plus maintenant que la guerre est finie.

— Tu es venu voir mon père ?

— Non, je... je rendais visite à Mlle Hathaway.

— Tu es un de ses soupirants ?

Comme Christopher secouait vigoureusement la tête, l'enfant ajouta d'un air docte :

— Ça se pourrait et que, en fait, tu le sais pas encore.

Christopher ne put s'empêcher de sourire - son premier vrai sourire depuis très longtemps.

— Mlle Hathaway a beaucoup de soupirants ?

— Oh, oui ! Mais il y en a aucun qui veut se marier avec elle.

— Pour quelle raison, à ton avis ?

— Ils veulent pas qu'on leur tire dessus, répondit le garçonnet avec un haussement d'épaules.

— Pardon ?

— Avant que tu te maries, il faut que tu reçoives une flèche et que tu tombes amoureux, expliqua-t-il. Mais je pense pas qu'après, ça fait aussi mal qu'au début, ajouta-t-il après un silence songeur.

Le sourire de Christopher s'élargit. Beatrix choisit ce moment pour réapparaître, tirant la chèvre au bout d'une corde. Quand leurs regards se croisèrent, et se soutinrent, le sourire de Christopher s'évanouit. Le regard bleu de la jeune femme, étonnamment direct et lucide, évoquait celui d'un ange vagabond. Il donnait l'impression que, quoi qu'elle pût voir du monde et de ses péchés, elle ne serait jamais blasée. En face d'elle, impossible de ne pas se rappeler que les choses qu'il avait vues et faites ne s'effaceraient pas comme des marques de doigts sur un miroir.

Elle détourna lentement les yeux pour les poser sur le petit garçon.

— Rye, tu veux bien emmener Pandora dans la grange, s'il te plaît ? fit-elle en lui tendant l'extrémité de la corde. Et son bébé aussi.

Elle tendit les mains pour prendre le chevreau dans les bras de Christopher. Au frôlement de ses doigts contre sa chemise, il eut une réaction déconcertante, comme une lourdeur plaisante dans le bas-ventre.

— Oui, tatie.

Demeuré seul avec Beatrix, Christopher essaya de ne pas la regarder bouche bée. Et échoua lamentablement. Elle aurait pu tout aussi bien se tenir devant lui en sous-vêtements. En vérité, c'aurait même été préférable parce qu'au moins, il ne se serait pas dégagé d'elle un érotisme aussi singulier. Son accoutrement masculin soulignait les formes gracieuses de ses hanches et de ses cuisses. Et elle ne semblait pas du tout en être gênée. Le diable l'emporte, quel genre de femme était-ce ? Il lutta contre les réactions qu'elle éveillait en lui - un mélange d'irritation, de fascination et de désir. Avec ses cheveux qui menaçaient d'échapper à leurs épingles et ses joues rosies par l'exercice, elle était l'incarnation de la féminité radieuse.

— Que faites-vous ici ? demanda-t-elle.

— Je suis venu vous présenter mes excuses. Je me suis montré... discourtois, hier.

— Non, grossier.

— Vous avez raison. Je suis sincèrement désolé.

Devant son absence de réaction, il chercha ses mots. Lui qui s'adressait aux femmes avec une telle aisance autrefois...

— J'ai passé trop de temps en compagnie peu choisie, finit-il par reprendre. Depuis que j'ai quitté la Crimée, je me surprends à réagir avec emportement sans aucune raison. Je... Les mots sont trop importants à mes yeux pour que je les utilise avec tant de désinvolture.

Peut-être était-ce son imagination, mais il crut voir son expression s'adoucir un peu.

— Vous n'avez pas à être désolé parce que vous ne m'appréciez pas, dit-elle. Mais simplement de vous être montré discourtois.

— Grossier, corrigea Christopher. Et ce n'est pas vrai.

— Qu'est-ce qui n'est pas vrai ?

— Que je ne vous apprécie pas. C'est-à-dire que... je ne vous connais pas assez bien pour vous apprécier ou pas.

— Capitaine, je suis certaine que plus vous en découvrirez sur moi, moins vous m'apprécierez. En conséquence, allons à l'essentiel et reconnaissons que nous ne nous apprécions pas mutuellement. Nous gagnerons du temps.

Elle abordait le problème de manière si franche et pragmatique que Christopher en fut amusé.

— Je crains de ne pas pouvoir vous donner satisfaction.

— Pourquoi ?

— Parce qu'au moment précis où vous avez dit cela, je me suis surpris à commencer à vous apprécier.

— Ça ne durera pas.

— Au contraire, c'est de pire en pire, répliqua-t-il en réprimant un sourire. À présent, je suis tout à fait convaincu que je vous apprécie.

Beatrix lui adressa un regard ouvertement sceptique.

— Et ma hérissonne ? Vous l'appréciez, elle aussi ?

— L'affection pour les rongeurs demande un peu de temps, répondit-il après réflexion.

— Médusa n'est pas un rongeur mais un insectivore.

— Pourquoi l'avez-vous apportée au pique-nique ? ne put-il s'empêcher de lui demander.

— Parce que j'ai pensé que sa compagnie serait préférable à celle des gens que je rencontrerais là-bas. Et je ne me trompais pas, ajouta-t-elle avec une esquisse de sourire. Nous allions prendre le thé. Voulez-vous vous joindre à nous ?

Christopher commença à secouer la tête avant même qu'elle ait fini. On allait lui poser des questions, il lui faudrait répondre avec prudence, et la simple pensée d'une conversation prolongée le fatiguait et l'angoissait d'avance.

— Non, je vous remercie. Je...

— C'est la condition pour que je vous pardonne, déclara Beatrix.

Elle le fixa de son regard bleu sombre où brillait une lueur de défi. Christopher en fut surpris et amusé. Comment cette jeune fille naïve avait-elle le culot de lui donner des ordres ? Mais tout bien considéré, l'après-midi se révélait curieusement divertissant. Alors, pourquoi ne pas rester ? Il n'était attendu nulle part, et n'avait pas envie de retourner s'enfermer dans la maison plongée dans la pénombre.

— Dans ce cas...

Il s'interrompit, interdit, comme Beatrix se penchait vers lui.

— Oh, flûte ! dit-elle en examinant les revers de sa veste. Vous êtes couvert de poils de chèvre.

Elle commença à brosser le devant de sa veste avec vigueur. Il fallut bien cinq secondes à Christopher pour recommencer à respirer.

— Mademoiselle Hathaway...

Elle se tenait bien trop près de lui. Mais il aurait voulu qu'elle se rapproche encore davantage. Quel effet cela ferait-il de refermer les bras autour d'elle et de presser la joue contre sa chevelure luxuriante ?

— Ne bougez pas, coupa-t-elle en continuant de frotter sa veste. Je les ai presque tous enlevés.

— Non, je ne... Ce n'est pas...

Incapable de se maîtriser davantage, Christopher referma les mains autour de ses poignets minces, et les maintint en l'air. Seigneur ! La sensation de sa peau douce... l'exquise palpitation de son pouls sous ses doigts...

Il perçut le frémissement qui la parcourut. Il aurait voulu le suivre, épouser de ses paumes ses courbes souples. Mais malgré ses charmes indéniables, et même s'il n'avait pas déjà été amoureux de Prudence, il ne courtiserait jamais une femme telle que Beatrix Hathaway. Ce qu'il voulait vraiment, ce dont il avait besoin, c'était d'un retour à la normalité. Un genre de vie qui lui permettrait de retrouver la paix.

Lentement, Beatrix se dégagea de son étreinte. Elle le fixa d'un regard à la fois aigu et circonspect. Tous deux sursautèrent en entendant un bruit de pas.

— Bonjour, fit une agréable voix féminine.

C'était l'aînée des Hathaway, Amelia. Elle était plus petite et plus voluptueuse que Beatrix. Il y avait en elle quelque chose de chaleureux et de maternel, comme si elle était toujours prête à offrir affection et réconfort.

— Madame Rohan, murmura Christopher en s'inclinant.

— Monsieur... ?

Ils s'étaient déjà rencontrés, mais elle ne le reconnaissait visiblement pas.

— C'est le capitaine Phelan, Amelia, intervint Beatrix.

— Quelle bonne surprise ! s'exclama Amelia en tendant la main à Christopher.

— Le capitaine Phelan et moi, nous ne nous apprécions pas, l'informa Beatrix. En fait, nous sommes des ennemis jurés.

Christopher tourna les yeux vers elle.

— Quand sommes-nous devenus des ennemis jurés ?

— Cela étant, il reste pour le thé, continua Beatrix, ignorant sa question.

— Merveilleux, commenta Amelia d'un ton égal. Pourquoi êtes-vous ennemis, ma chérie ?

— Je l'ai rencontré hier quand je me promenais. Il a traité Médusa d'« animal nuisible pour les jardins » et m'a reproché de l'avoir emmenée à un pique-nique.

Amelia adressa un sourire à Christopher.

— On a traité Médusa de bien pire ici, fit-elle remarquer. Entre autres de « pelote à épingles obèse » et de « cactus ambulant ».

— Je n'ai jamais compris pourquoi les gens se montrent à ces points hostiles envers les hérissons, marmonna Beatrix.

— Ils font des trous dans le jardin, et ce ne sont pas vraiment des animaux qu'on a envie de câliner. Le capitaine Phelan n'a pas tort, ma chérie... À la place, tu aurais peut-être pu emporter ton chat au pique-nique.

— Ne dis pas de bêtises. Les chats aiment beaucoup moins les pique-niques que les hérissons.

L'échange se poursuivit à une cadence si infernale que Christopher eut quelque peine à intervenir. Il réussit néanmoins à trouver une ouverture.

— J'ai présenté mes excuses à Mlle Hathaway, dit-il à Amelia, mal à l'aise.

— C'est délicieux. Un homme qui n'a pas peur de présenter des excuses ! Venez donc, capitaine, vous êtes ici chez des amis.

Elle entraîna Christopher à travers la maison, qui était gaie et lumineuse, avec de nombreuses fenêtres et des piles de livres un peu partout.

— Beatrix, lança Amelia par-dessus son épaule, peut-être pourrais-tu envisager de te changer. Le pauvre capitaine Phelan risque de trouver ta tenue quelque peu choquante.

— Puisqu'il m'a déjà vue, je l'ai déjà choqué. A quoi cela servirait-il que je me change maintenant ? Capitaine, seriez-vous plus à l'aise si j'enlevais mon pantalon ?

— Non ! s'empressa-t-il de répondre.

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