Extraits

Leo se pencha un peu plus.

- Je t'aime, déclara-t-il d'un ton brusque.

Tandis qu'il contemplait la petite silhouette frissonnante de Catherine, il sentit le sang lui monter au visage, et son âme s'ouvrit, en proie à une émotion plus profonde que tout ce qu'il imaginait ressentir un jour.

-Je t'aime, Marks. Mon coeur t'appartient entièrement, complètement. Mais, malheureusement pour toi, le reste de ma personne vient avec.

Ne voulant pas la décevoir, Leo baissa les yeux sur la liste.

— Marrietta Newbury?

— Oui, dit Amelia. Qu'est-ce que tu lui reproches?

— Je n'aime pas ses dents.

— Et Isabella Charrington?

— Je n'aime pas sa mère.

— Lady Fleur Tremaine?

— Je n'aime pas son prénom.

— Oh, pour l'amour du ciel Leo, ce n'est pas sa faute!

— Je m'en moque. je ne peux pas avoir une femme prénommée Fleur. Chaque soir, j'aurai l'impression d'appeler une de nos vaches. Je ferais tout aussi bien d'pouser la première femme croisée dans la rue, continua-t-il après avoir levé les yeux au ciel. Ou bien Marks, pendant que j'y suis!

Un pesant silence tomba dans la pièce.

Toujours assise dans l'encoignure de la fenêtre, Cathreine Marks releva lentement la tête. Elle écarquilla les yeux et rougit.

— Ce n'est pas du tout amusant, déclara-t-elle sèchement.

— C'est la solution parfaite, assura Leo, qui éprouvait une satisfaction perverse à l'irriter. Nous nous querellons tout le temps. Nous ne pouvons pas nous supporter. C'est comme si nous étions déjà mariés.

— Je déclare la guerre, mon ange. Et la seule manière de gagner une guerre de ce genre, c'est de t'obliger à vouloir la perdre.

Tu sembles croire que tu as le choix. Mais c'est le contraire. L'amour te choisit. L'ombre se déplace comme le lui commande le soleil.

Cam Rohan

— Nous savions tous que cette animosité réciproque cachait quelque chose. Mais nous n'étions pas d'accord sur la nature du quelque chose en question. C'est Beatrix qui avait raison, bien sûr.

— C'est-à-dire ?

— Selon elle, Leo et toi étiez comme un couple de furets, qui se montrent assez bagarreurs durant la période prénuptiale.

— Beatrix est très intuitive, reconnut Catherine avec un sourire penaud.

— Marks, dit-il d'une voix mal assurée, tu n'es pas une femme parfaite.

— J'en ai conscience.

— Tu as un caractère de cochon, tu es myope comme une taupe, tu es un poète déplorable et, franchement, ton accent français mériterait d'être un peu travaillé.

Catherine s'éveilla lentement, s'étira, puis, ouvrant les paupières, regarda Leo avec une surprise manifeste. Ses admirables yeux gris étaient d'une innocence désarmante tandis qu'elle essayait de rassembler ses esprits. Elle finit par tendre une main hésitante vers la joue de Leo.

— Tu piques autant que le hérisson de Beatrix, murmura-t-elle.

- Ah, Beatrix et ses animaux !

Ils échangèrent un sourire.

- Beaucoup de gens parlent à leurs animaux familiers, vous savez, fit Catherine.

- Oui, mais ils sont rares à comprendre les réponses.

— Les femmes. Vous interprétez tout comme de l'amour. Vous voyez un homme avec un air idiot, et vous supposez qu'il a été frappé par la flèche de Cupidon alors qu'il digère un navet mal cuit.

À l'expression de Harry, il comprit qu'un cheveu seulement le séparait d'une mort certaine.

— Vous l'avez séduite délibérément, articula son beau-frère.

— Seriez-vous plus heureux si je prétendais que c'était un accident ?

— La seule chose qui me rendrait heureux, ce serait de vous lester de pierres et de vous jeter dans la Tamise.

— Je comprends. Et même, je compatis. Je ne peux imaginer ce que c'est que de se retrouver face à un homme qui a compromis votre soeur, de lutter contre l'envie de l'assassiner sur place. Oh, mais attendez...

Leo se tapota le menton d'un air songeur.

— Mais si, je peux l'imaginer... Parce que je suis passé par là il y a deux mois, figurez-vous !

— Ce n'était pas la même chose. Votre soeur était encore vierge lorsque je l'ai épousée.

— Quand je compromets une femme, répliqua Leo sans manifester le moindre repentir, je le fais correctement.

— C'en est trop ! gronda Harry en se jetant à sa gorge.