Extraits

Elle enfile un jean taille 44, boutonne son chemisier sur ses seins gonflés, passe un gilet large et sent une immense fatigue la gagner. Elle évite le miroir du salon et glisse les clés de sa maison dans son sac. Elle ferme doucement la porte derrière elle pour ne pas réveiller son mari. Pas un mot, direction cette foutue clinique, puisque c’est la règle.

L’intervention est dans moins d’une heure.

Nina ne raterait ce rendez-vous pour rien au monde.

Il ne lui en a jamais parlé. Ce n’est pas son genre d’ébruiter ces choses-là. Ne pas s’ouvrir, garder le silence. C’est son secret. Ce matin, alors qu’il reprend ses esprits, il espère seulement que c’est la dernière fois. Dans le salon de leur petit pavillon, l’odeur du café le rassure.

Tous les mardis après le travail, le chauffeur de taxi court enfiler ses crampons et endosse son rôle d’attaquant. Les vestiaires, les copains, l’entraînement, la troisième mi-temps.

La réparation a duré quinze petits jours, Tahar a embrassé son ami et conduit la vieille Ford au point de lavage de la station-service la plus proche. Coincé entre les rouleaux sous la mousse, il a sorti un chiffon de son emballage et astiqué le tableau de bord avec son nouveau liquide nettoyant, anti-poussière et anti-humidité. En briquant le volant, il a éprouvé la joie d’avoir géré avec efficacité cette affaire. Ali lui a offert les frais de main-d’œuvre et obtenu un bon prix sur les pièces détachées.