Extraits

Et tandis qu’elle les observait, redoutant le pire, une boule de poils était venue se nicher tout contre elle : le louveteau.

D’abord stupéfaite de trouver un bébé ici, elle n’avait pas réagi, jusqu’à ce qu’un grondement plus puissant de Ioan le fasse couiner. Instinctivement, la louve s’était emparée du petit pour le prendre dans ses bras et un feulement avait jailli de sa gorge à l’intention des deux garous.

Tous deux avaient pivoté vers elle : Ioan l’air surpris, et Kane… satisfait.

— Tu vois, on va peut-être arriver à en faire quelque chose finalement, avait-il lancé à l’Alpha.

Ce dernier avait froncé les sourcils.

— Peut-être, si tu parviens à la protéger des mâles de la meute.

— Ils n’entreront pas ici.

— Ils sont déjà tous en train de se battre sur le pas de ta porte ! avait grondé l’Alpha.

Kane avait haussé les épaules.

— Ils se défoulent un peu, c’est tout.

— Se défouler ? Marvin et Hecto se sont presque étripés ! Si je n’étais pas arrivé au bon moment…

— Tu dramatises ! La louve n’émet presque pas de phéromones ! Elle est trop faible. Elle attire seulement les jeunes.

— Je n’ai pas le temps de séparer tous les jeunes cons de la meute qui vont venir se battre et pisser aux quatre coins de ta cabane.

Kane s’était mis à ricaner.

— Aucun d’entre eux n’osera pisser au coin de ma cabane.

Noélie avait compris qu’il ne céderait pas à son Alpha. Ce dernier avait d’ailleurs fini par quitter les lieux, l’air furieux et exaspéré.

Cette fois-ci, le vampire feula. Elle avait touché un point sensible. Luderik s’approcha d’elle ; simple précaution, tout le monde dans cette pièce savait que Nikolaï ne lui ferait pas le moindre mal, même furieux. Malgré tout, son regard virait peu à peu à l’acier, un acier dur, froid, dangereux. Ève prit le parti de baisser d’un ton.

— On a tous un passé, Nikolaï, et il est derrière nous. Je suis bien placée pour en parler, le mien est dégueulasse lui aussi. Mais toi, tu vas laisser le tien te pourrir la vie ? Tu vas laisser ton passé tuer Amel ?

– Des Compagnes de vampires au service d'une fée, j'aurai tout vu.

Leïla était donc une fée ! Ève n'en avait jamais rencontré auparavant. Quels pouvaient bien être ses pouvoirs ?

– Bienvenue dans l'ère du féminisme, lança-t-elle au vampire en montant dans le van.

Luderik avança, franchit le seuil de la porte et referma ses doigts sur le cou du médecin.⁠

Libéré du pouvoir du vampire, l’homme voulut lever son arme, mais d’un revers de la main, l’Immortel l’envoya voler à l’autre bout de la pièce. Les yeux gris scintillants, les crocs plus longs que jamais, Luderik semblait grandir à chaque pas qu’il faisait, ses doigts toujours serrés sur la gorge du médecin qui devait se tenir sur la pointe des pieds pour ne pas suffoquer.⁠

— Tu as osé pointer une arme sur ma Compagne ?

La jeune femme s'immobilisa face à lui. Elle portait aujourd'hui un jean avec un accroc au genou droit et un pull dont la couleur noire faisait ressortir l'éclat de ses cheveux acajou. Délicieuse, à croquer, non, plutôt à mordre. D'ailleurs, c'était justement ce qu'il crevait d'envie de faire, si seulement elle arrêtait de tourner en boucle, lui répétant inlassablement la même chose depuis... Combien de temps au juste ? Une éternité ? Peut-être bien.

– Je t'aime, murmura-t-elle tout contre ses lèvres. Si tu disparaissais... je ne sais pas si j'aurais encore la force de survivre dans ce monde de merde.

Luderik posa ses mains de chaque côté de son visage pour l'obliger à le regarder dans les yeux. Il avait l'air sombre à présent et ses prunelles brillaient d'un éclat argenté.

– Ne dit pas une chose pareille. Tu dois vivre, quoi qu'il se passe ! C'est compris ?

– Tu ne te battais plus ! lui reprocha-t-elle.

– Je voulais que tu te sauves !

Ève se redressa un peu plus sur ses coudes, plongeant ses yeux dans les siens.

– Tu as vraiment cru que si tu mourrais sur ce bûcher, j'allais m'enfuir ? Le silence du vampire parlait de lui-même. Cette tête de mule n'avait toujours pas compris !

– Si tu étais mort sur ce bûcher, j'aurais tué tous Spoiler(cliquez pour révéler)les zombies présents sur cette place et j'aurais traqué ces maudites sorcières jusqu'à leur arracher les yeux de mes propres mains

Luderik haussa un sourcil, l'air à la fois surpris et amusé.

– Je finis par déteindre un peu trop sur toi.

– On dirait bien, oui, répondit-elle en se penchant pour l'embrasser.

Son estomac se mit à gronder et elle prit soudain conscience qu'elle n'avait rien avalé depuis des lustres.

– À table, déclara Luderik.

– Vous auriez du voir ça, s'exclama Amel en riant. Ève a littéralement pété les plomb et ordonné à la vampire de s'asseoir et de la fermer.

– Et elle a obéi ! renchérit Noélie en riant elle aussi.

Entendre les deux jeunes femmes vanter ses mérites aurait presque fait rougir Ève si elle n'avait pas encore vibré de colère au souvenir de cette Immortelle hystérique.

– Elle l'avait bien cherché ! Il fallait que quelqu'un lui dise de la fermer avant qu'Igor ne finisse pas l'assomer !

De nouveau, les filles se mirent à rire et elle se surprit à sourire elle aussi sous le regard amusé de Luderik.

– Une vraie petite chef de clan, commenta-t-il.

– Tu as de la concurrence, approuva Rolf.

Luderik apprenait la tolérance et elle aimait à croire que son influence sur lui le rendait, d'une certaine manière, un peu plus humain.