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Extrait ajouté par anonyme 2020-06-23T17:48:10+02:00

Tout était si fortuit. J'étais tombée amoureuse de Mario encore jeune fille, mais j'aurais pu tomber amoureuse de n'importe qui d'autre, d'un corps auquel nous finissons par attribuer je ne sais quelles significations. Un long lambeau de vie passée ensemble et on pense que c'est le seul et unique homme avec qui on aimera vivre sa vie, on lui attribut certaines vertus résolutoires, et c'est, au contraire, seulement un bois émettant des sons de fausseté, on ne sait qui il est véritablement. Il ne le sait pas davantage lui-même. Nous sommes des occasions. Nous consumons et nous perdons nos vies parce que en des temps reculés, tel ou tel a été gentil avec nous. Il nous a élue parmi les femmes, tellement il avait envie de se décharger son braquemart dans notre corps. Nous prenons son banal désir de foutre pour quelque gentillesse exclusivement adressée à notre personne. Nous aimons son envie de baiser précisément avec nous, avec nous seulement. Oh oui, lui qui est si spécial, et qui nous a reconnue "spéciale". Nous lui donnons un nom, à cette envie du braquemart, nous la personnalisons, nous l'appelons mon amour.

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Extrait ajouté par marce217 2016-03-16T14:38:35+01:00

je n'aimais pas les pages trop refermées, telles des persiennes toutes baissées. J'aimais la lumière, l'air entre les lattes. Je voulais écrire des histoires pleines de courants d'air, de rayons filtrés où danse la poussière.

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Extrait ajouté par marce217 2016-03-16T14:38:19+01:00

Tandis qu'avec de lents mouvements j'effaçais du sol les traces du malaise de mon fils, je songeai à la femme de Naples, à elle et à ses enfants pleurnichards, qu'elle faisait taire à grand renfort de bonbons. Puis, à partir d'un certain moment et par la suite, la femme abandonnée avait commencé à s'en prendre à eux. Elle disait qu'ils avaient laissé une odeur de mère sur elle, et c'est ce qui avait été désastreux, c'était leur faute si son mari s'en était allé. Tout d'abord ils vous rebondissent le ventre, certes, tout d'abord ils vous alourdissent les seins, et ensuite ils n'ont pas la moindre patience. Des propos de cette sorte, me souvins-je. Gravement, en acquiesçant, ma mère les répétait à voix basse afin que je ne les entende pas.

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Extrait ajouté par marce217 2016-03-16T14:38:01+01:00

Je me décidai, suffit avec la douleur. Aux lèvres de leur bonheur nocturne, je devais faire adhérer les lèvres de ma revanche. Je n'étais pas une femme mise en pièce sous le coup d'une rupture, d'une absence, jusqu'à en devenir folle, jusqu'à en mourir. Seuls quelques menus éclats s'étaient arrachés de ma personne, pour ce qui était du reste, je me portais comme un charme. J'étais intacte, je resterais intacte. A ceux qui me font du mal, je leur rends la pareille. Je suis le huit d'épées, je suis la guêpe qui pique, je suis le serpent sombre. Je suis l'animal invulnérable qui traverse le feu sans se brûler.

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Extrait ajouté par marce217 2016-03-16T14:37:43+01:00

Mais c'étaient surtout les images imperceptibles de mon esprit, les rares syllabes que je prononçais qui me faisaient peur. Il suffisait d'une pensée que je ne parvenais pas même à fixer, d'un simple frétillement de signification violacé, un hiéroglyphe vert de mon cerveau, pour que le malaise réapparaisse et que la panique croisse en moi. Qu'en certains recoins de la maison revinssent des ombres trop drues, humides, avec leurs murmures, les mouvements rapides de masses sombres et j'étais saisie d'épouvante. Alors, je me surprenais à allumer et à éteindre mécaniquement la télévision, rien que pour me tenir compagnie, à chantonner une berceuse dans le dialecte de mon enfance, ou l'écuelle vide d'Otto près du réfrigérateur me causait une souffrance insupportable, ou bien, en proie à une somnolence immotivée, je me retrouvais étendue sur le divan, occupée à me caresser les bras non sans les marquer du tranchant de mes ongles.

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