Les lettres d'Eloïse Tome 1

Bonjour ma tendre aimée,

J’espère que tu as passé une très bonne nuit et que je ne t’ai pas trop manqué au réveil ce matin. Si c’est le cas, je m’en excuse, et, je te promets si tu le veux, de te ramener cette fois-ci non pas une fleur, mais un bouquet de fleurs sauvages. Ton cappuccino était-il encore chaud ? J’espère aussi que les fruits ont bien été choisis. J’essaie toujours de me montrer à la hauteur de ton amour et pour te dire, honnêtement, c’est un exercice que j’aime beaucoup pratiquer. Pour l’instant, j’ai toujours gagné car je mets tout mon cœur à l’ouvrage.

À notre petit jeu quant à savoir qui se réveillerait le premier ou pas, mon intention était de t’écrire une lettre, celle-là même que tu lis en ce moment. J’imagine que tu t’es assise par terre, ne pouvant contenir ta grande sensibilité, sinon de l’exprimer par les perles rares qui ornent tes joues chaque fois que tu pleures.

Je veux te dire combien j’ai aimé cette surprise et cette seconde d’éternité que j’ai passée avec toi. Toujours trop courte comme d’habitude, ou serais-je trop gourmand de toi ? Ma demande aurait été la suivante : rester avec moi, tu rentrerais avec nous sur le bateau, mais ceci est trop démesuré, je serais aveuglé par la passion ou l’amour, peu importe, les deux m’ont déjà tellement envoûté. Je te ferais une petite place dans ma cabine, d’ailleurs on se perd toujours dans ces grands lits, une place suffit amplement.

Je sais que tu aurais aimé entendre toutes ces choses de ma bouche, mais j’ai voulu, et ceci volontairement, les écrire pour que tu puisses les garder avec toi. Ton souvenir du Canada, ton échappée belle, chaque fois que tu penseras à moi relis-la, je ne serais jamais très loin. Je serais là où tu voudras que je sois, la force omniprésente qui fera battre ton cœur. Bientôt il me faudrait inventer de nouveaux mots pour te déclamer mon amour car je sens déjà qu’un jour prochain je tomberais en panne devant la feuille blanche. Alors il me faudrait t’apprendre de nouvelles langues, même si tu n’y comprendrais pas grand-chose, je t’apprendrais à reconnaître « je t’aime » comme une clé universelle, tu pourrais ouvrir mon corps tout entier et le transformer selon tes volontés. Je profite aussi de cet instant pour te faire une autre demande : j’aimerais que tu me donnes un fils. Ne te hâte pas de répondre, prends le temps qu’il faudra et quand tu seras prête, j’accepterais ta décision quelle qu’elle soit.

Tendres affections,

Mathieu.