Les Liens artificiels

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre. Au fur et à mesure de la lecture, je me suis attachée à Julien, pas par sentiments mais plutôt pour savoir jusqu'où il allait aller dans son emprise aux métavers. Tout au long de la lecture l'on sent progressivement cette obsession pour ce monde irréel et en même temps , on sent cette emprise sur Vangel, le créateur de cette planète virtuelle. C'est un livre fascinant qui m'a permis d'appréhender les métavers et de mieux comprendre ce que vit la jeunesse, avec l'espoir et l'appréhension que celle-ci ne tombe pas un jour dans cette folie de l'anti-moi, de tout ce monde virtuel. On rencontre des personnages réels, comme Serge Gainsbourg. Il est abordé des thèmes philosophiques, de la poésie, même de l'humour parfois.

Une histoire à faire peur ! Comment un individu humain disparaît dans son Avatar. Ou comment dans le monde numérique, ce n'est pas mieux que dans le monde réel. L'auteur a un grand talent : celui de ne pas perdre des lecteurs qui ne seraient pas forcément initiés aux arcanes du Metavers et autres complexités numériques. Il est réussi même à placer saint Augustin dans cette histoire ! Une très bonne découverte que cet auteur. Un style fluide, des personnages complexes, une situation très fantasmée et rendue accessible malgré tout. On peut remercier Nathan Devers de confirmer que le numérique a besoin de garde-fous ou se laisser porter par une histoire extraordinaire à la portée de tous.

Bonne surprise de la rentrée littéraire, je le trouve d’ailleurs meilleur que le Goncourt de cette année mais ça c’est une autre histoire. L’élaboration de l’histoire par l’auteur est brillante et fine, le contenu peut-être un peu léger. La seule solution aurait été 100 pages de plus mais est-ce que le livre aurait-été aussi bon? Je ne sais pas mais il donne envie de plus, on est pris par le personnage l’intrigue et le monde virtuel et ca m’aurait beaucoup plu que l’auteur continue. C’est un livre bien ficelé et qui mêle des références modernes comme d’autres un peu plus rétro. Une belle réussite en tous cas, un livre prenant.

Un bon roman d'anticipation (anticipation à très, très court terme, voire déjà d'actualité) qui se plonge dans les thèmes d'addiction aux écrans, au virtuel, au refus de vivre, nos angoisses de l'ennui et du vide, nos peurs de la solitude et de l'échec. Ajourd'hui, tout le monde en a conscience, tout le monde en parle, et finalement, continue de vivre avec.

On suit Julien, le type normal en galère, qui vit sans vivre, en plein dans la crise existentielle qui semble toucher toute une génération, et qui fait déjà les frais d'une vie passée sur écrans. Arrive alors la nouvelle réalité virtuelle sur Internet, l'Anti-monde (avec des petits airs de Ready Player One, sans la partie jeux vidéos/SF), qui lui donne tout ce que le réel lui refuse. Argent, célébrité...

Il n'y a pas de surprise dans l'histoire, les événements se suivent de manière très classique et prévisible, et j'ai l'impression que c'est bien le but: nous confronter à une réalité qu'on connaît tous déjà.

C'est bien écrit, c'est prenant, ironique et parfois drôle. La fin, même prévisible, garde son impact et le message passe. J'ai lu ce roman d'une traite!

C'est de plus en plus difficile, mais rappelons nous que le monde et les autres existent en vrai, pas seulement sur nos écrans.

Après avoir terminé ce roman qui expose ces mondes parallèles dans lesquels nous vivons malgré nous (parfois) et qui finiront pas avoir le dessus sur nos vies réelles, je m'étonne encore sur le "pourquoi" ce jeune et méritant auteur n'ait finalement pas obtenu le prix Goncourt 2022 !

Julien Libérat se créer un compte sur Facebook. En guise de première publication, il annonce qu’il va effectuer un « geste symbolique » et que les gens qui assisteront à cette scène s’en souviendront à vie. Ni une ni deux, il dépense le reste de ses économies pour faire la promotion de sa page et ainsi gagner en visibilité.

Il lance le direct, reste mutique, et se suicide sans explications, devant des spectateurs virtuels.

Voilà comment commence Les Liens artificiels.

𝗠𝗮𝗶𝘀… 𝗿𝗲𝘁𝗼𝘂𝗿 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲́.

Julien a 28 ans, il est pianiste et donne des cours à des particuliers en auto entrepreneur.

Sa relation avec May s’est terminée après 5 ans de relation… Il décide de quitter Paris, puisqu’il n’a plus les moyens d’y vivre, et s’installe à Rungis dans un studio.

Glissant doucement dans le néant à cause de ses échecs et déceptions, il finit par se jeter à corps perdu dans un jeu vidéo créé par Adrien Sterner. Il se créer un avatar, poète, qu’il nomme Vangel. Cest un jeu qui recopie le monde dans ses moindres détails.

L’Antimonde possède sa propre cryptomonnaie, le cleargold, une devise virtuelle mais susceptible d’être échangée contre des euros réels.

Une des règles de cette plateforme, est de ne pas dévoiler sa vraie identité. L’occasion pour Julien de vivre une vie parallèle, loin de son quotidien habituel….

➡️ Ce livre est particulier et s’éloigne de mes goûts habituels. Même si j’ai trouvé que l’idée principale était bonne et ambitieuse, j’ai ressenti un goût de fade et de lassitude à des moments. C’est un sujet intéressant, on parle des dangers numériques, sujet d’actualité à une époque où beaucoup sont connecté et vivent enfermé dans leur écran…

Mais pour moi, ce n’est pas assez abouti, j’aurai aimé que l’on aille plus loin.

Le côté philosophique ne m’a pas déplu, la couverture reflète bien l’histoire, mais je reste sur un sentiment mitigé…

Ce n’est pas le genre de roman que je recommanderai forcément, mais il est important que chacun face son avis. Je pense qu’il aura son public.