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Sam et moi, tels les chevaux d'un manège, parcou­rions toujours le même cercle - maison, lycée, maison, lycée, librairie, maison, lycée, maison, etc. - mais nous ne faisions en réalité que tourner autour du point cen­tral, sans jamais l'approcher. De ce qui était au cœur de tout. L'hiver. Le Froid. La Perte.

Nous ne parlions pas de cette constante menace, mais je sentais sans cesse la fraîcheur de son ombre proje­tée sur nos têtes. Un jour, dans un recueil de mythes grecs vraiment sinistre, j'avais lu l'histoire d'un homme appelé Damoclès. Une épée était suspendue par un seul cheveu au-dessus de son siège. C'était la même chose pour nous - l'humanité de Sam ne tenait qu'à un fil.

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Le souffle court, la gorge brûlante, je me suis approchée, hésitante. Sa splendide fourrure avait disparu, il était nu, mais je l'ai reconnu d'emblée. Ses paupières se sont soulevées à mon approche, dévoilant le regard d'or pâle familier. Il est rester immobile. Une tache rouge s'étalait, telle une effroyable peinture de guerre, de son oreille à une épaule terriblement humaine.

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J'allais recommencer à le battre quand il m'a saisi les poignets, et nous sommes restés un moment comme ça, sans bouger. Il me contemplait en souriant à demi mon visage levé vers lui :

Nature morte avec fille et garçon. C'était l'occasion idéale pour m'embrasser, mais il ne faisait que me regarder, et lorsque j'ai enfin réalisé que je pourrais tout aussi bien prendre l'initiative, je vis que son sourire commençait à s'estomper.

Il a ramené lentement mes bras vers le bas et m'a lâché les mains.

-J'en suis heureux, a-t-il déclaré très doucement.

Mes bras pendaient le long de mon torse, là où Sam les avait abandonnés. J'ai froncé les sourcils.

-Tu aurais dû m'embrasser.

-J'y ai songé.

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-Arrête de discuter et viens ici, ai-je ordonné d'une voix plus forte que prévu. Je te fais confiance pour que tu te tiennes convenablement et que tu ne tires pas toutes les couvertures à

toi.

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Ma première pensée a été que le téléphone sonnait. Ma deuxième, que le bras nu de Sam reposait sur ma poitrine. Ma troisième, que j'avais froid au visage, là ou celui-ci dépassait des couvertures. J'ai cligné des yeux, essayant de me réveiller, étrangement désorientée dans ma propre chambre.

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-Merci bien, dis-je. (J'allais donc lui raconter, en fin de compte. J'aurais cru l'odeur d'hôpital dissipée, après toute une semaine, mais les narines frémissantes de Beck m'affirmaient le contraire.) On m'a tiré dessus, expliquai-je.

Beck posa ses doigts contre ses lèvres.

-Bonté divine ! Où ça ? Pas dans un endroit embarrassant, j'espère !

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C'est tout ce que tu as à proposer? railla-t-elle d'un ton provoquant, mais d'une voix si douce que je posai à nouveau mes levres sur les siennes, dans un baiser tout différent, de six années à rattraper. Ses lèvres parfumées d'orange et de désirs s'animèrent. Ses doigts remontèrent mes pattes, s'enfoncèrent dans mes cheveux, se nouèrent derrière ma nuque, vivants et froids contre la chaleur de ma peau. Je me sentais et sauvage et apprivoisé, atrocément déchiré et contraint d'exister.

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Isabel fit tomber les oignons de la planche à découper dans le récipient, et Grace claqua une main enfarinée sur mes fesses. Je me tordis le cou pour essayer de voir si elle avait laissé une trace, tandis qu’elle se frottait les paumes pour obtenir une empreinte plus nette avant de récidiver.

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- Tu es splendide et triste, ai-je fini par lui dire sans le regarder. Exactement comme tes yeux. Tu es comme une chanson que j'aurais entendue quand j'étais gosse, mais dont j'aurais oublié l'existence jusqu'à ce que je la redécouvre.

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" Bonjour, parents de Grace ! Je suis son petit ami, et je vous prie de remarquer qu'une distance honnète nous sépare. Je suis très sérieux et je n'ai jamais mit la langue dans la bouche de votre fille."

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