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Je me suis mordue violemment les lèvres et j’ai essuyé une autre larme.

– Je ne suis pas prête. Je ne le serais jamais.

Il n’a rien répondu, et peut-être n’y avait-il rien à répondre. Il m’a pris de nouveau dans ses bras, mais pour appuyer cette fois ma joue sur son torse et me caresser maladroitement la nuque d’un geste consolateur. J’ai fermé les yeux et j’ai écouté les battements de son coeur jusqu’à ce que le mien soit à l’unisson. Enfin, il a posé son visage contre le sommet de mon crâne.

– Nous n’avons pas le temps d’être tristes, a-t-il murmuré.

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—De fait, tu lis beaucoup. Et tu passais bien trop de temps derrière la fenêtre de la cuisine, où je ne te voyais pas bien.

—Tu veux dire pas assez derrière celle de ma chambre, en petite tenue, l'ai-je taquiné.

Il a rougi.

—Ce n'est pas le sujet de notre conversation.

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'' - Les yeux ne changent pas. Souviens-toi de cela quand tu me regarderas. Souviens-toi que c'est moi.''

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quand les secours sont arrivés,j'étais roulée en boule dans une pile de manteaux sur le siège passager,les mains pressées contre le visage.

-vous n'avez rien mademoiselle?

je n'ai rien répondu,j'ai seulement posé mes mains sur mes genoux et j'ai contemplé mes doigts maculés delarmes ensanglantées.

-vous etes seul?

j'ai hoché la tete.

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Ce soir-là aussi Sam s’est endormi dans mon lit, chastement perché à l’extrême bord du matelas, mais nous avons migré l’un vers l’autre pendant la nuit. Vers le matin, longtemps avant l’aube, je me suis réveillée à moitié dans la chambre illuminée par les rayons pâles de la lune. J’étais blottie contre son dos, les poings crispés contre ma poitrine, dans une attitude de momie. Je distinguais tout juste la courbe sombre de son épaule, et un je-ne-sais-quoi dans sa forme, dans sa posture, m’emplissait d’une tendresse violente. Son corps tiède sentait si bon – parfum de loup, de forêt, de mon monde – que j’y ai enfoui mon visage et j’ai refermé les yeux. Il a fait un petit bruit en renversant les épaules en arrière, tout contre moi.

Nous respirions d’un même souffle. J’allais m’assoupir, quand une pensée m’a transpercée, comme un éclair de feu : je ne peux plus vivre sans ceci.

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"M'man, P'pa, je me suis mariée. Ne me regardez pas comme ça, il ne perd pas ses poils toute l'année."

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chapitre 17◊ Sam

15° C

Certains jours sont semblables à des vitraux, à des centaines de petites pièces assemblées, de couleurs différentes, d'humeurs variées. Comme ces dernières vingt-quatre heures : la nuit à l'hôpital, panneau vert, douceâtre et vacillant ; les heures sombres du petit matin dans le lit de Grace, pourpres et troubles ; puis le rappel bleu de glace de mon autre vie ; et finalement, le cristal clair et lumineux de notre baiser.

Le panneau actuel du vitrail nous trouvait assis sur la banquette usée d'une vieille Bronco, au bord d'un terrain vague de banlieue envahi par les herbes folles et les voitures d'occasion. L'image complète du puzzle me semblait apparaître peu à peu, tel le reflet chatoyant d'une chose que j'avais crue inaccessible.

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Affermissant sa prise sur mes bras, la jeune fille m'entraînait, sans cesser de me parler d'une voix douce, apaisante, aux inflexions d'airain. Elle me poussa par une porte où l'air vibrait de chaleur.

Non, pitié! Non, non, non pas ça! Je me débattis pour me libérer, les yeux braqués sur le fond de la petite pièce carrelée. Une baignoire se dressait devant moi comme un cercueil. Des volutes de vapeur montaient d'une eau délicieusement brûlante, et chaque fibre de mon être se rebellait.

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Sam est aussi fragile qu'un papillon.

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Je me souviens de ceci: ses yeux jaunes. Que je croyais ne plus jamais revoir.

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