Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 615
Membres
1 013 174

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

— Merde, fantastique.

Braxton Devereaux coupa le moteur de sa moto et essuya sa bouche ensanglantée du revers de la main. Il se pencha et cracha entre ses dents serrées, projetant un mélange de salive et de sang sur le sol gelé.

Il était un loup : il préférait avoir le sang de ses ennemis dans la bouche plutôt que le sien.

Il venait de vivre l’une des pires journées de sa vie. Ce qui n’était pas peu dire, quand on connaissait son existence.

Tout d’abord, son réveil n’avait pas sonné et il était arrivé en retard à la Marmotte, le club de striptease dans lequel il travaillait comme barman. Puis, une fois là-bas, tout avait dégénéré lorsqu’un des clients avait giflé une danseuse. Braxton n’avait pas réfléchi et était sorti du bar pour casser la gueule à cette ordure. S’il y avait bien une chose qui lui faisait perdre son calme, c’était un trouduc s’imaginant qu’il avait le droit de lever la main sur une femme.

Après que quatre videurs soient finalement parvenus à l’éloigner du type, son patron lui avait donné son dernier chèque et lui avait dit de ne pas revenir.

Perdre son emploi lui importait peu ; il savait qu’il trouverait autre chose. De toute manière, le métier de barman ne lui plaisait pas plus que ça. S’il était resté si longtemps, c’était pour les danseuses ; pour garder un œil sur elles et s’assurer que personne ne les violentait. Alors qu’il rassemblait ses affaires, Wendy, la stripteaseuse qui s’était fait frapper, l’avait étreint et s’était excusée de lui avoir fait perdre son emploi. Elle lui avait dit que personne n’avait jamais fait ça pour elle.

Puis, elle lui avait proposé une pipe.

Il fronça les sourcils, regrettant à présent d’avoir refusé son offre généreuse. Bon Dieu, il aurait bien eu besoin d’évacuer sa colère avant de se retrouver en face de son connard de père.

Le vent glacial de janvier ébouriffa ses cheveux bruns aux pointes teintes en bleu. Il mit sa Harley-Davidson Fat Boy de 1998 sur la béquille et descendit de moto, se préparant mentalement avant d’entrer dans la maison de ses parents, généralement une vraie zone de guerre. Il avait beau avoir trente et un ans, cela l’angoissait toujours. Son enfance n’avait pas exactement été parfaite, et il était parti dès que possible. Il vivait désormais dans un studio miteux à quelques pâtés de maisons de la maison familiale, mais c’était encore trop proche à son goût.

Il était venu après avoir reçu l’appel d’une voisine, qui s’inquiétait parce qu’elle avait entendu du raffut venir de la maison. Braxton ne se faisait pas d’illusion. Il savait exactement de quoi son père était capable avec Lynette, sa mère. Les voisins avaient raison de ne pas s’en mêler. Cela n’aurait fait qu’empirer les choses pour elle.

Les poils de sa nuque se hérissèrent et un frisson parcourut son échine pendant qu’il marchait le long du vieux chemin en pierre. Le vent soufflait en hurlant à travers les arbres nus, comme pour l’avertir de ce qu’il allait trouver derrière la porte. Dans quel état allait être sa mère, cette fois ? Le visage en sang ? Avec des côtes cassées ? Une contusion rénale ?

Pour la millionième fois, Braxton souhaita d’arriver à la convaincre de quitter son père et Shreveport tant qu’elle était encore en vie. Il lui avait proposé de l’emmener où elle voudrait, n’importe où, et de commencer une nouvelle vie, mais elle ne le prenait jamais au sérieux. Chaque fois qu’il découvrait un nouveau bleu sur son corps décharné, elle trouvait des excuses à son père. Ses yeux avaient perdu leur éclat depuis longtemps. Elle n’était plus qu’une femme brisée qui avait peur de vivre sans son mari, même si cet homme la frappait régulièrement. Elle l’avait laissé avaler son âme et se contorsionnait désormais pour coller à la version minable de ce qu’il voulait qu’elle soit.

Lors de sa dernière visite, Braxton avait découvert de nouvelles contusions sur ses bras. Fou furieux, il avait voulu s’occuper de son père, mais sa mère l’avait supplié de ne pas le tuer. Il avait fini par céder, et avait promis à sa mère de ne pas assassiner le salaud. C’était une promesse qu’il avait grand mal à tenir.

Il avait décidé de ne plus revenir, de ne plus se torturer pour son échec et d’accepter qu’il ne pouvait empêcher son père de battre sa mère. Il aurait mieux fait de quitter Shreveport des années plus tôt sans un regard en arrière.

Mais il était resté, espérant que sa mère se réveille un jour et se décide à quitter Remy.

Il n’avait pas pu abandonner sa mère. Au fond, Braxton savait que c’était sa présence qui empêchait Remy de la tuer.

Il grimaça en se remémorant l’incident survenu deux semaines plus tôt. En arrivant chez eux, il avait trouvé sa mère terrorisée prostrée par terre. Elle marmonnait des excuses en crachant du sang tandis que son père continuait de lui assener des coups de poing dans le visage.

Braxton avait vu rouge. Il avait dû user de tout son contrôle pour ne pas démembrer cette ordure. Il s’était jeté sur son père et l’avait roué de coups de poing, encore et encore. Il avait entendu ses os craquer sous ses doigts. Remy était lâche ; il avait muté en loup et aisément maîtrisé Braxton. Braxton avait refusé de muter. Il détestait sa nature de loup. C’était la seule chose qu’il tenait de cet enfoiré, avec des bleus et des fractures.

Arrivé sous le petit porche devant l’entrée, il frappa à la porte en serrant les mâchoires. Contrairement aux maisons voisines, la terrasse de la petite bâtisse à la peinture jaune écaillée ne possédait aucune décoration. Même la porte, sur laquelle aucune couronne de Noël n’était accrochée, évoquait le désespoir.

Braxton serra les poings, se préparant à ce que le fumier ouvre la porte et lui demande ce qu’il voulait avec un petit sourire suffisant.

Il finit par remarquer le silence absolu qui régnait dans la maison.

Il tourna la poignée en métal glacée, mais la porte ne s’ouvrit pas.

Il n’en fut pas surpris. Son père poussait toujours le verrou avant de tabasser sa mère. Remy Devereaux n’aimait pas être interrompu lorsqu’il laissait libre cours à sa rage alcoolisée.

Braxton regarda à travers les fenêtres du salon, plongé dans l’obscurité.

C’était étrange. Même la lampe de chevet était éteinte. D’aussi loin qu’il se souvienne, sa mère laissait toujours cette lampe allumée.

Toujours.

— Merde.

Braxton banda ses muscles et projeta son épaule contre la porte. Le bois se brisa en un grand vacarme et la porte sortit de ses gonds en emportant le verrou.

— Maman !

Sa respiration saccadée semblait résonner dans la pièce vide. La maison était plongée dans un silence de mauvais augure qui fit tambouriner son cœur.

Il alluma l’interrupteur sur le mur et le salon s’illumina. Même si tout semblait à sa place, l’atmosphère lugubre ne s’allégea pas pour autant.

Son regard passa sur le canapé recouvert d’un plaid vert et jaune, sur le fauteuil brun râpé et la table basse datant des années soixante-dix. Sur des tables d’appoint de chaque côté du canapé trônaient les lampes en verre hideuses dont sa mère avait hérité de la sienne.

La cheminée était éteinte et, à en juger par le froid qui régnait dans la pièce, aucun feu n’avait été allumé depuis plusieurs heures. Les parquets reluisaient, preuve des constants efforts de sa mère pour tenter de rendre la maisonnette parfaite aux yeux de son mari exigeant.

L’apparence impeccable du salon n’apaisa en rien l’angoisse qui commençait à lui serrer la gorge.

— Maman ? appela-t-il plus fort, sentant la panique le gagner.

Il traversa le salon et entra dans la cuisine sombre. Sa botte dérapa sur une flaque ; il glissa et se rattrapa au comptoir pour conserver l’équilibre.

— Ce fumier a encore renversé sa bière, maugréa Braxton en allumant la lumière.

Tout l’air quitta brutalement ses poumons.

Des éclaboussures écarlates recouvraient les placards blancs de la cuisine, rappelant une peinture d’enfant aux doigts. De longues coulures descendaient le long des portes et le sang formait des mares sur les comptoirs en Formica. Braxton avait du mal à respirer. L’odeur écœurante du sang lui piquait le nez. Putain, on se serait cru dans un film d’horreur.

Tous les muscles de son corps se crispèrent et il se mit à trembler de tous ses membres.

Une énorme traînée de sang s’étendait sur le sol de la cuisine, autour de l’îlot, et continuait jusqu’à la salle à manger.

Les tripes nouées, il avança, sachant déjà ce qu’il allait trouver. Les battements de son cœur résonnaient contre ses tempes. Il se haïssait de ne pas être arrivé avant. Il aurait pu la sauver s’il était arrivé juste un peu plus tôt.

Son cœur cessa de battre. Un corps sans vie était allongé sur le lino blanc de la salle à manger, baignant dans une mare de sang sombre. Une couverture orange, d’ordinaire drapée sur le canapé du salon, recouvrait le corps, ne laissant dépasser qu’un visage sévèrement amoché. Elle n’avait même plus l’air humaine.

Le front de Braxton se couvrit d’une sueur glacée, et la pièce commença à tanguer autour de lui. Il recula, s’appuya contre l’îlot de cuisine et inspira profondément. Sa colère se mêlait à sa culpabilité, le faisant frissonner des pieds à la tête.

Son père avait tenu parole. Il avait tué sa mère.

Malgré ses jambes flageolantes, Braxton se força à approcher. Il s’agenouilla, son jean trempant dans l’épaisse flaque de sang qui coulait de sous la couverture jadis orange, désormais d’une teinte brunâtre méconnaissable.

Il tira la couverture en laine. La surprise, puis le soulagement l’envahirent lorsqu’il repéra la lourde chaîne en or autour du cou du cadavre.

C’était le collier que Remy portait toujours. Ce corps sans vie était celui de son père.

— Qu’est-ce que tu as fait ?!

Le cri à glacer le sang de sa mère résonna dans la maison.

Il se releva gauchement et se retourna pour lui faire face. Les cernes sombres qui s’étendaient sous ses yeux semblèrent s’obscurcir encore alors que son regard voyageait entre lui et le corps ensanglanté par terre. Elle couvrit son visage de ses mains tremblantes, tentant de comprendre l’horrible scène. Malgré sa brutalité, Lynette aimait son père d’une adoration toxique. Braxton avait toujours su que leur histoire se solderait un jour par la mort. Simplement, il avait toujours pensé que ce serait celle de sa mère.

— Je ne l’ai pas tué. Je l’ai trouvé comme ça, dit-il en levant les mains.

Il voulut prendre sa mère dans ses bras, mais elle le repoussa violemment. Braxton sentit la piqûre douloureuse et familière du rejet.

Elle s’approcha du cadavre et tomba à genoux devant lui, son pantalon baignant dans le sang de Remy. Elle se mit à sangloter bruyamment en prenant sa tête entre ses mains. Le cœur de Braxton se serra.

Il essaya de la relever, mais elle se dégagea et se mit à hurler en le fixant avec des yeux fous, comme s’il était un monstre.

— Ne me touche pas ! Tu l’as tué !

— Qu’est-ce qui se passe, Lynette ? Tout va bien ?

M. Cooper, le pasteur vivant à la porte à côté, apparut au coin du couloir et pila net.

— Grand Dieu..., murmura-t-il.

— M. Cooper...

Mais avant que Braxton ne puisse lui expliquer qu’il venait de trouver son père ainsi, le pasteur s’était déjà précipité dehors en lançant des prières par-dessus son épaule.

Les cheveux dans la nuque de Braxton s’hérissèrent, comme pour l’avertir du danger qui approchait. Son instinct de loup lui soufflait qu’une situation terrible était sur le point de se déclencher.

Des sirènes retentirent au loin. La respiration de Braxton s’accéléra. Il n’avait pas exactement bonne réputation auprès de la police de Shreveport. Il s’était retrouvé en garde à vue plus d’une fois à la suite de bagarres. Même si chaque fois, c’était pour protéger des danseuses de la Marmotte contre des clients qui croyaient que leur argent leur permettrait d’obtenir davantage qu’une lap dance, aux yeux des policiers de Shreveport, Braxton était un criminel. Et, pour eux, criminel un jour, criminel toujours.

Les lueurs bleues et rouges des gyrophares clignotèrent par la fenêtre du salon, l’aveuglant momentanément. Son cœur battait à tout rompre.

— Les mains en l’air, on entre ! crièrent deux agents en pénétrant dans la maison, leurs pistolets à la main.

Braxton resta immobile, incapable de détacher son regard de sa mère en train d’étreindre le corps mutilé d’un homme mauvais qui ne s’était jamais soucié d’elle.

Au fond, Braxton était soulagé que cet enfoiré soit mort. Est-ce que cela faisait de lui une personne aussi mauvaise que son père ?

— Pas un geste ! hurla un flic chauve en braquant son pistolet sur Braxton.

Braxton prit une profonde inspiration pour essayer de calmer le rythme frénétique de son cœur en se demandant distraitement si c’était le protocole dans ce genre de situation. Les agents ne réalisaient-ils pas que personne n’avait bougé depuis leur arrivée ?

— Les mains en l’air ! cria le policier.

— C’est mon père, dit calmement Braxton en levant lentement les mains au-dessus de la tête. C’est moi qui l’ai découvert.

Ces mots lui brûlèrent la bouche. Il détestait reconnaître son lien de parenté avec cet homme. Il se tourna vers sa mère, toujours en train de sangloter hystériquement.

— Maman, dis-leur qui je suis.

— C’est votre fils, madame ? demanda le policier à Lynette sans cesser de tenir Braxton en joue.

Sa mère fixa son fils de ses yeux rougis et leva une main ensanglantée.

— Braxton, pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?

— Maman, tu sais que ce n’est pas moi, protesta-t-il d’une voix étranglée.

Il fit un pas vers elle. Il fallait qu’elle comprenne qu’il n’avait pas tué son père.

Les flics se jetèrent sur lui et le plaquèrent brutalement contre le mur en lui écrasant le nez. Sa joue entra en collision avec le contreplaqué. Malgré sa colère, Braxton se retint de gronder.

— Les mains dans le dos, mon petit gars.

— Ne me touchez pas, fit Braxton en essayant de garder son calme. Je n’ai pas tué cet enfoiré.

— Ta mère n’a pas l’air de cet avis, dit le policier barbu.

Il serra les menottes autour de ses poignets jusqu’à ce que le métal morde dans sa chair et l’entraîna vers la sortie.

Braxton plissa les yeux, aveuglé par les lumières éblouissantes des gyrophares qui se reflétaient dans le jardin. Des voisins en pyjamas étaient sortis sur le pas de leurs portes et se tordaient le cou pour essayer de mieux voir la scène. Il eut soudain l’impression d’être une attraction tout droit sortie d’un musée des horreurs.

Il grogna lorsque les flics le plaquèrent contre la portière de la voiture de police et commencèrent à le fouiller.

— Tiens, tiens. On dirait qu’on a une arme du crime, déclara le policier âgé en sortant une lame d’une dizaine de centimètres de la botte de Braxton.

Merde. Il avait oublié le couteau qu’il portait toujours sur lui. Il eut envie de répliquer qu’il n’avait pas besoin d’une arme s’il voulait faire la peau à quelqu’un. Il pouvait simplement lui arracher la gorge.

Le flic dégarni passa l’arme à son collègue, qui la plaça promptement dans un sac à zip transparent tiré de la voiture.

— Allez-y, testez ce couteau. Vous ne trouverez pas la moindre trace de sang dessus, lâcha Braxton entre ses dents serrées.

— On verra bien, petit malin.

L’agent ouvrit la portière arrière de la voiture et poussa violemment Braxton en avant, lui cognant le crâne contre la carrosserie.

— Attention la tête, ricana-t-il avant de claquer la portière.

Braxton ne prêta pas attention à la douleur fulgurante dans son crâne et cligna des yeux pour chasser le filet de sang qui s’écoulait de son front. Il était un loup ; il guérirait bien assez vite. Une petite blessure ne le dérangeait pas. Son vrai défi était de contrôler sa colère, qui menaçait de le faire muter en loup. Muter devant des humains était formellement interdit par la loi des loups.

Le hurlement perçant d’une femme déchira la nuit et brisa la concentration de Braxton. Il leva la tête et vit sa mère se précipiter en courant vers la voiture. Le jeune flic barbu tenta de l’arrêter en la retenant par la taille.

— Lâche ma mère, connard, maugréa Braxton.

— L’ambulance est en route pour vous examiner, madame. N’essayez pas de parler au coupable, lui dit le flic.

— Braxton ! cria-t-elle.

— Maman, tout va bien. Tout va bien se passer, la rassura Braxton.

Voir sa mère dans un tel état, les yeux écarquillés et fous, couverte du sang de son père, lui brisait le cœur.

— Tu as enfreint la loi, Braxton.

Ses paroles le firent frissonner, et il se sentit brusquement frigorifié. Il ne parviendrait jamais à faire entendre à sa mère qu’il n’avait pas assassiné son père. Pas tant qu’elle serait aussi bouleversée.

— C’est pour ça qu’on l’arrête, madame, lui assura l’agent.

Il lança un regard mauvais en direction de Braxton avant de lâcher sa mère. Elle courut jusqu’à la voiture et pressa ses paumes ensanglantées contre la vitre.

— Il viennent te chercher, Braxton. Tu seras jugé pour tes actions.

Braxton serra les poings en prenant conscience de la situation.

Il remarqua à peine l’arrivée de l’ambulance, ni qu’on éloignait sa mère pour qu’un infirmier l’examine.

Les nouvelles voyageaient à la vitesse de la lumière dans le monde des loups. Le Conseil des loups de Shreveport avait sûrement déjà appris ce qui s’était passé. Si les membres du Conseil pensaient que Braxton avait assassiné son propre père, alors, en effet, il avait enfreint la loi.

La loi des loups.

Enfreindre la loi des loups signifiait une seule chose.

Que des Assassins étaient en route pour l’exécuter.

***

Kate Wolph ouvrit sa porte d’entrée en resserrant les pans de la couverture décorée d’étoiles filantes autour de ses épaules. Une bourrasque glacée la fit frissonner lorsqu’elle sortit sur le porche. Elle s’assit sur un des fauteuils à bascule en osier et enfouit son nez dans le plaid pour qu’il ne congèle pas sous le vent du mois de janvier. Même à trois heures du matin, la forêt qui entourait sa maison d’hôtes isolée l’apaisait toujours.

C’était cette solitude qui avait attiré sa mère ici, bien des années plus tôt, et l’avait décidée à acheter cette maison d’hôtes plutôt qu’une autre dans la ville charmante d’Eureka Springs. C’était cet isolement qui attirait et faisait revenir les clients, même après la mort de sa mère.

Kate déglutit, et de nouvelles larmes lui piquèrent les yeux. Elle se demanda ce que sa mère aurait pensé de son entreprise au bord de la faillite, si elle avait toujours été de ce monde.

— Je suis désolée, maman. Tu avais entièrement raison à propos de Tom. J’aurais dû t’écouter, murmura Kate dans la nuit glacée tandis que les larmes menaçaient de congeler ses joues.

Sa gorge se serra au souvenir douloureux de la dispute qui avait éclaté entre elles juste avant l’accident. Lorsque Kate avait appris à sa mère que Tom Hudson l’avait demandée en mariage, sa mère s’était mise en colère et lui avait interdit de l’épouser en affirmant que Tom n’était qu’un escroc qui cherchait à profiter de Kate.

Sa mère n’avait quitté des yeux la route sinueuse d’Eureka Springs qu’un instant, mais cela avait suffi pour que leur voiture sorte de la route et plonge jusqu’au bas de la falaise.

Kate avait mis un mois à guérir de ses blessures, mais elle ne s’était pas encore remise du trou béant que la mort de sa mère avait laissé dans son cœur.

Moins de trois mois après l’accident, Tom avait mis les voiles en emportant toutes les économies de Kate.

Et à présent, un an plus tard, sa maison d’hôtes, le seul foyer qu’elle ait jamais connu, risquait d’être saisi.

Elle sortit sa main de sous la chaleur de la couverture et leva la lettre de la banque vers la lumière pour la lire.

Son cœur se serra lorsqu’elle lut, puis relut, écrit noir sur blanc, la menace de la saisie de son établissement si elle ne pouvait pas rembourser ses échéances de prêt en retard.

— Comment puis-je rembourser mon prêt sans le moindre client ? C’est la crise. Qui serait prêt à payer pour rester à l’auberge Bella Luna alors que les autres établissements en ville sont moitié moins chers et ont une piscine ?

Elle serra les mâchoires pour retenir de nouveaux sanglots. Elle en avait assez de pleurer chaque fois qu’elle pensait à sa situation. Elle devait trouver solution au lieu de pleurnicher.

Willy Montgomery, le directeur de la banque, avait accordé un prêt au Bella Luna des années plus tôt. Kate se souvenait encore du jour où elle l’avait rencontré, alors qu’elle n’était encore qu’une petite fille. Elle et sa mère étaient en train de sortir de la banque lorsqu’il les avait arrêtées. Les lacets de Kate s’étaient défaits, et il s’était accroupi pour les renouer.

Ce petit geste bienveillant était resté gravé dans sa mémoire.

— M. Mongomery m’accordera peut-être un délai supplémentaire.

Kate se leva, soudain réchauffée par cette lueur d’espoir malgré la nuit glaciale. Si elle obtenait une extension pour son prêt, elle pourrait établir un plan d’action pour attirer plus de clients et sauver son auberge.

Elle caressa le bois de la rambarde autour du porche et soupira doucement.

— Je ne peux pas perdre cet endroit. Il est hors de question que je déçoive encore maman.

La bise glacée se calma, et le silence retomba sur la forêt. Kate scruta les bois obscurs. La lumière placée sur le côté de la maison n’allait pas jusque-là, laissant un pan de la maison plongé dans les ténèbres. Jusqu’alors, cela ne l’avait jamais dérangée.

Mais ce soir était différent.

Ce soir, elle avait l’impression de ne pas être seule.

Elle s’enveloppa dans la couverture et rentra précipitamment dans la maison. Une fois à l’intérieur, elle poussa le verrou et jeta un coup d’œil par la fenêtre.

— Je crois que je passe trop de temps seule. Je commence à m’imaginer des choses et à parler toute seule, murmura-t-elle avec un petit rire.

Elle avait vraiment besoin de voir du monde. Elle se promit d’appeler son meilleur ami Beau, le vétérinaire local, pour l’inviter à déjeuner.

L’isolement qu’elle appréciait tant déchaînait son imagination.

Afficher en entier

— Donne-tout, ma poule ! hurla Barbara.

Kate rentra la tête dans la cuisine. Elle était épuisée, agacée et un peu en rogne.

— Au moins, tu n’as pas eu à nettoyer du vomi.

— Au moins, tu ne t’es pas fait agresser sexuellement, rétorqua Jayden.

— Qu’est-ce que tu racontes ? s’esclaffa-t-elle.

— Myrtis m’a touché les boules pendant que je l’aidais à descendre de voiture, révéla Jayden en frissonnant. Merde, je vais en faire des cauchemars pendant des années.

Afficher en entier

Il ne voulait pas que Barrett remarque la teinte orangée de ses pupilles, signalant sa mutation imminente en loup. Il devait se ressaisir. Il ne pouvait pas se permettre de perdre le contrôle devant son nouveau chef de meute.

Être un Gardien demandait une maîtrise à toute épreuve. À part quelques membres du gouvernement, les humains ignoraient tout de l’existence des loups métamorphes, les reléguant au rang de mythes et de personnages n’existant que dans les films ou les livres. Bon Dieu, les humains avaient suffisamment de raisons de s’inquiéter sans cela, entre le changement climatique, la crise économique et les émissions de téléréalité.

Tous les muscles de son corps tremblaient, prêts à prendre leur forme lupine pour partir à la recherche de celui qui intimidait Haley et le faire payer de sa vie. Il saurait faire passer le meurtre pour un accident, ou du moins pour une attaque animale.

— Bon, de quoi as-tu besoin ? Que je récolte des infos ? Que j’interroge du monde sur le campus ? Que je fasse de la surveillance ?

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode