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Tous les regards étaient maintenant tournés vers Robert. Combien de temps Comyn avait-il gardé cela pour lui, tel un oiseau couvant son œuf et le gardant au chaud, dans l’attente du bon moment pour le montrer à tous ? À l’exception de ses proches – son frère, les Seton, Atholl et Mar –, Robert n’avait confié à personne qu’il avait été initié dans l’ordre du Dragon. Même James le dévisageait, l’air perplexe. Il allait s’expliquer, Dungal MacDouall l’en empêcha.

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Le roi était sur le point de répondre, mais il se ravisa en voyant un visage familier dans la foule en contrebas. C’était l’un des valets de la reine, un Français zélé du nom d’Adam. Sa cape de voyage scintillait à la lumière des bougies et ses cheveux noirs étaient plaqués sur son front à cause de la pluie. Adam passa devant l’une des cheminées et le roi vit de la fumée s’élever au-dessus de lui en un nuage vaporeux. Le page grimpa à la hâte les marches qui menaient à l’estrade royale.

— Sire.

Adam s’arrêta devant le roi pour s’incliner et reprendre son souffle.

— J’apporte un message de Kinghorn.

— Par cette tempête ? s’étonna Wishart tandis que le page se penchait pour parler au roi à voix basse.

Lorsque Adam eut fini, un léger sourire plissa les lèvres d’Alexandre et la rougeur de ses joues, due au vin, se communiqua à sa gorge.

— Adam, va chercher Tom dans son logement. Dis-lui de m’amener ma cape et de faire seller mon cheval. Nous partons pour Kinghorn sur-le-champ.

— Comme il vous plaira, sire.

— S’est-il passé quelque chose ? s’enquit l’évêque de St Andrews tandis que le valet se hâtait de repartir. La reine, est-elle…

— La reine va bien, dit Alexandre avec un sourire tout à fait épanoui. Elle désire seulement me voir.

Il se mit debout. Il y eut un grand brouhaha de bancs qu’on renverse et tous les occupants de la salle se levèrent avec lui, certains donnant de petits coups de coude à leurs voisins de table hébétés par le vin afin qu’ils suivent le mouvement. Le roi leva les mains et s’adressa à eux d’une voix forte.

— Je vous en prie, rasseyez-vous. Je dois prendre congé. Mais restez et profitez des festivités.

Il fit signe au joueur de harpe, et bientôt des notes métalliques résonnèrent au milieu du hurlement du vent.

Alors que le roi quittait la table, James Stewart vint se placer devant lui.

— Sire, attendez le matin. C’est une mauvaise journée pour voyager, surtout par cette route.

Le roi s’arrêta en voyant le visage inquiet du chambellan. Derrière lui, la même inquiétude se lisait dans les yeux des autres hommes de la tablée, sauf dans ceux de John Comyn qui s’était penché par-dessus la table pour parler avec son frère, le comte de Buchan. L’espace d’un instant, le roi hésita à se rasseoir et à demander du vin à Guthred. Mais il devait répondre à un appel plus pressant. La dernière chose que John Comyn avait dite lui restait en travers de la gorge. Vous pouvez sûrement comprendre leur détresse ? Alexandre ne le pouvait que trop, car la question de sa succession lui avait coûté deux ans de calvaire, après que l’héritier en qui il avait placé tous ses espoirs avait terminé dans la tombe avec sa femme, sa fille et son fils. La mort de son fils aîné avait coupé net la lignée d’Alexandre, comme une chanson stoppée avant le refrain. Elle ne se poursuivait plus que par un faible écho de l’autre côté de la mer du Nord, incarné dans la personne de sa petite-fille Marguerite, l’enfant de sa défunte fille et du roi de Norvège. Oui, Alexandre comprenait très clairement le choix impossible auquel avait fait face le peuple du Galloway cinquante ans plus tôt, quand leur seigneur était mort sans descendance mâle.

— Je dois partir, James, dit-il d’une voix douce mais ferme. Mon mariage a eu lieu il y a six mois et Yolande n’attend toujours pas d’enfant. Ce n’est pas faute d’essayer. Si elle reçoit ma semence ce soir, si Dieu le veut, j’aurai un héritier l’année prochaine à la même saison. Je suis prêt à endurer un orage.

Ôtant la couronne d’or qu’il avait portée au cours du conseil et de la fête, Alexandre la tendit à l’intendant puis se passa la main dans les cheveux pour les aplatir.

— Je reviendrai sans tarder.

Il s’interrompit une seconde, les yeux posés sur John Comyn.

— Entre-temps, tu peux dire à lord de Badenoch que je vais accéder à la requête de son beau-frère.

Les yeux d’Alexandre s’allumèrent.

— Mais attends demain.

Une esquisse de sourire naquit sur les lèvres de James.

— Sire, le salua-t-il.

Sa robe rouge écarlate brodée d’or scintillant, Alexandre traversa l’estrade à la suite du valet aux pieds crottés. Le garde s’inclina, ouvrit les doubles portes et le roi sortit, le son de la harpe diminuant peu à peu derrière lui.

Dehors, la tempête le frappa de plein fouet. Une pluie glaciale le gifla et l’aveugla à demi tandis qu’il descendait dans la cour. Un éclair zébrant le ciel noir le fit tressaillir. Les nuages étaient si bas qu’ils semblaient raser les toits des bâtiments qui se dressaient devant lui jusqu’à l’enceinte intérieure, au pied de laquelle le sol déclinait abruptement vers les remparts extérieurs. De son point de vue élevé, le roi pouvait contempler par-dessus les murs la ville royale d’Édimbourg qui s’étirait en contrebas du promontoire en haut duquel était perché le château.

Au loin, au pied de la colline, il distinguait la forme pâle de l’abbaye de Holyrodd, derrière laquelle les masses rocheuses noires s’élevaient en falaises balayées par le vent et voilées par les nuages. Au nord, la terre formait un plateau de pâturages verdoyants et de champs, puis de marais qui ouvraient sur le Forth of Forth, que les Anglais appelaient la mer d’Écosse. Par-delà cette étendue d’eau qu’illuminait par instant la foudre, se déployaient les collines boisées de Fife et le chemin qu’il allait suivre. Kinghorn, à vingt miles de là, semblait plus loin que jamais. Repensant aux sombres paroles de l’évêque de St Andrews, qui avait déclaré que le jour du jugement dernier, la nature serait aussi déchaînée que ce jour, Alexandre hésita, debout sur la dernière marche, la pluie s’abattant sur lui. Mais quand il vit Adam arriver en courant, il se força à mettre le pied dans la boue et garda à l’esprit l’image de sa jeune épouse qui l’attendait au chaud dans le lit. Il y aurait du vin aux épices et du feu dans la cheminée.

— Sire, Tom est malade, l’informa Adam à haute voix pour couvrir le vent.

Il portait la cape de voyage du roi.

— Malade ?

Alexandre fronça les sourcils pendant que le page lui attachait le vêtement doublé de fourrure aux épaules. Tom, qui le servait depuis plus de trente ans, voyageait toujours avec lui. Adam était certes un jeune homme capable, mais il était le favori de la reine, dont il avait rejoint la suite l’automne précédent.

— Tom allait bien cet après-midi. Le médecin l’a-t-il vu ?

— Il dit que ce n’est pas la peine, répondit Adam en le guidant à travers les flaques d’eau. Prenez garde où vous marchez, sire.

Des lanternes brûlaient un peu plus loin, leurs flammes ressemblaient à des oiseaux en cage, voletant et se cognant contre les carreaux. Le vent portait les hennissements des chevaux et les ordres échangés par les hommes.

— Qui va m’escorter ?

— Tom envoie maître Brice prendre sa place.

Alexandre plissa un peu plus le front tandis qu’Adam le menait jusqu’aux écuries. La puissante odeur de paille et de crottin lui emplit les narines.

— Sire, l’accueillit le maître des écuries en amenant un coursier gris magnifique. J’ai sellé Hiver pour vous, bien que j’aie eu de la peine à croire maître Brice quand il m’a dit que vous partiez par ce temps.

Le regard d’Alexandre se posa sur Brice, un homme taciturne, un peu lent d’esprit, à son service depuis moins d’un mois, engagé pour aider Tom qui s’épuisait à veiller sur le roi et sa nouvelle épouse. Alexandre avait pensé demander à l’intendant de le remplacer, mais avec les préparatifs du conseil, il n’en avait pas eu le temps. Brice s’inclina sans dire un mot. Maugréant et se sentant soudain tout à fait sobre, Alexandre enfila les gants de cavalier que le maître des écuries lui tendait. Lorsqu’il se hissa sur le cheval en s’aidant du montoir, sa robe remonta sur ses chausses déjà maculées de boue. Il se serait changé, mais il ne voulait pas perdre ce qu’il restait de la journée. Pendant que le maître des écuries serrait les sangles d’une poigne ferme, ses deux hommes d’escorte montèrent sur les chevaux qu’on avait sortis des stalles pour eux. C’étaient deux palefrois, plus petits et plus légers que la monture du roi. Adam avait un nouveau cheval, le sien ne s’étant jamais remis du périple jusqu’à Édimbourg.

La voix du maître des écuries s’éleva tandis qu’ils s’enfonçaient sous la pluie.

— Bon voyage, sire.

Adam ouvrit la voie dans la cour du château. Les chevaux avançaient sans difficulté bien que le sol fût meuble. Le soir n’était pas encore tombé, mais déjà des torches brûlaient aux fenêtres du poste de garde, l’obscurité étouffant la lumière. Les gardiens ouvrirent les grilles et les trois hommes s’engagèrent sur le sentier escarpé qui descendait. Bientôt le poste de garde les domina du haut de la pente de rocaille noire, les torches formant comme de petits yeux d’ambre. Quand ils franchirent la deuxième grille des remparts extérieurs, les gardes saluèrent le roi avec surprise.

Sur la grand-route qui menait à la ville couraient des torrents d’eau de pluie, mais comme il n’y avait personne, le roi et les deux hommes à ses côtés accélérèrent le pas. Le vent agitait leur cape, ébouriffait leurs cheveux, et ils arrivèrent en ville trempés et gelés. Laissant Édimbourg derrière eux, ils se hâtèrent de traverser les étendues de plaine vers l’estuaire de la Forth.

À Dalmeny, où les vents venus de la mer les harcelaient, ils mirent pied à terre devant la maison du maître du bac. Il faisait complètement noir désormais. Tandis qu’Adam frappait à la porte, le roi observa les eaux noires et enflées qui s’étiraient sur une longue distance. La foudre éclata au loin au-dessus des collines et le grondement lui parvint telle une vague déferlant sur lui. La tempête se déplaçait au nord vers le Fife.

Le maître du bac entrebâilla la porte, une lanterne à la main.

— Oui ? lança-t-il en écossais, maussade. Ah, c’est encore vous.

Lorsqu’il aperçut derrière Adam la tête du roi, son attitude changea du tout au tout.

— Sire ! salua-t-il en ouvrant la porte en grand. Toutes mes excuses. Je vous en prie, entrez vous abriter.

— Je vais à Kinghorn, dit Alexandre en passant sans difficulté du français, qu’il avait parlé toute la journée au conseil, à l’abrupt dialecte anglo-écossais.

— Avec ce vent ?

L’homme jeta un regard inquiet sur la grève derrière sa maison, où l’ombre massive du bac se distinguait dans le noir.

— Je ne crois pas que ce soit très raisonnable.

— Ton roi t’a donné un ordre, le rabroua sèchement Adam. Il n’a pas besoin de savoir ce que tu en penses.

Rabattant sa capuche sur son crâne, le maître du bac passa devant Adam pour s’adresser au roi.

— Sire, je vous en conjure, attendez demain matin. Vous pourrez loger ici avec vos hommes. Ce ne sera pas des plus commodes, mais vous serez au sec.

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GASCOGNE, FRANCE

1262

Les chevaux hennissaient, paniqués. Les épées fendaient l’air, s’abattaient sur les boucliers et les heaumes. Par leurs visières, les hommes haletants crachaient menaces et jurons, les bras et les épaules tordus par la douleur que faisaient naître chaque coup et chaque mouvement. Des nuages de poussière jaunâtre s’élevaient au-dessus de la terre sèche des vignes. L’odeur des raisins, gonflés par la chaleur, rendait leur gorge encore plus râpeuse tandis que la sueur dégoulinait dans leurs yeux, les aveuglant.

Au milieu de la bataille, un homme en surcot rouge et jaune leva son bouclier pour parer un coup. Son cheval tourna sur lui-même. Ramenant la bête dans le bon sens d’un coup d’éperon, il allongea pour contrer et enfonça sa lame dans le flanc de l’ennemi, à travers le lin et le rembourrage, mais la cotte de mailles arrêta son geste. À ses côtés, un homme de bonne stature, vêtu d’une cape bleu et blanc, envoya un coup vigoureux dans le ventail d’un chevalier. Sous l’impact, l’homme bascula en avant et lâcha son épée. Sa monture trébucha et le fit tomber de selle. Il chuta au milieu des raisins crevés et roula dans le jus noir en tentant d’éviter les sabots qui martelaient le sol autour de lui. Mais l’un d’eux lui écrasa le côté de la tête, broya son heaume et son corps fut bientôt piétiné par les chevaux des hommes qui se battaient.

L’homme en rouge et jaune brandit son épée et lança un cri farouche, quelques autres reprirent aussitôt en chœur.

— Arthur ! hurlaient-ils. Arthur !

Des forces neuves irriguaient les muscles et les poumons trouvaient un nouveau souffle. Maintenant ils étaient impitoyables et ne faisaient plus de quartier. Alors que leurs adversaires tombaient à terre, une bannière claquant au vent fut hissée au-dessus de la mêlée. Elle était rouge écarlate ; au centre, un dragon debout sur ses pattes arrière crachait du feu.

— Arthur ! Arthur !

L’homme qui portait la cape aux rayures bleues et blanches avait perdu son épée, mais il continuait de lutter furieusement en se servant de son bouclier comme d’une arme. D’un coup, il brisa la mâchoire d’un homme avant de se tourner pour envoyer la tranche du bouclier dans la visière d’un autre. Puis, agacé par un chevalier qui lui résistait, il l’attrapa par le cou et le fit tomber de son cheval. Comme son adversaire chutait entre les chevaux en hurlant et en cherchant quelque chose à quoi s’accrocher, un cor retentit à trois longues reprises.

Ceux qui étaient encore sur leur monture baissèrent leur épée. Luttant pour reprendre leur respiration, ils s’efforçaient de maîtriser leurs destriers excités. Les hommes à terre, eux, se relevaient et se frayaient un chemin dans la cohue. Ils étaient entourés de soldats qui les attendaient, un fauchon à la main. Un ennemi qui essayait de s’enfuir à travers les vignes fut rattrapé et forcé de se soumettre. De leur côté, les écuyers rassemblaient les chevaux qui erraient seuls, ayant perdu leur cavalier au cours du combat.

L’homme en rouge et jaune retira son heaume, surmonté d’ailes de dragons argentées. Dans son visage jeune, aux traits marqués, brillaient deux yeux d’un gris intense, et l’une de ses paupières s’affaissait légèrement, lui donnant un air rusé. Le souffle court, Édouard observait les hommes vaincus à qui on prenait leur arme. Quelques-uns avaient été blessés, dont deux gravement. L’un d’eux, aidé par deux camarades, titubait en grognant. Il avait des dents brisées. Édouard sentait la victoire résonner en lui et tout son sang vibrait à son rythme.

— Encore une victoire, mon neveu.

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L’audience organisée par Édouard Ier pour choisir un nouveau roi d’Écosse a duré longtemps et, bien que ce soit intéressant sur le plan historique, cela ne fonctionnait pas dans le roman, puisqu’il s’agit essentiellement de discussions politiques et de longues périodes d’attente. En conséquence, le chapitre qui se déroule à Norham est un amalgame des nombreuses réunions qui ont eu lieu sur une période bien plus longue et en divers endroits.

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— Sir James et ses hommes les surveilleront de là, où le terrain est surélevé et où ils auront une vue dégagée sur la route. Pendant ce temps, nos troupes attendront ici, ajouta-t-il en traçant deux croix de part et d’autre de la ligne. Bon, nous ne savons pas exactement quand les Anglais arriveront, mais nos éclaireurs pensent que ce sera dans l’après-midi, en tout cas avant la tombée de la nuit. Sir John et ses hommes ont reconnu la route.

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Humphrey de Bohun faisait partie de l’avant-garde, avec les chevaliers de son père. Il avait les yeux perdus au loin dans les masses de fumée sur la mince bande lumineuse de la mer, tassée contre la côte. Cela faisait des semaines maintenant qu’il luttait contre une douleur intérieure lancinante, comme s’il avait oublié ou perdu quelque chose. Il savait qu’il s’agissait de son père, dont le cadavre avait été arraché à la boue du champ de bataille et que des chevaliers ramenaient en ce moment même au sud, en Angleterre. Le savoir n’atténuait en rien sa souffrance. Au contraire, elle ne faisait que croître, comme si le corps de son père avait été une corde dont la rupture avait déchiré quelque chose en lui.

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La tempête était arrivée tard le soir par la mer. Les éclairs avaient illuminé le paysage comme en plein jour. Le déluge qui s’était abattu sur eux avait trempé les hommes jusqu’aux os et transformé les champs en marécages. Le lendemain matin, alors que le tonnerre n’avait pas cessé de gronder, l’armée s’était remise en marche avec la rouille qui s’attaquait aux cottes de mailles et les housses des chevaux imbibées d’eau. La boue pestilentielle avait séché à même la peau et les vêtements, formé des croûtes, et les mouches s’étaient mises à voler autour des bouches et des yeux des hommes et de leurs montures. Ces tourments étaient pénibles, bien sûr, mais ce n’est qu’en arrivant à Édimbourg que les Anglais avaient compris le véritable prix de cette tempête, car les bateaux qui devaient les retrouver dans le port de Leith ne s’y trouvaient pas.

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Au début, malgré leur colère contre les Anglais, beaucoup craignaient de le soutenir, en raison des possibles représailles de Percy et Clifford. Robert aurait pu exiger leur ralliement, mais il savait que des hommes nerveux et en proie au doute ne lui seraient pas d’une grande utilité, il n’avait donc pris que ceux qui venaient de leur plein gré. C’étaient pour l’essentiel des jeunes gens ambitieux, chevaliers sans terre ou cadets de famille, qui n’avaient pas servi son père et étaient tous désireux de gagner sa faveur. Gartnait de Mar et John d’Atholl restèrent à Turnberry avec leurs hommes et l’épouse de Gartnait, et grâce à la présence d’Édouard et de Christiane, le château rappela à Robert l’époque où ses murs corrodés par le sel abritaient sa famille et son entourage.

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Au début, il avança aisément, il lui suffisait de suivre les sentiers naturels que les cerfs et les autres animaux avaient creusés dans la broussaille. Il percevait le murmure distant de petits ruisseaux invisibles et des souvenirs de ses jeux d’enfant dans l’eau lui revinrent. Il revit ses frères, Thomas et Niall, courir dans les bois en frappant les fougères avec des bâtons et en lançant des cris de guerre. Toujours à leur tête, il sautait sans crainte par-dessus les branches tombées au sol tandis qu’Alexandre restait à la traîne. Après toutes ces années, cette forêt recelait encore des images douloureusement familières, mais Robert s’y enfonçait désormais avec un sentiment tout différent de responsabilité, lié au fait qu’elle lui appartenait.

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Le vent était tombé durant l’après-midi et un calme total régnait sur le camp. Au cours de la dernière heure, les nuages s’étaient amoncelés à l’ouest. Robert et sa suite mangeaient en silence leur repas, un porridge peu appétissant agrémenté de baies, dans la pénombre grandissante. Les serviteurs et deux écuyers de Carrick étaient occupés à monter les dernières tentes, créant un petit camp au sein de celui plus vaste de l’armée de Wallace. Au-dessus de ce camp flottait l’étendard de Carrick. Robert, après beaucoup d’hésitations avait décidé d’affirmer sa présence plutôt que de tenter de la dissimuler. Près d’eux, un groupe de paysans était assis au coin du feu, leurs lances posées à terre à côté des capes de laine qui leur servaient de lit. Ils épiaient d’un œil envieux les fourrures, les oreillers et les couvertures qu’on déchargeait des chariots pour aménager les tentes.

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