Extraits

Cunien me lança un regard noir.

- Par les dieux ! Falcio, tu as toujours trop parlé.

- Je pense que si tu me permets de t'en faire la démonstration, tu trouveras ma lame encore plus éloquente que moi.

- J'ai apprécié de te connaître, Trattari. Mais tu es vraiment un fieffé cinglé !

- Ferme ta maudite bouche ou je jure que je m'embroche sur ma propre épée juste pour te faire honte !

- Kest, la prochaine fois que l'issue la plus optimiste que tu puisses envisager lors d'un combat est notre mort à tous sauf la tienne, continue de réfléchir, d'accord ?

Brasti était séduisant, un peu trop pour son propre bien. Ou celui des autres. Ses pommettes saillantes et sa bouche sensuelle entourée d'une barbe d'un blond aux reflets roux mettaient en valeur un sourire qui lui permettait de se tirer de presque toutes les bagarres provoquées par sa langue trop bien pendue. Pour les autres, son talent à l'arc réglait rapidement le problème. Mais quand il tentait de vous lancer un regard assassin, il donnait simplement l'impression de bouder comme une donzelle.

Le deuxième sentiment le plus désagréable au monde est celui qui vous envahit quand votre corps comprend qu'il va encore devoir se battre pour défendre sa vie. Vos muscles se tendent, vous vous mettez à transpirer, vous empestez (heureusement, dans le feu de l'action, personne n'y prête attention) et votre estomac sombre, lesté de plomb.

Mais la première place revient à l'instant où votre corps s'aperçoit que le combat est fini. Vos muscles se relâchent, votre tête est traversée de douloureuses pulsations, vous transpirez toujours et cette fois, vous ne pouvez pas ignorer l'odeur.

“The first rule of the sword is - put the pointy end in the other man.”

- Je suis Brasti Fierarcher, dit-il.

Il jeta un bref regard à Kest et moi et ajouta lentement :

- Et je suis la Flèche du roi.

Kest s'avança à ses côtés.

- Je me nomme Kest de Luth, fils de Murrow le forgeron.

Il tira son arme.

- Et je suis la Lame du roi.

Chacun d'entre nous avait un surnom semblable, donné par le roi en personne. Dara était la "Fureur du roi, Nile "le Bras du Roi", et moi...

- Ne t'en fais pas, me souffla Kest. Il aurait voulu que tu le dises, ajouta-t-il encore plus bas.

- Dis-le, bon dieu, cracha Brasti. C'est le moment ou jamais.

Je pris une profonde inspiration et m'avançai à mon tour.

- Je suis Falcio val Mond de Pertine. Et je suis le Coeur du roi.

Elle me détailla, mais sans regarder mon visage, mes mains ou mes pieds, entendons-nous bien. Elle ne s'intéressa qu'à mon manteau.

- Je vois que tu as fait tout ton possible pour ravager mon Manteau de gloire, Falcio val Mond.

Je me sentis étonnamment gêné.

- Je...

- Silence. J'ai plus important à faire pour le moment.

"La Première Loi édicte que tout homme est libre. Car sans la liberté de choisir, les hommes ne peuvent servir leur coeur, et sans coeur, ils ne peuvent servir leurs dieux, leurs saints, ou leur roi."