Extraits

En regardant les tableaux de Toulouse-Lautrec, on pourrait penser que ses secrets relevaient d’une sexualité excessive, mais c’est tout le contraire, poursuivit Mme Kittinger. À votre avis, de quoi s’agissait-il ?

Pour toute réponse, elle eut un silence gêné. L’histoire de l’art était la matière préférée d’Aria, mais la plupart de ses camarades ne la prenaient pas au sérieux. Ils l’avaient sans doute choisie en pensant qu’ils n’auraient pas besoin de se fouler pour décrocher une bonne note. Quand Mme Kittinger avait distribué les manuels pendant le premier cours après la rentrée, beaucoup d’entre eux les avaient feuilletés comme s’ils étaient rédigés en morse

Poussant la double porte de l’auditorium, elle émergea dans le hall aux larges baies vitrées, dont les murs s’ornaient d’affiches de Macbeth et où une odeur de chewing-gum mentholé planait.

Soudain, un murmure résonna à son oreille.

— Meurtrière.

Spencer sursauta et regarda autour d’elle. Le hall était désert. Elle se dirigea rapidement vers l’escalier, mais là non plus il n’y avait personne.

Vous avez déjà réussi à faire un truc vraiment mal en toute impunité ? Par exemple, sortir avec le mec mignon qui fait les mêmes horaires que vous à la boutique de bagels… et ne jamais l’avouer à votre petit ami officiel ? Ou piquer un foulard dans votre magasin préféré sans qu’aucune alarme se déclenche ? Ou créer un profil Twitter anonyme pour poster une rumeur horrible sur votre meilleure amie, et ne rien dire quand elle accuse la langue de vipère assise devant elle en cours d’algèbre ?

Au début, c’est grisant de ne pas vous faire prendre. Puis le temps passe, et une vague nausée vous gagne. Vous avez vraiment fait un truc pareil ? Et si quelqu’un le découvre un jour ? Parfois, la crainte d’être démasqué est pire que la punition elle-même, et la culpabilité commence à vous pourrir la vie.

À Rosewood, quatre jolies filles ont commis un meurtre sans être inquiétées. Et ce n’est pas la seule chose qu’elles ont à se reprocher. Leurs crimes les rongent de l’intérieur. Et maintenant, quelqu’un est au courant de tout…

Le karma, c’est comme un boomerang : il finit toujours par vous revenir en pleine face. Surtout à Rosewood, où aucun secret ne reste jamais enterré bien longtemps.

-Tu en prends souvent?

Spencer s'était balancée d'un pied sur l'autre.

-Juste pour étudier. Et en soirée, c'est marrant.

-Tu n'as pas peur de te faire choper?

Elle avait levé les yeux au ciel.

-Je gère, Hanna, ne t'en fais pas.

-Va-t'en, tache damnée! Va-t'en, te dis-je! rugit Spencer.

Finalement, Spoiler(cliquez pour révéler)Kelsey avait tendu la main elle aussi.

-On n'a qu'une vie, hein?

Spoiler(cliquez pour révéler)Phineas avait déposé le cachet dans sa paume; Spencer avait vu la glotte de l'autre fille monter et descendre quand elle l'avait avalé.

-Au futur carton qu'on va faire à nos examens!

-Tu as fumée ou quoi? C'est sans doute elle qui t'avait poussée à la base!

Gloussant, elle traversa la piste de danse et s'arrêta à une longueur de bras de Pocahontas. Pui elle prit une grande inspiration et, d'un geste vif, s'empara de sa coiffe. Pocahontas porta instinctivement les mains à sa tête soudain nue. Elle fit volte face pour voir Emily poser le coiffe sur ses cheveux et s'enfuir en courant.

-Tu es géniale! s'écria la sirène quand Emily la rejoignit.

Ces Jolies Petites Menteuses ne peuvent pas s’empêcher d’être vilaines, et je ne peux pas m’empêcher de les torturer. C’est ce qu’on appelle une relation symbiotique, non ? Spencer le saurait sûrement si elle n’avait pas plané pendant le cours de biologie où le prof en a parlé. Oups.

Une fois de plus, la pauvre Emily a cru se faire une nouvelle meilleure amie. Et une fois de plus, elle n’a pas eu de chance, puisque Kelsey a failli la tuer. Tu craques toujours pour les délinquantes, Em ? Hanna s’est prise pour Juliette et a cru avoir trouvé son Roméo. C’est si romantique, les amours contrariées ! Elle aurait dû m’écouter quand je lui ai rappelé comment se terminait la pièce. Quant à Aria… oh, Aria. Elle est retombée dans ses vieux travers. Après tout, ceux qui ne retiennent pas les leçons de l’histoire sont condamnés à la répéter. Je croise les doigts pour qu’elle continue à manquer du bon sens le plus élémentaire.

Je dirais bien que ces demoiselles ont besoin de vacances, mais étant donné ce qu’elles ont fait la dernière fois qu’elles sont parties ensemble, ce n’est peut-être pas une bonne idée. Et puis, les regarder enchaîner les erreurs est si divertissant pour moi ! Il reste tant de secrets à révéler, ici, à Rosewood. Prenons par exemple le séjour de Tabitha au Sanctuaire d’Addison-Stevens. Qui connaissait-elle à l’époque, et que savait-elle exactement ? Moi, je suis déjà au courant. Vous… vous finirez bien par le découvrir, un jour.

À la prochaine, pétasses !

Biz,

« A »

Roulant sur elle-même, elle regarda l’écran de son ordinateur portable. Une page Facebook y était affichée. Repose en paix, Tabitha Clark.

Emily détailla la photo de profil de la jeune fille, ses lèvres roses qui lui avaient adressé un sourire si charmeur en Jamaïque, ses yeux verts qui s’étaient plissés avec méfiance face aux quatre filles sur la terrasse de l’hôtel. D’elle, il ne restait désormais qu’un squelette dont la chair et les entrailles avaient été dévorées par les requins avant que la marée dépose ses os sur le rivage.

Et c’est notre faute.

Emily referma brutalement son portable, en proie à une envie grandissante de vomir.

Un an plus tôt, pendant leurs vacances de printemps en Jamaïque, ses amies et elle étaient persuadées d’être tombées sur la véritable Alison DiLaurentis, revenue d’entre les morts pour finir le travail commencé dans les Poconos et les éliminer enfin. Après une série de rencontres étranges avec cette inconnue énigmatique qui leur jetait à la figure des secrets qu’Ali seule connaissait, Aria avait poussé Tabitha par-dessus la balustrade de la terrasse. L’autre fille avait fait une chute de plusieurs étages avant de s’écraser sur la plage de sable en contrebas, où son corps avait disparu presque instantanément – sans doute emporté par la marée.

Quand la télé avait annoncé, deux semaines plus tôt, que la mer avait régurgité les restes de Tabitha, Emily, Aria, Hanna et Spencer avaient pensé que le monde entier était sur le point de découvrir ce qu’elles savaient déjà : que la véritable Ali avait survécu à l’incendie de sa maison de famille dans les Poconos. C’est alors que la bombe avait explosé : la fille qu’Aria avait poussée n’était pas la véritable Ali. Elle s’appelait bien Tabitha Clark, comme elle le leur avait dit. Emily et les autres avaient tué une innocente.

À la fin du journal télévisé, elles avaient reçu un message anonyme glaçant d’une personne qui signait « A », comme les deux maîtres chanteurs auxquels elles avaient déjà eu affaire précédemment. Ce nouveau « A » savait ce qu’elles avaient fait, et il voulait qu’elles paient pour leur crime. Depuis lors, Emily retenait son souffle en attendant qu’il se manifeste de nouveau.

Chaque jour au réveil, elle se souvenait de la Jamaïque, et chaque jour elle était aussi choquée et honteuse que la veille. Tabitha était morte par sa faute. Une famille était en deuil par sa faute. Emily avait toutes les peines du monde à se retenir d’appeler la police pour tout raconter. Mais ça foutrait en l’air la vie de Spencer, d’Aria et d’Hanna en plus de la sienne.