Les Mérovingiens, Tome 2 : La Hache et la Croix

Nous sommes en l'an 481 de l'Incarnation du Seigneur Christ Jésus, Sauveur des hommes. Le roi Childéric, qui régna glorieusement sur les Francs saliens, vient de quitter ce monde, rongé par une maladie devant laquelle les thaumaturges tudesques, les médecins gallo-romains et même un savant docteur grec envoyé tout exprès de Constantinople par l'empereur Zénon n'ont pu qu'avouer leur impuissance. On a parlé de poison. A voix basse, bien sûr. On a louché sur le fils unique, ce gamin encore sans barbe mais non sans impatience qui vient tout juste d'atteindre sa quinzième année, âge où un garçon est déclaré homme fait, âge où un fils de roi est reconnu apte à régner.

Et donc le roi Childéric, fils de Mérovée, qui, jusqu'au bout allié fidèle de Rome, défia la mort en maints combats contre les féroces Saxons, les Wisigoths altiers, les sauvages Armoricains, les Alamans et les Thuringiens, n'ira cependant pas au Walhalla retrouver les Walkyries splendides, n'étant pas tombé comme tombent les héros aimés des dieux, le crâne ouvert, la hache au poing. Son corps émacié, enveloppé à la romaine dans la pourpre des hauts dignitaires impériaux, fut déposé dans un caveau creusé dans le sol près de Tournai, sa ville, avec ses armes et ses parures. Les chevaux aimés qu'il nourrissait de sa main furent égorgés et mis en terre tout autour du tumulus royal.