Extraits

« — Qu’est-ce qui ne va pas, clébard ? Tu n’as pas eu ton rappel antipuces ?

— Ne sois pas grincheux, chauve-souris. Ce n’est pas ma faute si tu es à court de reines du bal de promo à dépuceler.

— Les traits d’esprit ne sont pas ton fort, le clebs. Tiens-t’en à ce que tu connais : baver, te gratter et te lécher des parties du corps normalement inaccessibles.

— Mince alors, tu m’as l’air sacrément énervé. Est-ce qu’un des villageois en colère aurait oublié sa fourche dans ton cul, Drac ? »

Derrière moi, Emme tenait son portable loin de son oreille, essayant d’empêcher les grognements de Bren de lui déchirer les tympans. Parce que c’est ce qu’il manquait dans ma vie : un autre loup-garou en pétard.

- Pourquoi est-ce que vous cherchez ce connard ? Tu aurais dû m’appeler, bordel de merde ! Comment je fais pour vous retrouver, maintenant ?

Emme parla raisonnablement.

- Je suis désolée de ne pas avoir appelé, Bren. Mais Celia a ressenti le besoin urgent d’aider…

- Un connard ! Dis-le, Emme. Celia a ressenti le besoin d’aider un connard de maître vampire ! Putain de merde, vous pouviez pas attendre un quart d’heure que j’arrive ?

- On est près de la route quatre-vingt-neuf à South Tahoe. Tourne à droite quand tu verras un jeune sapin blanc puis la première à gauche sur un chemin de gravier.

- Tourne à droite quand tu verras un jeune sapin blanc ! T’es sérieuse ? Il y a un million de put…

Emme mit fin à l’appel.

- Bren dit qu’il est déçu qu’on ne l’ait pas appelé plus tôt. Il va essayer de nous retrouver et espère nous rejoindre rapidement.

Emme avait raté sa vocation de porte-parole de la Maison-Blanche.

Je fonçai droit sur le garou. Dans un bruit sourd, il s’écrasa de tout son poids dans un buisson de rhododendrons. Je fus étonnée de ne pas le voir se préparer à attaquer. Au lieu de cela, il s’assit et se frotta la tête… de manière assez pathétique.

Il jeta un coup d’oeil au sang sur sa main, puis dans ma direction.

— Bordel de merde, qu’est-ce que… ? J’essayais juste de t’observer.

— Comment ça ?

Il se releva, grimaçant et titubant tandis que son crâne écrasé émettait un bruit sec en se remettant en place. À en juger par son essence féline, ce devait être un lynx-garou ou un puma-garou. Puisqu’il se révélait peu belliqueux, j’optai pour lynx-garou.

— T’es une des filles du tribunal des vampires, pas vrai ?

— Je te demande pardon ?

Il se renfrogna.

— J’ai dit…

— Je t’ai entendu, crétin ! Ce que j’aimerais savoir, c’est ce que tu fiches ici.

— Je t’observe, répéta-t-il. Tu vois, c’est parce qu’on dit que tu es bizarre et…

Le lynx-garou continua d’émettre des feulements stridents alors que je reprenais la route à grandes enjambées en direction de notre quartier. Peut-être que mon genou dans ses parties intimes lui apprendrait à réfléchir à deux fois avant de traiter quelqu’un de bizarre.

Quel raté.

Mes muscles se raidirent lorsque les mains du vampire palpèrent mon corps tout entier et mes longues boucles. Je n’aimais pas l’idée qu’il me touche, et ma tigresse intérieure non plus. Mes doigts me démangeaient tant mes griffes demandaient à sortir.

Lorsqu’il me libéra enfin, je fis un pas en direction d’Emme tandis que j’étudiais le hall en quête d’une possible échappatoire. À côté de moi, le vampire qui fouillait Taran se montra un peu trop entreprenant dans sa palpation. Cependant, il s’en prenait à la mauvaise sœur.

— Si tu retouches mon cul une seule fois, draculourd, je te jure que je te fais rôtir.

« – Misha, qu’est-ce que tu fais, bon sang ?

Misha déchira son pantalon de manière telle que Magik Mike aurait pu aller se rhabiller. Il le jeta sur le côté et, bonté divine, le reste de son corps d’adonis suffit à me faire oublier ses horribles blessures.

Mes joues empourprées dessinèrent un large sourire sur son visage.

– Je vais me baigner. Tu veux te joindre à moi ? »

Aric à Célia

- Au cas où tu te poserai la question... Je me fiche toujours de ce que tu es, sourit-il. Et, bon sang, tu fais un lapin super mignon.

Dit le grand méchant loup au petit lapin. Je me reculai contre son torse et posai mon visage duveteux contre le creux de son bras plié. Pour un lapin, je me trouvais plutôt courageuse. Si j avais été humaine, je n aurai pas osé m allonger aussi près de lui.

- Dernière chance, chuchota Ana Clara. Si tu veux, je te prête ma culotte.

Je lui lançai un regard sévère.

- Je peux t assurer en toute franchise que ma réponse à cette s-question sera toujours non.

- Toute femme a une tigresse intérieure cette part d'elle où elle puise sa force et qui l aide à survivre, répondis-je en lui offrant un doux sourire. Je suis juste capable de faire sortir la mienne.

Tigresse, cracheuse de feu, lanceuse de couteaux et gitane. On aurait dit les têtes d affiches d un foire aux monstre. Il ne nous manquait qu une femme à barbe. Je soupirai. Voilà ce qui arrive quand on est le fruit d un sort qui a mal tourné.

— Bonjour, Celia. Pardonnez-moi de débarquer à l’improviste…

— Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?

Mon franc-parler lui décrocha la mâchoire, mais il recouvra rapidement son sourire poli.

— Je m’appelle Petro.

Son accent russe était discret, et sa voix moins assurée que celle de Misha. Il lui manquait également l’air arrogant typique des vampires. S’il n’avait possédé l’essence enivrante de sexe et de chocolat propre à tout vampire, j’aurais douté qu’il en fût en un. Je clignai des yeux, dans l’attente de la suite.

— Petro Makisma, répéta-t-il, comme si cela devait me dire quelque chose.

Devant le silence gênant, Petro lança un regard furtif au chauffeur. Ce dernier conserva un visage impassible, tout en me donnant l’impression que le manque de notoriété de Petro s’avérait courant. Petro bascula son poids d’une jambe à l’autre.

— Euh. Je suis ici pour vous présenter mes excuses, ainsi que celles de ma famille.

De nouveau, j’attendis la suite.

Ses épaules s’affaissèrent.

— Sir Misha Aleksandr et moi-même venons de la même famille.

Mon visage se durcit, si bien qu’il se glissa derrière le chauffeur. En toute justice, ce n’était pas ma mine la plus amicale.

— Ah. Lui.