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Il est quelque part dans la maison. Je sens sa présence et son odeur. Il est quelque part mais je ne le vois pas. Les murs bougent tout le temps, ils s’agitent et vacillent comme des néons fluorescents. Je trébuche, il doit y avoir un problème avec mes jambes. Elles croient tout le temps que je monte à l’étage mais, comme la surface est plate, je trébuche et je m’écroule contre un mur.

Si seulement je pouvais le voir, je pourrais m’enfuir. Je pourrais courir mais, si je ne sais pas où il est, je ne peux ni courir ni me cacher. Toutes les ombres sont les siennes. J’entre dans notre chambre en trébuchant sauf qu’elle ne ressemble pas vraiment à notre chambre. Les meubles sont tous mal disposés et les murs sont blancs. Dans notre vraie chambre, les murs sont peints un gris colombe clair, une couleur que j’ai choisie parce que je croyais qu’elle était apaisante. Les draps du lit sont blancs mais il y a du sang sur eux. Seulement de mon côté. Il y a du sang qui forme une mare dans un creux de l’oreiller et qui se répand sur les draps. A quelques endroits, il est frais et cramoisi vif alors que, à d’autres endroits, il est sombre et sent le renfermé. Ça va être un cauchemar à laver. Il va être furieux.

Je suis ailleurs, maintenant. Dans la buanderie avec la machine à laver et le sèche-linge. Je m’en souviens ! C’était la première fois. Je me regarde depuis le plafond. C'est étrange parce que je n’avais jamais vu le sommet de ma tête. Ça ne me ressemble pas vraiment. Cette femme a un beau bronzage; elle porte un vieux jean et un débardeur blanc. Elle est belle, elle s’essuie de la sueur du front. Il fait chaud dehors, la lumière du soleil entre par une des petites fenêtres qui se trouvent en haut de la pièce. Je ne suis pas surprise qu’elle ait chaud car, avec les machines, cette pièce est chaude même en hiver.

Il entre. Il est plus grand que dans mes souvenirs. Il est ivre, je le vois à la façon dont il s’appuie contre l’encadrement de la porte. Il a défait la boucle de sa ceinture et sa chemise lui sort négligemment du pantalon. Mon cœur bat de plus en plus vite; je sais ce qui va se passer. La fille qui se trouve sous moi ne le sait pas. Elle lui sourit. Il la regarde d’un air concupiscent. Je sais qu’elle s’imagine qu’elle va avoir de la chance. Il a une voix basse et douce. Elle ne sait pas encore que cela indique l’imminence du danger, cette fille stupide, elle croit que c'est une invitation. Clac. Il l’a giflée à la mâchoire du revers de la main. Elle tombe en arrière et frappe le coin de la machine à laver avec la colonne vertébrale. Elle tombe par terre. Il dit quelque chose d'autre, je ne me souviens plus ce que c’était, puis il lui donne un coup de pied au ventre. Comme il ne porte que des mocassins de bureau, ça ne fait pas trop mal.

Elle reste allongée là longtemps après son départ. Elle pleure silencieusement. Je veux me moquer d’elle, car ce n’est rien ! Elle craint d’avoir perdu le bébé. Elle ne l’a pas perdu et c’est bien. Elle le perdra plus tard, dans environ deux mois, pour avoir cassé une assiette.

C'est un autre jour. Une autre heure. Il fait à nouveau soleil mais je porte des quantités de couches de vêtements. Je ne me souviens pas avoir eu chaud avec eux. Des couches de coton et de cachemire, belles, douces et chaudes. J’avais beaucoup d’argent et, comme il en arrivait toujours dessus, je pouvais acheter tout ce que je voulais. Et je le faisais. Je passais des heures sur les sites de shopping, je cherchais des articles pendant des heures, je lisais toutes les descriptions de produits dans leur totalité, j’imaginais la sensation que chaque article me donnerait quand je l’aurais contre la peau. Alors, il arrivait par la poste, soigneusement emballé dans des plis de tissu rose, parfois avec de beaux nœuds épais en velours, et je me disais que cet article allait peut-être me rendre différente. Je serais meilleure, plus sexy et plus sûre de moi, comme le mannequin sur la photo. Je ne ferais plus autant d’erreurs et on serait heureux. Je pourrais être heureuse.

Ce jour-là, je porte une veste longue et, dessous, il y a le sweat bleu poudreux, le plus doux de tous. Je revenais d’un rendez-vous de suivi chez mon docteur après ma fausse couche. Ce n'avait pas été un bon jour. Ce n'est jamais un bon jour quand les gens me parlent. Ils posent trop de questions, surtout les docteurs.

Quand il m’a embrassé, je n’ai pas senti d’alcool. Je me suis dit que ça allait. Son bras s’est doucement faufilé autour de mon corps. Il fait attention à ne pas me faire de mal. Je suis vraiment heureuse. Je pense qu’il a été choqué par la perte de notre enfant et qu’il a changé, qu’il essaie d’être tendre et que nous allons, comme autrefois, nous tenir la main quand nous longeons le bord de mer au crépuscule et que nous mangeons la nourriture vendue par des vendeurs de rue à la mode et que nous nous embrassons comme des adolescents et que nous rions. Il m’emmène à l’étage, me guide par la main. Il m’enlève mes couches de vêtements. Je suis embarrassée par mes bleus. J’essaie de recouvrir mon corps de mes bras mais il écarte gentiment mes membres et m’allonge sur le lit.

Il m’y laisse et entre dans la pièce d’à côté en promettant de revenir. J’essaie de me sentir sexy, j'essaie de me vider l’esprit et de penser à nos corps et d’imaginer que le mien est différent. Trois côtes fendues, une clavicule cassée, vous aviez une hémorragie interne quand vous êtes entrée, beurk. Je n’arrive pas à ne plus penser à la voix du docteur Winslow. Si vous voulez que votre nez ait le même air qu’avant, il vous faudra de la chirurgie reconstructive. Allez-vous en ! J’essaie de me sentir sexy. Nous essayons de recommencer à zéro. Le docteur fait tout échouer avec tous ses avertissements.

Il revient. Il a quelque chose dans sa main. Ce sont des menottes en métal. Je vois qu’il est excité, donc, j’essaie d’être excitée moi aussi. Il me prend les bras et les place au-dessus de ma tête. La façon dont il les étire me fait mal. Je pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec la cavité de mon bras.

Il me monte dessus. Il commence à me frotter entre les jambes. Vous avez des lacérations récentes et anciennes au col de l’utérus et des contusions génitales graves. Ça fait mal et je serre les dents. Il pense que j’ai du plaisir et il me frotte plus fort. Les menottes sont verrouillées. La douleur est très intense maintenant et je me rappelle que ce ne sont que de vieilles blessures et qu’on essaie de prendre un nouveau départ.

Il me pince sous le sein. Je pense qu’il fait ça pour s’amuser. La deuxième fois, il pince plus fort. Sa respiration se fait plus lourde. Il me regarde en souriant. Je lève les yeux vers lui et il me gifle violemment au visage.

Cet après-midi là, il lui a fallu très longtemps pour se fatiguer. J’imagine que c'était parce qu’il était sobre, je ne sais pas. C'est la dernière fois que j’ai acheté de beaux vêtements sur des sites de shopping.

Je suis dans une morgue. Mon corps est allongé sur une table en métal. Ma peau est si blanche qu’elle en est presque lumineuse. J’ai les yeux fermés, au repos. Cette image me fait sourire. J’ai l’air belle. J’ai les cheveux écartés autour de moi, aussi épais et abondants qu’autrefois. Alors que je fixe ma peau blanche du regard, des marques se mettent à apparaître. Ce sont des ecchymoses bleu foncé et violettes qui me couvrent le visage, le torse, les jambes et les bras. Il y a quelques marques autour de mon cou et elles n’ont pas l’air très belles mais elles s’assombrissent et disparaissent pendant que je regarde, que j’assiste à ce spectacle de lumières dont mon cadavre est la vedette. Un petit bébé pleure doucement quelque part.

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