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Extrait ajouté par x-Key 2010-12-12T12:47:10+01:00

Il avait mal. Très mal, très, très mal, et il ne savait pas pourquoi on le punissait ainsi, lui qui n'avait rien fait. Jamais il n'eut aussi mal de sa vie. Quand la douleur devint absolument insupportable, il songea au grand bocal de biscuits qu'il avait cassé un jour sans qu'on le punisse pour cette mauvaise action.

A cet instant précis, son esprit, ses émotions, son âme volèrent en vingt-quatre morceaux...

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Il s’est passé quelque chose de très moche, mais je ne sais pas quoi. Je savais bien en tout cas que la dissociation complète n’allait pas tarder à se produire à un moment ou à un autre et que Billy s’endormirait pour de bon. Arthur dit que Billy n’a guère eu le temps de goûter à la vie consciente mais que, malheureusement, il n’en a connu qu’un aspect déplaisant. Ici, il s’affaiblissait de jour en jour. Il était incapable de comprendre la haine et la jalousie que lui manifestaient les responsables de cette institution. Ils montaient même les autres malades contre lui pour obliger Ragen à se battre, mais Billy était capable de retenir Ragen… aujourd’hui, il ne le peut plus. Les médecins disent du mal de nous et ce qui fait le plus mal, c’est qu’ils ont raison. Nous sommes, je suis, un monstre, un inadapté, une erreur biologique. Nous haïssons cet endroit mais nous y sommes à notre place. On ne nous a jamais acceptés ailleurs, pas vrai ?

Ragen a mis le holà pour de bon. Il le faut. Bien obligé. Il dit que, quand on ne parle pas, on ne risque pas de faire le moindre mal à quiconque, à l’extérieur comme à l’intérieur. Ragen nous a également rendus sourds. Notre attention sera tout entière tournée vers l’intérieur et assurera un blocage total.

En nous fermant complètement au monde réel, nous pourrons vivre en paix à l’intérieur du nôtre.

Nous savons bien qu’un monde sans douleur est un monde sans sensations… mais un monde sans sensations est un monde sans douleur.

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— Quels symptômes avez-vous observés ?

— De la colère, de la frayeur. Les choses ne se passaient pas comme Milligan aurait voulu. La colère l’a pris et il a cédé à ses impulsions.

— Voulez-vous dire que quiconque manifeste de la colère ou se montre déprimé est un malade mental ?

— Exactement.

— Mais nous avons tous des moments de fureur et de colère ?

Avec un haussement d’épaules, Milkie jette un regard circulaire sur l’assemblée :

— Nous sommes tous des malades mentaux.

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Pour expliquer à Milligan qu’on ne l’appellera plus que par le nom de Billy en dehors des séances de psychothérapie, le docteur George lui fait remarquer que les autres malades risqueraient d’être perturbés s’il en allait autrement.

— Mais certains se font bien appeler Napoléon ou Jésus-Christ, objecte Allen.

— Ce n’est pas la même chose que de nous entendre, le personnel soignant et moi, vous appeler un jour Danny et un autre jour Arthur, Ragen ou Tommy ou Allen. Je propose que vis-à-vis du personnel et des autres malades, toutes vos personnalités répondent au nom de Billy.

— Ce ne sont pas des « personnalités », docteur, mais des gens.

— Quelle différence faites-vous entre les deux ?

— En les appelant des personnalités, vous faites comme si elles n’existaient pas réellement.

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Puisque vous me croyez coupable vous aussi, c'est que je dois l'être et c'était tout ce qui m'intéressait : m'en assurer. Toute ma vie je n'ai réussi qu'à faire du mal et de la peine à ceux que j'aime. Et ce qui est terrible, c'est que je n'y peux rien.

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Extrait ajouté par x-Key 2010-12-12T12:47:11+01:00

On le jette dans une cellule, nue en dehors d'un matelas recouvert d'une alèse de matière plastique, et l'on referme la porte sur lui. En l'entendant claquer, Ragen bondit. Il va l'enfoncer ! Mais Arthur arrête son geste. Samuel s'empare du projecteur et tombe en prière : " Oy veh ! Mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?" Philip se rue contre la porte en jurant et c'est David qui prend sur lui la douleur. Christine sanglote, à plat ventre sur la paillasse et Adalana sent les larmes qui ruissellent sur ses joues. Christopher s'assied sur son séant et tripote le bout de ses souliers. Tommy entreprend d'examiner la serrure de la porte mais Arthur le tire à l'écart du projecteur. Allen demande à parler à son avocat. April, qu'anime un désir de vengeance, rêve qu'elle met le feu à l'hôpital. Kevin pousse des jurons. Steve l'imite. Lee rit aux éclats. Bobby imagine qu'il s'envole par la fenêtre. Jason pique une violente colère. Mark, Walter, Martin et Timothy arpentent la pièce en divaguant. Shawn émet un bourdonnement. Arthur ne dirige plus les indésirables.

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Extrait ajouté par x-Key 2010-12-12T12:47:11+01:00

Rosalie ne peut réprimer un frisson. L'intensité des sentiments et la simplicité avec laquelle ils sont exprimés sont extrêmement émouvantes. Le collage, poignant de vérité, évoque une douloureuse histoire. La jeune femme se rend compte que son opinion est faite. Elle a sous les yeux la preuve que Milligan n'est pas un sociopathe totalement incapable de sentiments. Les autres peuvent continuer à douter, elle sait que son patient n'est pas un simple simulateur.

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Extrait ajouté par x-Key 2010-12-12T12:47:11+01:00

Celui qui entre dans la lumière, sous le projecteur, entre dans le monde et prend la conscience. C'est cette personne que les gens de l'extérieur voient et entendent, c'est à ses actes qu'ils réagissent. Les autres personnes, autour du projecteur, poursuivent leurs occupations habituelles, étudient, dorment ou jouent. Celui ou celle qui se montre à l'extérieur doit faire très attention de ne pas révéler l'existence des autres.

C'est un secret de famille.

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C’était Tommy qui accomplissait de fastidieuses tâches de manutention. Il saisissait une cage suspendue sur la chaîne en mouvement et la plongeait dans le bain d’acide. Il allait d’un bac de zingage à l’autre, sur la longueur d’une piste de jeu de quilles. Plonger la cage, attendre, la soulever, avancer, plonger, attendre, soulever...

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... Je n'entends plus rien, je suis plongé dans une sorte de transe stupéfaite. Mon corps est engourdi et creux. Cette saloperie de mur qui riait aux éclats a cessé de rire. Le mur est un mur et la peinture écaillée n'est plus que cela. Mes mains sont moites et glacées et les coups sourds de mon cœur résonnent dans mon corps creux. L'anxiété qui attend m'étreint. J'attends. J'attends de sortir de ma boîte.

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