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Naviguer la nuit sous les étoiles sur une étendue infinie d’herbe que la lune teintait d’argent était une expérience magique. Les Alaviriens y furent si sensibles qu’ils dormirent très peu, préférant se délecter du paysage et des sensations étourdissantes que leur offrait la course.

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S’ils ne se reconnaissaient aucun chef, les Fils du Vent prêtaient la plus grande attention aux débats du conseil des femmes. Celles-ci se réunissaient tous les soirs sous la tente commune pour évoquer les problèmes du clan et les solutions à leur apporter.

Les hommes avaient le droit de s’exprimer durant ces débats, pourtant il était rare qu’ils le fassent. Ils n’en tiraient pas d’amertume. Au contraire.

– Les femmes haïnouks sont la vraie richesse de notre peuple, expliqua Oyoel à Edwin et Ellana.

Ellana approuva d’un hochement de tête.

– De ton peuple uniquement ?

– Non, tu as raison, se reprit Oyoel. Les femmes sont la vraie richesse des hommes, mais trop souvent ceux-ci l’ignorent. Nous, les Haïnouks, le savons. C’est pour cette raison que nous sommes libres et heureux.

La marchombre contempla le navire, les enfants qui s’amusaient sur le pont, les hommes et les femmes qui œuvraient ensemble autour d’eux. Rires et chants s’entremêlaient, se joignaient au bruit du vent dans les cordages pour former une musique magique. Une musique de vie. Elle dévisagea Edwin.

– Tu ne dis rien ?

– J’écoute, répondit-il. J’écoute et j’apprends.

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Edwin sourit.

- Celui qui s'affirme indispensable est un prétentieux, celui qui croit l'être un imbécile.

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Le seul monde qui mérite d'être conquis est celui que délimitent notre peau et nos pensées. Les autres existent pour être visités. Simplement visités.

Ellundril Chariakin, chevaucheuse de brume

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Sous les doigts experts du rêveur, artères sectionnées et organes perforés vibrèrent, retrouvant peu à peu leur intégrité.

- Ôte-toi de là, pauvre fou !

Mathieu sentit la mort s'éloigner. Doucement.

Comme à regret.

Sa respiration se libéra, l'air entra à nouveau dans ses poumons.

Artis le prit dans ses bras.

- N'oublie pas d'être heureux, lui murmura-t-il à l'oreille.

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- Je ne te demande pas ton avis, rétorqua le rêveur. À chacun son travail. Le tien est de fendre des crânes, le mien de les soigner. Ne bouge plus. Joignant le geste à la parole, il posa le bout de ses doigts sur la vaste poitrine du chevalier et commença à dérouler son rêve. Les bords de la plaie se rapprochèrent, se soudèrent pour ne plus laisser qu'une fine cicatrice, parfaitement saine d'aspect.

- Désolé pour ta tunique, fit Artis. Si je me débrouille assez bien pour rafistoler la viande de guerrier, en revanche je suis nul en couture.

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Yalissan Fiyr vrilla ses yeux pâles dans ceux de la marchombre. 

-  Je  ne  crois  pas  vous  avoir  accordé  l'autorisation  de  me  tutoyer, fit-il d'une voix dure. L'oublier pourrait s'avérer dangereux.  Ellana cessa brusquement de sourire pour lui rendre son regard. 

-  Je ne suis pas une gamine que l'on impressionne avec des mots ou en jouant avec une épée, articula-t-elle avec lenteur, je tutoie qui je veux, lorsque j'en ai envie. En revanche, évite de me menacer si tu veux un jour engendrer une lignée.

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Presque malgré lui, Mathieu lui accorda son attention. 

-  Je  ne  te  donnerai  pas  de  conseils  sur  l'art  et  la  manière  de séduire  une  femme,  reprit  Artis  Valpierre.  Difficile,  en  effet,  de trouver plus incompétent que moi en la matière. En revanche, je peux te  faire  découvrir  quelqu'un  que  tu  sous-estimes,  quelqu'un  qui mérite plus d'indulgence que tu ne lui en accordes. 

-  Et  qui  est  ce  quelqu'un  qui  a  tant  besoin  de  ma  bienveillance  ?  railla Mathieu.

-  C'est toi.

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- Ne l'abîme pas trop, lui lança-t-il sans se soucier d'être entendu. Nous sommes les invités de KaterÃl, ne l'oublie pas. Il risquerait de se vexer si tu découpais son protégé en rondelles de saucisson. Yalissan Fiyr tourna ses yeux pâles vers le chevalier.

- Nous aurons peut-être bientôt le plaisir de croiser le fer, articulat-il avec douceur. Nous reparlerons charcuterie à cette occasion.

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- Et si je ne m'en sors pas, j'ai toujours mon apprenti marchombre personnel pour me venir en aide, non ?

- Pas de problème, ma vieille. Je peux récupérer le pendentif de SarAhmour quand tu veux. Je peux même lui piquer son slip sans qu'il s'en aperçoive. Si tu en as besoin, bien sûr.

- Le pendentif suffira. J'ignore encore à quoi il me servira, mais je sais en revanche que je n'aurai pas l'usage d'un quelconque vêtement... euh... personnel.

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