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Vous n'avez jamais goûté la liberté, ami, sinon vous sauriez qu'elle ne s'achète pas avec de l'or, mais avec de l'acier.
Afficher en entierFrères et alliés, mes superbes chiens d'enfer ! La prochaine vague sera la dernière de la journée. Tenez-vous les couilles, les gars ! Votre dernier effort doit surpasser les autres. L'ennemi nous croit épuisés. Il s'imagine qu'il va nous expédier aux enfers sous l'assaut de troupes fraîches et disposes. Ce qu'il ignore est que nous sommes déjà aux enfers, nous en avons passé la frontière il y a des heures.
Nous sommes déjà aux Enfers ! C'est notre foyer !
Afficher en entierZeus sauveur, épargne-nous, nous qui marchons vers ton feu. Donne-nous le courage de résister avec nos frères, bouclier contre bouclier. Nous avançons sous ta protection suprême, Seigneur de l’Éclair, notre Espoir et notre Protecteur.
Afficher en entierPassant, va dire aux Spartiates que nous gisons ici pour obéir à leurs lois.
(Inscription sur le mausolée érigé au sommet du Kolonós, théâtre de l'ultime résistance spartiate).
Afficher en entierLes Spartiates disent que n'importe quelle armée peut vaincre tant qu'elle a des jambes, mais que la véritable épreuve commence quand la force a déserté son camp et que la victoire dépend de la seule volonté.
Afficher en entierCeci est mon bouclier.
Je le porte devant moi dans la bataille, mais il n'appartient pas qu'à moi.
Il protège mon frère à ma gauche.
Il protège ma ville.
Je ne laisserai jamais mon frère ni ma cité
hors de sa protection.
Je mourrai mon bouclier devant moi, face à l'ennemi.
Afficher en entierQuant à ma position dans le corps de l’armée, il me faudra pour l’expliquer faire une digression dont j’espère que Sa Majesté aura la patience de l’écouter.
J’ai été capturé, ou plus exactement je me suis rendu à douze ans à un heliokekaumenos, terme Spartiate de dérision qui signifie littéralement « brûlé par le soleil ». Le mot s’applique à une jeunesse quasiment sauvage, tannée par les éléments au point d’en être presque aussi noire que les Éthiopiens ; il y en avait beaucoup dans les montagnes, avant et après la première guerre contre les Perses. J’avais auparavant été rejeté parmi les hilotes, cette classe de serfs que les Lacédémoniens avaient créée avec les habitants de la Messénie et de l’Hilos, conquis et réduits en esclavage au cours des siècles récents. Mais ces cultivateurs m’avaient rejeté en raison de défauts physiques qui me rendaient inapte aux travaux des champs. Et, de plus, les hilotes détestaient et rejetaient tout étranger, parce que ce pouvait être un espion. J’ai mené pendant un an une vie de chien, puis le destin, la chance ou la main d’un dieu m’ont mis au service d’Alexandros, un jeune homme Spartiate qui était un protégé de Dienekès. Cela me sauva la vie. Ironiquement, je fus au moins reconnu comme étant né libre, et parce que je montrais cette nature de bête sauvage que les Lacédémoniens trouvaient admirable, je fus alors élevé au rang de parastates pais, c’est-à-dire partenaire d’entraînement pour la jeunesse enrôlée dans l’agogê, ce fameux et impitoyable service d’entraînement qui transformait les jeunes gens en guerriers spartiates.
Afficher en entierSa Majesté a vu à quelle vitesse cette argile aussi dure que du marbre s’est changée en boue sous les masses affrontées des guerriers. Je n’ai jamais vu tant de boue, ni si profonde, et dont l’humidité venait du sang et de l’urine des guerriers saisis de terreur.
Quand les troupes de tête, les éclaireurs spartiates, arrivèrent aux Thermopyles avant la bataille, quelques heures avant le corps principal qui avançait à marche forcée, elles découvrirent à leur surprise deux groupes de baigneurs, l’un de Tirynthe et l’autre d’Halcyon, une trentaine d’hommes et de femmes séparés et plus ou moins dévêtus. Ces visiteurs furent saisis, pour le moins, de voir soudain apparaître parmi eux des Skirites vêtus de pourpre et en armure ; tous âgés de moins de trente ans, ces derniers avaient été triés sur le volet pour leur vitesse et leur prouesse dans les combats de montagne. Ces éclaireurs chassèrent les baigneurs et leur cohorte de marchands de parfums, de masseurs et de masseuses, de marchands de gâteaux de figues et de pains, de filles de bains, de garçons à racler le corps et tout le reste ; ces gens-là étaient parfaitement informés de l’avance des Perses, mais ils avaient cru que la récente tempête en amont de la vallée avait rendu impossible l’approche des défilés par le nord. Les éclaireurs confisquèrent la nourriture, les savons, le linge et les accessoires médicaux, ainsi que les tentes des thermes, qui devaient paraître plus tard tellement incongrues, alors qu’elles étaient joyeusement gonflées par le vent au-dessus du carnage. Ils remontèrent ces tentes à l’arrière, dans le camp Spartiate de la Porte du Milieu, les réservant à Léonidas et à sa garde royale.
Afficher en entierLes Thermopyles sont un site thermal. Le mot en grec signifie « Portes chaudes » et il dérive du fait que des sources thermales y jaillissent et, Sa Majesté le sait, que les défilés étroits et vertigineux par lesquels on accède au lieu sont dits en grec Portes de l’Est et de l’Ouest.
Le Mur Phocidien, où tant des combats les plus désespérés se sont déroulés, n’a pas été construit par les Spartiates pour la bataille ; il était antérieur et fut érigé jadis par les habitants de Phocis et de Locris comme défense contre les incursions de leurs voisins du nord, les Thessaliens et les Macédoniens. Quand les Spartiates sont venus prendre possession de la place, il était en ruines et ils l’ont reconstruit.
Afficher en entierJe ne me souciais pas de moi, de mes ambitions égoïstes et vaines, mais d’eux ; de Léonidas, d’Alexandros, et de Polynice, d’Aretê privée de son foyer, et plus que tout, de Dienikès. Que son courage, son esprit, ses pensées que moi seul avais eu le privilège de partager, et que tout cela, tout ce que ses compagnons avaient accompli et souffert dût tout simplement disparaître et s’évanouir comme la fumée d’un feu de camp, c’était intolérable.
Nous étions arrivés au fleuve. Nous pouvions voir avec des yeux qui n’étaient plus des yeux et entendre avec des oreilles qui n’étaient plus des oreilles, les eaux du Léthé couler et les légions des morts qui avaient longtemps souffert s’avancer, maintenant que leur séjour souterrain s’achevait. Ils retournaient à la vie, ils allaient boire les eaux qui effacent toute mémoire de cette existence qu’ils avaient menée sur cette terre, ici où ils n’étaient que des ombres.
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