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"Si l'idée était, pour chaque année de mariage supplémentaire, de trouver quelque chose de plus noble pour symboliser leur union, alors les tulipes et le chou-fleur étaient tout indiqués. Il y avait eu les noces de gâteau à la carotte et aussi une année où ils avaient décidé de fêter leurs noces d'os, juste pour le plaisir de l'assonance, tout en reconnaissant volontiers que l'os n'était en rien supérieur à la turquoise, à l'argent ou au corail. L'année de la disparition d'Ada, ils auraient célébré leurs noces de couverture à carreaux."
Afficher en entierAu fil du temps, Otto apprit à se débrouiller lorsqu’une ampoule grillait, mais il n’envisageait pas une minute de quitter son pyjama. Ada lui manquait. Toujours emmitouflé dans une couverture à carreaux, même les jours de grande chaleur, il s’efforçait d’entretenir la maison, de nettoyer les taches du canapé et de laver la vaisselle. C’était un veuf silencieux, résigné et consciencieux. Et comme il percevait la présence de son épouse à travers ces menues occupations, il ne voulait plus sortir de chez lui. Il faisait venir ses provisions de l’épicerie du coin, ses médicaments de la pharmacie, menait une vie tranquille sans déranger personne.
Afficher en entierZulma (poche), p. 162
« Elle avait promis que cet épisode resterait entre elles et avait essayé de consoler Mayu, en lui disant qu'elle ne devait pas se formaliser de ces accès d'agressivité. C'était une maladie, son père n'avait pas conscience de ses actes. À vrai dire, si Mayu n'avait encore fait appel à personne pour s'occuper de lui, c'est parce qu'elle avait honte du comportement de son père. Elle ne comprenait pas comment une maladie pouvait affecter la personnalité de quelqu'un au point de le rendre insupportable. »
Afficher en entierZulma (poche), p. 113
« “Allez-vous me dire ce qui se passe à la fin, ou va-t-il falloir que je le découvre tout seul ?
— De quoi parlez-vous ?
— De ma femme.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a ?
— Comment ça, qu'est-ce qu'elle a ?”
Teresa testa l'interrupteur, sans succès. Un frisson lui parcouru l'échine : Otto était-il en train de tourner comme M. Taniguchi ! En ce cas, qu'allait-il lui faire ?
Seconde hypothèse : il savait quelque chose. »
Afficher en entierZulma (poche), p. 89
« Le vieux commandant partit d'un grand éclat de rire et manqua de s'étouffer, mais en entendant le nom de Taniguchi, il se rappela le garçon têtu aux fines moustaches qu'il avait envoyé aux Philippines. Et il sut que c'était vrai. “On reviendra vous chercher”, avait-il promis il y a si longtemps, et on sait comme ces jeunes gens prennent tout au sérieux. En près de trois décennies, Sugaye avait eu une ribambelle de petits-enfants et arrière-petits-enfants, il avait appris à faire du vélo et s'était marié trois fois, avec des femmes de plus en plus jeunes. Pendant tout ce temps, le sergent Taniguchi était resté au garde-à-vous, dans la jungle de Marinduque, et ne mettrait pas l'arme au pied avant d'en avoir reçu l'autorisation de la bouche de son supérieur. »
Afficher en entierZulma (poche), p. 67
« Puisque son mari souffrait d'insomnies et qu'elle ne tenait pas à le voir somnambules à travers la maison à cause des effets secondaires de l'hemitartrate de zolpidem [...] Elle résolu d'expérimenter une solution maison, un somnifère comme en préparait sa grand-mère : de la tisane de laitue.
[...]
Cet hiver-là, Otto fut contraint d'avaler une tisane de laitue tous les soirs, sans le moindre résultats concret, si ce n'est des douleurs au ventre ainsi qu'une progressive et totale aversion pour les légumes-feuilles. Le soixante-dixième jour, il fut mis fin à l'expérience pour cause d'échec et de soulèvement du public cible, de sorte qu'Ada nota en conclusion de son compte rendu l'observation suivante : “Hypothèse réfutée. À bas la lactucine. La seule vue d'une laitue est devenue insupportable au cobaye.” »
Afficher en entierZulma (poche), p. 41
« Aníbal n'avait pas songé à mal. D'abord, c'était le facteur le plus désastreux de tout le bureau de poste depuis au moins vingt ans : il confondait pratiquement toutes les maisons [...]. Certaines lettres passaient entre les mains de tous les habitants du quartier, sauf de ceux qui auraient dû les recevoir ; [...] Mais il ne faut pas voir tout en noir. Certains habitants, n'ayant pas la force de se révolter, finirent par entamer une correspondance avec les enfants, neveux et nièces d'inconnus, nouant ainsi des relations sincères et diffusant les nouvelles autour d'eux. »
Afficher en entierZulma (poche), p. 9
« Lorsque Ada est morte, le linge n'avait même pas eu le temps de sécher. L'élastique du jogging était encore humide, les grosses chaussettes, les T-shirts et les serviettes toujours sur le fil. C'était la pagaille : un foulard trempant dans un seau, des bocaux à recycler abandonnés dans l'évier, le lit défait, des paquets de gâteaux entamés sur le canapé — en plus, Ada était partie sans arroser les plantes. Les objets ne respiraient plus, ils attendaient. Depuis qu'Ada n'était plus là, la maison n'était que tiroirs vides. »
Afficher en entierEn vérité,tout commença avec Anibal,le facteur,lorsqu'il passa en souhaitant de joyeuses Pâques(alors que c'était la fête des mères)et remit par erreur une lettre à Otto.
Afficher en entierOtto était las et de mauvais poil.Il était préoccupé par l'ampoule qui avait grillé dans la chambre,par la possibilité de contracter un ulcère peptique et par le fait qu'Ada l'ait quitté sans lui avoir appris à repasser.
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