Les Nuits de patience

La jeune fille ne baisse pas la tête. Le pasteur fait signe aux quatre hommes qui l’aplatissent au sol d’un mouvement brutal. On entend un claquement. Dans la salle, les fidèles sursautent. C’est le bruit que fait en tombant l’une de ses chaussures qui a atterri plus loin. La tension est encore montée. Le pasteur reste concentré sur ses passes d’hypnotiseur, persuadé qu’il finira par la soumettre. Il ne remarque pas les mouvements qui agitent la salle. Les fidèles se retournent vers la porte. Un homme est entré. Il se tient debout, l’air méchant. C’est un Blanc – �le seul, ici. La quarantaine bien sonnée, il est de petite taille, presque aussi large que haut – �pas obèse, non, mais costaud, très costaud… Un étrange chapeau de toile informe sur le sommet du crâne, il parcourt l’assistance de ses immenses yeux bleus globuleux. Petit à petit s’installe un silence oppressant. Il fixe maintenant la scène avec intensité. Les quatre malabars ont lâché Patience qui s’est relevée et se tient droite en plein centre de la scène. Le pasteur essaie de relancer une prière :