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Liste des extraits
" - (…) La seule chose que je fais avec plaisir et sans me sentir observée ni jugée, c'est lire. Dans les romans que je dévore, dans les poésies que je récite, les personnages me laissent en paix. L'auteur me parle, raconte, je regarde, je suis, j'écoute. Et j'oublie un peu mon corps de rescapée. Et personne ne me le rappelle, ne le pointe du doigt, ne le regarde de haut en bas. Il n'y a plus rien à cet instant-là que la littérature et elle me sauve la vie, elle occupe mon temps, elle m'extrait de ma guerre un instant."
Afficher en entierLa fatalité se laisse percer par une marge, dans laquelle il faut glisser son doigt pour mieux écarter l'étau qu'on croyait resserré, et le dégonfler. L'histoire n'est pas close, tel que j'ai pu le penser.
Afficher en entierIls ont sous leurs pieds le travail et son gain. Le bonheur est présent car le sol est généreux, les voisins sympathiques. C’est-à-dire, il sont tous dans la même situation, sans concurrence ni jalousie, tous pareillement soumis au ciel, au soleil, aux moussons, aux sécheresses… Ils sont les habitants d’une même terre, les fils d’une même mère, solidaires. Alors, ils vivent là, avec les plantes, les pluies, les familles, les bêtes et l’espoir.
Afficher en entierLa mère refusait de lâcher une pièce, s’agaçait de la frivolité de sa fille, redoutait qu’elle ne tombe enceinte lors d’une de ses sorties nocturnes. Au village, c’était foutu après, une fille mère, personne n’en voudrait. Le proverbe traînait : les filles sont des bombes à retardement, un jour, sans crier gare, elles vous lâchent un môme dans la cabane, et c’est une bouche de plus à nourrir, une impossibilité…
Afficher en entierTu étais entourée de ton père, ta mère, ton frère, tes amis aussi, puisqu’il y en avait toujours deux ou trois qui traînaient dans le salon. Tu étais entourée, oui. Au Vietnam, tu avais cinq familles : ta ville, tes parents, ta nourrice, tes grands-parents, tes amis.
Afficher en entierCette liberté enfantine dans un lieu où rien ne peut vous arriver, cette chaleur, cette piscine, ces amis, ces animaux, cette errance, cet amour, ces rires : ils ont pu confondre cela avec le paradis.
Afficher en entierJe n’ai pas de rancœur, non, pas d’exigence contre ce qui nous est arrivé, mais j’ai de la peine, maman, tellement de peine. Pourquoi a-t-on dû partir et quitter tous ceux qui m’aimaient ? C’est la question que je pose, comme un soupir. J’ai de la peine, car ceux qui m’aimaient, je les aimais aussi. Pourquoi a-t-on dû couper, sous le pied de l’amour, toute l’herbe ?
Afficher en entierTraîner dans Paris ne m’amuse guère. La seule chose que je fais avec plaisir et sans me sentir observée ni jugée, c’est lire. Dans les romans que je dévore, dans les poésies que je récite, les personnages me laissent en paix. L’auteur me parle, raconte, je regarde, je suis, j’écoute.
Afficher en entier" Les sentiments de la chair, dégoulinants, sont passés. L'émotion terrestre est partie. Ne restent plus que les sentiments des os - essentiels. Nous finissons tous ainsi, après tout, et c'est doux. C'est doux parce que c'est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages , des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformée par la vie. Il restera les os des humains - ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d'être au maximum. Maintenant, j'ai compris jusqu'à quel point il faut descendre pour aimer sans retour et pardonner sans regard : jusqu'à cette ultime poche d'os."
Afficher en entierLa guerre passée, Hanoï demeurait noire de misère parce qu'elle essuyait les restes des bombes et des récoltes brûlées, parce qu'elle subissait l'embargo américain qui interdisait à tout pays de faire du commerce avec elle. Il n'y avait rien, au Vietnam : pas d'électricité, pas d'eau potable, ni de savon, de dentifrice, de chaussures pour les gens, pas de frigidaire, pas d'ustensiles de cuisine, rien. Ils vivaient dans le dénuement et la crasse.
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